
voirs de la nature, où les grandes rivières prennent
leur origine en raffemblant les eaux de tous côtés.
IL eft vrai que , pour entrer dans tous ces détails
géographiques, il faut avoir étudié avec foin les
lieux où ces rivières commencent à fe former, &
iufifter, dans cet examen, fur les formes & la nature
du terrain qui contribuent à la réuni.on des
eaux, comme à leur diftribution en une îmfT.“ d’eau
courante. En général, il s’en faut bien que les j
recherches & les connoiffances aient été partout
bien exa&ês à ce fujet. Les feuls befoins
de la géographie-phyfique m'ont engagé.à recueillir
tous ces détails, en même tems que les
principes'm’ont guidé dans la manière de raflèm-
l.ler les termes &. les faits , & d’en préfenter i’ en-
femble fous un point de vue inftru&if. J’ai tâché
de faire connoître en même tems ,les rendus des
leux fouterrainsdans ce centre de montagnes volcaniques
| & leur hydrographie, qui oftroit la
iource incéreflànte d’ une rivière principale, (Foyer
Sources des Rivières.)
Il me rtfte à fuivre le cours de la Dordogne au
de (fous du pont de Saint-Sauve.
Au de flous du pont.de Saint-Sauve les eaux des
Monts-por réunies continuent à fe porter du nord
au midi par un cours direét, en arrofanc le Port-
Dieu , le Monaftier jufqu’à Bort, où la rivière
paffe au pied de beaux groupes de bafalres, en-
luicé elle va baigner Saint-Thomas. C ’eft-là qu’elle
reçoit la Santoire , qui lui vient de i’e l t , & qui eft
tiès -confidérable par la réunion de trois rivières
qui s’y réunifient du fud , après quoi la Dordogne
éprouve un détour vers l’oueft, pendant lequel
elle fe fortifie en recevant la Sarfanfle &. la
D;ege , qui font fournies par l’Auvergne j puis
après une defeente au fud, elle rencontre fuc-,
çeflivement la Trufonne, l’Uzèche & la Douffre,
qui viennent aufli du nord. A mefure qu elle continue
fon cours , cette rivière fe porte au fud-
ouefl , gagne Argentai , paifage de l’Auvergne
dans le dép?rtenvcnt de la C o rrèze, après quoi
ejle reçoit de l’efl la rivière d’Encamp, & au
de flous de 1 lourdre celle d’Autre , qui vient
aufli de l’eft j enfin elle continue fon détour à
lo u e ft, en traverfart Souilîac & le Sar lad ois,
contrées où plulieurs rivières fe perdent j elle
rencontre eniùite la V e z è r e , rivière confidérab
le , qui y porte les eaux du département de la
Corrèze , qu’elle a parcouru.
Lorfque je la vifitai, la Dordogne étoit navigable
en tout tems , depuis fon embouchure jufqu'à
Bergerac j mais cette navigation éroit interrompue
dans la plus grande partie de l’année , au deffus
furtout des environs de la Linde , dans les baffes I
eaux , par le Rocde-Pile , les Pefcaïrons , la Gra- {
tufle & les Pêcheries fédentaires.
Il paroît qu’on pourroit faire des échflVs pour
remédier à ces inconvéniens, ainfi qu’on l'a fait
pour le-.Lot. Avec ces fecours on pourroit rendre I
cette rivière d’un bon fervice jufqu’ à ^ouillac:> ;
j fe rnême jufqu'à Argentai. Pour cela il fuffit que
j la rivière fort bien encàiflee, afin de prévenir-
j Ic-s effets des débordement.
< Le Roc-de-Pile eft un rocher qui fe trouve près
du château de ce nom, & qui traverfe le lit de la
1 rivière ; aufli occafionue-t-il une efpèce de caca-
I ra&e • On a fait .fauter quelques éclats de ce ro-
ch-rr, mais on a laiflé les éclats au,milieu de la
rivière j te qui gêne le courant dans les baffes
eaux.
Les Pefcaïrons font une portion de canal étroit,
que la narure a creufée dans le courant de la
rivière, au deflous de Couze. Ce canal eft tout
heriffe de pointes de rocher par le fond tte par.
les côtes. Il a environ deux cents toifes. Ilfaudroit
l’élargir ou le combler.
La Gratuffe eft une catara&e près la Linde,
ou i eau tombe de neuf à dix pieds. Il y a trois
pas. Le plus grand eft à peine aufli grand que les
bateaux ordinaires. Dans les grandes eaux on peut
paffer partout fans crainte de toucher j mais dans
dans les baffes ou moyennes eaux on eft obligé
de diriger fa route entre deux rochers qui forment
une efpèce de chenal étro it, ou le torrent porte
les bateaux avec une rapidité incroyable y & fi
•malheureufement on vient à le manquer ou qu’on
1 enfiie mal, tout périt.
On pourroit conftruire une éclufe pour éviter
ce faut, ou du moins élargir le pas principal,
voifin du bord du côté de la Linde i adoucir la
pente, & enlever les pointes du roc, qui rendent!
le paifage dangereux.
Il faut remarquer que le Vezère fe jette dans la
Dordogne quelques lieues au deffus de la Linde,
& qu'en raccommodant les mauvais pas dont
nous venons de parler, on faciliteroit en même
tems la navigation des.deux rivières.
La Dordogne entre enfui te dans le Périgord &
arrofeBergerac. On petit vo ir , dans cet article^,
quelle eft dans ce trajet la conftirution des bords
de-cette rivière. Lorfqü'elle eft arrivée à L ibourne
, elle reçoit 1 Ifle , & par cette confluence
réunit toutes les eaux du Périgord, comme elle
avoit réuni, par la confluence de la Vezère, une
erande partie de celle du département delà Corrèzéi
II ne nous relie plus qu’à indiquer les bords de la
Dordogne jufqu’uu Bec-d’Ambès, & leur nature
de palus, foit relativement à la culture des grains,
foie par rapport à celle des vignes, qui produifenc
une certaine nature de vin , connu dans le commerce
fous ce nom , vins de Palus. Au deffous de
Libourne, on voit à Saint-Pardon Sc à Vaires
un paifage très-fréquenté, où les hommes, les
chevaux & les voitures traverfent cette large rivière
dans des bateaux d’une forme particulière.
C eft vis-a-vis ce paffage de Saint-Pardon que
l’onobferve, dans un plus beau détail que partout
aille tirs, les phénomènes du Mafcaret. Ce font de
greffes James d eau q u i, à la marée- montante
dans la Dordogne, font refoulées, contre les bancs
de fable, & les lèchent avec beaucoup de bruit
& un fifflement qui fe fait entendre quelquefois
jufqu’ à trois lieues de diftânee. Il a lieu furtout
dans les pleines & dans les nouvelles lunes, parce
que les marées font alors & plus fortes & plus actives
; & dans le cas ou l’eau fupérieure de la
Dordogne eft peu abondante s & n'amorriffant pas
l’effort des vagues pouflees par l'intumefcence,
elles grofliffent proportionnellement, & vont fe
' rompre avec fracas contre les obftacies infurmon-
tables des bancs de fable, qui , ne cédant point
iofenfiblement comme le feroit l’eau fupérieure ,
forcent la vague à. épuifer contr'eux toute l’énergie
quelle'a reçue de îa marée. Les lames de ces
vagues groflies occupent quelquefois toute la largeur
de la rivière, parce qu’elles fe forment en
route à chaque banc de fable, &: finiffent par fe
réunir en étendant d’ un bord du canal à l’autre
un bourrelet d’eau confidérable. C ’eft alors qu’on
court le plus grand danger à tenir la rivière dans
cet inftant de tourmente paflagère. Ce qui ajoute
au danger, c’eft un vent très-frais , & le plus
fouvent orageux , qui produit dans l’air des tourbillons
aflez rapides , & qui accompagne ces
grands mouvemens de l’eau & les augmente. Les
arbres mêmes qui font fur le rivage de la rivière ,
& font expofés à des courans d ’air produits par ce
v en t , fe trouvent tout courbés dans un fens op-
pofé au bord de la rivière. On fent que pour que
cet effet ait lieu, il eft néceffàire que ces arbres
ne foient pas immédiatement fur le bord , mais reçoivent
les imprefïions de l’a ir , qui s'échappe par
quelque fuite du canal de la r iv ière , où il fe
trouve dans un état de condenfation & d’agitation
violente ; au lieu que fur les bords il agit en tous
fens & ne détermine pas plus la tête de l’arbre
d’un côté que de l'autre, ne formant point de !
courant déterminé.
Lemafçaretm’offritplufieurs foisun fpe&aclefort
étonnant, qui attira mon attention. Ce phénomène
s’annonce , comme je l’ai d it, pat une'grande quantité
de lames-& de vagues, qui occupent en même
tems toute la largeur de la rivière. C ’ eft vifible-
ment l ’effet du flux montant contre les derniers
efforts du defeendant. Les bourrelets d’eau dont j’ai
parle , & qui font l’effet fucceflîf des vagues , accélèrent
de vitefi’e dans leur marche lorfqu'ils approchent
des amas de fable eu des bords peu profonds,
parce qu’ ils rencontrent moins d’eau Sc
moins d’a&ion dans le defeendant, & par confé-
quent moins de réfiftance à vaincre. Cela eft fi fen-
fible, que quelquefois la première rague gagne de
viceffe de plus'de cent toifes le long d’un bord où
l ’eau eft la moins profonde, où il y a plus de re-
moux, pendant que les vagues qui fuivent le bord
oppofé , où-il y a des courans, reffent en arrière &
n’oçcafiomient pas d’effets fenfiblcs, parce que les
courans du defeendant l’emportent 5 ce qui caufe
,une, interruption dans le bourrelet , d’un bord à
l'autre, L’effet du bourrelet contre les bancs de
fable élevés fait que les vagues du montant fe replient
vers le haut en blanchiffant.
Le mafcaret, qui eft l’effet du commencement
de la marée , eft feulement bien fenfible dans les
pleines ou les nouvelles lunes, avec les circonstances
que je viens de décrire précédemment,
ainfi que dans les tems où l’eau d’en haut n'eft pas
débordée ou n’a pas éprouvé de certaine crue.
C ’eft par cette rai-fm qu’ il n'a lieu que dans la
Dordogne, foit que l ’eau du defeendant y foit toujours
moindre que dans la Garonne, foit qu'elle
ait moins de pente ou que les courans du defeendant
aient moins de force , parce qu’ils ont moins
d’abondance , & foit parce que l'eau des marées
trouve, au Bec-d’A'mbès, à caufe des lies & des
bords efearpés qui font du côté de Rocque-de-Tau,
ëc qui côtoient l’embouchure de la Dordogne,
plus de facilité à fe porter dans le canal de cette
rivière.
Outre ce phénomène, qui eft le prélude de l'intumefcence
ou du flux, on remarque des courans
très-rapides, qui fe font fentir dans plufieurs endroits
de la rivière , fur les bâtimens, & qui ont
lieu autant dans le reflux que dans la marée montante.
D O RM AN S , petite ville du département de
la Marne, & fur le bord de la rivière de ce nom,
à fîx lieues d'Epernay, à moitié chemin de cette
ville & de Château-Thierry , un peu avant la forte
montagne de Parois. C ’ eft un peu avant cette ville
que finit la craie que l’on obfctve aux environs
d’Epernay, & qui conftitiie d'ailleurs tout le fol
de la partie de l'ancienne Champagne, dite Champagne
Pouilleufe. Toutes les fomumés qui avoi-
finent Dormans font recouvertes de blocs calcaires
fiiieeux.
DORSET (Fontaine minérale dans le comté de),
en Angleterre. Les«eaux de cette fontaine, que
l'on appelle chalybées , fe trouvent à Farrington
dans le comté de Dorfet. On les croit furtout imprégnées
de vitriol ou de fel de fer, qui eft très-
volatil 5 ce qui fait qu’on n’ en peut retirer que
très-peu d’une grande quantité d’eau qu'on fait
évaporer, ou du ièdiment qu’elles dépofent.
La fontaine faiée d’Eaft-Chenok , dans le comté
de Sommerfet, eft éloignée de la merde plus de
vingt milles. On tire, par l’évaporation d’une pinte
de fes eaux,quatre-vingts giains de fel,quoiqu’elles
foient moins lailées , lors de cette expérience,
qu'elles ne le font dans l'é té , à caufe des pluies
| qui étoient tombées. On ne fauroh dire qu elles
font fa lé es par la torréf.iCtion produire par ie fo-
le i l , pm'fqu’elles ne font pas plus -voifines de cet
aftre , qu’une infinité de fources qui néanmoins ne
font pas Talées.
DOUARNENF.Z , ville du département du Fi-
uiiterre, arrondiffement de Quimper. On pêche