
tous les angles font arrondis, comme on les voit
fur les blocs du Danemarck & du Holftein. J'ai
obfervé fort en détail le travail de la mer fur ces
côte s , & voici ce qui fe paffe. Chaque vague,
furttfut quand la mer eft agitée, apporte une certaine
quantité de fab le, qu'elle dépofe fur le
rivage : infenlîblement ce fable s'accumule, &
finit par fe trouver au deffus du niveau ordinaire
de l'eau, qui par conféquent travaille à étendre
le rivage de la mer, & à refferrer fon lit. La mer
Baltique & le haf ont formé autrefois une maffe
d'eau continue ; mais il n'eft pas difficile de concevoir
la formation de la langue de terre qui les
fépare, en fuppofant qu’ il fe foit rencontré des
rochers élevés en cet endroit, lefquels ont arrêté
le fable dont la mer tendoit à fe débarraffer, &
fur lefquels ce fable s'eft amoncelé jufqu'à ce qu’il
ait paru hors de la furface de l'eau.
Étendons maintenant ces opérations, & fup-
pofons que la mer Baltique ait couvert autrefois
toute la plage fabloneufe, c'eft-à-dire, la Prufiê
& le Brandebourg, jufqu’aux montagnes de Saxe,
le pays d’Hanovre jufqu'à fes montagnes , le
Hoiftein, & c . ; fuppofons auffi que la mer ait travaillé
à ces extrémités de fon baflin terreftre les
plus reculées, comme on voit qu'elle travaille
maintenant fur les bords de la langue de terre qui
la fépare du haf ou des hafs, car il y en a trois :
il eft clair que la Poméranie fuédoife, le Brandebourg
& la Pruffe, ainfî que le Hanovre & le
Holftein, ont dû fortir infenlîblement des eaux.
Ces terrains" n'auront été d'abord que des amas
de fables, fur lefquels à la longue le feront formées
quelques couches de terre végétale. Je concevrai
la formation du Holftein & du Jutland
comme je conçois la formation du continent de la
Pruffe, & celle des îles comme celle de la langue
des hafs.
Les blocs de granit ifolés qu*on voit aux environs
de Copenhague & en Danemarck, ainfi
que fur les bords méridionaux de la Baltique, &
fort avant dans les terres, trouveront ici une explication
naturelle $ car la mer qui a couvert les
plages de fable quartzeux, fpathique & micacé,
a bien pu y dépofer des granits de différentes grof-
feurs quelle aura détachés de quelques chaînes,
& qu’elle aura roulés & mis enfuite à fec avant
d'avoir eu le'tems de les décompofer. Il n'eft pas
inutile de remarquer que dans les contrées où le
fable granitique eft à la furface du fo l, les blocs
de granit font auffi à la furface, tandis q ue , dans
les pays où la couche de terre végétale eft de
quelque épaiffeur , on trouve les granits moins
à la furface qu’à une certaine profondeur.
En examinant bien l’état & la difpofition de
ces langues de terre, qu'on peut obferver entre
la mer Baltique & les nafs, il eft clair que ces
langues de terre s'étendent & s’étendront de plus
en plus , & qu'à la fin les hafs fe trouveront fort
loin des boras de la mer. Il eft très-poffible qu'à
Memel, où la jon&ion de la nvr fe fait avec
le h a f , par un détroit d’une très-petite largeur,
il fe faffe par la fuite un amas de fable affez con-
fidérable pour féparer entièrement le haf de la
mer. On peut croire auffi que le Frifch-Haf éprouvera
une réparation totale à Koenigsberg} que deviendront
pour lors les hafs? de fimples lacs, qui
pourront le trouver avec le tems fort avant dans
les terres, perdre leur falure à la longue , & devenir
tout-à-fait des lacs d’eau douce. N’eft-il pas
polfible que les lacs, fi communs en Suède, en
Danemarck & particuliérement en Finlande ,
n'aient pas une autre origine, du moins ceux qui
rïe font pas fort élevés au deffus du niveau de la
Baltique ?
On trouve encore dans ces hypothèfes l’explication
du fyftème des phyficiens fuédois fur l i
diminution graduelle des eaux de la Baltique
Cette' diminution a lieu fans doute quant à la fur-
face, mais elle gagne en profondeur ce qu'elle
perd en étendue ; 8c fi les Suédois regardent cette
retraite de la mer comme une déperdition abfolue
de la fubftance de l'e a u , il eft évident qu'ils font
loin de compte.
il refteroit à favoir où la nature a placé cette
énorme provifion de granits dont la deftru&ion
a formé l'incroyable quantité de fable néceffaire
pour couvrir une fi grande étendue de terrain,
ainfi que des blocs de granit roulés & ifolés, qui
fe trouvent dans ces fables.
Je dois dire que la partie de la Pologne qui
borde la Baltique, la Courlande , la Livonie,
l’ingrie même, qui, félon moi, font partie de
fon baffin terreftre , préfentent abfolument la
même compofition de fol que la Pruffe & le Holftein,
c’eft-à-dire, du fable granitique & des blocs
de granit roulés, ifolés. Mais à Pétersbourg oh
en voit des morceaux auffi énormes ’& en très-
grand nombre. D’ailleurs, le grand quai de la
Néva & beaucoup de palais en font conftruits ;
mais ce ne font pas des granits roulés qui font entrés
dans ces conftruétions. J’ai fu que ces matériaux
fe tiroient de carrières immenfes, fituées
vers Wibourg, à la pointe feptentrionale du golfe
de Finlande. Voilà donc le magafïn de la nature,
& fans doute ce n’eft pas. le feul.
OnN voit en Livonie un grand lac qu’on appelle
Peipus, lequel eft évidemment un démembrement
de la Baltique, dont il n’ eft féparé que par une
plage fabloneufe, comme le haf de Memel le fera
un jour ; ce qui confirme mon opinion fur ces hafs
& fur les autres lacs que j’ai indiqués en Suède,
en Danemarck & en Finlande.
Hydrographie des bajjins terreftres de la Baltique ÔT
de fes golfes.
Jufqu'à préfent j’ai confidéré d'une vue générale
le concours des eaux courantes que je fuppo-
fois avoir creufé les baifins de la Baltique & de
fes
fes golfes. Maintenant je crois qu’il convient de
m’attacher à chacun de ces badins, & de faire
connoître en détail ces fleuves 6c ces rivières,
dont le travail particulier peut s’indiquer par leurs
affluences, qui fubfiflent encore prelque dans leur
entier. Jécqmmence par le golfe de: Finlande, &
je vois d abord qu il reçoit à fon extrémité les
eaux de la N é v a , qui traverfe les deux lacs Onega
& Ladoga par un canal affez large &c bien nourri.
Je trouve enfuite qu’il eft alimenté par des rivières
parallèles à celle qui fort du lac-Peipus-, &
qui font au nombre de fept. J’ai reconnu le fol
entre Peipus & le golfe; il offre partout une bande
fahloneufe que parcourent les rivières dont j'ai
parlé , & qui ont à peu près un cours de la même
longueur que la bande; ce qui prouve l’étendue
de la dernière retraite du golfe, & pour lors le
lac Peipus en faifoit partie. Ce n’eft -qu'au commencement
de cette révolution que les vagues du
golfe ont formé la digue du lac.
Le long du bord oppofé à la droite du g o lfe ,
on trouve a Wiborg quelques rivières-d’un Cours
peu alongé, qui ont leurs embouchures au tour d’un
petit golfe. A Fredrichshann font les débouchés de,'
longs groupes de lacs ; à Borgo & à Eknas font de
femblables rivières, qui fe multiplient & s’àion-
gent aux environs d’Abo, ou la côte eft très-dentelée
& femée d'écueils. Il y a même quelques-
unes de ces rivières dans tout le cul-de-facde la
cote du Sud-Fmland, & les écueils s’étendent
allez près de 1 lie d’A'and , qui forme comme la
féparation du golfe de Bothnie & de la mer Baltique;
En remontant la cote du golfe de Bothnie , je
trouve a Sara-Kuneda l’égout des étangs ou lacs
groupés de Nord-Finland qui fe jette dans le
golfe, puis, au deffus & au deffous de ce p oint,
deux rivières qui dans leurs embranchemens renferment
auffi quelques lacs. De Chriflianftadt on
voit de moyennes rivières qui s’alongent à me-
fure qu’on approche de Wa fa, où s’obfervent
plufîeurs écueils & îles qui occupent prefque toute
la largeur du g olfe , lequel d’ailleurs eft refferré
dans ce point. Plus haut , à Jacobftadt & à Gamla-
C a r ie b y , font quatre rivières renfermant beaucoup
de lacs. Enfuite , après quatre rivières d’ un
cours de moyenne longueur, vient celle de Piha,
qui a cinq embranchemens , dont le plus alongé
aboutit à deux lacs. Plus haut., après un intervalle-
de trois autres rivières auffi d’un cours de moyenne
grandeur, fuccèdeUléa, vis-à-vis quatre îles dont
la principale- eft celle de Caries. Cette rivière
réunit dans plufîeurs embranchemens tous les lacs
de Cajaneborg & de Kiande. Je remarque , dans
1 arrondiffement de l’extrémité du golfe, la Jafari
& la Cuivaniemi avec quelques embranchemens
chargés,de lacs ; enfin la Kimi Sc la Tornéa, deux
rivières principales : la première a fix embranchemens,
dont Acums-Jocki, qui eft fort alongé;• '
fe termine par un.groupe de quatre île s , & Kami 1
Géographie-hyfaue. Tome I1L
fe réunît à K im j-T ra ft, grand la c , & aboutit
en_même tems à quelques autres lacs. Tornéa,
qui eft célébré par les opérations aftronomiques du
cercle polaire, eft très-remarquable par trois embranchemens
qui occupent un long & large terrain
de la Laponie , & qui réunifient un fort
grand nombre de lacs dans les limites de la Fin-
mark. On peut joindre à cette rivière Celte de
Calix , dont la tige a la même étendue, & qui fe
ramifie par fept embranchemens qui fe terminent
par autant de lacs. A quelques rivières moyennes,
! toutés chargées de lacs ,_ fuccède l’embouchure
de la rivière d’UIéa, auffi importante que Calix,
Tornéa & Kimi. Elle a ij outre fa tige principale
un embranchement avec plufîeurs divifions chargées
de lacs comme fa tige ; lefquelles divifions
s'étendent jufqu’aux pieds des fommets de la
chaîne de la Laponie. 'J’en dirai autant de Pithéa
; dont le cours eft également chargé de lacs. Ske-
lefted, qui fu it, a un cours auflî alongé, mais
renfermant outre cela deux grands lacs, outre
quelques autres petits. Vindaia & Uméa ont un
cours plus fimple, moins étendu, mais toujours
femé de lacs de grandeurs moyennes.
Je paffe à l’Angermanie , province arrofée par
quatre rivières qui tombent fur une côte dentelée;
la Gafile, qui n’a qu’un lac dans fon cours ; la
Skalevad vient enfuite avec un petit embranchement
chargé d'un lac; enfuite à Soblerve, deux
petits ruiffeaux, dont le premier fert d’égout à
deux lacs. Enfin, toute cette hydrographie eft
terminée par l’Angermanan, qui préfente d’abord
une riviere avec embranchement & trois fubdi-
vifîons chargées de lacs ; l’embranchement Aie le
fuccède avec un long la c , & à côté Jornifîon
s embranche avec un femblable lac. J'indiquerai
définitivement une divifîon intéreffante, chargée
de fubdivifions qui réunifient des lacs.de différentes
Formes de baflîris. Je dois ajouter ici qu'il fe
détache des fommets, aux pieds defquels abou-
tifient tous les lacs, deux chaînes qui circonfcri-
vent l’Angèrmanie.
Je trouve dans Jempterland & la Médelpadie
deux rivières qui fervent d’égout à de nombreux
fyftèniesdelacs: la première, I’Ind-Als, a trois embranchemens
chargés d'autant de lacs; la fécondé
Liangdal, offre quelques débouchés aux lacs dont
) ai fait mention ci-defius.
Dans l’Hériedal & l ’Helfingie, les eaux font
raffemblées par une rivière qui a plufîeurs embranchemens
qui verfent leurs eaux dans le golfe, fans
que leur cours foit interrompu par des lacs.
J’en excepte l’embranchement de la Voxna , qui '
par plufîeurs divifions, donne iflue à quelques
Je termine l'hydrographie particulière au golfe
de Bothnie par l’Oftèrdal, dont le cours eft comparé
die cinq embranchemens fort alongés, entre
des chaînes de montagnes fort étendues dans i'in-
E