
varié eux-mêmes. ( Voye% C ouches inclinées, \
où les caufes de ces effets font indiquées. )
Je diftingue aufli une crête bien marquée dans
toute l’étendue des plans inclinés, & qui fert à
former la réparation des pentes, dont les unes font
dirigées vers la face de ces pi ins, & les autres dans
le fens du revers. Ces crêtes font d'autant plus dif-
tinétes, que les plans inclinés font plus étroits,&
que les eaux ont eu plus d’avantage pour évafer
les pentes de leurs croupes : ce feroit en fuivant
cette crête , qu’on pourroit déterminer la pente des
plans inclinés, depuis la bordure la plus élevée
des montagnes ou des collines, jufqu’ à la plaine
fluviale .où va fe terminer le plan incliné.
C R E T T E ( Col de l a ) , montagne du département
du V a r , arrondiflfement de Toulon, à trois
quarts de lieue fud de Bormes. Cette montagne a
du fud-oueft au nord-eft deux tiers de lieue de
longueur j & du nord-oueft au fud-eft une demi-
lieue.
C R E U E , village du département de la Meufe,
à deux lieues trois quarts de Saint-Mihel. Il y a
line tuilerie à Valembois, près de ce village, où
l ’on emploie de l’argile du pays.
C R EU IL L Y , bourg du département du Calvados
, arrondilfement de C a en , fur la Seule, à
deux lieues de la mer. Le territoire de ce bourg
eft extrêmement fertile. On recueille beaucoup
de grains , & les habitans y font prefque tous laboureurs.
CREUGEN A T eft une énorme ouverture qu’on
voit à une demi-lieue de Porentruy, au bas d’un
rocher nu adoffé à une colline, vers l’extrémité
occidentale, de la vallée où eft fîtuéecette ville.
Dans les tems de groffes pluies ou de fontes de
neiges cette ouverture fe trouve pleine d’eau, qui
en dégorge & fe répand avec force dans toute la
vallée, & forme une rivière flottable, à laquelle
viennent fe réunir, fous les murs de Porentruy
même, la rivière d’Halle & le ruiffeau de Fonte-
nois. L’ouverture de Creugenat a la forme d’un
cône renverfé : fon diamètre fupérieur eft de
foixante pieds, & fa profondeur de cinquante-cinq.
L ’eau eft vomie très - impétueufement par une
gueule de fîx pieds carrés que préfente un rocher
entr’ou v e r t, qui eft placé au fond du trou , à
l’endroit où il eft le plus rétréci. L’eau remonte
rapidement jufqu’aux bords de l’orifice avec un
grand mugiffement, & de là fe précipite dans la
prairie 3 qu’elle ' couvre entièrement. La durée
ordinaire de ce débordement., toujours nuifible
au terrain qu’ il enlève ou qu’ il couvre de cailloux,
& fouventdéfaftreufe pour Ieshabitansdela vallée,
dont il renverfe les màifons, eft ordinairement de
trois fois vingt-quatre heures, ou feulement de
vingt-quatre 5 mais alors il eft fujet à des accès
multipliés. Lorfque le Creugenat eft. à fec on def-
cend jufqu’à l’ ouverture du gouffre, où l’on trouve
des coquillages foffîles & fort curieux.
On a beaucoup raifonné fur les caufes de ce dégorgement}
mais L’opinion la plus générale dans
le pays eft qu’ il eft alimenté par le Doubs, qui
coule dans les montagnes, à trois lieues de là
& fur un fol plus élevé. Ceux qui ont adopté
cette hypothèfe préfument que les eaux de cette
rivière, parvenues à un certain degré d’accroiffe-
ment, trouvent des iffues fouterraines & peu apparentes,
dans lefquelles elles pénètrent pour venir
, après avoir circulé au milieu de la maffe de
terrain intermédiaire, déboucher par l’ouverture
décrite ci-deffus, comme cela a lieu dans les dégorgeoirs.
On peut conclure de là que les collines
qui avoifînent le Creugenat font percéesdntérieurement
& à leur bafe par des canaux & gouffres fou-
terrains où l’eau peut circuler abondamment, &
qu’elle doit être fournie par des eaux courantes, qui
font le produit accidentel des pluies ou delà fonte
des neiges. J’?jouterai ici que dans ces contrées,
& particuliérement aux environs de V e fo ul, il y
a beaucoup de ces dégorgeoirs, qui font également
alimentés par des rivières dont le lit eft plus élevé
que leurs débouchés.
CREUSE ( Département de la). Ce département
a fon nom d’une rivière aflez confidérable
qui l’arrofe du fud au nord 5 il comprend à peu
près la partie de l’ancienne province de la Marche,
appelée la Haute-Marche.
Les bornes de ce département, font, au nord,
celui de l’Indre, à l ’eft ceux de l’Ailier & du Puy-
de-Dôme , au fud celui de la C orrèze, & à l’oueft
celui de la Haute-Vienne.
Ses principales rivières font la Creufe, qui y
prend fa fource au deffus de Felletin, paffe à Fel-
letin après avoir reçu la Rofeille, enfuite à Au-
buffon, & plus bas la petite Creufe, qui arrofe
Bouffac, continue fon cours par Genouillat &
Freffelines, enfuite à gauche reçoit la Sedalle &
la Bezantine, réunie dans la première, paffe à
Saint-Vaulry, & la fécondé à la Souterraine.
En fuivant la lifière occidentale on trouve la Gar-
tempe, groffie de l’Ardonne, puis le Thorion qui
paffe à Pontarion, à Bourganeuf & à Chatellux-
le-Marcheix, & qui reçoit à droite la Villeneuve,
qui arrofe Vallière, & un ruiffeau au deffus de
Pontarion.
Enfuite la Maude,qui n’y a que fa fource , non
plus que la Vienne & deux autres rivières qui for-
tentdumême plateau que la fource de la Creufe.
Il en eft de même à peu près fur la lifière orien- *
taie, où I on rencontre l’origine du C he r, qui reçoit
quatre embranchemens, à droite & à gauche
le Charerot, & la Tardes groffie d’ un embranchement
, & de la Vouife, qui, après leur jonétion,
paffent à Chambon.
Les principales villes font Guéret, A ubuffon &
Bourganeuf.
Ahun commerce & fabrique des toiles fur la
kreuje. 1 1
Aubuffon, petite ville fur la Creufe, renommee
pour fes tapis & fes tapifferies.
, Bourgadeuf fur le Taurion.
- Évaux commerce en grains & en chanvre.
, Felletin , où font les mêmes fabriques qu’ à
Aubuffon à peu près.
Ce pays eft peu fertile : il y croît .du Feîgle &
des châtaigniers 5 on y trouve d’ailleurs de bons
pâturages , où l’on élève des beftiaux qu’ on finit
par engraiffer pour la provifion de Paris & de Bordeaux.
C reuse ( la ) , rivière principale du département
de la Creufe. Les pentes des filets d’eau, dont
la réunion ou l’affemblage forme d'origine ou la
fource de la Creufe, font du midi au nord , planche
d’Aubuffon. Ils fe trouvent à trois lieues trois
quarts de Felletin, canton de Saint-Denis. 11 eft*
néceff’aire de faire connoître maintenant les diffé-
rens filets d’eau ou ruiffeaux qui alimentent la
première branche de cette fource : d’abord ce font
les longs ruiffeaux de Fenier & Pignerol, lefquels,
avec ceux de Cleravaux & de Buchereffe, vont fe
rendre à Croze ; ce qui préfente le premier affem-
blage de l'origine de la rivière. A tout cet affem-
blage je dois ajouter les deux ruiffeaux latéraux
qui fe réunifient au Tronc , fur la gauche à Felletin
, & fur la droite les ruiffeaux de Pouffange,
qui confluent avant Felletin.
Maintenant, en defcéndant fur la même pente
& direction, vers Aubuffon, je rencontre, fur la
gauche, cinq à fîx ruiffeaux q u i, réunis dans le
bois des Châtres, ont leur confluence à Aubuffon, !
& fur la droite le ruiffeau de Montierofeille, qui
embraffe ces nombreux ruiffeaux, lefquels com-
pofent la rivière de Rofeille, laquelle s’étend fur
une fort grande fuperfide de terrain : toutes ces
eaux vont fe fendre à la Creufe, une lieue au deffus
d’Aubuffon. On voit par ces détails de filets d’eau
& de ruiffeaux quelle eft la manière dont le fol
fuperficiel des environs d’Aubuffon s’imbibe de
l’eau pluviale, & comme elle circule dans les maf-
fifsgraniteux, où fon principal mouvement eft à la
furface } aufli le terrain eft-il filloné à la fuper-
ficie , de telle forte que tous les filions font remplis
d’eau courante : telle eft en général la forme
du fol dans ces contrées où domine cette hydrographie.
Ces phénomènes s’obfervent partout dans
l ’ancienne terre : c’eft là furtout où fe font les irrigations
naturelles, bien dirigées, & dont on tire
de fi grands avantages pour l’arrofement des pâturages
& des.prairies.
Après toutes ces reprifes d’ eau, la Creufe porte
fon cours dans \a Marche, où elle continue à s’enrichir
des eaux des ruiffeaux fuperficiels, comme
nous le verrons par la fuite. Effectivement ,,au
fortir de la planche d’Aubuffon, la Creufe débouche
dans la planche d’Évaux par Alleyrat & la Rochette,
puis le Mbutier-d’Ahun & Ahun , qui font
les lieux principaux que baigne cette rivière, &
dans les intervalles il y a dix-huit filets d’eau fort
alongés à droite & pareil nombre à gauche, qui
accompagnent la Creufe fans interruption: c ’eft au
milieu de i’efpace occupé .par ces filets d’eau que
fe trouve la ville de Guéret, fiége delà préfecture
de ce département. C ’eft aufli un peu avant que
l’on rencontre la Chapelle-Taillefer, & au milieu
de plufieurs filets d’eau multipliés, que fe trouve
ce qu’on regarde avec raifon comme l’ origine ou
la fource de la Ga*cempe, rivière principale de ce
département.
Au-delà du débouché de la Creufe, hors de la
planche d’Evaux, & à l’angle nord-oueft, eft la petite
Creufe y qui reçoit dans fon cours des ruiffeaux
avec la rivière de Veraux, qui a plufieurs embranchemens
, & dont la marche eft de l’eft. à
l’oueft. C ’eft dans la Haute-Marche & dans l’an-,
cienne terre qu’eft le cours de la. petite Creufe, &
c’ eft à l’angle nord-eft de la planche du Dorât que
, les deux Cieufes fe réunifient, apres quoi la Creufe
| reçoit deux rivières, la Sidelle & la Brefentine,
& avec un grand nombre de ruiffeaux qui gar-
’ niffent leurs lits de droite & de gauche ; c’eft alors
que la Creufe prend toute fa force avant que de
paffer dans la planche de Châteaurôux.
Après que la Creufe a quitté le département auquel
elle donne fon nom, elle pénètre dans d’autres,
avec un volume d’eau bien plus confidérable, &
qui méritera d’entrer dans l’examen hydrographique
de ces départemens & des contrées quelle y parcourt
avec d’autres rivières. G’eft ainfî que je me
propofe de rendre intéreffantes les defcriptions
des départemens, en notant les eaux courantes &
les pays qu’elles arrofent; car l’un & l’autre de
ces objets ne peuvent trop figurer dans ces def-
criptions avec tous les détails des obfervations que
j’ai recueillies fur les lieux. Après avoir quicté
l’ancienne terre, la Creufe débouche dans la nou-
velle terre du Berry, dont la limite fe rencontre
dans la planche de Châteaurôux, & va gagner
Argenton, après quoi elle traverfe cette planche
de l’eft à l’oueft, & va gagner le Blanc; puis fe
portant au nord- oueft, c’eft à la Rochepofay qu’elle
achève de prendre des forces en recevant la Gar-
tempe j groffie par le.Sarleron & l ’Anglin réunis;
puis la Creufe j enrichie de toutes ces eaux , va de
l ’eft au nord occuper un petit efpace dans l ’angle
-nord-eft de la planche de Poitiers, où elle reçoit
le Luire, qui a cinq embranchemens fort alongés:
de là paffant dans la planche de Richelieu, o u , recevant
la Claife, la Creufe continue à fe porter au
nord-oueft, & va fe réunir à la Vienne, autre rivière
aufli importante qu’elle ; & cette grande
mafle d’eau va rejoindre la Loire à Cande , après
avoir abreuvé Noyers , Mafilly , Pouzay , l‘Ile-
Bouchard & Chinon.