
diffent confidérablement au deffous de Manfle juf-
qu’à Angoulême, & même au-delà. Je me fuis fur-
tout attaché à étudier ces contrées,au milieu def-
quelies la Charente &j les rivières latérales offr oient ■'
le jeu de p'ufieurs ofcillations fucceflives. J’y ai :
obfervé en même tems les bords efcarpés , fail- '
l.ins & rentrons ; les caps terreftres fous différens
afpeéts , & qui fe préfentent comme autant de
- fy üèmes d ’abri d'une bonne température, & pro-
près à hâter la maturité de toutes les productions
végétales : c ’tft ce que j'ai reconnu en parcourant
Jes eaux courantes des deux départemens de la
Charente & de la Charente-Inférieure. ( Voyez
A ngoumois. )
C h arente ( Bafïïn de la ) . Ce baflîn d’une ri- j
▼ ière principale, avec (es affluences, a d’un côté !
pour limites l’embouchure de la Loire , & de
l’autre celle de la Garonne. Il comprend les ci-
devant provinces de Saintonge, d’Angoumois, du
pays d’Aunis, avec une partie du Poitou. De l’embouchure
de la Loire s’élèvent des monticules qui
fe détachent des plaines à mefure qu’on s’approche
des bords orientaux de \x Charente 3 lorfqu’ on
eft parvenu à la fource de cette dernière rivière.,
qui fuit un embranchement qui palïe par le Vêla y
& qui embraffe lés fources du Bandiat, de la Tar-
doire , de la Touvre , & des rivières qui fervent
aux ufinçs des papeteries d’Angoulême, & fe prolongent
jufqu à l’embouchure de la Seudre.
La principale rivière de ce baffn eft, comme
on v o it, la Charente, qui eft navigable depuis An-
goulême jufqu’ à Rochefort, & qui arrofe beaucoup
de cultures dans fa vallée fort large à la fuite
de fes ofcillations vers Angouîême 5 mais outre les
abris favorables a ces cultures qui font difperfées
dans une fuite de plaines, les rivières & les ruif-
feaux qui fe jettent dans la Charente offrent les
mêmes re(fources & les mêmes avantages pour les
cultivateurs, foit qu’ils fement du froment ou du
maïs, foit qu’ ils fe bornent à l’éducation de petits
\eaux ou à l’engrais des boeufs. Les châtaigniers
& les marroniers y donnent de bonnes récoltes.
Les lins d’Aigres font employés à des filatures qui
fervent à la fabrication de bonnes toiles de ménage.
Outre ces productions, il en eft une qui
équivaut à toutes les autres 5 c’eft celle du vin ,qui
ne fe vend pas en général fous cette première
forme de liqueur, mais qui devient fi précieufe par
fa bonne qualité en eau-de-vie, qu’ elle furpaffe fans
contredit toute autre eau-de-vie connue dans le
commerce.
Il ne me refte plus qu’à défigr.er les diverfes
contrées principalement diftinguées par la culture
de la vigne, & par les abris où înuriffent plus
complètement les maïs & les fruits de toute ef-
pèce y car toutes ces productions dépendent, plus
qu’on ne penfe, des abris dans une contrée qui
eft naturellement moins chaude & moins hâtive
que les environs de Brive 8c de Périgueux., vu la
plus grande proximité de la mer.
Je dois dire ici que les badins fimples fe préfen-;
tent d’ une manière plus nette & plus précife fur
les bords de la Charente & des rivières affluer.tes,
que les autres grands baflins que nous avons été
obligés de décompofer. Au refte, les principa'es
vallées de l’une & l’autre contrée attellent que
les derniers dépôts de la mer fe font faits dans
ces baflins. La différence de ces petits baflins aux
grands confifte en ce que les grands1 s’étendent
au-delà des dépôts de la dernière époque : ce font
ceux qui remontent jufqu’à l*avant-dernière.
C harente-Inférieure ( Département de la ).
Ce département, qui eft fitué allez près des côtes
de l’Océan, eft arrofé par la partie de la Charente
plus voifine de fon embouchure , d’ où il a pris le
nom de Charente-Inférieure. Il répond aux anciennes
provinces de Saintonge & d’Aunis.
Ses bornes font, au nord, le département de la
Vendée | au nord-eft, celui ries Deux-Sèvres j à
l’eft , celui de la Charente j au fud , celui de la
Gironde 5 à l’oueft, l’Océan 8c les îles.
Les rivières principales font :
La Charente, la Sèvre-, la Boutonne, taSeudre
& la Seugne.
La Charente, qui traverfe le département de
l’eft à l’oueft, paffe à Saintes, à Tonnay-Charente
& à Rochefort, où elle forme un, grand port y
enfin , a Soubife, & fe rend à la mer en face de 1 île d Aix & de i’ ïle d’Oléron. A droite , la Charente
reçoit deux ruilfeaux à cô:é de Dompierre,
puis une troifième rivière au deffous de Taille-'
bourg, enfuite la Boutonne, qui pafle à Saint-
Jean-d’Angély & à Tonnay-Boutonne, & dont la
tête eft abreuvée par la belle rivière réunie à trois
1 embranchemens , dont celui 'du milieu pafle à '
Aunoy, puis par la N ie , qui prend fa fource à
Nère.
A gauche, la Charente reçoit la Seugne, qui a
fa fource à Monlit 11, pafle à Léoville, à Jonfac &
a Pons. Cette petite rivière eft abreuvée enfuite
par fix ruiffeaux 5 plus bas font, au deffous de
Jonfac, de chaque c ô té , les produits de quatre
embranchemens réunis 5. enfid , à la hauteur de
Rochefort, la Charente reçoit, à droite, la Gore,
qui prend fa fource à Mauzé & paffe à Surgères- &, à gauche, la rivière de Pont-l’ Abbé. A l’embouchure
de la Charente eft la petite île d’Âix ,
ou vont mouiller des vaiffeaux qui partent de
Rochefort.
Maintenant fi nous paffons à la bordure fepter-
trionale que fuit la Sèvre, & qui paffe à Marans,
nous trouverons qu’elle reçoit, à gauche, le M -
gnon, puis deux autres rivières de l’intérieur, doi.c
l’ une arrofe Aigrefeuille. .
; f i ne me refte plus que la Seudre qui paffe à
Saujon, & dont l’embouchure j qui eft fort large
fert à entretenir le détroit qui fépare Pîle d’Oléron
de la terre-ferme, 8c qui eft conru fous le nom de
Pertuis de Maumujfon. A gauche, la Seudre reçoit
la rivière de Paray, qui paffe à Coze.
La pointe fud-eft du département eft arrofée
par plufieurs petites rivières, dont quelques-unes
paffent à Montendre 8c à Montlieu, & d’autres à
Montguyon & .Saint-Aiguiin. C ’ eft entr’autres la
rivière de Palais , qui a les deux embranchemens
de Larry & de Mouzon, & là c’eft la Dron*é ,q u i .
paffe à Saint-Aigulin.
La Gironde reçoit de petites rivières , & offre
quelques îles alongées, & en particulier celle de
la Tour-de-Cordouan.
Les principales villes de ce département font
Saintes, la Rochelle, Rochefort, Saint-Jean-d’An-
gély & Jonfac.
Brifembourg. Poterie.
Coze. Commerce de grains, vins & fruits.
Marans , petite ville fituée à côté de marais
falans, près la Sèvre niortoife. Commerce de blés 8c farines.
Marennes, petite ville près de la mer. Commerce
d’huîtres vertes & de fel gris.
Miranbeaux. Mulets.
L’île d’Oléron. Son commerce confifte en f e l ,
vins 8c ean-de-vie : elle eft très-bien cultivée.
Rochefort, port de mer fur la Charente. Marine
militaire, que nous ferons connoître plus en
détail.
La Rochelle , grande & forte ville. Son commerce
confifte en vins, eau-de-vie, fe l, raffinerie
de fucre.
Royan , petite v ille , près l ’embouchure de la
Gironde. Pêche de fardines.
Saint-Jean-d’Angély, petite v ille , fur la Boutonne.
Son commerce confifte en vins, & eau-
de-vie.
Saint - Savinien,: Commerce de grains 8c eau-
de-vie.
Saintes, ancienne & grande ville- Son commerce
confifte en vins, eau-de-vie, grains, étamines,
bonneteries de laine & tanneries.
Surgères. Commerce de chevaux, boeufs &
mourons.
Ce pays eft fertile > mais vers la mer il y a des
marais dejit l’eau ftagnante eft un voifinage fu-
nefte , furtout pour la ville de la Rochelle. On en
J ire du fel & de bonnes huîtres, & fur les côtes
on pêche de très-bonnes fardines.
La poterie de Brifembourg offre un phénomène
rare , & qui met à découvert ce qui fe paffe dans
les fouterrains à la fuite de la circulation de l’eau
des fources. Il eft à croire que fouvent l’eau
fouterraine trouve à fe frayer à elle-même, fans
qu’il y ait des vallons approfondis, des routes
pour s’épancher au dehors, 8c va chercher, par
ce moyen , des vallons où elle fournit à des
fources.
Ce fait peut être fort commun fans qu’ on en
ait des preuves. J’en ai une qui eft très-décifive,
8c qui renferme toutes les cireonfhnees de la
théorie que je viens d’ indiquer.
Au fond d’un vallon fec on a creufé une carrière
où l’on a enlevé, du fond de ce vallon , un
maflïf de couches de pierres calcaires d’environ
trente ou quarante pieds cubes dans tous les fens.
Un peu avant de parvenir au fond de la carrière,
on a trouvé un'tuyau naturel, un aqueduc fouter-
rain , où couloic un volume d’eau confidérable qui
le dirigeoit vers un vallon approfondi fort éloigné
de cette carrière, & qui étoit le prolongement
du vallon ébauché. L’abondance de cette eau a
déterminé à creufer davantage dans cette carrière,
pour y placer-un moulin, qui tourne par le moyen
de cette eau que fournit l’aqueduc. Cette eau ,
après avoir fait, mouvoir la roue du moulin , fe
retrouve à l’embouchure du prolongement de l’ aqueduc
fouterrain $ ce qui rétablit la marche de
Peau fouterraine, qui continue à fe porter au
débouché naturel de la fource. Lorfqu’on arrête
toute l’eau dans un baflïn qui eft creufé au deffus
du moulin, 8c dans les tems de féchereffe, les
fources qui font fur le bord de la Charente éprou- .
vent une intermittence qui ne dure que pendant
le chômage du moulin.
Si l’eau des pluies, qui a ébauché le vallon,
l’eût approfondi d’une trentaine de pieds, l’eau
qui fe feroit échappée du rocher auroit continué
à couler à la (uperficie de la terre, en fuivant le
fond du vallon y mais comme le travail de Peau
pluviale eft refté dans cet état d’imperfeétion ,
Peau qui étoit recueillie au deffous du fond du
vallon, n’a été déterminée à couler dans l’aqueduc
fouterrain que Iorfque le vallon de la Charente
lui a, ouvert un débouché favorable au deffous de
fon niveau.
Ceci prouve que Peau des fources vient foü-
v .n c de lo in , & fait des trajets affez longs au
milieu des couches horizontales fouterraines, en
s’y frayant des routes par les fentes perpendiculaires,
par les intervalles d’une couche à l’autre ,
.& par tous lesaccidens qui interrompent, de quelque
manière que ce fo it , les bancs iolides & ter-*
reux qui font à la furface du Globe.
C ’eft; à la fuite de ce que je dois faire connoître
fur le département de la Charente-Inférieure 8c fur
,1e cours de cetre rivière, qu’il convient de joindre
la dëfcription raifonnée des côtes du pays d’Aunis.
J’y vois d’abord l ’embouchure de la Charente,
dont les détails font très-intéreffansy car lorfqu’ on
examine les environs de cette embouchure , on
trouve que P activité de cette eau courante a
ouvert le Pertuis d'Antioche, & féparé , en crenfant
cette baie , les deux îles de Ré 8c d ’O léron,
l’île d’Aix & l ’île Madame. On reconnoîten même
tems qu’en approfondiffant fon canal, elle a préparé
l’étendue des baflins du port de Rochefort,
après avoir organifé, par le prolongement dve ce
canal, une forme de rade à portée de ce port. Ce
font tous ces avantages que j’ambitionne de mettre
C e c 2,