
la bordure de l’amas des huîtres à Soulaines, à
Vendoeuvre, à Fouchères, à V a ffy , tec. forment
des couches à fentes irrégulières , qui ne font
point en lignes droites, parce que les débris de la
deftruélion des huîtres étant groflîers, ils'ne fe
font pas arrangés par bancs bien lité s } te d’ailleurs,
les intervalles terreux qui auroient pu contribuer
à leur réparation fuivie , ne s’étant pas
diftribués régulièrement entre les mafles formées
par ces débris, ces fortes de dépôts bruts que j’ai
été fort à portée d’ obferver fouvent, m’ont donné
la première idée des couches de la Terre par
rognons.
Ces maflifs m’ont d’ ailleurs prouvé qu’il n’y
avcit de couches 3c de lits bien continus , bien
réguliers, que logique les réfultats de la dicom-
pofition des corps matins ont éprouvé une com-
nninution allez grande pour former une pâte fine
& égaie, fufeeptibie d’être diftribuée régulièrement
par couches. Mais fi la pâte eft groflière,
quoiqu’il s’ y trouve parmi un mélange de débris
de petites coquilles d’ une nature différente des
huîtres, cette afiociation d’élémens difparates formera
pour lors des couches dont les feparations
n’étant ni nettes ni horizontales, la fuperficie de i
ces lits ne fe trouvera pas dans les mêmes plans :
ils ne doivent prefenter les mêmes réparations bien
fuivies, qu’entre des portions de la maffe d’ un
même l i t , qui font enveloppées par des marnes
ou par des argiles. " , ’ ' : '■ #l/ !
C ’eft ainfi que ces dépôts de la mer, moitié
terreux, moitié pierreux 8c folides, peuvent s’exploiter
par rognons ou par fragmens irréguliers.
C e que j’ ai dit du principe de la réparation des
couches entr’elles, je le dis pour lors des parties
d’une même couche, quant à leur défunion & à
la facilité d’en débiter les parties dans les fouilles
qu’ on y fait. Ces diftributions du principe hétérogène
terreux, argileux, & c . entre les rognons
de divers volumes qui ont pris confiftance comme
débris de corps marins, font affez communes dans
les rochers de la bordure de la pierre dure , parallèle
à celle de la craie. Il eft vifible que çês rognons
n’ ont pu faire corps enfemble , 2f caufe
de l’ interpofition des matières hétérogènes. Les
rognons font un cas qui complète la théorie des
circonftances qui ont contribué à la deftruétion
des couches de la terre. A mefure qu’on quitte
cette bordure & qu’on s’approche des maflifs
intérieurs où les familles des coquilles foflïles
font de nature à donner des débris plus petits, les
pierres font mieux li té e s ,& réparées par de larges
faces , parce que les matièies hétérogènes ter-
reufes ont été diftribuées aufli plus facilement &
avec plus d’ordre ; mais fitôt que ces gros débris
reparoilient tels que font des morceaux d’huîtres,
les lits deviennent irréguliers ■> te parfemés, de
‘ veines terreufes diftribuées fans aucun ordre fuivi;
en forte qu’on peut facilement reconnoître partout
le principe de la diftin&ion des couches par
la réparation'des rognons, au milieu defquéls ce
principe a reçu différentes modifications : il fuffit
de fuivre, dans les environs de Bar-fur-Aube que
je viens d’ indiquer, les larges coupures des car-^
rières , pour être convaincu de ces vérités , qui
n’ont point été connues jufqu’à préftnt des natu-
raliftes. -
Ces mélanges des principes terreux avec les
rognons calcaires fe trouvent furtout lê long des
limites de l’ancienne & de la nouvelle terre : e’ elt
là où le principe terreux, d’abord feul & fura-
bondant, diminue de proportion avec les débris
des coquillages ; enluite on retrouve'ces débris
tellement abondans, qu’ils forment, par leur accumulation,
des couches épaiffes, au deflus te au
defious defquelles les fables & les prineipes ter-
i reux ne fe montrent plus que par lits peu épais,
mais bien fuivis.
Si nous paflons maintenant aux formes du terrain
te aux vallons, nous verrons que ce n’eft pas
feulement dans la craie que les vallons ont des
bords fort inclinés ; car fur ces limites les vallons
ont une forme évafée , de telle forte que les
deux croupes de deux vallons voifins & parallèles
fe réuniffent pre fqu'au point de partage des eaux,
qui en conféquence ont peu de largeur. Cettè
conformation a lieu aufli dans l’amas des huîtres.
Lorfqu’on a bien étudié ce qui conftitue cet amas,
il eft aifé d’en trouver la caufe; car l’amas des
huîtres étant compofé de plufieurs couches dè
pierres peu fuivies & diftribuées en grande partie
par rognons, il eft aifé de voir que ces couches
font alternativement féparées par des lits
d’argile, de terre marneufe te de fable. L’eau
pluviale torrentielle , comme l’eau intérieure des
iouvees, en conféquence de cette difpofition, a
tourmenté avec une grande facilité la partie fu-
perficielle de ce fo l, foit en pénétrant à travers les
interruptions fréquentes des lits de pierres te de
rognons, foit en circulant à la furface, te entraînant
les terres & les débris des pierres lorfqu’ elles.
ne peuvent pénétrer dans l’afiemblage des lits.
Ainfi le travail l e l’eau circulant dans ces deux
cas, a dû évafer, ainfi qu’elles le font,des croupes
des vallons au milieu d’un maflif pareil à
celui que nous venons de décrire. Pour que les
bords des vallons aient pris cette difpofition , il
-fuffit que ceux des ravines ébauchées par les eaux
courantes en maffe fe foient éboulés facilement.
O r , c’eft ce qu’on remarque, te ce qui doit arriver
tous les jours dans l ’épaiffeur d’un affemblag©
de couches mis à découvert, compofées de terres
mobiles, aifées à s’ imbiber d’eau , te de pierres
divifees en rognons : c'eft la fuite de ces appro-
fondiffeméns te de ces‘ éboulemens qui a donné
lieu à l’évafement des croupes des vallons qui:
font creufés dans l'amas des huîtres, & qui né
fon t, à le bien prendre, que le réfultat des ravines
multipliées & fucceflivés, aulfitôt détruites
que- formées i ce fontles différens filets d’eàtr
produits des fources ou des pluies, qui, à force
de fe balancer en difrérens-fcns, ont produit cés
excavations étendues , qui étonnent les naturalif-
tes peu inftruits & peu capables de remonter juf-
qu à l’origine de ce travail important, & d’en
faifir les progrès te la durée.
Dans le c o s , au contraire, la forme des vallons
diffère comme le maflif au milieu duquel iis font
creufés j car ce maflif a plus de confiftance te
de folidité que celui de l’amas des huîtres. Les
vallons font encaiflés, & leurs croupes prefque
perpendiculaires à l’horizon , depuis les bords lu -
périeurs jufqu’au fond des vallons : ce font de
grandes ravines qui ont confervé les efearpemens
de leurs bords, 8e qui n’ont éprouvé que très-peu
d’éboulemens irréguliers. Entre les vallons qui fe
trouvent dans les c o s , on voit ordinairement de
grands & larges plateaux qui' fervent à féparer
leurs bords prefque verticaux. Dans l’amas d’huî-
trés , la pence te l’ inclinaifon des croupes font
que les arêtes fupérieures ont très-peu de largeur,
& fe réduifent même quelquefois à un fimple ados
qui verfe les eaux des deux côtés. ( Voye[ L'article
V o i r e , rivière. ) On pourra prendre
dans les différentes fuites de fes vallées, une idée
précife de l’hydrographie de cette contrée, te
furtout relativement à la confiitution variée de
fes fols, car ils offriront tous cts détails intérel-
fans.
Bar-SUR-OrnaiN , ci-devant Bar-LE-Duc ,
ville du département de la Meufe, fur la petite
rivière d’Ornain. Elle eft fituée au penchant d’une
colline', à trois litues & demie nord-eft de Ligny.
Les bois forment dans ce pays une branche de
commerce confidérable : on y travaille en particulier
le bois de Sainte-'Luçie. C'eft aufli près de
là que l’ dn conftruit des bâtimens quijervent à la
navigation de la Marne, & qu’on nomme marnais.
Il y a àtiflî aux enviro ns , beaucoup de forge $
©u fe travaillent les mines de fer nombreufes qui
s’ y trouvent difperfées, ainfi que des amas de co^
quilles fofliles très-curieux , qui rendent encore
c'étte Contrée,inréreffante. Enfin , je dois parler
ici des eaux minérales.
. C ’ eft dans ces vues que je crois devoir placer à
h fuite de Bar-fur-Ornain ,\e village d’Attancouh,
püx enivirons duquel ou trouve une fontaine minérale
ü connue depuis plus d’un fiècle par les bons
effets qu’en ont obtenus les perfonnes travaillées
de la grave lie. Elle a fon écoulement dans la
plaine ,: à environ-dix verges de la rivière de
Blaife. Le baflin de cette fontaine a quatre pieds
en carré, & la'fource dorihe de i ’eau' par un jet
qui à la groffeur du bras.: Ce baflin eft toujours
plein , foit en hive,r ,,foit en été ; l’eau eft froidè ,
claire & légère ,'d?ufîè faveur un p'éu:aigrelette &
àftiingenfe. Un grand nombre de1 médecins de
cette çohtrée dé là Champagne font de pompeux
éloges de ces eaux te dé leurs propriétés, qui les
leur font préférer aux eaux de Forges te de Pafly.
Il y a encore au milieu du bois de Marne, à une
lieue cYAttancourt , une autre fource qui porte le
nom du bois, te qui eft fortement ferrugineufe ;
aufli coule-t*elle fur des mines de fer. Elle eft raf-
fraîehiffante & apérïtive. À la même diftance d'At-
tancourt, dans un endroit nomméMarna lie} eft
une troifième fource d’eau minérale, qui eft fa-
voneufe , & ne diffère èflentielkmert de celle
d’Attencourt's qu’en ce qu'elle eft moins ferrugi-
neufe & un peu plus chargée de félénite.
Bar-sur-Sfine , ville du de'partement de
i l’Aube , fur la Seine. Le territoire de cette ville
étoit connu dès le huitième fiècle fous la dénomination
de Pagus parrifus. Son commerce confifte
principalement en vins. Il y a près de Riel-les-
Eaux une mine de fer & une carrière de marbre.
Le terroir eft parfemé de collines nombreufes.
| C ’ eft dans cette cor fréé otue fe trouvent les carrières
n pierres plates qui ont fourni les matériaux
; primitifs des graviers que la Seine à charriés & dé-
pofés le long de l’on lit, & même tranfpottés abondamment
dans les plaines au deflus te au de (fous
de Troyers , au deflus & nu defious de Nogem , te
dont l’ on trouve quelques amas même aux environs
de Paris. On les-reconrtoît ailément lorfqu’on
a fuivi les dépôts de la Seine , fur une certaine
étendue de fa vallée. (Voye% les articles Graviers
plats calcaires ; & Seine.) C ’eft dans
la correfpondance de ces mêmes couches & leur
prolongement que traverfent les rivières d’Aube
& de Marne , que ces eaux courantes ont fencon-
tré les matériaux de femblables graviers , qui font
aufli dépofés le long de leurs cours & à mêmes
niveaux. Nous les avons indiqués dans la deferip-^
tion de ces vallées.
BARBADE (Jfle de). M. Richard Ligon, qui a
rédigé une relation d’un voyage à la Barbude il y a
plus d’un fiècle, rapporte que l’humidité de l’air
y étoit fi confidérable, qu’elle faifoit rouiller dans
un inftantles couteaux, les clefs, les aiguilles, les
épées; tec. Il obferve, par exemple, que fi l’ on fai—
foie gaffer fon couteau lur une meule pour en ôter
la rouille , te qu’on le remit dans fa gaine, on
trouvoit, après un très-court intervalle, qu’ il
avo.it commehcé à fe couvrir de -tous cotés d’une
nouvelle rouille, te- quë, fi on laiflbit gagner cette
rouille , elle périétroit dans l’acier & dans le refte
<îe la lame'. Il ajoute éneore que les ferrures qu’on
laiffoit en repos fe roiiilloient tout-à-fait, te au
point de ne pouvoir plus fervir j que les horloges
& les montrés-n’y alloient jamais bien à caufe de
là rouille. 1F attribue cette rouille à l’humidité
extraordinaire.qui regnoit dans l ’air à la furface
de cetteffevIl :p;aroît aufli qUé l’ air dé la mer, qui
environne cettèiîlé:,réfV éneotè une ciféônftancè
qu’il.faut réunir ?' l’aétion des- vapeurs aqueufes ;
te ce qui le prouve-d’une-manière inconteftable*,