
tion que nous venons d’indiquer, fans laquelle le
tuyau feroit néceffairement confumé par le feu.
Naphte blanc,
Le puits d’où l’on tire le naphte blanc n’ eft
éloigné du feu perpétuel que d’environ un demi-
werft vers le fud-oueft. Avant d’ y arriver, l’ on
pafle à côté d’un petit lac d’environ cinquante
toifes de longueur, fur vingt de large, & deux
toifes de profondeur, qui eft la plupart du tems
à f e c , & ne fe remplit de quelque peu d’eau
qu’en tems de pluie C ’eft à l ’oueft de ce la c ,
tput-à-fait en plaine au pied d’une petite colline,
qu’eft, la fource du naphte. C ’eft proprement un
puits de la profondeur de trente & quelques pieds,
& large de deux, au fond duquel b naphte four-
ciile goutte à. goutte hors de la terre, & s’y con-
ferve jufqu’ à ce qu’on l’en tire. Ces fources changent
de place de tems en tems. A une fource qui
feperd affez promptement, il en fuccède une autre
auffi vire. Le puits eft recouvert en pierres en1-
duites dans leurs joints d'un ciment de terre graffe,
fur l.fquelles on a gravé le nom du kan, afin que
perfonne ne puifte s’emparer du naphte à moins
que celui qui eft prépofé par le kan à cet effet, ne
lève cette efpèce de fcelié.
Il ne faut pas s’imaginer que ce naphte blanc ait
reçu cette dénomination parce qu’ il eft blanc de
couleur: on ne la lui a donnée que parce qu’ il eft
tranfparent & jaune, & qu’ il fe diftingue par-là
du naphte noir. Sa flammé eft plus fubtile 8t plus
pure , & la vapeur qui s’en élève n’eft pas à beaucoup
près auffi défagtéàb'e que celle de l’autre ;
il brûle auffi beaucoup plus vite , & il s’enflamme,
même avant le contaél du feu , bien plus tôt que
le naphte noir. Le batmann , évalué à huit livres
pefant de naphte blanc, fe vend un abas & demi
ou trente copecks, & c’ eft le kan de Baku qui.
jouit de ce revenu fous le bon plaifir du Seth-Ali-
Kan.
Ce n’ eft que lorfqu’bn fait paffer ce naphte par
l’alambic, qu’ il prend une couleur blanche ; & fi
l’on réitère l’opération à une ou deux reprifes, il
fe concentre au plus haut point, & on le prend
en Perfe comme un réfôlutif des plus pénétrans
dans les rhumatifmes & dans les paralyfies ; de
forte que les Mahométans & les Arméniens en font
leur remède domeftique le plus en vogue.
Baku ( Environs de ). Ce n’ eft pas feulement
dans la prefqu’île d’Apfcheron qu’on trouve du
naphte : on en tire encore d’autres endroits de
cette contrée, comme dans la prefqu’île que les
Perfans appellent Bael, & le commun des Paiffes
Schdckow-Rin.ok ou Marché-du-Schach , où l’on a
découvert, dans ces derniers tems, plufieürS puits
de ce bitume liquide. On en compte plus de
foixapte & d ix , qui font pareillement de figure
cylindrique , profonds de douze toifes, & placés
fans ordre. L’ un d’entr’eux, qui furpaffe tes autres 1
en capacité, tient lieu de réfervoir où l’on va
verfer le naphte de toutes les autres fources, &
qu’on a foin de fceller. Mais ce naphte-là n’eft pas
d’auifi bonne qualité que celui d’ Apfcheron, parce
qu’il eft confidérablement altéré par l’eau de l'a
mer , & qu’ il brûle par conféquent moins bien ;
auffi ne le tranfporte-t-on qu’ à Saülian, tandis que
toute la Perfe fe fournit de l’autre.
Le naphte noir eft le feul dont on faffe ufage
pour brûler ; auffi s’en fait-il un grand trafic. Le
batmann de quinze livres fe paie cinq copecks.
Tout le naphte blanc, ainfi que le noir, fe con-
férve & fe tranfportedans des lacs de cuir ; il perd
trop de fon poids dans des vaiffeaux de bois; ceux
de terre valent mieux ; mais les plus convenables
de tous font ceux de verre. Il y a peu de chofe à
dire fur l’origine de ce bitume , vu qu’ il découle
des monts Caucafes , dont l’hiftoire naturelle eft
encore très-inconnue. Quantité de cette huile
coule dans la mer, qui en contracte une amertume
très-fenfible, & produit peut-être ce fel connu en
Rulfie fous le nom de fe l amer d‘Aftrakan.
Les productions du pays fe bornent au naphte,
& au fel ; quant à ce dernier article > il confifte
non-feulement en fel gemme,.mais encore principalement
dans ce fel qui fe criftallile de foi même
fur la fuperficie d’ une quantité de lacs répandus
tout autour de Baku , & qui fe recueille fi pur,
qu’ il n’a pas befôin d’être raffiné par le fecours
de l’art.
De Baku à Schamachie on apperçoit, de distance
en diftance, de petits lacs falés , couverts
de ctiftaux cubiques, mais qui fe trouvent toujours
entre-mêlés de fel de Glauber. On y voit de
même de la terre brûlante imprégnée de naphte,
qui paroît avoir la même origine que celle d’Apfcheron.
( V^oye£ les articles LACS SALÉS , NAPHTE
& Bitumes.)
BALABEâ (Jle de ). Cette île eft fituée à l’extrémité
occidentale de la Nouvelle-Calcédoine.
Son afpeét eft affez femblable à cette terre; mais
elle,eft plus fertile, plus cultivée, & couverte
d’une plus grande quantité de cocotiers. On y
trouve des coquillages nouveaux 8z curieux, &
plufiturs efpèces de plantes différentes de celles
qu’on remarqué dans les cantons de ce parage.
Les productions d’ailleurs font les mêmes, & les
infulaires qui l’habitent font exactement de la
même race que ceux de la Nouvelle - Calédonie :
ils ont un caraCtère auffi bon, & accueillent de
même les étrangers qui defcendent fur leurs côtes.
( M i 3 pour les productions naturelles & le
caractère phyfique & moral des naturels de Bala-
bea3 le mot Calédonie nouvelle.)
BALAGNIFR (T o u r de) et FORT DE
L’É G U iL L E T T E , département du V a r , arron-
Tlifilment de Toulon, canton d’Ollîoules, près le j
paffage du Goulet , fur une partie de terre qui j
détend l’entrée de la petite rade avec la greffe !
tour qui lui eft oppofée, à deux tiers de lieue
fud-outft de Toulon. Ces détails font fntéreffans,
parce qu’ils nous font connoître cette plage.
BALANCÉ (Iles d e ) , département du Finif-
rerre, arrondiflement de Breft, & au nord-ouelt de
l’île de Molène. Elles ont entr’ elles deux tiers de
lieue d’étendue de l’eft à l’oueft, &r autant du nord
au fud. Ce font vifiblement les débris du continent
, q u i, fur les côtes voifines de ces îles , eft
compofe de l’ancienne & de la nouvelle terre en
même tems, & c’eft par ces débris que je les ai
reconnues bien en détail.
B A L A R U C , village du département de l’Hérault
, canton de Frontignan, au bord de l'étang
de Thau. Ce village eft renommé par fes eaux
thermales. Les bains font fitués affez près de l’é tang
; ils font au nombre de trois ainfi défignés :
le Bain vieux, dont on fait le plus d’ufage ; le
Bain ordinaire, où fe trouve la fource , & le Bain
des pauvres , qui eft un écoulement du fécond. La
chaleur des eaux de Balaruc e ft, pendant l'é té , de
41 à 45 degrés ; l’hiver cette température varie,
& la chaleur ne s’élève alors qu’ à 37 degrés. Ces
eaux, dont la fource eft au deffous du niveau de
l’étang & de la mer, font connues depuis long-
tems : elles font affez fréquentées, & bonnes
contre le relâchement des fibres , les obftruétions,
& les douleurs, ou rhumatifmales, ou occafionnées
par des bieffures. Au milieu de l ’étang de Thau ,
vis-à-vis des bains de Balaruc, i l 'y a un rocher
ifolé , appelé Rocairals, dont fe pied eft garni de
moules, de lépas , de glands de mer, d’ourfins
vivans, qui font très-fortement attachés au rocher.
On les en détache avec un cercle de fer emmanché
dans une longue perche, après avoir jeté un
peu d’huiie fur l’eau. L ’eau minérale de Balaruc
fournit, dans une grotte voifine, des bains dont
on fait ufage.
Nous nous fommes bornés jufqu’à préfent à ce
qm concerne les bains de Balaruc y nous allons
maintenant ajouter ce qui a pour objet les fources
des environs de Balaruc.
Au milieu de l'étang de Thau, entre les bains
de Balaruc , le village de Boufigue & vis-à-vis de 1 embouchure de la petite rivière d’Avène, qui fe
jette dans 1 étang, il y a une fource abondante
qui naît dans l’étang même. L’ eau en eft douce & j
bonne à boire ; elle bouillonne , & s’élève même
quelquefois au deffus du niveau de l’étang, de près
d un pied , en formant une efpèce de greffe gerbe,
dont le diamètre a plus d’une toife & demie, &
alors cette fource repouffe vers la circonférence
- barques qu on veut faire paffer deffus. Quelque
vent qu il faffe , il n’y a jamais aucune vague en |
cet endroit, parce que les bouillons de la gerbe i
les empêchent de fe former. On a dure auffi que
cet endroit de l ’étang ne gele jamai« dans les plus
grands froids, quoique le refte de l’écang foit pris
de la glace. On dit encore qu’on n'a jamais pu
trouver le fond dans cet endroit avec la fonde.
On fait le cas qa’on doit faire de pareils propos
qui n’ont jamais été vérifiés, ou qui ne l’ont point
été comme il faut, & dont la fauffeté feroit bientôt
maniferte fi l’on vouloit fe donner la peine
d’en faire une expérience exa&e. Mais du moins
cela prouve qu'on eft convaincu qu’en cet endroit
l’étang eft plus profond qu’ailleurs ; ce qui doit
être par toutes les circonftances que nous avons
expofées ci-deffus.
L’abondance de l’ eau que jette cette fource ou
plutôt cette rivière, varie fuivant les pluies, & ,
comme il eft aifé de le comprendre, la gerbe que
cette fource forme fur l’étang eft d’autant plus
fenfible & plus é le vé e , que l’eau fort plus abondamment.
On appelle cet endroit de l’étang Y A-
vyjfe ou YAbyffe, c’eft-à-dire ( abyffus ) , l'abîme,
& ce nom eft une nouvelle preuve de l ’opinion
où l’on eft de la profondeur de l’étang en cet
endroit.
Dans le lit de la même rivière d’Avène, à une
demi-lieue environ de fon embouchure, il fort
une fontaine abondante, ou , pour mieux dire ,
un ruiffeau fouterrain qui paroît au jour ; car il en
fort trop d’eau pour une fimple fource. On prétend
qu’un ancien aqueduc voûté , qui traverfe
tout le territoire , le village & les bains de Balaruc,
fervoit à conduire cette eau ; mais on ignore
où il la conduifoit, parce que cet aqueduc qui
eft dégradé, aboutit aujourd'hui au bord de l’é tang.
.
Vis-à-vis l’églife de Notre-Dame, qui eft la
paroiffe des bains de Balaruc, & de l’autre côté
d’une petite anfe que l’étang de Thau forme en
cet endroit, il y a , au pied d’ un rocher qui eft à
l’extrémité d’une montagne , un goufre au niveau
de l’eau de l’étang, d’où il. fort une grande quantité
d’eau douce. Ce goufre donne de l’eau dans
l'étang depuis la fin de feptembre ou le commencement
d’oétobre, jufqu’à la fin d'avril ; mais depuis
la fin d'avril jufqu’ au commencement d’octobre
il en reçoit de l’étang, dont les eaux s’y
précipitent avec.grand bruit; ce qui marque la
profondeur du goufre. Près de 1 eglife de Notre-
Dame il y a une prairie qui eft de niveau avec
l’ouverture de ce goufre : l’eau naît dans cette
prairie de toutes parts comme par tranffudation,
& en fe raffemblant elle forme un petit ruiffeau
appelé Colobre, qui fe jette dans l ’étang. En é té ,
quand l'eau de l’étang tombe dans le goufre, cette
prairie eft toute inondée, quoiqu’on foit alors dans
la plus grande féchereffe ; & elle eft d’au*.11 plus
mohdé’ë , que l’eau de l'étang entre plus abondamment
dans le goufre.
On peut conjedturer, d ’après ces obfervations ,
que l’eau qui fort du goufre pendant les fîx mois