
fous les yeux des phyficienS qui s’intéreffent à
ieconnoître, dans les côtes de VOcéan , les effets
combinés'des marées avec ceux des eaux courantes
de l'intérieur des terres du Continent.
La rade de Rochefort eft comprife, à embouchure
de la Charente, entre l'ile d’A ix , la pointe
de Fo Liras „& la pointe des Palmes, à lextrémité
nord-oueft de Pile Madame. Àinfi, quoique les îles
de Ré & d’Oléron, les côtes de l’Aunis, femblent
circonfcrire un badin très-vafte , le mouillage des
vailTeaux qui fortent du port de Rochefort eft
cependant très-peu étendu.
Les côtes du Continent font en général très-
baffes; mais cependant, en plufieurs endroits, elles
font coupées à pic, & offrent des bancs & couches
de pierres calcaires, dans lefquels on ne remarque
pas des lits de rognons filiceux. Le maflif
de Pile d’Aix eft de même nature que celui d’Enet,
ainfi que les rochers qui s'étendent entr’elle & la
pointe de l'Aiguille, fous le château de Fouras.
On peut donc, je crois, en conclure, avec raifon,
que ces petites îles ont autrefois tenu au continent
de l'Aunis. Quant à l’île Madame, on n'en
peut douter, puifque même encore, à la marée
b affe, elle eft unie à la côte par un ifthme de
fable.
Si l’ on s'avance dans le fud du côté de Brouage,
la côte devient plus baffe, & on n'y voit plus de
rocher ni d'efcarpcment calcaire, mais une plage
fabloneufe qui s'étend jufqu'à l'embouchure de la
Gironde, &. même jufqu’ à celle de l'Adour.
Je crois qu’on ne peut guère douter que l'île
d’Olëron , dont le fol eft entièrement fabloneux
& rempli de ces amoncellemens connus fous le
nom de dunes, n’ait jadis tenu à cette partie de la
c ô te , & que le pertuis de Maumuffon, qui l'en
fépare , n’ait été bouché. Le peu de profondeur
de l'eau dans ce pertuis, & les bancs dont il eft
encore obftrué , femblent confirmer cette opinion.
V o ic i, je crois, comment on peut expliquer la
formation de ce pertuis, & ce qui a donné lieu à
la rupture de l'ifthme qui uniffoit Oléron à la
côte.
Les marées produifent des courans violens dans
le golfe de Gafcogne ; ces courans font portés,
avec la plus grande rapidité , dans la rade de Ro-
cheforr, par le large pertuis d’ Antioche (entre
l ’île d’Oléron & celle de Ré ). Leur viteffe eft
encore augmentée par l'impulfion des vents du
la rge, q u i, pendant prelque tout l'hiver, fouf-
flent du nord-oueft, & par conséquent embouchent
direélement Je pertuis. La mer fe trouvant
par-là portée, avec impétuofité, du nord-oueft au
fud-eft, dans le eu 1-de-fa c que je fuppofe avoir
exifté, la langue fabloneufe qui joignoit Oléron à
la cô te , aura dû être détruite par fon impulfion &
fa tendance à s'ouvrir un paftàge vers le fud.
Parlamalfedefes eaux que foulé vent & abaiffent
fucceflî vement le flux & le reflux contre les terres,
l ’Océan eft venu compléter les premiers travaux
des rivières. Àinfî, d’après cette double conhdé-
ration , on peur fans difficulté entendre toutes les
opérations de h nature, parce que l’ on embraffe
tous les réfultats des différens agens qu’elle peut
avoir à fa difpofition.
Sans la rapidité de ces courans, le pertuis de
Maumuffon feroit bientôt comblé par le fable qui
provient des dunes de l’île d'Oléron, & que les
vents du nord-oueft y amaffent fans ceffe; mais la
violence des marées entraîne chaque jour autant
de fable qu’ il en avoir été jeté.
Un raifonnement femblable peut expliquer la
formation du pertuis Breton, entre l’ île de Ré &
la côte du Bas-Poitou.
Ainfî donc je penfe qu’il eft probable que les
îles de Ré & d’Oléron tenoient jadis au Continent,
& que la rade de Rochefort & le pertuis
Breton étoient, dans les premiers tems , deux
baies profondes , ouvertes fur l’Océan par les
eaux courantes des Sèvres d’ un c ô té , & de la
Charente de l’autre. C e font ces deux forces
aâives auxquelles on doit la formation de ces
deux baies, comme je l’ ai prouvé dans mes premières
obferyations.
Si je me tranfporre à l’embouchure, des deux
Sèvres , je trouve le même fyftème d’opérations
des eaux courantes de l’intérieur, combiné avec
l’aétion de l’Océan & l’ouverture du pertuis Breton,
entre l'île de Ré & la côre du Bas-Poitou.
Le flanc de la côte de l’ île de Ré eft très—altéré
par les deux golfes des Lois & d’Ars ; mais les
altérations de cette côte font peu de chofe fi on
la compare à la côte du Bas-Poitou. J’y trpuve
d'abord l ’Aiguillon & la pointe d’Aiguillon, qui
font alternativement les embouchures de la rivière
de La y , & puis une pointe de terre fort
avancée ; enfuite le golfe a’Aiguillon avec les
vafes de Saint-Michel, amenées par les rivières
qui arrondiffent cette côte du golte. A l’extrémité
eft l’embouchure intéreffante de la Sèvre ,
dont le double canal fe termine par des eaux
ftagnafltes qui environnent plufièurs îles qui s’op-
pofent en partie à leur cours, & auxquelles il faut
ajouter la Vendée, rivière qui fe joint à ces grandes
eaux ftagnantes. Quoiqu’on doive croire que
ces marais n’aient pas exifté de tout tems dans le
cours des deux Sèvres & de la Vendée, & que
leurs eaux courantes aient eu affez de force , dans
les premiers tems, pour ouvrir le pertuis Breton,
cependant ce pertuis a affez peu de profondeur
pour s’oppofer à la navigation des frégates dans
cette efpèce de golfe.
La nature des fonds dans les pertuis eft affez
variable. La fonde rapporte du fable dans routé
l’étendue du pertuis d’Antioche ; mais près de
l’île d’Aix , à l’endroit où -les v ai fie aux de guerre
mouillent, les marins m’ont appris qu’il eft d’une
vafe très-molle, & que les ancres s’y enfoncent à
une profondeur fi confidérable, qu’on a louve ne
beaucoup de peine à les en retirer. La tenue y eft
donc excellente ; mais on a remarqué que ce tond
vafeux a l'inconvénient de pourrir promptement ;
les cables. -
Sur le mouillage qui s’étend depuis la pointe
méridionale de l'île d'Aix jufqu'à l’extrémité de la
pointe des Palmes, on ne trouve que dix à douze
braffes d'eau. . ■
Le fond eft de roche entre l’île d’Aix & celle
d’Ènet, & l’on paffe rarement par cet intervalle à
caufe du peu de profondeur de l’eau.
Le paflage du pertuis Breton eft dangereux pour
les grands bâtimens à caufe des roches entre lef-
quelles il fe trouve refferré, & l’on ne doit jamais
l’effayer fans avoir un vent & une marée favorables.
Quant au.pertuis d’Antioche, le feul fréquenté,
en tems de paix , par toutes fortes de bâtimens,
fa grande largeur, qui leur permet de louvoyer,
en fait une paffe parfaitement fû re , le braffiage y
étant d’ailleurs affez confidérable.
Le pertuis de Maumuffon n’eft praticable que
pour des navires de trente a quarante tonneaux
au plus.. '
On v o it , par les détails qui précèdent, que
pfufi urs raifons ont déterminé l’étabhffement d'un
port de guerre à Rochefort d’abord le canal large
& profond de la Charente, qui offroit plufieurs
bafïîns de cor.ftru&ion ; enfuite la facilité du tranf-
j ort des bois propres à la conftruétion des vaif-
\èaux, depuis les forêts jufqu’au port ; enfin, la
facilité de fortir de la rade, de tous vents, par le
pertuis d'Antioche, dans lequel on peut courir de
'ongues bordées. Quant à la rade elle-même, elle
a., comme on l’a déjà d it , une tenue excellente ;
du refte, elle eft expofee à tous les coups de vent *. j
les terres qui l’environnent, font trop baffes pour j
lui fervir d’abri contre les violentes raffales qui y I
paffent furtout 1 hiver. La mer y eft très-groffe,
& cé!a, joint à la grande diftance qu’ il y a du
mouillage au port ( elle eft à cinq lieues ) , rend
les communications difficiles pour l’approvifion-
nement des efeadres qui font fur cette rade ; car
on ne petit armer les vailfeaux dans le port.
CH A R EN TO N , village fitué à une lieue de
Paris , à l’eft , fur les bords de là Marne > .& près
de l’embouchure de cette rivière dans la Seine.
Charenton eft dominé par une côte efearpée, formée
de couches calcaires, & qui porte le nom de
coteau Saint-Maurice. Cette côte s’ affaiffe infenfi-
blement jufqu’à Saint-Maur, où elle n’exifte plus,
mais eh face duquebcommence à. s’élever le bord
efearpé de Champigny.
CH AR1X , village du département de l’A in ,
arrondiffement & canton de Nantua , & à une
lieue deux tiers de cette ville. Il y a dans ce village
deux feieries, un moulin à tan, & une ufine
où l’on fabrique des pointes de Paris.
CH A R L E -FO N T A IN E , village du département
de l'Aifne. 11 y a une verrerie dans ca
village.
CHARLERO I, ville du département de Jem-
mapes, arrondiffement de Rocroy. On trouvé >
dans le territoire de Charleroi, des mines de charbon
confidésables. Bruxelles en confomme à elle
ftule fix mille chariots , pelant chacun treize
milliers.
C H A R L E V A L , bourg du département de
l’Eure, arrondiffement des Andelys, fur la fleu re ,
près de la rivière d’Andelle. Il y a une imprimerie
d’indiennes & une papeterie. Les environs font
fertiles. Il y a aufli des forêts bien fournies de
gibier, & ae riches pâturages.
, CH A R L E V IL LE , ville du département des
Ardennes, arrondiffement de Mezières, & à un
quart de lieue de cette v ille , fur la rive gauche
de la Meufe. On y admire une fontaine en marbre.
Il y a des manufaétures d’armes à fe u , de clous ,
de verres de plufieurs efpèces, de vergettes com-
pofées de bruyères, de poteries de terre. 11 y a
aux environs des carrières de marbre & d’ardoife,
& des mines de fer.
CHARL1E U , ville du département de la Lo ire,
arrondiffement de Roane , & à trois lieues &
demie nord-eft de cette ville. Cette ville eft iltuée
dans un vallon agréable & .fertile, & au milieu de
ce qu’on appeloit autrefois la Vallée-Noire, fur le
ruiffeau de Saiut-Sornin. On a toujours fa it, dans
cetc-e v ille , un commerce de bétail. On trouve ,
dans fes environs, beaucoup de mines de fer. On
tire de Charlieu de la terre propre à faire de la
faïence , & des creufets pour la verrerie ou pour
la monnoié.
CH A R LO T TE (Canal de la Reine). L’entrée
du canal de la reine Charlotte, dans la Nouvelle-
Zélande, gît au 41e. degré de latitude fud , & au
184'. degré 4 f min. de longitude oueft (méridien
de Greenwich ) , & à peu près au milieu du côté
fud-oueft du détroit où il eft fitué. La terre de
lapointe fud-eft du canal,appelée, par les naturels
du pays, Koamaroo, & à la hauteur de laquelle il
y a deux petites îles 8i quelques rochers, forme
la pointe la plus étroite du détroit. De la pointé
nord-oueft , un récif de rocher, dont une partie
eft au delius de l’eau & l’autre au deffous, fe prolonge
à environ deux milles dans la direction du
nord-eft un quart nord. Ces points fuffifent pour
faire connoître le canal. A l ’entrée il a trois lieues
de large ; il court fud-oueft un quart fud-fud-oueft
& oueft-fud-oueft, dans un efpace d'au moins dix
lieues, & il contient quelques-uns des plus beaux
havres qu’il foit poffible de trouver. La terre qui
fait le havre ou l’ anfe dans laquelle mouilla le