
toute leur longueur. La forme prifmatique de ceux-
ci eft aufli bien régulière ; les faces contiguës font
fort unies, les arêtes très-nettes, & les bafes plates
& dans un feul plan. Définitivement la pierre ref-
femble, par fon grain Sc par fa couleur, à la pierre
des prifmes d'Auvergne & du comté d’Antrim.
JT »Vois été prépare à ces prifmes par lin groupe
de femblables prifmes, moins régulières à la v é rité
, que Ton obferve a côté du village de Radi-
cofani, & au commencement de la rampe qui
conduit au château de cette ancienne fortereffe.
Des laves trouées , des matières noires & pulvérulentes
accompagnent ces prifmes, & les annoncent
toujours comme une production des feux
fouterrains. C e qui achève de prouver que Radi-
cofani étoit un centre d*éruptions volcaniques,
qui a été enfuite recouvert par la mer, c'eft qu'on
v o it , au deffous du fornmet du château, des carrières
de meules de moulin, qu'on taille dans le
ma/îîf d'une lave trouée, femblable à celle de Vol-
vic en Auvergne.
Dans certaines coupures qu'on obferve fur le
chemin de Bolfène à V iterbe , on rencontre des
amas de boules d'une lave auflï compacte que celle
dont les prifmes font formés. Il eft à croire qu'il
y en a auflï quelques-uns parmi les boules. Pour
les détails , je renvoie à l'article Boules.
On voit par ce que nous avons dit fur les prifmes
des environs de Vicen ce , du lac de Bolfène
& de Radicofani, qu'il y a en Italie trois contrées
où le bafalte figure d'une manière très -remarquable.
Pour ne pas alonger cet article, je crois devoir
renvoyer à ceux des différens endroits où fe trouve
le bafalte prifmatiqueainfi je reprendrai ce qui le
concerne, en traitant de la géographie-phyfique
de la Saxe, de la Bohême , de la Siléfie , de l’évêché
de Hildeskeim , du comté de Naffau , de Lauterback ,
d*Andemack , de Cajfel, de Cologne, de VI(lande,
du Velay, du Vivarais, des environs de retenus
& d'Agde. Le bafalte prifmatique y reparoîtra avec
le même intérêt qu'il nous a préfenté en Auvergne,
& avec les mêmes circonftances qui décident
fon état & fa nature.
La plupart des maffes prifmatiques que je viens
d'indiquer annoncent clairement, par leur fituation
& leur origine , leur nature de lave comp
a re ÿ mais quelques-unes de ces maffes, en con-
féquence des altérations furvenuesvifiblement dans
la difpofïtion primitive des courans, foie par les
bouleverfemens des éruptions poftérieures, foie
furtout par les dégradations des eaux, n’ont plus
confervé leur ancienne union avec les courans, &
pour lors on trouve des prifmes fans fuite , &
-même guindés fur les fommets depuis ifolés, dont
la bafe eft une matière qui n'a aucunement fouffert
^iu feu. Il eft vrai que fouvent la correfpondance :
des différentes parties des courans eft encore affez
marquée pour que leur accordement puiffe fe =
faire fans effort-, mais d'autres fois ces maffes
prifmatiques ne tiennent à rien, , par leur difpofïtion
, excluent toute correfpondance avec des
portions de courans interrompus, ou avec des centres
d'éruptions. Il eft donc néceffaire pour lors
de les fuppofer fondues & refroidies en place, &
c eft ce que certaines circonftances prouvent in-
conteftablement : telles font le grain & la couleur
de la pierre des prifmes, dans quelque fituation
qu on les trou ve, fi l’on ajoute, les feories, les
matières fpongieufes, les terres cuites, les matières
noires, friables & pulvérulentes qui les accompagnent
conftamment dans l’état de maffes
ifolées.
Si les obfervations qui précèdent, rendent les
naturaliftes attentifs à toutes les cii confiances que
j y indique, je ne doute pas qu’ils ne rencontrent
d autres productions du feu partout où ils remarqueront
des prifmes. Je puis déjà citer M. Rafpe,
conseiller à Caffel, qui décrivit dans ces vues les
differentes maffes de bafalte qu'il découvrit dans
plufieurs endroits de ia Heffe. Il annonça les ré-
fultats de les oblervations par un Mémoire inféré
aux Tranfaclions philofophiques. Il nous apprend
qu à Habichwald , proche Weiffenftein, dans les
environs de C a llc l, le haut de la montagne fur
laquelle les fameufes cafcades font conftruites ,
n eft prefque compofé que d'énormes quartiers de
laves & de feories, & qu'un peu plus bas, vers le
milieu de la hauteur, il avoir remarqué du bafalte,
dont plufieurs blocs étoient en colonnes polygones
, mais dont quelques autres, plus voifins des
laves trouées, n'étoient que des maffes arrondies
fans aucune forme déterminée M. Rafpe fe fonde
fur le détail de ces.obfervations intéreffames pour
adopter mon fentiment fur l’origine & la nature
du bafalte, & pour abandonner entièrement l'idée
de fa formation par la voie humide qu'il avoit
hafardee dans fon ouvrage fur la formation des
nouvelles îles.
Il faut avouer qu'il y a des maffes prifmatiques
dans le voifinage defquelles les veftiges des anciens
incendies font peu frappans. M. Rafpe trouve quelque
difficulté en ce que certaines montagnes com-
pofées de bafalte prifmatique ne lui ont montré, à
côté des prifmes, aucun produit du feu. Je l'ai dit
& je le répète, j'ai beaucoup vu de ces maffes de
bafalte ifolées, & j'avoue que , fi j'avoisété réduit
à ces maffes dans le cours de mes obfervations, je
n’aurois olë décider que le bafalte étoit une lave
compaCte; mais les réfultats infiniment variés des
opérations du feu que l’Auvergne renferme, m'ont
préfenté ici les circonftances les plus décifives, &
là les plus grandes altérations de ces circonftances.
Je me fuis donc attaché aux courans dont le bafalte
occupoit le .centre & les bords, & dans lefquels
j'ai reconnu une continuicé non interrompue de-
uis leurs, extrémités les plus reculées > jufqü’ à ia
ouche ouverte du volcan, ou bien jufqu’au culot
qui en tenoit lieu. Il m'a paru accompagné en
même tems de laves trouées* de feories, de ponces
& de terres cuites. Telles font les circonftances qui
m-'ont guidé dans tout le cours de mes obfervations.
Une fois éclairé fur l'état primitif des phénomènes
, j'ai cru que les altérations furvenues
dans la difpofïtion aes maffes de bafalte en certaines
contrées , ne pouvoient infirmer ce qui avoit
été bien reconnu dans d’autres.
En dernière analyfe je finis par croire que, lorf-
que les circonftances primitives manquent, un
obfervateur inftruit par elles & accoutumé à dif-
tinguer le bafalte, pourra fe borner, pour le re-
connoître, à la fuDitance noire & pulvérulente
qui l'accompagne le plus fouvent, furtout s'il
réunit à ces circonftances les caractères du grain
& de la couleur noire ou grife de la lave, & ceux
des différentes formes fingulières fous lefquelles il
fe montre constamment.
Réfultats généraux fur les formes des bafes des prifmes
de bafalte.
Quoique communément les courans foient recouverts
de feories & de terres cuites, & que les
prifmes de bafalte qui en occupent l ’intérieur foient
comme encaiffés fous des croûtes de laves qui ne
pemietrent pas d'obferver leurs bafes, cependant
j'ai vu un affez grand nombre de prifmes entièrement
dégagés de ces enveloppes naturelles & primitives,
pour pouvoir donner des réfultats généraux
fur les formes de leurs bafes.
Dans les affemblages de prifmes d’une feule
pièce dont les colonnes font verticales, les extrémités
fupérieures préfentent des plans parfaitement
unis, & affez femblables à la furface d'une
chambre carrelée. Ces pavés naturels, ces affemblages
de bafes unies, fe voient dans des plaines,
de deux à trois cents toifes de longueur , au deffous
des centres d'éruption. Je puis indiquer les
environs de Chauvet, de Chaftreix, de la Haute-
Chauderie & du Boufquet, à une lieue de la
Toûr-d'Auvergne.
Les bafes inférieures de ces mêmes prifmes pré-
fentenc des plans aufli parfaitement unis que leurs
bafës fupérieures j c’eft ce que j’ai pu remarquer
très-fréquemment en confidérant des rangées de
prifmes verticaux, établies les unes fur les autres
fans aucun intervalle, & furtout au Puy-de-Chaf-
fo r t , à Saint-Arcon, & aux environs de Blefie,
de Mafliac & d’Ardres. Dans ce cas la bafe inférieure
des prifmes du rang le plus élevé eft un
plan uni, qui porte fur le fbmmet des prifmes du
rang inférieur, & qui le touche dans toute fon
étendue. Cette difpofïtion a lie u , foit que les
races des prifmes qui occupent les divers lits ou
étages, étant fituées dans le même plan, forment
ime feule colonne polygone, qui a autant d'afliffes
ou de tronçons prifmatiques qu’il y a de lits ou
de rangées de prifmes, foit que les faces des
prifmes, ne fe raccordant point d'une rangée à
1 autre, comme il arrive le plus fouvent, forment
autant de colonnes prifmatiques diflin&es qu'il y
a de rangées. Quand les bafes inférieures des prifmes
portent immédiatement fur des terres cuites
ou des feories étendues par lits affez fuivis deffous
les courans, ces bafes prennent les impreflïons des
inégalités de ce fol. Il en eft de même lorfque les
laves trouées informes recouvrent les prifmes à
leurs extrémités fupérieures. Ces fommets participent
allez fouvent des irrégularités auxquelles
ils touchent. On trouve malgré cela un affez grand
nombre de prifmes dont les bafes font coupées
net, & fe féparenf fans effort de ces laves trouées,
& c . par un plan fort uni.
Si nous paffons aux prifmes dont l’axe eft dans
une fituation horizontale, nous trouverons leurs
bafes coupées par un feul plan perpendiculaire à
l'axe. C'eft ainli que les deux faces du mur de la
cour, fituë au pied du Mont - Dor , offrent les
bafes des prifmes dont ce mur femble conftruit,
comme font les pierres d’un appareil régulier. On
voit avec étonnement cette efpèce de mur qui
paroît avoir quatre cents pieds d'élévation, fur
cent toifes de longueur, & huit à dix toifes d'é-
paiffeur. C'eft un affemblage de prifmes dont les
axcsjraverfent l'épaifleur du mur dans une fituation
parfaitement horizontale. Le pied du mur &
fon extrémité feptentrionale font couverts de prifmes
culbutés en défordre ï c'eft la produit des
éboulemensfucceflïfs qu'il éprouve chaque jour.
De loin, ce mur offre un afpeét affez femblable à
celui des chantiers de bois de Paris, excepté cependant
que les faces contiguës des prifmes fe
touchent bien plus exactement que les quartiers
de bois qui font en piles. Les bafes des prifmes
dont la reunion tonne les deux faces du mur, font
fort unies, & ne préfentent que les fentes qui
réparent chaque prifme. Il n'y a fur ces bafes ni
protubérance, ni plan incliné en biieau, ni d’autres
conformations irrégulières.
Ce fpe&acle vraiment fingulier eft encore moins
frappant que la face méridionale de la roche Sana-
doire qu'on trouve fur le chemin de Rochefort au
Mont- Dor. Cette face offre plufieurs enceintes
de murs naturels un peu arrondies, fur lefquelle9
on apperçoit les bafes des prifmes horizontaux
dont ces enceintes font formées. Comme ces enceintes
ont été dégradées, on peut fuivre, fur de
larges brèches, toutes les bafes des prifmes découpées
dans la face de l'enceinte extérieure, &
qui préfente l'afpeCt des anciens murs romains,
dont les revêtiffemens font en pierres d’un appareil
uniforme, & que Vitruve décrit fous le titre
à’ Opus reticulatum. Quelques-unes de ces bafes font
recouvertes de lames obliques, qui s'étendent fur
toute la furface de ces bafes, & même d’un prifme
à l'autre, comme les tuiles d’ un toit ; mais outre
que cette conformation n'eft que locale, il eft
vifible qu’elle n'eft due qu'à l'épanchement de la
pâte molle dont ces prifmes ont été originairement
for més.