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B A L
granit en place, paroît être le point d’où l’on peut
préfumer que les mafles décachées font parties :
c'.eft le gîte le plus occidental.
Dans la partie orientale,.la deftruétion ne peut
aVoir eü lieu qu'à la hauteur de la Finlande. Les
mafles y font trop greffes & en trop grande quantité
, pour avoir été déplacées & transportées pendant
un certain trajet. î
On prétend, à la fuite de tous ces faits, que les
morceaux de granit n’ont été tranfportés en Weft-
phalie qu'ayant la formation de la Baltique. Il eft
vrâiVque , fi l’origine dvS granits eft à l'eft & au
nord de la Baltique, & qu'ils fe trouvent placés &
dépofés le long des côtes méridionales dë fon
bafîîn adtuel, il eft néceiïaire que ces granits aient
franchi toute fa furface pour arriver à leur gîte :
leur tranfport doit donc être antérieur à Fagp.ro-
fandiffement du baflin de la Baltique. ( .
Cependant, quelque hypothèfe qu’on adopte
relativement au tranfport des granits, il faut avoir
recours à l’eau;courante, continue & abondante,
qui a fait .enfuite la Baltique il y avoit donc, une
eau courante , & un vafte lit à cette eau. C ’eft
dans ces vues que nous donnerons la defçiiptiop
du fol qui fe trouve le long de la côte méridionale
de la Baltique & les pays adjacens. Par les dernières
recherches qui ont été faites, on a trouvé fur ces
côtes le même fable granitique, & des blocs de
granit ifolés & difperfés comme on en voit entre
Oldenbourg & Hambourg.
Bajfîns terreftres dependans de la Laponie 6* de la
Finlande.
Toutes les eaux dont le cours eft figuré, fur les.
Cartes de Danvilîe, dans l’ intervalle des terres
qui fe trouvent entre le golfe de Bothnie, la Mer-
Glaciale & la Mer-Blanche , m’ont paru pouvoir
fe réduire à trois clafîes d'abord aux eaux courantes,
dont les unes affluent aux golfes de Bothnie
& de Finlande j & les autres à la Mer-Glaciale &.
à la Mer-Blanche, auxquelles on peut ajouter; les3
grandes rivières qui fe jettent dans cette dernière
mer. Les eaux qui affluent dans le eul-de-fae arrondi
du golfe de Bothnie, ont des canaux fort étendus
& fort nombreux. Très-peu-font interrompus par
des groupes de lacs fi communs dans quelques
autres. : r
La fécondé diftribution.des eaux de cette fingu-
lière contrée du Nord eft celle qui fe porte dans
les deux lacs Onega & Ladoga.
Enfin, la troifième dalle renferme toutes les
eaux difperfees, fans ordre , dans des lacs entie
ces deux, premiers fyftèmes qui ont des égouts
déterminés. Ce font k s produits des fources fem-
blarbles à celles que nous avons décrites ci-devant
eu Scandinavie. Ces lacs font a la tête des flaques
d'eau vagues , ou d;«vs le cours des rivières qui
n'ont pas des directions & ne fuivent pas des
pentes bien déterminées. Je pourrois joindre à
ceçte clafle les nombreux lads de la contrée maré-
cageufe de la Finlande.
11 refteroit maintenant‘à faire connoître la conf-
titution du fol de cette contrée d’où fortent d s
fources auflî multipli-jes dans l'enceinte des golfes,
& qui reçoit & conferve les produits de ces fou rces
dans des lits vagues. Nous favons, il eft vrai, qu’il
s’y trouve des blocs de granit , très-gros & allez
nombreux, difperfés & ifolés à iaTurfacé de cette
contrée dont l'hydrographie nous a occupés ; ce
qui nous annonce en même'tems lïs effets d’ une
certaine révolution qui paroît avoir embrafifé toute
l’étendue du baflin maritime de la Baltique ôc de
Tes golfes, ainfi que lès enceintes ou baffins terreftres
: c'eft à quoi il faut toujours revenir.
Je vois que, pour avoir l ’explication & le dénomment
de deux phénomènes que nous offrent
les' baflin s maritimes & furtout terreftres, il faut
étudier leur.marche & le travail des eaux fur leurs
; bords] C ’eft là qu’on voit les blocs de granit dif-
perfes à la furfacé des baffins terreftres , & arrondis
par les vagues j c ’eft là qu’ on remarqué les ha fs
qui nous font comprendre comment ont pu fe
former les digues des lacs , dont la plupart occupent
les canaux des rivières qui auparavant cou-
loient, avec liberté &. fans interruption, dans les
baffins maritimes. Cés faits, & beaucoup d’autres,
nous font connoître que les baflins terreftres ont
éprouvé dé.grands cnàngerhéris ou révolutions,
puifqu’ ils ont atteint, par leurs limites, les gîtes
des lacs dont nous avons parlé, ainfi que ceux
des blocs roulés & arrondis par les flots, & que
depuis ces événernens ces limites ont été tranf-
portées dans l’état & la fituation où nous les trouvons
aétuellemenr. Nous avons été bien aife de
rapprocher ici tous ces faits, que nous avons pre-
fèntés en détail dans plufieurs autres occafions..
Bajjins terreftres de la Baltique & du golfe de Bothnie ,
limitrophes de la Laponie & de la Suède.
D ’après l’examen d’ une Carte de la Scandinavie,
qui me paroît rédigée avec une grande intelligence
, je fuis convaincu que l’hydrographie de
cette grande contrée ne s’y trouve pas diftribuée
fur le même fyftème que celle des contrées vo i-1
fines du centre de l’ Europe. Les eaux courantes
trè's-multipliées ont pour origine des fources qui
n’ont: pas des difpofitions uniformes & régulières.
Outre ce la , la marche de cés eaux ne 'paroît pas
affujettie à des vallées principales & latérales ,
ramifiées comme dans les autres provinces.
D’ ailleurs , ces eaux s’ y raflemblent aflez fou-
vent dans des égouts nombreux', qui n’offrent
aucune formé régu ière. Les lits des premières
eaux courantes.ne font fouvent que des filets qui
n’éprouvent aucune fuite d’accroïffement, & cependant
.parcourent un trajet de plufieurs lieues.
Je 'perfifte donc à croire que le fol de cette
contrée ’étoit d’une conflitution particulière &
fingu’ iérement variée, fi l’ on en juge.d’après, la
diltribution des eaux & les différences de leurs
Cours. I c i, je le répète, ce font de fimplès filets
d’eau qui ont çpôur origine certains groupes de
montagnes, & font renfermés dans des vallées
fort étroites & fouvent très-alongées, jufqti’ à ce
qu'ils ioient réunis à des lacs fitués fur les bords
ne la mer Baltique. Ailleurs, & à fiez près de ces
filets d’ eau , font dés lacs ou flaques d’eau fort
âlonges dans la direction des filets, & qui font
groupés quelquefois avec d’ autres flaques d’e'au.
Enfin , tous ces cours d’eau font liés enfemble
fans aucune fuite régulière &r uniforme. Je dois
remarquer qu’il y à entre la mer du Nord & le
goife de Bothnie, deux pentes qui déterminent la
marche des eaux courantes dont je viens de parler,
& que la plus longue eft celle qui verfe dans le
golfe de Bothnie, & la plus courte dans la mer du
Nord $ en forte que la ligne de partage de ces
èaux eft beaucoup m-. ins voifine de la mer Baltique.
Je ne puis omettre de dire que les deux lies-de
Vettern & de Verhern font entourées d’un grand
nombre de lacs où les eaux réfident en grandes
mafles, le fq a el l es' ont très^peü d'intervalle entre
elles, comme on en voit dans le voifinage de la
ligne de parcage des eaux, qui préfente une chaîne
de fommets pointus donnant naiffance à de nombreux
filets d'eau ou à des rüiffeanx fort étroits.
Je dois obfcrver qu’ aux environs de Stockholm
&r autour 'du golfe où cap de Chriftiania on voit
de femblables diftributions des eaux, foie courantes
, Toit ftagnantes.
J’ajouterai ici que les chaînes de montagnes qui
dopnent iffue aux eaux fur les pentes dont j ’ai
parlé, ont une alluré qui a toujours la même clitec-
tioti. Cependant de grandes fuites paroi fient modifiées
par les bords de la mer du Nord, ou fe
trouvent des lacs nombreux qui s’étendent à._une
grande profondeur dans les terres.
D un autre c ô té , lés chaînes de montagnes qui
Te rapproche rit du golfe de Bothnie, offrent, dans,
les baffins terreftres qui en occupent l’ intervalle,*
tout ce que la rctraké des eaux du golfe & de la
Baltique ont du y produire d'anomalies fur leur
diftiibution , anomalies que nous avons efiayé de
faire connôîrrë , dans toute leur étendue , comme
phénomènes tenant aux Médirerranées qui. nous
occupent.
Bafi.ts terreftres. .
. ^s jrev’ens * Copenhague. Depuis cette capitale
jufqu à Hambourg , ce grand fait d'hiftoire naturelle
continua fans cefle à m’occuper. En fortant
fte Hambourg , je pris ma route du côté d’Hanovre
pour obférver les limites dés granits ifolés
& rqu es. A une.certaine diftance , les granits ne
paroiflojent plus que de loin en lo in , en petite
quantité, & fous un volume, moins confidéra-
ble. Entre Hanovre & Gcettingue, & depuis
.G oet tin g ne jufqu’à la Heffe, c’ eft un ordre de
chofes entièrement different. C ’étoit dans une
époque où je venois de découvrir le b a faite, en
Auvergne, comme production volcanique : je reconnus
qu'il fe trouvoit partout j que les chauffées
enétoient conftruitesj qu’une infinité de prif-
mes & de fragmens de prifmes figuroient dans des
ras de matériaux placés de droite & de gauche
des chemins, & deftinés à leur entretien & à leur
réparation ; ce qui me difpenfoit de les aller re-
connoître à leurs gîtes primitifs.
Dans cette courfe j'ai obfervé auflî, & avec la
même attention , que les fables granitiques du
Holftein me conduifoient j.ufqu'à Hanovre » &
d’ailleurs, j'ai plufieurs raifons de croire que toute
la plage qui entoure la mer Baltique vers le Aid,
ën'eft couverte.
En quittant la Hefle, j’ ai traverfé une partie de
la Saxe pour nie rendre aux environs de l.eiplick;
mais dans ce trajet je n'ai rien rencontré d’inté-
rêflant, relativement aux baffins terreftres de la
Baltique. ‘
Auffitôt qu'on arrive en Pruffe, la fcène change ;
ce n'efl p'ius qu’une vafte plaine couverte de fable
p ur, de quelques lignes de terre végétais, de
grandes forêts de fapins, & de gros blocs de
granit roulés, épars & ifolés dans toute l'étendue
de cette vafte plaine. La conformité de ce fol avec
Ce que' j'avois vu en Danemarck, en Suède , en
Holftein, attira de nouveau mon attention. J’examinai
la nature du fable, & , le trouvant un mélange
de feld-fpath , de quartz & de mita, je ne
doutai plus qu’il ne dût fon origine à de grands
blocs de granit réduits à cet état d’extrême rlivi-
fion par une caufe quelconque. Je penfai même
que cètte immenfe quantité de fable, ces malîes
de granit ifolées, pouvoient bien n’être qu’un feul
& même fait, & deux circonftancès d'une feule
opération de la nature qui avoit eiubrafle la Pruffe,
le pays d’Hanovre, le Holftein, lé Danemarck, h
Suède, & fans doute auffi le terrain intermédiaire
de la Poméranie fuédoife & du Meckienbourg. La
queftion n’étoit plus que de connoître cette.caufe
& , s’il étoit poiïible, de déterminer les limites de
fon aftion. Il étoit naturel de penfer que ,1a mer
Baltique jouoit un grand rôle dans ce travail, qui
étoit beaucoiip trop vafte pour de (impies eaux
Courantes fluviales. En faifant tes réflexions , j'en
approchqis ou. plutôt j’en parcourais les bords à
une certaine diftance , & la plage m’offroit les
mêmes phénomènes.
Dantzick étoit pavé de granit, & affis au milita
des fables- granitiques ; mais il falloit être au bord
même de !.. mer pour me confirmer dans mes idées
ou les rejeter. J’y arrivai, & je la côtoyai, depuis
Koenigsberg jufqu’ à Memel, fur une langue de
terre qui fépare la Baltique du Curifch-Haf. Cette
languë de terre eft du fable tout pur, que la mer
jette dehors de fon baflin. On y trouve auffi , de
diftance à autre, de groffes maffes de granit, dont