agates, filex, & c. La première idée qui fe pré-
ferte pour expliauer comment ces pierres ont pu
perdre leurs angles, s'arrondir & fe polir, c'eft
de penfer qu'elles fe font frottées les unes contre
ies autres, ou contre quelqu'autre matière plus
dure encore. Effeélivement, nous fommes portés
a croire qu’en cela la nature a fuivi la marche que
nous avons adoptée pour polir quelque matière
dure que ce foit i mais comme les cailloux roulés (e
trouvent le plus fouvent & le plus abondamment
dans les lits des rivières, on a cru que les eaux de
ces rivières les avoient entraînés, & que, par un
tranfport fuivi long-teins & continu, ils s'etoient
tues & polis.
On trouve cette idée dans prefque tous les
ouvrages qui traitent de l'iiiftoire naturelle des
provinces traverfées par de grandes rivières. C e pendant
plufieurs obfervateurs plus réfléchis, en
.examinant les. pierres arrondies qui le trouvent
dans le lit des fleuves & même dans les parties
fuperieures de. leur vallée, ont reconnu que ces
pierres ne routaient pas aéluellement, 3c n'éprou-
voient point de tranfports marqués.
Ainfi 1 on peut citer ici les cailloux qu'on trouve
a v l i de •'Hénarès près Saint-Ferdinand. Il
elt vilible que fi ces pierres rouloient ou chemi-
noient meme par un mouvement fort lent elles
devroient ê tre, depuis tant de fiècles que les eaux
de cette rivière les tourmentent, arrivées auTage
qui n en eft pas éloigné i cependant on ne voit pas
une feule de ces pierres dans le Tage.
i ,n’é.m,e I en P3ffant par Sacedon s eft
f lem de débris de piérres calcaires ; mais plus bas
a Aran;uez, on n'y en voit pas une feule. '
Dans l,e royaume de Jaën, près de Linarez, il y
a un coteau prefque tout conipofé de pierres roulées
tort 1 lies , & de la grofieur d'un oeuf. On ne
peut pas croire que cette forme arron ie .. ainfi
que le poliment, foit l'ouvrage des pluies, puifque
ces pierres ne lont pas expoféts. à leur aâion ,
étant amoncelées & entaffées dans le corps du
coteau. On ne peut pas plus en attribuer la caufe
aux eaux courantes de quelque rivière, dont aucune
ne paroit pas avoir formé un tel dépôt à
quelqu epoque qu on puiflfe imaginer.
Dans le village de Maria, à trois lieues au deffus
cie baragofle, on trouve une ravine très-large qui
fe jette dans J 'Eb re, & qui offre un amas confus
de quartz, de pierres de fable § de pierres cal-
catres, de gypfe fort blanc, & l'Ebre à Saraeoffe
ne contient pas, dans fon li t , une feule de ces
ifnatjeres.
pn peut citer de même la Cinca$ qui, avant de
fe jeter dans l’E bre, eft remplie de granits roulés
« arrondis, de pierres bleuâtres avec des veines
blanchâtres, au point qu’elle ne roule avec elles
«autre fable que les débris de ces pierres très-
comminues près de Saint-Jean, dans la vallée de
ijiiîau. Cependant dans la partie du canal de l ’Ebre
j inférieure, à l’embouchure de la C inca, on ne
trouve aucune de ces fuhftances. 1 La rivière de Naxera eft remplie de petits grès
! petits quartz blancs en forme d’amandes,
| tnêlés avec ce petits quartz roux. Cette rivière fe
décharge de même dans l’Ebre , & dans le lit de
ce fleuve à Saragoffe on ne voit aucune de ces
fubftances pierrèufes.
La Guadiana rou le, en divers endroits, d^s
pierres de la nature de celles qui compofent les
collines fupérieures de fon badin, & de celles qui
fe trouvent, le long de fes bords, à des niveaux
plus bas j & l’on ne remarque pas que les pierres
qui font, par exemple, une demi-lieue plus haut,
foienc mêlées avec celles qu’on trouve une demi-
lieue plus bas j & à Badajoz, ou les bords de la
rivière n’ont point de pierres, le lit de l’Ebre n’en
offre point non plus. Quelques naturaiiftes autorifés, par ces faits &fe bfoenaut ccoruups fdu’fafuiftarmesm penac
dreeisl sp,i eàrr ecsr odiraen sq uleeu rl elsi tr,i v&iè rqesu ’anien fri oluelso ient-pos cailloux
rfloeuulévse sn.’étoient pas l'ouvrage des rivières ni des
H commence d’abord par remarquer que, dans
f1 eé ttarot auévtuoeie.l notù glaê npélus,p adrat ndst sl eriuvri èmn.o su &ve dmese fnlte,u vpeasr fduerst ocuhta udfafnése sl eds ep amrtoiuesli nfus pqéurii eeunre bs adrer ôleieunr tv laél lléiet ,, roann tnees pcoieu cveosi t flpeausv jeusg aevr odiee ncte fqauite, pleasr ceea uqxu ’ceollues
font aujourd'hui.
citDés a,i lbleeuarusc, ojue pc rdo’iasu qtrue’so no pbefeurtv oatpipoonfse rq uaiu xp rfoaiuts
v&e nlet sq um aê mdeess éflpeouqvuees so rnetc ufloérems él eds ems êdmépeôs trsi vài èdreess npoivseeas udxe fmoratt éérlieavuéxs ,p r&is qduanes c leess dpéaprôtitess fdo’natm coomnt,
I v&in egntt rlaieînuéess . fAuru u fnuer ploltntsg,u enu’erf td-eil pplauss édvei dqeunint zqeu eà ! pfia sle es nrcivoirèer else sn m’aavtoièierenst qpuasi freo utlréo u&v ennet rdoaunlso lieeunrt lit, jamais leurs vallées n’euffent été cretifées, tk leeasu xm. a(t iVèroeyse %q uVi les rempliffoient enlevées par les allons (Formation des).
Au relie , je ne prétends pas ici. foutentr
toutes les pierres arrondies, tous les cailloux roulés
qui font difperfés le long des canaux des rivières
ou accumulés ailleurs, aient été roulés & arrondis
J par les eaux courantes des rivières. Je trouve ail
. contraire, que îa plus grande partie de ces pierres
a été ainfi dépofée'.& ufée par les flots de l’ancienne
mer, qui a tracé, dans plufieurs endroits de
| la furface d e là T e r re , fes bords anciens par ces
j depots immenfes de cailloux roulés, comme je le J démontre à cet article, airifi que dans celui des Golfes anciens.
§•111. Cailloux roulés & pou dingues,
Le Rhin roule fes eaux fur un beau fab!e mêlé
d’ une grande quantité de cailloux arrondis, dont
les matières premières font des granits & des
quartz. La plaine étendue eft remplie de ces fables
& de ces cailloux ; de forte qu’il y a lieu de croire
que ce fleuve a fucceffivement parcouru cette
plaine , & qu’ il y a entraîné & dépofé ces fables
ite ces cailloux. On trouve parmi le fable que le
Rhin entraîne aéluellement, des paillettes d’or que
les orpailleurs ramaflènt en lavant ces fables. Il ne
feroit peut-être pas impoffible de rencontrer le
même métal en lavant fucceffivement le fable de
la plaine. Je crois qu’en fûivant les erremens des
cueilleurs d’or de i’Arriège, les orpailleurs du Rhin
devroier.t l’y chercher, & qu’ils ne tenteroient pas
cette récolte fans fuccès.
Le Necker roule des.cailloux roulés de pierres
calcaires grifes, qui forment, dans plufieurs endroits
,. des poudingues dont le ciment eft une
terre blanchâtre mêlée de fable. Ces poudingues
fe trouvent, non-feulement dans le lit de la rivière
à mais encore dans le milieu & au fommet
des montagnes qui fervent à border la vallée où
coule cette rivière. Il y a grande apparence que
tous ces cailloux ont été primitivement arrondis
& dépofés à différons niveaux dans la vallée de
cette belle rivière , & ce font les lieux où les
dépôts jouiffent d’une certaine- tranquillité, que
peuvent fe former les poudingues.
- Ces poudingues fe trouvent fur les montagnes
voifines de la vallée, & qui s’étendent depuis
Canftadt jufqu’à Stuttgart.
Depuis Canftadt jufqu’à Blochingen les montagnes
renferment'des cailloux roulés femblablès à
ceux de Canftadt.
De Geiflingen à Gunzbourg les chemins font
faits de cailloux roulés qu'on tire du Danube. Gunzbourg
en eft auffi pavée. Ces cailloux font de quartz
blanc-gris ou d’autres couleurs.
Après Gunzbourg pn defeend une montagne
dont la coupe & la croupe font voir encore des
cailloux roulés. On les obferve aufli dans les autres
montagnes qu’on parcourt jufqu’ à Augsbourg. Peu
avant cette ville on en voit des carrières d’où l’on
tire de ces cailloux pour les chemins. Les cd/Zoa#
roulés ne forment fouvent que des lits d’ un pied
au plus d’épaiffeur ; plus fouvent encore ces lits
ont plufieurs pieds , & quelquefois enfin ce s cailloux
font réunis en poudingues. Peu après Augf-
bourg on retrouve ces cailloux roulés ou gros graviers
de quartz blanc.
Munich à Nymphembourg on trouve un pareil
fond.
En fortant de Munich on trouve un fol fem-
blable à celui qu’ on traverfe en y arrivant, c’eft-
à-dire, un terrain fabloneux rempli de cailloux
roulés, de quartz & de différentes efpèces de
granits.
Avant d’arriver à Brunau on paffs par un endroit
En fortant de Friberg on entre dans des landes
qui fe prolongent jüfqu’à Munich, & dont le fond
eft compofé de cailloux roulés. Les cailloux font
d'une groffeur; confidérable, & de quartz. Il: n’y a
guère au deffus du banc qu’ils forment/qu’un ou
deux pieds d'une terre noire, de la nature des
terres à tourbes. Ce terrain, paroît s’étendre dans
toute la vallée qu’on fuit jufqu’ àsAugsbourg , &
probablement jufquaux montagnes du Tiroh De
appelé Markei. Les montagnes des .bords de
la Lina font compofées de cailloux roulés qui fe
continuent jufqu’à Haag. En montant la montagne
qui eft après Haag, on trouve les mêmes cailloux
dont les, maffes font confidérables. Il y en a de
quartz, de granits & de fehiftes.
Le chemin de Lambach à Lintz eft fait de cailloux
fembiables aux précédens. A (Eving, de même
qu’à Airvote, font des montagnes toutes compofées
de cailloux roulés de matières fembiables. Ceci
n’eft pas étonnant > car les granits gris-blancs entrent
dans la conftrivétion des bâtimens de Lintz.
A une liéue de Lintz on traverfe le Traun , tor-
i rent confidérable qui roule une infinité de cailloux.
La ville d’Ens eft conftruite fur une montagne
de fable & de cailloux roulés, qui fervent a paver
les rues de cette ville. Tout ce canton eft un loi
graniteux.
Peu après Moelck on retrouve des cailloux roulés
i ce qui n’eft pas étonnant, vu qu’on fe trouve
dans la vallée du Danube. .
On pave à Saint-Polt.en avec des cailloux roulés.
On va les chercher dans les torrens qui y paflent.
Ces cailloux roulés fervent à ferrer le chemin de
Moelck à Saint-Polten, & de cette ville à Vienne,
de même qu’ à former le pavé de Vienne. On en
trouve de Schoenbrun à Laxembourg,.
C ’eft encore fur de fembiables cailloux roulés que
l’ on paffe de Vienne à Wolkerfdoiff, fur la route
de Moravie. Il eft probable que cette plaine a été
autrefois couverte par les eaux dm Danube, les
cailloux & le fable qu’ il charrie maintenant étant
fembiables aux cailloux & au fable qui fe voient
dans cette plaine. Depuis Wolkerfdorff jufqmà
Nicolsbourg le fol eft fabloneux, mêlé de cailloux
I roulés 'V - * <» i .'••bf
Plus on approche de Vienne en y allant d’Ol-
mutz, plus on rencontre de chemins faits de cailloux
roulés quartzeux,,&e. Près de cette ville ôr
de Vienne on fe fert particuliérement de ceux
qu’on tire du Danube.
Dans tout ce trajet on doit être furpris de la
quantité de fables remplis de cailloux roulés qu’ on
rencontre furtout de Bielitz a Strasbourg» mais
il manque à toutes ces indications.les circonftances
principales qui ont pu concourir , non-feulement
àTàrrondiffement, mais encore i la diftribution
des cailloux roulés. Il manque furtout l’ indication
de ces vallées , foit principales, Toit fécondaires j
pù fe font trouvés, autrefois, ces golfes anciens où
coulent maintenant des fleuves prindpaux au milieu
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