
valaire & la plage de Vergeron, qui eft elle-même
entre la plage & la pointe de Cavalaire.
CAV A L LO (Ile d e ) , l ’une des feize îles de
l’archipel Biflagos , fituée fur la côte occidentale
d’Afrique, entre le Rio San-Domingo & le Rio
NunaTriltao, par 3 deg. de longitude O. , &
11 deg. de latitude N.
CAVEES. C ’eft ainfi que fe nomment en Sicile
des vallées profondes, qui ont été creulées
dans les maffifs à couches horizontales calcaires
par les eaux pluviales torrentielles , depuis que la
mer a mis, par fa retraite , ces parties du loi de
la Sicile à découvert, & l’a livrée à l’aélion des
pluies & des eaux courantes. Les Cavées, la plupart
tortueufes, offrent de chaque côté des rochers
taillés à p ic , & des habitations creufées
dans la roche, à une certaine élévation au def-
fus du terrain incliné, au fond duquel roulent
les ruiffeaux & les torrens qui ont creufé ces cavées
par un travail fort long.
C A V E R E A U , petit hameau de la commune
de Nouan , fitué fur la rive gauche de la Loire ,
à neuf lieues au deffous d’Orléans. C ’eft là qu’ on
trouve une carrière d’où l’on tire deux fortes de
pierres qui méritent l’attention des naturaliftes}
les unes font des pierres calcaires d’un grain fin Ôc
de différentes foi mes & volumes, q u i, au premier
afpeét, femblent repréfenter différentes parties du
corps humain , mais qui, examinées avec plus de
foin , ne font que bizarres & finguiières ; les autres,
du même tiflu , offrent, fur certaines faces,
des dendrites , c ’efi-à-dire , des tableaux de ter-
raffes, de forê ts , qui te trouvent répétés par
une double empreinte fur les deux fur faces des
fentes multipliées de ces blocs. A chaque coup
de marteau , on fait fortir des fentes de et s
pierres , des vergers , des terraflé-s chargées d’arbres
, de plantes, d’arbriffeaux artiftement de Aînés
, & gravés en noir fur des fonds blancs ou foi-
blement colorés.
Les carrières du Cavereau occupent, fur le bord
de la Loire, un quart de lieue d’étendue 5 elles pré-
fentent un front de quarante à cinquante''pieds
d’élévation. C ’eft là que les habitans du Cavereau
creufent tous les ans des foffes de douze à quinze
pieds de profondeur , non-feulement pour en extraire
les pierres de formes bizarres & celles qui
contiennent des dendrites dont nous venons de
parler, & avec lefquelles ils bâtiifent-leurs mai-
fons, mais furtout pour y fouiller la matière qu’ ils
emploient à faire le blanc de craie qu’on nomme
vulgairement blanc d'Efpagne. Cette craie eft graffe
& liée , propre à fe uétacher en petites maffes.
Les habitans du Cavereau en forment d’abord de
petits tas qu’ils pétriffent à pieds nus, en ôtant les
petits morceaux de pierres dures qui s’y trouvent
mêlés, & en y jetant de l’eau à plu fleurs reprifes.
Après cette première préparation de la craie,
ils en compofent des rouleaux gros comme le
bras, puis ils les coupent par morceaux de la longue
ur d’environ quatre ou cinq pouces pour les
mouler carrément ; enfuite ils les mettent fécher
au foie il., ou les arrangent fous des hangards lorf-
qu’ il pleut. T e l eft leur blanc d’Efpagne commun ,
qu’ ils nomment grand blanc, à la différence d’une
autre forte qu’ ils appellent petit blanc, blanc rond,
parce qu’il eft effectivement arrondi en forme de
mamelle : il eft plus fin & plus pur que le précédent,
parce qu’étant pétri à la main, il contient moins
de gravier & de petites pierres,.
Si nous revenons maintenant aux dendrites du.
Cavereau, nous nous convaincrons aifément qu’ elles
ont été formées par une fubftance ferrugineufe
que l’eau dilfout & charrie danslefein de la terre ,
& qu’elle entraîne & dépofe dans les fentes des
pierres crayeufes à grain fin, & qu’elle diftribue
régulièrement fur les faces de ces fentes j & c’eft
en conféquence de la marche de la matière colorante
, que les formes des arbres, des arbriffëaux,
des plantes , fe trouvent efquiffées de manière à
faire la plus grande illufion.
On diftingue dans les traits des dendrites deux
tons de couleurs remarquables : celles des fonds ,
qui offrent des nuances depuis le blanc-terne juf-
qu’au jaune-aurore, & ces nuances, fervent non-,
feulement de bafe pour les objets figurés, mais
encore de clair-obfcur pour les détacher des
fonds.
La couleur des figures eft nuancée, depuis le
brun-paie julqu’au noir-foncé & luifanr. Cette dernière
couleur femble être à l’huile , & appliquée ,
comme un vernis, fur la précédente, qui paroic
être à l’eau & à la détrempe. Audi la couleur des
tonds eft-elle fi légère & lï peu tenace, qu’expofée'
à la rofée ou à la pluie , ou bien frottée avec un
linge rr.ouillé , elle s’enlève promptement 5 au lieu
que celle des figures, étant lavée & frottée , n’en
devient que plus fraîche, plus nette & plus brillante
-, jufqu’à paroître noire comme du jais.
Cependant lorfque ces pierres demeurent expo-
fées aux injures de l’ air pendant un certain tems,
le coloris des objets s’affoiblit de plus en plus, &
à la fin tous les traits s’ effacent & difparoiffent de
manière qu’on ne peut plus rien y reconnoïtrej
ce qui au refte n’eft pas bien étonnant, puifque ces
couleurs font purement extérieures & fuperfidéliés
, & que fi elles pénètrent dans la fubftance
pierreufe , ce n’eft qu’à une très-petite profondeur
5 car en raclant avec la pointe d’ un couteau
on détache toute la matière colorante pour peu
que la furface de la dendrite foit humeétée, &
dès-lors la pierre refte à nu ,' fans qu’elle paroifle
avoir été entamée le moins du monde.
Je finirai par faire remarquer définitivement que
tous ces beaux tableaux de terraffes, de forêts
où l’on diftingue des arbres, des plantes, & c . ne
peuvent faire illufion qu’au premier afpeét, & en
embraffantles objets d’ une vue générale. Pour peu ’
qu’on les examine en détail, on reconnoît facilement
l’imperfeétion des figures comparées‘avec ce
qu’on pourroit imaginer en avoir été des originaux
j car on trouve que dans ces prétendues
plantes les caractères les plus effentiels manquent.
Il faut donc en conclure que le travail d elà nature,
dans l’exécution de ces dendrites, eft une
Opération purement mécanique de l’eau colorante,
afliijettie à une marche aveugle, & qui fuivi aucun
modèle, ni de plantes, ni d’arbres, ni d’ ar-
buftes. Ceci eft donc dû à une expanfion’déliée
& fucceffive de la liqueur extravafée entre les faces
des fentes de deflîccation des pierres crayeufes.
( Voye^ D en d r it e s . )
CAVERNES 6* G ROTTES. Il eft pèude pays
qui n’ait les fiennes, dont on ne manque jamais
d'exagérer les beautés ; mais je m’occuperai moins
ici des concrétions différemment combinées qui
décorent ces cavités, que de leur fituation & des :
maffifs où elles fe trouvent, & furtout du travail
de l’eau dans les différens progrès de leur forma- ,
tibn'.^
J'ai remarqué d’abord qu’il n’y a jamais de grot- \
tes dans les maffifs’de granits, ni dans les gneils , ni
dans les talcites : on ne les-trouve que dans les :
contrées de pierres calcaires qui ont le grain de \
marbre ou même celui des pierres de taille plus j
ou moins gro s ,.& dont les maffifv font organifés •
par bancs 5 en forte que leurs voûtes font Quel- !
ques-uns de ces bancs, & furtout ceux oùTeau
des fources circule & a contribué à l’excavation .
de ces fouterrains.
D’après ces obfevvarîons, on peut facilement
découvrir la caufe de la formation des grottes,
& ceci fans avoir recours à des révolutions & à
de grands changemens lurvenus dans notre Globe.
Il eft vifible que ces cavités foutefraines tiennent
à un ordre de choies fort commun, c ’éft-à-dire', à
la circulation fo ute t rame de l’eau des fources d’une
certaine abondance. C ’eft pour cette ra.ifbn qu’ on
rencontre toujours dans les grottes des relies de
ruiffeaux & de rivières qui étaient autrefois alimentés
par ces fources taries en grande partie,
mais qui dans eértain terhs étoient très-bien fournies
d’eau, & le font même encore quelquefois
après des pluies longues & foutenues.
Je connois beaucoup de fources confidérables
en France, & partout aux environs j’ai trouvé des
grottes plus ou moins étendues, parce que partout’où
le terrain eft propre, par Ion organifà-
tion intérieure, à la circulation de-l’eau fouter-
raine, là il eft propre à éprouver ces excavations
qu’on a nommées grottes & cavernes, & où le peuple
des naturaÜftes a cru voir les plus grandes .merveilles
dans le travail d?s eaux pétrifiantes. (Voy.
l’Abbé Sauvage , Mémoires de 174(3. ) >
C ’eft feulement dans les collines & dans les
pays à couches horizontales, & au milieu de i quel s.
il circule, des eaux intérieures qui ont leur ilfue
au dehors , que fe trouvent ces cavernes, ces
grands vides produits & augmentés par l’ écoulement
de ces eaux. On eft étonné , d’après cette
théorie fimple de la formation des cavernes, de
voir des écrivains hypothétiques nous dire que les
cavernes fe rencontrent furtout dans les contrées
fujètes aux tremblemens de terre , & dans celles où
il fe trouve beaucoup d’île s , comme fi ces cir-
conftances pou voient contribuer à la formation
dés cavernes. Je ne vois dans la formation des
cavernes que deux chofes, un agent qui vide &
entraîne les matériaux , & un débouché facile pour
l’agent qui vide^Je ne vois ces circonftances que
dans les pays de grandes fources , car les grandes
fôurces creufent de grandes cavernes pour leur
férvîr de réfervoit', & fouvent ces fources ont
tari à un certain point lorfque les cavernes font
accèffibles & peuvent être vilîtées par les curieux,
qui, n’y voyant plus l’agent, imaginent des fe-
couffes pour ébouler ce qui cependant ne pouvoit
s’ébouler, vu que primitivement le maflîf primit
if dans lequel fe trouve creufée la caverne, étoit
plein & folide , & par conféquent hors d’atteinte
d ’être détruit par les tremblemens de terre qui
n’excavent rien. Voilà comme tous les hypothétiques
verront leurs affertions détruites lorfqu’ on
fuivra, comme il convient, les progrès du travail
de la nature.
C a v e r n e s a . a i r . On peut expliquer par le
mécanifrne des fontaines périodiques , un phénomène
que préfentent certaines cavernes. Près de
Sàifedan , dans les montagnes des environs de
T urin, eft un rocher qui a une fente perpendiculaire
à l’horizon, d’où il fort pendant un certain
tems un courant d’air affez rapide pour repouflér
au dehors les corps légers qu’ on expofe à Ion action
> enfuite l’ air eft attiré, & il attire les pailles
& les autres corps légers femblables. Dans le voi-
unâgé, un fembiable rocher afpire l’air & l’expire
auffi fenfibledènr. Tous ces effets, & beaucoup
d’autres dont j’ai fait mention dans quelques
articles de ce Di&ionnairç , paroiffent avoir pour
principe le mouvement du fiphon. Tant que l’eau
Touterraine, qui fe décharge dans la caverne , n’eft
pas parvenue au niveau de l’ orifice inférieur du
(iphon, l’ air s’échappe de la caverne par le fiphon
à mefure que la caverne fe remplit, mais il fort
enfuite par la fente du rocher lorfqu’il n’a plus
Tiflue du fiphon , & que l’eau, d’ailleurs verfée
par le canal d’ entretien , fe comprime} il eft donc
obligé d’y rentrer lorfque l’eau coule abondamment
par le fiphon , & que la cavité fe vide par fon
écoulement. Toutes les obfervations que l ’on a
faites dans les grottes , dans les galeries des mines,
prouvent que partout où l’on trouvoit de
l’ eau fous terre, on y avoit auffi trouvé de l’air
pi r & éiaftiqüe, & qu’au contraire , quand l’eau
manquoit, on ne trouvoit plus d’ air propre à être