
ne viennent que de fondre, cette fontaine coule
environ l’efpace de quinze jours, & s'arrête.régulièrement
trois fois le jour, vers la pointe au jour/
fur le midi & à la nuit. Son flux eft pouf l'ordinaire
de trois quarts d'heure, un peu plus, un peu
moins, & alfez abondant pour remplir un réfer-
voir en carré qui a dix ou douze-pieds de largeur
ou environ, & autant de profondeur. Après les
quinze premiers jours fon cours commence à n’être
plus fi réglé ni fi abondant, & enfin, après ün mois
ou environ, elle s'arrête tout-à-fait, & ne coule
plus le refte de l’année, fi ce n'ell pendant quelques
grandes îk longues pluies qu'elle coule fans
cefle & fans règ le , comme les autres fontaines.
D’après ces détails on v o it , au premier coup-
d 'oe i l , que cette fontaine eft maiale intermittente,
c’eft-à-dire, quelle ne coule qu'au mois
de mai à la fuite de la fonte des neiges, & qu'elle
eft alors périodique intermittente. On peut voir
dans Bernier même, au lieu c ité , ce qu'il ima-
ginoit pour tâcher de rendre raifon des propriétés
de cette fontaine ; mais je crois qu’ il eft plus facile
de les expliquer par le méeanifme que nous avons
établi pour les autres fontaines de la mêmeefpèce,
& furtout pour celle dé Belefta.
La vallée ou la contrée de Cachemire eft. célèbre
par la beauté de fa fituation, par la fertilité de fon
fol & la température de fon atmofphère ; ce qui
s'explique aifément quand on confidère que c'eft
une vallée élevée & d’une grande étendue, environnée
de montagnes efcarpées qui s'élèvent au
deffus de la région des neiges, & que fon fol eft
formé du limon d’une rivière principale qui raf-
fembloit lès eaux en la c , & qui couvroit la vallée
jufqu’ à ce quelle s'ouvrît un paftage à travers les
défilés des montagnes, & qui lai doit cette terre
fèrtilifée à l'induftrie de l’efpèce humaine.
Quoique cette affertion ne puiffe être appuyée
par des témoins oculaires, cependant I’hiftoire &
la tradition , & , ce qui eft encore plus, les apparences,
ont convaincu de cette vérité tous ceux
qui ont vu & obfervé cette vallée. Différens auteurs
varient dans l’étendue qu'ils donnent à cette
vallée, mais M. Fotfter, qui eft fort exaét dans
fes obfervations, lui donne quatre-vingts milles
de long & quarante de large, & affure qu'elle eft
d'une forme ovale.
Je fuis loin de douter de la tradition à l'égard
de l’exiftence du lac qui couvroit la vallée de
Cachemire ; l’apparence feule m’en convaincroit
fans tradition & fans Thiftoire. C ’eft ainfi que je
conçois l’économie de la nature dans les cas où
les eaux d’une rivrère font renfermées, dans quelque
partie de leur cours, par des terres élevées.
Il en réfulte d’abord la converfion du terrain renfermé
en lac; & fi cela arrive près de'la fource
de la rivière & fur un terrain folide, ce lac .demeure
lac pour toujours, la rivière n’ayant pas
affez de force , dans ce foible éta t, pour fe frayer
jin paftage à travers les montagnes. De là vient
qu’on trouve plus de lacs près des fources des
rivières, que dans les parties baffes de leur cours.
Si la rivière eft renfermée après qu’elle a acquis
un grand volume d’eau & conféquemment beaucoup
de fo rc e , elle formera à la vérité un lac
comme dans le premier cas, mais avec le téms le
lieu où la rivière couloit, fera rempli ; cè qui eft
arrivé à la rivière Chelum, qui a donné naiffance
à cette vallée. L'Euphrate s’ouvre de la même
manière un paftage à travers le mont Taurus, &
le Gange à travers le mont Imaiis. Il paroît que le
lac du Chelum a exifté affez long-tems pour cte-
pofer une grande quantité de limon avant que
l’eau s’en écoulât. L’hiftoire de Cachemire nomme
ce lac Sutty-Sirr, & ajoute que Kushup conduifit
une colonie de Bramines pour habiter la vallée
après que l’eau fut écoulée. Cachemire eft la province
frontière de l’ Indoftan, vers la Tartane &
le Thibet.
CACH ÉO ( Banc de ) , banc de fable qui couvre
l’embouchure d’une rivière d’ Afrique , qui porte
le nom de Rio San-Domingo, & qui eftfttué par
11 deg. de latitude N . , & 3 deg. de longitude E.
' C AD IAC , village du département des Hautes-
Pyrénées , canton d’Arreau , fur la Neftë. Dans la
vallée d’Aure, au pied de la Houfquette d’Arreau ,
on trouve deux fources d’eaux minérales, & à
Cadiac, une de chaque côté de la Nefte. L’importance
de ces fources, connues depuis plufiéurs
Cèdes , n’eft pas dcuteufe. Les eaux en font fortement
hépatiques, & chargées de principes qui
minérafifent les eaux de Barège, mais elles ne.
donnent aucun indice de chaleur. Cependant les
obfervations des médecins ne laiffent aucun doute
fur leur grande efficacité dans le traitement des
maladies de la peau & des fuites de bleffures. On
y a formé un petit établiffement provifoire en
faveur des défenCeurs de la- patrie. Il eft certain
que ces eaux font fufceptibles d’ une grande amélioration
, & qu’en les pouvfuivant plus avant dans
! les roches on parviendroit à les obtenir chaudes.
Dans le terroir de Cadiac il y a des bancs de
fchiftes qui ne fe divifent pas par lames minces^
Entre Cadiac & Arreau on trouve des pierres calcaires
de l’efpèce de marbre gris : il y a encore
du marbre gris à une petite diftance fud de ce
village.
CADIÈRE (Forêt des Planes de ) , dans le département
du Va r, arrondiffement de Brignoles.
Elle a , de l’oueft-fud-oueft à l’eft-nord-eft, quatre
mille quatre cents toifes de long, & environ quinze
cents toifes de large.
C A D IL L A C , ville du département de la Gironde
, arrondiffement de Bordeaux, & à deux
lieues fud-eft de Langon. A quelque diftance de
Cadillac il y a une fontaine au fond de laquelle on
en trouve fouvent du mercure coulant : il y a d’ ailleurs,
dans cette v ille , des fabriques de bas affez
eftimées.
C A D IX , ville d’Efpagne, dans l ’Andaloufie,
fituee dans une petite île , à dix-huit lieues de
Gibraltar. Les Anciens l’ont nommée Gades. Cette
ville eftfune des plus commerçantes de l'Europe.
L ’île fur laquelle Cadix eft fituée, produit peu de
blé; mais la vigne qui y cro ît, donne d’ excellent
vin. Elle offre quelques pâturages, & du coté du
port il y a beaucoup de marais fai ans. La pêche
qu’on y fait, n’eft pas moins importante, furtout
celle du thon , qui a depuis fix jufqu’ à dix pieds de
long. Cadix a un circuit confidérable. C ’eft le lieu
où les étrangers envoient leurs marchandifes qui
paffent aux Indes occidentales. Le port eft protégé
par trois forts, dont l’enceinte eft à peu près
de cinq lieues. Au tems du reflux une bonne partie
fe trouve à fec. On ne peut en approcher du côté ’
du fud, parce que les côtes font élevées & taillées
à.pic". Dans la partie feptentrionale, les bancs
de fable & les rochers à fleur d’eau en rendent
l’abord très-dangereux.
Vers la pointe du fud-fud-oueft il règne une
chaîne de rochers, dont une partie eft couverte
lorfque la mer eft haute. Le côté de la langue de
terre, qui eft le feu! endroit abordable, eft défendu
par plufiéurs ouvrages : outre cela, il y a un
fort fur le promontoire Saint-Sébaftien. Les prétendues
colonnes d'Hercule qui doivent fe trouver
à la tête de la langue de terre, ne font que des
tours rondes de maçonnerie ordinaire.
CAHORS. Dans la Carte de France de Cahors, .
N°. 36 , on trouve un ru-iffeau qui fe perd , & un
vallon fermé. s
Le ruiffeau de la ferme Bellefon fe perd dans
un vallon ouvert ; ce ruiffeau a quatre cents toifes
de longueur ; il fait tourner un moulin au fud de
la paroifle de Valroufie.
Le vallon fermé eft auprès de la paroiffe & du
bourg de Beau regard.
CAIL LOU : mot fort v ague, dont le vulgaire
& quelques naturaliftes fe font fervis pour défî-
•gner plufiéurs pierres différentes, & furtout des
pierres qui font mobiles & ifolées. Il feroit bien
utile d’écarter du langage ordinaire des favans de
ces mots vagues, comme rocher, caillou, On feroit
tenté de demander à un grand écrivain, lorsqu'il
parle du caillou, de nous le définir d’ une
manière claire ,& prëcife; car il défigne le caillou
comme réfultat de plufiéurs opérations de la nature
, & relativement à la tranfmutation des pierres
, fans nous donner aucune idée de ces opérations,
fans nous indiquer les moyens de les fuivre.
On entrevoit quelquefois que ces cailloux font des
filex tirés de la craie, & qui s’en dégagent à mesure
que la craie fe détruit. Sur quelle fuite de
Géographie-Phyjique. Tome 111*
faits & d’obfervations nous dit-on que la nature
fait voir tous les jours, à l ’obfervateur attentif,
ce changement de fable & de caillou en argile ?
Quel eft ce caillou, & où fe trouve-t-il ? Veut-on
parler de ces filex qui font épars çâ & là fur 1^
craie, dont la fuperficie eft toujours très-blanche,
tandis que le côté oppofé qui touche la terre conte
rve fa couleur naturelle? On prétend qu’ il eft
aifé d’y reconnaître le caillou qui s’altère, fe dé-
compofe, & tend à reprendre la forme & les propriétés
de l’argile. Que d’affertions hafardées fous
ce mot vague de caillou ! 11 y a des tranfmutations
dans la nature, où l’ on voit 1 état de certaines pierres
changer; mais les progrès font marqués, &
les ré fulrats aufli nombreux que certains. Le caillou
de M. de Buffon eft le plus fouvent un filex imparfait
de différens âge s, &,qui n’a pas acquis un
degré complet d’infiltration.
Je n’entends pas mieux cette autre affertion,
que le talc eft un terme- moyen entre le verre ou 1 e caillou transparent & l ’argile, au lieu que Je
caillou grojfier ou impur , en fe décompofant, paffe
à l’argile fans intermède. Dans quelle partie du
Monde tous ces miracles s’opèrent-ils? Dans celle
apparemment où l’on emploie le mot caillou fans
autre explication.
Lès cailloux de Médoc, du Rhin, de Cayenne
font des ciillaux de roche ufés , polis-& arrondis
par les eaux.
§. Ier. Cailloux des rivières.
J.e ne ferai mention ici que des efpèces de
pierres tranfparentes de la nature du criftai de
roche, que l’on trouve parmi les matières tranf-
portées & dépofées par les eaux des fleuves &
des rivières, & qui reçoivent un beau poli : tels
font les cailloux arrondis de Médoc en Guienne ;
celui du Bas-Poitou, appelé pierre de Camberlany le
caillou ovale du Rhin ; le caillou de Cayenne : ces
fortes de pierres ont été ufées & arrondies par les
vagues de la mer, qui a occupé les golfes au milieu
delquels coulent les rivières qui nous ont
charrié & dépofé ces cailloux roulés. On aaroit
grand tort d'attribuer ce poliment des cailloux de
certaines rivières aux eaux courantes de ces rivières,
& au léger frottement qui réfulte de leur
tranfport. Il faut néceffairement y faire intervenir
l’aélion réitérée des vagues fur les bords de la mer.
§ . II. Cailloux roulési pierres arrondies.
J’ai faittrès-fouvent mention, dans les articles
qui ont pour objet la defcription minéralogique de
l’ Efpagne, des cailloux roulés , des pierres arrondies
, ufées & polies par les eaux. J’ai même indiqué
, lorfque je l’ ai fu , les matériaux de ces
cailloux roulés qui font quelquefois de différente
nature , comme quartz , granits , ferpentines ,
fchiftes, pierres calcaires à grain fin, marbres,