
bleu-turquin fe trouve dans le bas, près du blanc-
veiné.
Quelquefois on fuit horizontalement une veine
de beau marbre fort avant fous la montagne : il y
a deux carrières de cette e fp è ce , mais par ce
moyen l’on n'a que des blocs allez petits.
11 y a des couches horizontales & des couches
qui font inclinées comme la montagne ; elles font
féparées par un poil ou fente imperceptible, qui
fixe la largeur des blocs. Quant à la longueur , on
la détermine par les convenances. On creufe une
tranchée d'une fente à l’autre dans la largeur du
bloc , de à la profondeur qu'on veut lui donner.
Quand on a creufé aux deux extrémités & au def-
fous 5 on y enfonce des coins de fer de' chaque
c ô té , on frappe fur ces coins : la pierre fe détacne,
& prefque toujours affez droit. Les ouvriers fe
lervent de ces coins avec beaucoup d’ad-reffe, &
parviennent à divifer de marbre comme il leur
plaît. Quelquefois cependant on eft obligé de
faire jouer la mine quand on a perdu le joint des
couches. Lorfque les fibres font courbes , difent
les ouvriers , le marbre fe lève toujours mal.
En général, on n'a pas befoin de creufer la
montagne, & l'on travaille à l'air, ce"qui eft plus
commode ; mais lorfqu’on pénètre dans l'intérieur
de la montagne & qu'on y a formé une voû te , fi
elle eft bonne à exploiter, on n'a pas beaucoup de
peine à tirer le marbre en faifant entrer les coins
dans les fentes qui réparent les couches. Communément
on travaille fur un fol qu’on pratique ex près
, mais quelquefois les ouvriers font obligés
de fe fufpendre à des cordes.
/ On vend à Carrare du marbre jaune de Sienne
& d'Efpagne , dont on fait des cheminées, des
tables, des vafes § & c .
La vallée de Serravezé, à quatre lieues de Carrare
y du côté de l’ofient, & qui dépend de la
Tofcane, produit auffi du marbre blanc ; mais ces
carrières font difficiles à exploiter. On y trouve
auffi de la brèche violette.
Sur la route de Carrare à Lucques, à Pietra-
Santa, il y a des mines de fer : on traverfe des
montagnes défertes, d’où l'on defcend dans une
riche plaine où eft la ville de Lucques. 11 y a tout près de Carrare une grotte immenfe,
très-curieufe à examiner pour un naturalifte.
Les environs de Carrare font cultivés : on y fème
du froment, même fur des terraffes qui font les
unes au deffus des autres , jufqu'au fommet des
montagnes.
On y voit, beaucoup d’oliviers & de ehâtai-.
gniers. 11 fort du milieu de la vallée une belle
fource où l'on pêche de bonnes truites. Les orangers
& les citroniers parfument l'air qu'on y ref-
pire.
Les habitans font fort hofpitaliers, & accueillent
les étrangers- Les nobles, les bourgeois, pof-
fèdçnt en propriété les carrières ou caves , & les
•font exploiter > ils cômrtiercent avec toutes les
nations de l'Europe , & même avec l'Afie S: l'A frique
; lesfeigneurs du pays font .travailler près de
mille payfans dans les trois vallées, fur une étendue
de quatre à cinq lieues. Tout le monde y eft marchand
j chacun a le droit d’avoir une carrière.
La grande difficulté du choix des marbres , ainfi
que cellé de leur tranfport, a fait que bien des
fculpteurs ont été féjourner & ébaucher leurs
ouvrages à Carrare. Il y en a même beaucoup qui
fe font établis dans le pays , & la communauté a
fait bâtir une maifon .pour l'inftruétion des jeunes
élèves. On y fait beaucoup de copies des an risques.
Auffi trouve-t-on dans les églifes, dans les
maifôns, partout enfin, des ftatues de marbre;
mais le travail n'en eft pas précieux.
CARRIÈRES. Ce font des lieux creufés en
terre, d’ où l'on tire les pierres , ou par un puits
qui fert de débouché à des galeries fouterraines,
ou de plain-pied, par une ouverture latérale, faite
\ dans les bords efearpés des valléès. Les carrières
d'où l'on tire des blocs de marbre fe nomment
marbrières ; celles d'où l’on tire l’ardoife, ardoi-
Jièresy & celles d'où l'on extrait la pierre à plat: e
s’appellent plâtrier es. On détache les pierres, dans
les carrières, par des méthodes différentes, félon
la rélïftance des maffes , la nature 8c le grain des
pierres & la difpofition des bancs ou couches, ou
celle des fentes diftribuées dans les maffifs fans
couches. Nous expoferons ce que peuvent offrir à
un naturalifte les carrières des environs de Paris ,
ainfi que celles qui fe trouvent dans le voifinage
des grandes villes, 8c qui fourniffent aux conf-
truélions. On verra ces détails aux articles de ces
villes. J’envifage ici les carrières comme des fouilles
propres à nous faire eonnoître, non-feulement
la nature des matériaux qui compofent les couches
de la terre, mais leur difpofition générale ; je m'attacherai
à les décrire fous ce point de vue. Je
parlerai de même des plâtrières à l’article Pl â t
r e , des marbrières à l'article M a r b r e , des ar-
doifières à l'article A r d o i s e , 8c enfin des carrières
de granit dans l’article G r a n i t . On verra que partout
la méthode du travail a été établie d'api ès
l'étude des maffes 6c de leur difpofition particulière,
8c que ces détails .intérefiènt par leur pré-
cifion beaucoup plus que des obfervations vagues
8c des affertions hypothétiques; car le travail met
en évidence la difpofition primitive 8c naturelle
des maffifs. Il faut choifir , dans les carrières, les
pierres dures & pleines ; ce font les meilleures :
elles réfiftent davantage à l’humidité, à l’air 8c à
la gelée. Dans la plupart des carrures, les pierres
font pénétrées d'eau ; c'eft cette eau de carrière
qu’on a foin de laiffer évaporer avant de les employer
aux diverfes confi ru étions : dans cet état
de defficcation, elles prennent mieux l'appareil
8c enfuite le mortier.
C AR R O N , én Écoffe, mine de houille, com-
©ofée de trois veines inclinées au fuel-efl, dont le
toit 8c le mur font de fehifte, 8c qui font fituées :
dans une maffe calcaire, parfemée de petits points
de charbon de terre , de pierre-de-porc 8c de
granit.
CAR RY ( Port de ) , département des Bouches-
du-Rhône, canton de Martigues. Il y a une pêcherie
de thon à l’entrée de ce p or t, connue fous
le nom de madrague.
CAR S (F o r ê td e ) , département de la Haute-
Vienne , canton de Chai us, 8c à une lieue &
demie à l'eft de cette ville. Elle a de. l'eft à l’oueft
deux mille toifes, & du nord au fud environ fix
cents.
CARSALADE ( Ile de ) , département du Var,
canton d’Ollioules, au nord de l'îledes Embies, à
trois lieues oueit-fud-oueft de Toulon.
CAR THAGE ( l'Ancienne ) , en Afrique. On
voit en ce lieu une fontaine fur l'eau de laquelle
flotte une fubftance huileufe, qui a la même 4
odeur que la fciure de citronier : on s'en fervoit
pour frotter les befliaux. Nous devons dire outre
cela qu’il y a des fontainés dont les unés jettent
une eau chargée de liqueur 'bitumineufe , 8c les
autres une eau fur laquelle on voit nager des gouttes
d'huile. A deuxmilles d’É&imboiirg,en E coffe,
on voit une fource fur la furface de laquelle nagent
des gouttes d’huile noire , dont les habitans
des environs fe fervent pour adoucir leur peau 8c
guérir la gale.. Il y avoit auffi en Éthiopie un lac
qui couvroit d'huile ceux qui s'y baignoient. Enfin,
on rapporte que dans l'Inde une fource jetait
quantité d'huile. Nous citons ces faits d'après
Varenius , 8c nous penfons que ces efpèces d'huiles
pourroient bien être du pétrole femblable à
ce’ui qu'on tire des puits de Modène, dont nous
parlerons par la fuite.
C A R T IG f tY , village du département du L éman
, an ondiffernent de Genève, 8c à deux lieues
8c demie oueft de cette ville. Cartigny eft célèbre
par des obfervations phyfiques 8c météorologiques.
11 eft fitué fur un plateau fort étendu , élevé
de cent foixarite-dix-huit pieds-au deffus du niveau
du lac de Genève. Les.roches de ce v i l la g em i nées
par les eaux, ont éprouvé des éboulemens
confidérables , 8c préfentent de tous côtés des pyramides
irrégulières -, d’ un afpeét fauvage .& terrible.
On trouvé aux environs dés pierres calcaires
, du fpath confufément criftallifé, des pierres
& des cailioux fufceptibles du plus beau poli. On
a ouvert, dans le voifinage, des carrières de cette
même pierre, dont le grain eft très-fin, 8c dont la
couleur bleu-cendrée eft très-agréable.
CAR VEN (Port d e ) , département du Finif-
terte, à une demi-lieue nord-oueft de Cloden. Il
-eft borné à 1-oueft par la pointe de Cafte! me tir, 8c
à l’eft par celle de Cesbrezeller.
CARYBDE E T S C IL L A , fameux courant près
de la Sicile, que les AncrensT*nous ont représenté
comme très-rapide 8c d’un dangereux accès pour
des vaiffeaux. Le rocher de Scilla eft fur la côte
de Calabre, le cap Pelore fur» celle de Sicile , &
le célèbre détroit du phare concentre les deux.
L ’on entend, à quelques milles de l’entrée du détroit
, le mugiffement du courant ; il augmente à
mefure qu’ on s’en approche : c’ eft alors qu'on vo t
en plufieurs endroits de grands tournans d'eau ,
lors même que tout le refte de la mer eft uni comme
une glace. Les vaifïeaux font attirés par ces tournans
d'eaux , cependant on court peu de danger
quand le tems eft calme; mais fi les vagues ren-
: contrent ces tournans d'eaux , elles forment une
mer terrible : le courant porte directement contre
le rocher de Scillay & il eft à environ un mille de
l’entrée du phare. Il faut convenir que réellement
ce fameux Scilla n’approche pas de la defeription
formidable qu’Homère en a faite : le paffage n’eft
pas auffi étroit ni auffi difficile qu'il le,repréfente;
& fi l’ on en croit Homère, il faut fuppofer que le
détroit s’ eft élargi, & que la violence du courant a
.diminuéen proportion. L’entrée du détroit, entre
le cap Pelore où eft le fanal, & la Coda-di-Vulpe
en Calabre , paroît avoir à peine un mille de largeur
; mais fon canal s'élargit & il a quatre milles
auprès de Meffine, qui eft éloignée de douze
milles de l’entrée du détroit. Le célèbre goufre
mu tournant de Carybde eft près de l’entrée du havre
de Meffine. Il occaftonne Couvent dans l'eau
un mouvement fi irrégulier , que les vaiffeaux ont
beaucoup de peine à y entrer. Les anciens poètes
l’ont décrit comme infpirant la plus grande terreur
: il n'eft pas certainement fi formidable au-
jourdhui, 6c il eft très-probable que le mouvement
des eaux depuis ce tems a émouffé les-pointes
efearpées des rochers, & détruit les obftacles qui'
refferroient les flots. Le détroit s’eft élargi confi-
décablement. Les vaiffeaux font néanmoins obligés
de ranger la côte de Calabre de très-près, afin
d’éviter l’attraélion violente occafionnëe par le
tournoiement des eaux, & , lorfqu’ils font arrivés
à la partie la plus étroite du détroit & où l ’eau eft
la plus rapide, c’eft-à-dire, entre le cap Pelore 6c
Scilla, ils font en grand danger d’être jetés contre
ce rocher. De là eft venu le proverbe : Incidit in
Sc 'ulam Cupiens vitare Carybdim. On a placé un fanal
pour avertir les marins qu’ils approchent de O *
rybde 3 comme le fanal du cap Pelore les avertit
qu’ ils approchent de Scilla..
CA SAM AN Ç A , rivière d’Afrique, fituée vers
1 le 13e. deg. delatitude N. & le 2e. dég. de longitude 1 E. Son embouchure eft fituée à vingt-cinq lieues
au fud dû cap Sainte-Marie. Si une barre ne gênoit
pas l’entrée de cette rivière , les frégates pour