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le du V e la y , que j’ai cités pour exemples; de mes
oulots.
Cette confidération doit entrer dans l’article
C u l o t , comme fynonyme de piton, car on-ne■
fauroit trop rapprocher les pitons des îles d e l’A -'
mérique, des culots d’Auvergne, du Velay & de'
Provence : c’eft ce que doit faire ta géographie-;;
phyfique. ( Voye{ Époque DES VOLGANS. )
CULTURES. Il -y a différens moyens-.de- faire
Ænvifager les cultures 8c leurs produits à 4a furface
du Globe : le »premier«corifitte 'à les-circonicriré,
par maffifs ou nature de fols furtout qui conviennent
à telles ou -telles-productions j -le- fecond-eft
de confidérer le degré de température qui leur
• convient.
En comparant les différensmafïifs aux produc-;
tions naturelles, il eft-aifé de reconnoître que•
cette comparàifon<a fer v id e modèle pour ie.choix:
- des fols qui pouvoient eonvenirà certaine* cultures; ■
choix qui a dû embrafler^non-feulementde,temin,
mais encore fon expofïuon par rapport aux diffé-
-rens afpeêtsÜe l’horizon , 8c fon niveau au deffus;
de celui de la mer } ce- qui détermine en même tems
toutes les conditions que nous avons expofées.ci- i
deffus.
E ffectivementen militant différens. pays culci- ;
vés 3 je reconnoiflois par le changement de-pro-;
'duétions celui du fol 8c d e l’expoficion,- &.par le ;
changement du fol les productions qui «altoient
• fe préienter à mesobfer varions ; en Corte que les j
• limites de certains terrains me marquoient dune'
manière nette&fenfible les limites des productions. J
Cultures des montagnes & des croupes élevées , *
& dont la pente eft rapide.
Pour peu qu’on ait, parcouru les pays de montagnes'
on a pu remarqués que les côtes efearpées ,• où
l’on a rifqué depuis quelque tems une culture mal
-entendue, ont éprouvé "les plus grands défaftres:
à la fuite des pluies abondantes: & foutenues.
A compter du tems-où l’orrs’eft occupé’de défrichement,
ces travaux de culture fe-font étendus !
depuis les fommets les:plus élevés 8c les plus rap
id e s , jufqu’aux plaines qui fe trouvent au pied
-des montagnes. Comme la pratique la plus générale
des perfonnes qui mettent en valeur ces terrains,
„eft d’arracher & de réduire en cendres tes racines ;
.des arbres & des arbuftes.,; ainfi que les gazons
-qui pouvoient feuls retenir 8c- augmenter la terre
-végétale qui recouvre la. pente rapide des rochers,,
il s’enfuit que la- deftruCfcion de ,ces ©bftacles a fac
il ité l’-enlévement de cette couverture.
La terre végétale,, devenue mobile.par les-travaux
de la culture, ne peut refter long-tems fur le
«fol. La première chutedéau-plus-ou-moins,-abon-
-dante commence à l’enlever;par de >.grandes.f'&
, profondes ravines; & c eft^beaucoup fi elle peut
• xéfifter à ces rava ges : jufqu.’ à c e q u ’ eüe-ait, donné
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une fécondé ou une troifième récolte , 'Si ce n’eff
qu’à l’inftant où le colon voit le rocher à nu, qu?il
regrette ou les bois ou les beaux pâturages qu’il a
détruits pour faire place à fon imprudente culture.
Autant l’obfervateurinftruit 8c attentif eft affligé
de cette deftruCtion des pâturages qui donnoient
auparavant aux habitans des montagnes les moyens
de fe nourrir avec le la it , la chair 8c la graiffe des
beftiaux beaucoup mieux qu’avec la culture précaire
de quelques menus grains, même de iftettre
en valeur par de bons engrais les parties de leurs
poffeflïons qui valoient la peine d’être cultivées,
■ autant:il eft alarmé de voir arracher ce qui pou-
voit contenir & même augmenter la terre végétale
fur les parties des montagnes qui fei oient gar-
nies-éterneflement de beaux bois ou de pacages
abondans f i l ’on n’eût; pas hafardé des travaux aufli
-peu réfléchis. . Le naturalifte obfervateur fait que
plus ces fommets élevés font garnis de bois & de
pâturages, plus ils attirent 8i fixent les nuages.,
plus ils abforbent 8c retiennent les pluies , de manière
à garnir, foit pour les arrofemens fuperfi-
c ie ls,fo it pour Papprovifionnement des fources ,
tous les réfervoirs qui fe trouvent dans le fein des
montagnes.>11 fait qu’ il en eft de même de toutes
les hauteurs moyennes q u i, fi elles-font couvertes
de bois ou de gazon y abforbent non-feulement la
quantité d’eau néceffaire aux plantes, mais même
-celle qui peut feivir à l’entretien des fources avec
. lefqudles on peut fertilifer-les coteaux inférieurs.
Ati> contraire,’ lorfqu’il eft témoin de la chute
d’une pluie abondante fur les cantons cultivés &
en pente , il voit qu’ il fe:forme- à leuo furface une
infinité de torrensdont les.eaux, non-feu'ement ne
.pénètrent pas dans le fo l, mais entraînent toute
la terre fuperficielle, même les pierrailles 8c les
graviers qui forment le tu f : en forte q ue, dans
ces contrées, les montagnes n’offrent d’ un côté
que des rochers nus & ftériles; & de l’autre , les
plaines inférieures ne préfentent que l’encombre-
médt des débris de ces montagnes.
En changeant la conftitution des montagnes par
une culture mal entendue, & qui entraîne tous les
inCorivéniens dont je viens de parler,ilen eft encore
réfûltéqueles cantons qui fourriiffoientaux fources
des rivières une eau fuffifante , n’ ayant plus la même
provifiôn d’eau à caufe 'de' l’écoulement torrentiel
deTeaudes pluies,'nepeuvent plus alimenter
ces rivières par un épanchement journalier & uni-
! forme : en forte qile la même quantité d’eau, étant
fuppofée ' fournie par les nuages , ne fe -diftri-
huera plus dans les rivières avec la même économ
ie qui firbfiftoit autrefois dans de tems où les
réfervoirs des fources étoient bien remplis, &
' fourniffoient à ün' écoulement foutenu. Ainfi, la
partie* torrentielle étant 'augmentée , les rivières
qui lareçoivent, dépenfent en deux'ou trois jours
-det crues'& de débordèmens Ce qu'elles dépen-
I foient en» deux ou trois-mois de cours réglé. On
|-uôverradoucplus., dans ces -cantons, que des
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*ens impétueux, des inondations défaftreufes ou
des rivières à fec.
Il en réfulte encore d’autres changemens 8c
d’autres malheurs : le lit des rivières , qui étoit
fixé & déterminé, s’élargit irrégulièrement par
l’effet des eaux torrentielles , dont la marche,
vague & impétueufe, arrache les bords , engrave
lés plaines & les vallées , & finit par enfabler les
lits mêmes des fleuves & barrer leurs embouchures
à la mer. C ’eft ainfi que l’hommè, par les travaux
imprudens, a concouru avec les élémens, à dégrader
les montagnes en y introduifant la ftéri-
liréi & l’ on attribuera fans examen auxehange-
mens furvenus dans les faifons ce qui eft l’effet des
folles entreprifes de l’homme.
En vain voudroit-oi? réparer le mal qui s augmente
chaque jour par des travaux publics} ils
feront toujours infuffifans contre la première &
la vraie caufe, q u i, fubfiftant & fe multipliant fans
ceffe, rendra de plus en plus tous les efforts im-
puiflans.
Dans les provinces où le mal n’exifte pas encore
on ne peut rien faire de mieux que d’imiter ce
qui fe pratique en Provence, où l’on peut jouir
du fpeètacle le plus fatisfaifant en ce genre. 11 y a
peu de côtes, de montagnes 8c même de rochers
qui ne foient cultivés aveç autant de profit que
d’ intelligence, c’ eft-à-dire, avec cette prévoyance
qui renonce à jouir trop tôt pour affurer des jouif-
fances plus longues.. a
Sur les fommets & fur les côtes les plus efearpées
, les pins , les arbuftes font refpeélés ou
coupés avec tant d’économie , ou remplacés avec
tant de foin, que ces parties de montagnes font
garanties des ravages auxquels partout ailleurs je
les ai vues expofées.
On reconnoît dans cette province, que , pour =
tirer des coteaux le meilleur parti 8c le plus durable
pour le cultivateur , & le plus profitable-
pour la fociété’', il faut y affurer la fiabilité de la
terre végétale fuperficiellè 8c fa fraîcheur de la
manière la' plus certaine } que les mêmes précautions
doivent régner fur toute 1 étendue dés
croupes en pente 8c fur les fommets efearpés.
Et dans les cas où la pente approche de trente
à quarante-cinq degrés, où lès terres de labour
rie peuvent tenir contre le lavage des eaux pluviales,
8c ne peuvent être foutenues utilement 8c
avec éconorriie , on voit qu il faut renoncer a la
culture & la remplacer ou par des prairies & des
pâtures, ou par des plantations d arbres qui conviennent
le mieux à l’expofition des lieux, jjj
Il y a des arbuftes & des plantes dont les racines
peuvent retenir la terre qui couvre les rochers, 8c
y entretenir une fraîcheur convenable : ce font
ces plantations qu’il faut foigner 8c fuivre avec
zèle : on formera ou l’on entretiendra de bons
fols par ces attentions continuelles. C eft avec
ces précautions générales 8c foutenues que j ai
vu, foit en Provence, foit dans les V o fg e s, foit
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dans le Limoufin , non-feulement conferver les
hauteurs dans leur état naturel , mais furtout les
fols inférieurs , 8c conduire les eaux par des.
routes qui préviennent les défaftres qu elles pro-
duiroient en maffestorrentielles. Ces eaux, divi-
fées, diftribuées avec foin 8c avec art, portent
partout la fertilifation, au lieu des ravages qu elles
produifent partout ailleurs; mais c’eft furtout en
coiffer van r les prairies 8c en les arrofant a tous les
niveaux,que les habitans de ces contrées annoncent
la plus grande intelligence 8c la plus favante économie.
■ . .
Au moyen de ce fyftème de culture , on voit
l’habitant des montagnes pofféder de fon côté la
, fource des plus grandes richeftès de la culture
1 dans les eaux 8c dans la iacilité de leur circulation,
avec lefquelles il fe procure des prairies abon-
dantes 8c tous les profits qu’on peut retirer des
beftiaux qu’il répand dans ces prairies. Ce fonds
‘ de richeffe le lie avec les habitans des cantons
•intermédiaires 8c même des plaines, dont les opérations
font afforties à la nature du Col. C ’eft:,
cette correfpondance , c’eft cette unité dans les.
vues des cultivateurs del’ une& de l ’autre, contrée
qui procurera le bien-être général ; c’eft aux perfonnes
inftruites , aux adminiftrateurs patriotes,
à maintenir cette belle correfpondance. Dans les,
productions des montagnes on trouyera le foula-
gement des habitans des plaines, 8c réciproquement
dans l’ échange des produits des plaines la
montagne trouvera l’ abondance des fruits,, des,
grains qu’elle ne peut fe procurer par elle-même
fans s’expofer aux défaftres dont nous avons efîayé,
: de tracer une foible efquiffe.
Nous pourrions joindre à ces confidératioris géné-
J raies quelques faits particuliers} mais nous nous bor-
! nerons à en citer deux, qui fuffiront pour faire con-
: noître tous les mauvais effets dont nous avons parlé.
Lorfque l’enceinte de Landau fut conftrmte &
• fortifiée par M.de Vauban à la fin du dix-feptième
iiècle, la Queifch, qui traverfe cette ville ,,n’étoit
pas fujète à charier des fables comme elLe les,
charie depuis plus de quatre-vingts ans. Les mon«
tagnes d’Aberfveiler & de Saint-Jean , fituées.à
deux lieues à l’oueft de Landau, 8c qui fo.urniffent
des eaux à la Queifch, étoient couvertes de forêts.
Vers 1730 l’éleêteur palatin, les ducs de Deux-
Ponts 8c de Lovenftem, .feigneurs fouverains d e ,
ces montagnes, permirent à leurs fujers de les dé-
. fricherSc d’y ouvrir quantité de carrières. Dès que.
| les coteaux furent dépouillés de leurs b ois , l’eau
des pluies 8c de la fonte des neiges en entraîna
les terres mobiles dans le lit de la Queifch, creula
même fur la pente de ces coteaux des ravins de
quinze à vingt pieds de profondeur , dont le$>
fables & autres débris , foit de terres, foit de
pierres, furent fucceflivement tranfportés par la-
rivière à Landau 8c aux environs. Avant le défrichement, les eaux de la Queifch,
retenues pour le fervice de deux moulins ,avoient,