
La Drance travexfe ces de ux vallées dans toute
leur longueur, & , lors de la crue des eaux, elle
déborde comme les autres rivières torrentielles de
ces contrées. Cette vallée s’abaiffe en forme de
gradins > en forte que les eaux qui y coulent, onft
une pente rrès-conlîdérable qui les empêche d’y
croupir ou de féjourner fur aucun plateau. Comme
il n'y a point de marais ni d'exh alaifons pèrrticieu-
fe s , on y refpire un air pur 8c fain y à la falubrité
duquel contribue encore l’élévation de la vallée.
On s'apperçoit de tous ces effets par la rapidité du
cours de la Drance, qui.augmente tellementdors
des grandes eaux & acquiert une telle forte, qu'elle
,charrie, depuis fa fource jufqu'à la vallée de Bagnes,
de prodigieux blocs de rochers détachés deis
montagnes : telles font des maffes immenfes de
granits gris avec du fthorl noir ou amphibole ;, & j
du feldfpath en greffes lames dont font fans doute ;
compofées les montagnes de-Chormontana y où la ’
Drance prend fa fource, & qui eft le même-’granit
que l'on trouve, en blocs roulés, dans lestôrrens
aux environs de Laufanne.
Les montagnes qui bordent la Drance font tou- '
jours compofées de la même roche feuilletée,
quartzeufe & micacée, que celle des montagnes
qui bordent le Rhône j mais elle varie encore fen
couleur, & tantôt elle eft grife avec du mica noir, j
tantôt rouge avec du mica rouge tantôt blan- j
c h e , formée de lames minces de quartz blanc, avec î
de b eau mica argenté-
A une demi-lieue de Sairit-dSranchier eft une ‘
mine de plomb qui offre un filon perpendiculaire,
dont l'épaiffeur varie d'un demi-pied à deux pieds.
A une lic.ue de Bagnes eft la mine de Sarrayé. Cette
mine offre un filon perpendiculaire de peu d’ëpaif- •
feur, avec du cobalt gris differoiné dans la matrice
, qui eft proprement la roche quartzeufe &
fort micacée de toutes ces montagnes, & des vei- •
•nules de cobalt arfenical. Il y a encore d'autres •
endroits où l'on trouve de bons indices de cobalt
dans le Bas-Valais, & dans plufieurs autres montagnes
des vallées d’Entremont, de Bagnes & de
la vallée du Rhône."
Saint-Branchier, bon village, eft fïtué éfitre des:
montagnes très-hautes & très-efearpées, compo-;!
fées des mêmes efpèces de pierres fehifteufes mi- ;
cacées que les précédentes■ ; elles font de couleur*
bleuâtre. Vues en grandes malles, elles paroiffent
inclinées à l'horizon. Cette même inclinaifon fe
remarquant dans la même dire&ion d'un 'côté à
l'autre de la Drance, parce que les couches fe
correfpondent, il eft vifible que ce torrent s’y eft
creufé un paffage.
En avançant on trouve une ardoife feuilletée
bleue, avec des veines de fpath calcaire, enfuite
une grande quantité de granits & de pierres calcaires
roulées, fans que les montagnes environnantes
changent de nature de pierres. Les montagnes
à l’eft font bien cultivées, rapportent différentes
fortes de grains avant 6c après avoir pafle
Orfière. On retrouvé de l'ardoife entre ce village
& Liddes, 8c les derniers granits roulés.
La Drance eft ici foft refferrée 6c très-encaiffée.
Quand on eft placé fur deux morceaux de bois
jetés d une roche à l'autre & appelés Pànts ic i , ce
n eft pas- fans frémir qu'orv apperçoit un goufre de
plus de trois cents pieds au deffous de foi. Il faut
être fur cette-efpèce de pont pour s’en apperce-
voir, & diftinguer fur chaque face les différentes
fïnuofités tracées du haut en bas j & qui font autant
de preuves des differentes hauteurs où l’eau a paffé
! avant de parvenir à fa profondeur actuelle. En face
de Liddes, fur la montagne nommée la Tour, il
y * une mine de pyrite cuivreufe, mêlée de bleu
d'azur & de verd de montagne, ou cuivie carbo-
-naté'blëa & vert.
Le dernier village qu’on rencontre avant d’arriver
au mont Saint - Bernard, eft le bourg Saint-
Pierre. On monte toujours jefqu'à ce village, &
on ne peut plus fe fervir de voitures pour aller au-
delà. Les montagnes font trop rapides : il n’y a
plus de chemin fa it, & on ne peut en pratiquer
parce que les torrens & les avalanges les détrui-
roient.
| La truite ne remonte pas au-delà du bourg Saint-
Pierre ; elle fe trouve arrêtée par les cafeades &
les chutes confidérablès de la Vafforée, qui va fe
jeter dans la Drance. Ce torrent, fort encaiffé &
refferré dans le lit qu'il s’eft creufé , provient d'un
glacier qu'on rencontre en montant le Saint-Bernard.
L'entrée du Valais eft fermée 6c défendue
de ce côté par le lit de la Vafforée. C ’eft un des
foffés les plus profonds 6c les plus efearpés qfci
exiftent. Lorfque l’on confidère-l&ehute dé ce torrent,
on voit le travail des eaux dans le rocher
qu il a miné, & où il s'eft ouvert un paffage.
On compte trois lieues de ce bourg à l’hofpice
fitué fur le haut du mont Saint-Bernard. C'eft fè
paffage le plus fréquenté pour communiquer du
bas-Valais en Italie, par le Piémont & par la vaK
lée d'Aoft. Le tranfport des marchandifes ne fe fait
qu’à dos de mulets 6c de chevaux.
On ne rencontre fur cette route que des rochers
entaffés les uns furie s autres, entre Iefquels on
paffe-, en faifant mille détours, pour fuivre leis
petits vallons qu’ils forment, où des torrens des
eaux y roulent & s'y précipitent de chaque côté.
Dans ces fonds on voit des bois de fapins mêlés
dé quelques pins & mélèfes. Ils diminuent infenfi-
blement de grandeur, parce que leur végétation
eft moins vigoureufe. Les arbres y font plus rares,
& les derniers qu'on rencontre font des mélèfes,
à une lieue de Saint-Pierre,
Plus loin on ne voit plus que des bûiffons bas
& rabougris. Au bord des.ruiffeaux ce .ne font
plus que des aunes. Le dernier arbriffeau qu'on y
; trouve entre les mélèfes & les aunes, font lé«
fureaux. Les pâturages, l'herbe & le gazon fuivent
la même progreflion. Ce n’eft que dans quelques
endroits d’-où les eaux n'ont pas. entraîné la terre
végétale à un certain point, qu'on trouvé du gazon
fin, menu & ferré, des gentianes & autres petites
fleurs prefqu’aufli baffes que ces gazons, nuancées
des plus belles 6c des plus vives couleurs, qui fe
détachent de ce fond de gazon j des mouffes, non
moins curieufes que variées, couvrent 6c colorent
quelques parties de rocher : le refte n'offre à l'.oeil
que d’énormes maffes de pierres culbutées & amoncelées
dans les fonds en partie couverts de neiges,
où les vents les ont portées & entaffées. Elles s'y
confervent d'autant plus, qu’elles font abritées,
contre les rayons du fofei), par les rochers entaffés
; elles y relient toüte l'année dans un grand
nombre d’endroits. Cette neige eft fi taffée & fi
ferme, que les fers des chevaux y laiffent à peine
leur empreinte.
La variété continuelle de tous ces objets fait
paroître ce chemin moins Long & moins affreux
qu’il ne l’ eft en effet,
A une demi-lieue de l’hofpice de Saint-Bernard,
dans un vallon affez large pour une telle hauteur,
on rencontre une énorme quantité de pierres roulées
qui couvrent prefque tout le haut de ce vallon.
Cet amas de pierres provient des glaciers 6c
des hauteurs qui descendent du mont Vélan, qui
eft la ipartie la plus éle vée du groupe de montar
gnes qui forment le Grand-Saint-Bernard. Le premier
glacier fe nomme les Glaretf >• il y a peux!’années
qu’ il defeendoit jufqu’au fond du vallon : on
fi’eu apperçoit aétueliement que l ’extrémité inférieure
ou le bas. Le fécond eft le VaJJoré, qui entretient
le torrent du même nom, 6c dont nous
ayons parlé ci-devant. Ces glaciers proviennent
l’ nn 6c l’autre du mont Vélan. La fonte des neiges
6c des glaciers de cette partie fournit auffi à la
Drance dont nous avons fuivi le cours, 6c qui va
fe jeter dans le Rhône au deffous de Martigny.
Nous aurons occafion d’expliquer, à l’article.Gl a .- ,
gter , -comment fe forment & fe fondent ces amas !
étonnans de glaces.
On ne voit de ces pierres roulées qu’en cet
endroit : elles viennent directement des glaciers ;
elles ont été entraînées par les eaux qui en fori
n t , 6c ne peuvent avoir été dégrofties que dans
la marche des glaciers eux-mêmesj-elles Tout en
tout femblables .aux 'rochers fitués au .défias, 6c
dont elles proviennent, compofées de parties mi-
cacées.argileufes, plus ou moins mêlées de parties
de quârtz.en rognons , le tout diûribué par lits 6c
par couches irrégulières plus ou moi os épaiffes.
Tous les rochers qui compofentce côté de montagne
tournent au nord., ;& font de<. la même efpèce.
On n'y voit point de granit , c'eft-à-dire ,
de pierres compofées de petitesmâffes ’rrégulières
de quartz, agglutinées avec des .partiesde :feld-.
fpa h , de fçhorl noir ou amphibole, & de mica.
; Nous ayons dit précédemment.q,ue c’étoit entre
Oefière & Liddes -qu’on rencontroit t e derniers
gea n i es trou lés : nous aj OU t er ons ic i qiu’ on ;n’e n ren-.
•contre plus, dans tout ié refte de iaaraute* jufqu’au
ha«t du mont Saint-Bernard. Les rochers qui dominent
ce fommet ne font pas compofés de granits;
8c quoiqu’on ne puiffe être à portée de les obferver
de près, on peut en juger par les maffes qui s’en
précipitent. D'où peuvent donc provenir ces maffes
de granits roulés qui fe trouvent jetées & répandues
fur le penchant & au bas de cette montagne ?
Il n'eft pas facile de le découvrir. On feroit induit
en erreur en s'attachant à fuivre toujours le cours
aéhiel des eaux qui defeendent des montagnes, &
ii refteroit encore à trouver les caufesqui auroient
ufë & poli ces granits. Ce n'eft p a s , au refte,
dans ces feuls endroits qu'on éprouve ces difficultés
j mais beaucoup de pays de hautes montagnes,
en Italie, en Allemagne & même en France, four-
niffent également des exemples de pierres roulées
de différente nature, dont Ê n’exifte pas de rochers
pareils dans toutes les parties élevées environ-
nan.tes, & fouvent totalement inconnus dans les
. pays d'alentour. ! $i l’pn remarque, au roeners fajfant corps, .&r eaftttea ,c jheé$s maêum foels fào urtnees odue ap luaiflilëeuuqrss qliueeu edse sd em odnifttaagnn.eees, polnu s throauuvtees ffoonutv einn-t, tde'orp.ùp foéne sa uèrnoti.tr epcue sf umppalolefesr rqouu’leéleless 6oc nlte sé tréo cahrerars
pchoéidess .p rIol driégpieuugxn ea iàe nct réotiér et raqnufep odretés ems a&ff erso udle’uens ddaen ls'a uu;ntr ev acllôotné dp’ruonfoe nmdo, nptaogunre r, eiml -oenftt deor n6cc np.éacfefefer tfieoirn.e d.de’sa dlimeuextt,r ee nd ecso nchféaqnugeenmceen ds tdfqaunse llsa ddeisf pvoafli-- mléeosi. eonnt tu né tép lecirne upfiéeeds , dqaunes dleess eeanudxr o6ict sl eqsu im faotre-r lreiayursx ddéopnlat cielm eefnt sq ufaenfsti oanu cpuonu evfofoiernt.t Nfuoiuvsr ee xdpalnis-i- cqeuse croirncso,n làt aln’acretsi cdlea nCs auinl xdoétua.ixl RfuOffiUlàipÉt sp,o tuoru rtees
fendre facilement ce .problème.
Lé yallpn par lequel on monte pour aller à l’hô-,
pi.tal, conferve des neiges qui ne fe fondent point.
Qn y vo it, à gauche, partie d’ une for:te muraille,
quj eft prefqu’en face.de la porte du couvent, &
qui aétéçonftriuite. contre J es avalanges.de la mon.-,
tagne du plan des Aiguilles, au pied de laquelle
elle .eft.fi tué;e. Cleil derrière cette montagne qu’eft,
le mont Vélan, couvert de glaces & de neige«.
C eft la partie la p,lus eleyeêd n Saint-Bernard. Le j
telieu.eft la .montagne.du Baraffbn 6c.fa pointe; au.
bas du Biiraffon-eft le pied du .mont Mort, devant
leq.uc I eft inné l ’hofpice.
La nialfe de toutes ces montagnes & leurs découpures
frappent le voyageur qui les .contemple...
On .0 y voit ni plantes ni arbres. Les glaces & les
neiges couvrent toutes les fommites, & jl y en a
d entaffçes dans les fonds ou le vent les a précipitées
avec le peu d’affiète ^u’elfes trouvoienr fur
les haiweurs. Quelques .gazons 6c quelques moufles,
font les feuls produits de la natyune vivante.
Je n entrerai pas dans un grand détail:fur i’ holpice