
tout eft couvert par une voûte fort ancienne, &
dont on attribue aux Romains la conftruètion , ainfi
que celle du badin. Cette voûte eft percée par le
milieu pour donner du jour & une certaine iffue à
la chaleur.
Bains , bourg du département des Vofges> ar-
rondiffement de Mirecourt, fur le Begnerat , ruif-
feau. Ce bourg eft firué dans un vallon tres-agrea-
ble : il renferme deux principales fources, dont
l’ une , appelée la grande Jource 3 eft très-abondante:
l’eau qui en fort eft la plus chaude. La fécondé
fource eft celle du Château y--elle eft moins abondante
& moins chaude que la première. L’eau de
ces deux fources eft réunie dans un baflin fpacieux
qui fert aux baigneurs. En 17JO , on a conftruit
un fécond baflin pour le même ufage. Il a une
forme ovale, & dix pieds environ de longueur, fur
huit de largeur. Entre la fontaine qui alimente le
nouveau baflin , & qui eft la troisième , il y en a
une quatrième appelée la Fontaine des vaches ; elle
eft enfermée dans un pavillon à côté de ce dernier
bain. Ces eaux minérales font très-limpides. Il y a
outre ces fontaines d’eau chaude , trois belles
fontaines d’ eau fraîche, à la proximité des bains.
Les eaux minérales ne font pas tout-à-fait fi chaudes
que celles de Plombières, mais elles font réputées
plus efficaces pour les maladies de la poitrine
, les gouttes vagues 8t les rhumatifmes goutteux.
Bains du Mont-d’Or , département du Puy-
de-Dôme. ( Voye£ l'article MoNT-D’OR-LES-
Bains.)
BAISE ( la ) , rivière du département des Baffes
Pyrénées, arrondiflement d’Oléron. Sa fource ,
qui a plufieurs branches 8c qui fe montre à trois
lieues à l’eft d’Oléron, coule au nord-nord-eft,
arrofe I’Affeube, Aubertin 8c Monein. Cette rivière
va fe rendre dans le Gave de Pau, à un tiers
de lieue eft de La gor, & à fîx lieues deux tiers
nord-eft de fa fource. Je décris dans plufieurs articles
les petites rivières des Pyrénées, aitifi que
leur cours, pour prouver l’ abondance des eaux
pluviales qui pénètrent dans l'intérieur des bancs
de ces vaftes montagnes, & qui y circulent. Ce
que je vais ajouter achèvera d’établir cette confi-
dération importante.
Baïse-de-Devant ( la ) , rivière du département
des Hautes-Pyrénées, arrondiflement de Ba-
gnères & canton de Lannemezan, à trois quarts
de lieue fud-fud-oueft de ce village, où cette rivière
prend fa fource. Elle coule enfuite au nord-,
nord-eft, reçoit à fa droite la Solle>,& fe réunit à la
Baife 8c à la Baiflolle vers l’île de Noé ; plus bas
elle paife à Condom & à Nérac, ou elle devient
navigable par les éclufes; paffe près de Laverdac,
reçoit le Gélife, & fe jette dans la Garonne à une
demi-lieue au deflus d’Aiguillon.
BaÏse-DB-Derrière ( la ) , autre rivière du département
des Hautes-Pyrénées, même canton de
Lannemezan : on voit fa fource a une lieue un
quart de ce village. Elle coule au nord-eft , & fe
réunit à la BaïffoUe à deux lieues au fud de Mi-
rande. Toute cette eau, qui a fon origine aux Pyrénées
, fuit les mêmes vallées que parcourt la
rivière précédente.
BÀÏSSOLLE ( la ) , rivière du département des
Hautes-Pyrénées. Sa fource , qui eft à une de mi-
lieue oueft de Lannemezan, coule au nord-eft,
& fe joint à la Baïfe-de-Derrière, à deux lieues
au fud de Mirande.
BAÏTAGAN-BASCH, village dans le pays des
Tfchuwafches en Ruffie, le long de la rivière de
Soek. Ce village eft remarquable par des fources
d’afphalte 8c des lacs fulfureux.
La première fource d’afphalte qu’on remarque
le long de la Soek, eft fituee dans la contrée mon-
tagneufe où le ruiffeau Battugan prend la fîenne,
& à peu de werfts de diftance du village de Bai-
tagan-Bafch, au penchant d’une montagne qui
paroît être ta plus haute de cette contrée, 8c qui
. eft placée ptécifément entre les deux fources du I ruiffeau. Tous les environs font couverts de bouleaux
, qui croiffent dans une'terre noire fort
graffe. On a donné un peu plus de jour à cette
fource dJafphalte, 8c l’on a creufé, dans la pente
de la montagne, une foffe en forme de chaudière ,
ui a trois pieds environ de diamètre, Sc autant
e profondeur. L’eau augmente dans cette fofle
fans mouvemens appaçens, & s’écoule infenfible-
ment dans le ruiffeau qui paffe auprès. Quoique
cette fource ne bouillonne point en fortant de
terre, elle ne gele jamais, même dans les hivers
les plus rigoureux ; 8c lorfqu’ iL arrive que la neige
vient à la couvrir, les vapeurs bitumineufes que
cette eau exhale, 8e qui frappent d'affez loin
l’odorat, forment en très-peu de tems une ouverture
à travers cette neige. L’eau de cette fource
n’ a point cependant un degré de chaleur extraordinaire
3 car dans le tems que M. Pallas vifita cette
contrée ( le 13 o&obre 17 6 8 ) , le thermomètre,
qui étoit defeendu en plein air, par une matinée
tort froide, à 160 degrés, n’étoit remonté dans
l’eau que jufqu’au 138e.
L’eau fe couvre, dans le petit baflin dont nous
avons parlé, d’un afphalte noir très-tenace, très-
gluant, qui a la couleur & la confiftance d’ un
: goudron épais, 8c q u i, après qu’on l’a en le v é ,fe
forme de nouveau en peu de jours. Quoiqu’ il n’y
eut que quinze jours environ que tout l’afphalte
eut été enlevé du baflin lorfque M. Pallas s y
rendit, il put néanmoins en faire prendre environ
fïx livres, fans compter tout ce q u i, vu fa ténacité
, s’en étoit attaché aux parois 6c a différens
corps étrangers : il y en avoit au-delà d un doigt
d’épaifleur dans la foffe > mais cette épaiffeur alloit
toujours
toujours en diminuant jufque vers l’écoulement
du baflin 3 ce qui prouveroit que l’eau en entraîne
toujours une partie en s’écoulant. Toute la cavité
de la’ fource eft tapiflee de cet afphalte , 8c le lit
de terre dans lequel cette cavité fe trouve, 8c qui
s’étendyraifemblablement bien avant dans la montagne
, en eft entièrement pénétré. Après qu’on a
tout-à-fait enlevé l’ afphalte de deffus la fur race de
l ’eau, on la voit fe couvrir encore d’une huile de
pétrole finguliérement fine, très-forte 8c très--
pénétrante, q u i, quoiqu’en petite quantité, s’en-
nammeroit très-facilement fur la fur face de l’eau;
qu’on tireroit du baflin avec cette huile.
II réfulte de cette defeription, que cet-afphalte
devroit , à parler fidèlement, être appelé goudron
de montagne y bitumen maltha Linn., ou poix miné-
raie, dont il a toute la ténacité 5 mais la feule
différence, entre ces deux fofliles inflammables
pourroit bien ne venir que de leurs différens de-
gre's de confiftance, & félon que l’huile de pétrole
qui en compofe la bafe, fe trouve plus ou moins
chargée de parties terreftres ou d’autres matières
minérales néceffaires à fa condenfation. L'huile de
pétrole qui furnageoit après que le gv idron de
montagne eut été féparé de l ’eau, paroît être auffi
la bafe de ce goudron, ainfi qu’elle l’eft de l’afphalte..
Cette couche de terre, pénétrée de cette
poix minérale , nous fournit des données très-
concluantes fur l’origine des fehiftes combufti-
bles, ainfi que de celle de la houille ou charbon
de terre ; & cette eau chargée des parties oléagi-
neufes de la mine , eft analogue à cette eau mêlée •
de pétrole dont parle Vallérius, Rydrologia,
§. H
M. de la Sablonière, tréforier de Tambaffade ;
de France en Suiffe, a fait avec la mine d’afphalte,
dans le comté de Neuchâtel, le pijfalphalte, qui
a été employé à caréner deux vai fléaux qui par-
toient de l’Orient, l ’un pour Pondichéry, l’autre
pour le Bengale. Quoique ces vaiffeaux, à leur
retour, euffent perdu une partie de leur carène,
ils révinrert bien moins piqués de vers que ceux
qui avoient eu la carène ordinaire. Ce même M. de
là Sablonière avoit .formé de grands projets relativement
à cet objet Iorfqu’il fit'ouvrir une mine
d afphalte en Baffe-Alface, dont on retire encore
une forte d’oing noir propre à graifler tous les
rouages, de l’huile de pétrole,'&c.
Outre l’afphalte, la montagne de Baüagan-Bafch
renferme encore du foufre, comme il eft aifé de
s en convaincre en examinant à fa fource le mif-
feau dont nous avons parlé 3 car la nature fulfu-
ffî manifefte, non-feulement par l'odeur de
foie de foufre , mais elle eft encore fenfible à l’oeil
dans le fédiment blanchâtre 8c limoneux qui fe
trouve au fond. Près du village de Kamyfchli,- qui
eft a peu de diftance de l à , l’on trouve encore un
mur de rocher de gypfe, dans le voifinage de la
rivière de Soek. Il filtre de de flous ce rocher une
fource limpide, dont l’eau , un peu fulfureufe ëc
Géographie-Pkyjiquc. Tome I IL
calcaire, exhale une odeur de foufre affez forte,
& dépofe un léger fédiment blanc. On apperçoit
auffi en quelques endroits, fur les feuiiles qui tombent
dans cette eau, des fleurs de foufre très-
délicates. Il y a encore près du village de Jer-
mack, de l’autre côté de la Soek, quelques petites
flaques d’eau fulfureufes, mais qui ne font d'aucune
importance.
La partie la plus remarquable du pays qu’arrofe
la Soek, celle où les fontaines fulfureufes font eu
plus grand nombre & les plus riches en foufre ,
eft habitée par des Tfchuwafches, dont plufieurs
font encore païens. Le pays fitué au fud de S rpa-
rowa, vers la fource de la petite rivière de Surgut,
-recommence à devenir fort montagneux , 6c il fe
trouve entre les villages de Mikufchkina 8c Malaja-
Mikufchkina, fur la rivière de Tfchambulas, dans
un terrain humide , deux flaques d’eau fulfureufe,,
à peu de diftance l’ une de l’autre. La plus grande
a l’air d'un petit lac de vingt à vingt-cinq toifes
de long, fur huit toifes de large, 8c environ une
archine de profondeur. L’ eau en eft très-fulfu-
reufe 3 elle dépofe fur le limon quantité de matière
calcaire & fulfureufe , 8c répand une odeur très-
forte. Il y a dans une efpèce de cale de ce petit
lac, laquelle ne gele jamais, même dans les hivers
les plus rudes, une fource très-forte, qui fort en
bouillonnant, & amène avec elle une matière grife
qui reffemble à de la cendre. Les Tfchuwafches 8c
d ’autres habitans de cette contrée fe fervent avec
fuccès de toutes ces eaux fulfureufes pour fe guérir
de la gale & autres éruptions cutanées.
Sernoje-Ofero eft un autre lac dont les eaux
font pareillement fulfureufes 3 il eft fitué au pied
d’une montagne calcaire , qui n’eft qu’à la diftance
d’un werft de Surgut, 8c occupe un enfoncement
affez confidérable, de la forme d’une chaudière,
& entouré de bouleaux. Le lac peut avoir environ
foixante toifes de long, fur quarante-cinq de large.
L’afpeél en eft effrayant, 6c la puanteur qui s’en
exhale, femblable à celle d’oeufs pourris ou du
foie de foufre , fe fait fentir jufqu’à trois ou
quatre werfts pour peu que le vent en favorife le
tranfport. Il n’ a point de mouvement fenfible, 8c
ne gele jamais : auffi lorfque M. Pallas fut le vifiter ,
le 15 oèlobre 1768, il trouva que la chaleur de
fes eaux furpaffoit de 30 degrés celle de l’atmof-
phère : c’eft ce qui fait q u e , dans les tems de
g e lé e , il s’élève ordinairement de deflus ce lac
une vapeur très-vifible. Ses eaux font très-limpides,
& l’oeil pourroit aifément juger leur profondeur
fi le fond n’ étoit totalement couvert d’une
vilaine matière noirâtre, qui forme une efpèce de
peau dont la confiftance peut être comparée à des
peaux d’animaux pourries. Cette peau recouvre
le limon noir, & tout ce qui tombe dans le lac :
elle a une ligne d’épaiffeur, 8c peut s’enlever par
lambeaux; elle eft en très-grande partie d’une
couleur olivâtre, ou d’un noir-verdâtre très défa-
gréable à la vue : on y apperçoit une certaine