du Suint- Bernard ; je me contenterai de dir'e que,
dans cette mai Ton tous les voyageurs qui fe pré-
(entent, fans diftinétion de religion & de fexe,
font reçus, nourris & logés. Outre cela, dans fe-
tems des neiges, c’eft-à-dire , pendant huit mois
de Tannée que ce partage eft dangereux, des do-
mertiques vont au loin du couvent à la découverte
des voyageurs, pour recueillir ceux qui font af-
iaillis par les orages ou égarés dans les neiges.
Si les orages font fréquens fur ces hautes montagnes,
& fi la quantité abondante de neige qui
tombe fouettée & amoncelée pâr les vents vrô-
lens, font courir de grands dangers aux voyageurs,
les avalanges font encore plus redoutables par leur
effet lubit & terrible. Dans plufieurs occafions où
les religieux de Thofpice ont été avertis à tems,
ils font parvenus à dégager les infortunés qui
étoient enfevelis fous les neiges.
On ne peut s'empêcher d'admirer combien la
religion & l'amour de l'humanité peuvent donner
de courage. Il fuffit, pour en juger, de confidérer
ue ce lieu qu habitent ces religieux, eft le féjour
es vents, des tempêtes, des glaces & des neigesf
que c'eft au haut de ces Alpes élevées que fe forment
ces Orages violens qui fouvent viennent
remplir les plaines d'effroi & de terreur} que pfen-
dant le tems qu'on y appelle l'ete, ori pafle toujours
fur la neige pour arriver a Thofpice> que non
compris celle qui refte fur les: hauteurs environ
liantes, il y en a toujours autour du couvent’, -qu'il'
y gele toutes les nuits } qu'on n'y a peut-être jamais“
pu compter, dans une année ; dix jours purs;&
fereîns > qu'on y éprouve une viciffitudé continuelle
de température dans -les plus beaux jours}
qu'un vent‘chaud , venant d’ Italie , eft fubitement
fuivi d'un vent glacé qui pâlie fur ies neiges , &
qu'on ru'a jamais pu y élever une laitue fur des
couches. Mal iré les chaleurs qu'on reflent certains
jours, les nuits font froides. Affez fouvent, après
un jour clair, le fommet des montagnes fé trouve
enveloppé le lendemain de nuages épais & tranquilles
lorfqu'il n’y a point de mouvement dans
l'air. Pour lo is , au' deflous de c e ’fomniet, il fait
beau tems, en dëfcendant fur le revérs'méridional
de la montagne qui conduit au vâTd'Aofty
on fe trouve, après une demi-heure de marche,
hors de cette atmofphère fombre & humide. Les'
rayons du foleil font chauds parce que le Ciel eft
pur rerein , & Ton voit que les fomniets auffi
élevés que le Saint-Bernard (ont également enveloppés
dans les nuages » pendant que d’autres fom-
mets, d'un niveau inférieur & plus voifins, font
découverts & éclairés par le foleil.
Toutes ces malles de montagnes font, comme
dans-la partie oppofée de la montagne, compofées'
de pierres fchifteufes, argileufésy micacées, la plupart
en feuillets1 plus ou moins épais, & en couches
différemment inclinées: le toutmêlé de veines 8c de parties" quarrzeufes de couleurs variées. De
plus, fur la hauteur de ce revers on trouve des
« màfîes & des bloés prodigieux de quartz blanc
T grenu fans mélange. A quelque diftance c’ eft un
! amas immtnfe de blocs dé pierres de toutes gr.an-
' deurs, jetés, culbutés, emaffes dans la plus grande
|confufion. C ’ eft toüjduvs la même nature de pierre
j micacée qui fait le fond de toutes ces hauteurs.
; Cétte partie de montagne qui eft en Savoie a
■ une pente plus rapide que celle qui eft du côté du-
.Valais} elle eft 'auffi plus couverte de terre végé-
■ taie 8c de gazon. Les premiers arbres qu’on y ren-
îcontre, font à plus d’une lieue & demie de l’hof-
* pice du mont Saint-Bernard : ce font des conifères.
Les autres montagnes du fond de la vallée, vers
Saint-Remi, font toujours compofées de la même
: forte de pierre qui à été indiquée ci-deflfus.
! Ln remontant on retrouve les épais nuages qui
couvrent les fômmets, & qu’on a quittés en déf-
; Cendant. Lorsqu’ils font épaiflls à un certain point,
■ ils donnent toute la nuit de la pluie mêlée de neige
i chartee par un grand vent. Ceci règne fouvent le
jour fuivaht. Le vent augmente pour lo rs , &
fouffie de bas en haut : il pouffe & fait tourbillonner
de gros nuages qui montent en tôt rens par
, 1a vallée par laquelle on arrive-du Valais. Ges
i nuages fè Iaccèdent à la file les uns des autres, en
fuivant les contours & les fiuuofités des maffes de%
; montagnes ; 8c vont s’accumuler dans un fond de
jl’ autretcôté du couventy ou il y a uiï très-petit laé.
Ces: nuages s’y preflent, & y relient immobiles ,
.étant à l’abri & au deflbus du vent. L’obfcurité
en conféquehce devient générale : c’ eft alors que
le tonnerre commence à gronder, & devient plus’
violent par la fuite : on l'entend au délits & au
deftous de foi. La pluie, la neige, la grêle , fe fuc-
cèient ou tombent mêlées enfëmble.11 fuffit^i’être
d'ailleurs un moment dans ces nuages épais pour
; être couvert d’une fine rofé e , & Ton fe^ trouve à
|la fin percé & mouillé jufqu’ à la peau.
iGn a remarqué que, quoique le thermomètre’
ne defeende qu'à quatre degrés au deffous de la-
glace , le froid étoit d'une grande vivacité
beaucoup plus4 pénétrant qu'il ne l'eft dans les1
plaines au même degié* Cèt état de Tatmofphère,
à la fuite des orages & des vents violéns , produit
le même effet-fur les religieuxaccoutumés à fon
aprete } càr ils recherchent le feu avec autant
; d empreflement que les étrangers.
Tels font en général les météores de là région
fupérieure des Aîpësydont plufieurs phyficieris ont
é t-é fo u ven t tém oi ns e '
On trouve, aux environs du convent, quelques
fehiftes argileux ou ardoifes grifes feuilletées , détruites
à moitié. On ne voit nulle part de ces
ardoifes fur pied ou formant des malles attachées
au fol. il faut que les lits de ces ardoifes qui
avoient été placées fur ces hauteurs , aient été
détruits &c renverfés par le tems. A l’occident du
couvent on voit un filon de mine de fer micacée,
attirable à l'aimant, & un filon de terre martiale. g
Toute cétte montagne, une des plus hautes des
Alpes
Alpes Pennines, (Couverte de neiges* de glaces
permanentes, eft compofée en général de pierres 8c de roches fchifteules, dont les couches & les
lits font plus ou moins marqués, plus ou moins
inclinés, 8c qui font d'une grande dureté. Leurs
parties conftituanies font un mica argileux, dont
les lames, plus ou moins grandes & brillantes,
font diversement colorées. Elies font traverfées de
nions & de veines de quartz ordinairement blanc,
quelquefois vitreux, transparent, opaque ou grenu.
On ne trouve des granits que fur le penchant de
la montagne, & encore font-ils en blocs ifolés &
rouies.
BERNASOBRE, rivière du département de
l'Hérault, arrondififement de Saint-Pons^de-Tho-
mieres. Sa fource , 4. deux lieues nord oueft de
Saint-Chinian, verfe fes eaux au fud-eft, lefquelles.
arrofent Saint-Chinian, & , remontant à Teft-nord-
eft, fe rendent dans l ’Orbe, à trois lieues à l’eft
de leur fource.
BERNASOUBRE, rivière du département du
Tarn, arrondiflement de Oaftres, canton de Dour-
gne. Sa fource, à deux lieues un tiers à l’eft de
Sorèfe, verfe fes eaux au nord-oueft, lefquelles
bordent la forêt d’AutambouI, & fe, rendent dans^
la Moufcaillou, à deux lieues deux tiers de la
fource.
BERNASSONNE ( la ) , rivière du département
de l'Aude, arrondiflement de Carcaftone, canton
de Saiflac. Sa fource, à une lieue nord-eft de Saif-
fac , verfe fes eaux au fud-eft', lefquelles arrofent1
Saiflac, fcc fe rendent dans la Frefquel au fud-eft
d’Alzonne, à trois lieues deux tiers fud de la
fource.
BERNA Y , village du département de la Sarthe,
arrondiflement du Mans, canton de Coulie-fur-la-
Vefgre. La plupart des coteaux qui'forment les
croupes de la vallée de la Vefgre renferment des
pierres de taille calcaires, d’une grande finefle &
d ’un grain très-ferré. Le beau pont d'Écommoi eft
bâti de cette efpèce de pierre} auflî l'appareil s'en
rëflent-il, ainfi que je l ’ai remarqué après la vifite
des carrières, & pour achever de reconnoître ce
beau travail de la nature & les matériaux primitifs
dont elle a fait ufage dans la compofition de ces
pierres.
. B ERN CA ST EL , ville du département de la
S.arre, arrondiflement de Treves. Elle eft avanta-
geufement fituée fur la Mofelle, au pied de trois
montagnes qui offrent des vignobles très-fertiles.
Elle a un grand débit de fes vins, vu leurs bonnes
qualités. On voit auffi aux environs des mines de
cuivre & de plomb.
BERNE ( Canton d e ) . Notre ob jet, dans cet
Géograpkie-Phyjique. Tome III.
article;, n'efl pas de faire conrtoître la- ville de
: Suifle la plus confidérable & la mieux bâtie ; mais
comme les curieux vont ordinairement de Berne
au Grindelwalci, j'ai cru qu'il convenoit de faire
connoître ici l’hid.oire naturelle du pays intermédiaire
entre Berne & le Grindelwald. Il n'y a guère
de pays, plus fatisfailant à voir par ,1e nombre de
chofes intëreffantes & Impubères qu'il renferme. 11.y a peu de choies à remarquer julqu'à Thun. Le
pays eft bien cultivé, & les cultures font entrecoupées
de prairies & de bois. Le fond de ce terrain
eft de galets ou pierres roulées par la mer. Il
y en a des maffes qui font corps, & où les. galets
font fortement agglutinés enfemble au moyen
d une baie de fable & d'un gluten calcaire. Ces
ségrégations qu poudingues fe nomment nagelflue
dans le pays.. Les petites montagnes qui font à
droite & à gauche du chemin, font fabloneufes
& intértffantes par la quantité de grandes huîtres
& d’autres coquillages fofliles qu’on y trouve. A
quelque diftance de Berne on côtoie la rivière
d'Aar jufqu'à Thun B où elle fort du lac de Thun,
fur lequel on s'embarque pour éviter les mauvais
chemins qui ne peuvent fe faire qu'à cheval, &
qui obligent à de.longs détours.
À une lieue fur le bord du lac qui eft à droite,
on voit le débouché du canal fouterrain qui a été
! coupé dans la montagne pour faire entrer dans le-
: lac leiKander, torrent qui-dévaftoir un grand pays
avant de fe réunir à l'A ir au deftous de ThunlUn
grand nombre de maifons ifolées & quelques villages
couvrent les coteaux de la gauche i des vignes
font au deffous d'Oberhofen, &c de hautes mon-;
tagnes, auffi calcaires, font derrière. Les montagnes'de
la droite font plus élevées : il y a des bois
& des pâturages fur leurs croupes, dont les pentes
font rapides. Plus avant, des rochers fort hauts &
à pic, dofltles couches calcairesTont inclinées de
douze degrés environ. On trouve enfin, à gauche,
un promontoire j c'eft le commencement du Bat-:
tenberg qui avance dans le lac. Il s'en précipite
une calcade qui vient d’une grotte qui eft au def-
fus, & qui offre un grand nombre de ftalaSitc-s.
On débarque :à Neuham, fur un terrain exaéte-
ment nivelé, & qui eft d'une bonne dtini-lieue'
jufqu'à Unterféen.il eft encore marécageux & peu
propre à la culture ; ainfi ori n'y voit que des pâturages
qui font de bonne qualité.
Il paroït que le lac de Brientz a été digue par
les matériaux que lès torrens qui defeendent du
Grindelvrald ont dépofés dans cet endroit, & y
ont formé un aterriffement fort large, au milieu
duquel il ne s'eft corifervé que l'écoulement de la
rivière, qui eft le trop plein du lac. On y reconnoît
encore bien fenfiblement, le travail de l'eau tor-,
rentielle.
Derrière Unterféen, des rochers à pic s’élèvent
à-une grande hauteur; c’eft une mille calcaire
nommée le Harder, dont les larges couches incii-
Q