
depuis là la pierre calcaire devient blanchâtre &
fans pétrifications j feulement vers Rudnik on
trouve de l’ardoife, dans laquelle on rencontre du
véritable feldfpath. C ’eft le gncijfchiefer de Charpentier.
Cependant peut-être cet auteur fe trompe-
t - il, & n’y a-t-il de vrai gneifs que celui qu’on
trouve dans la carrière même, & le feldfpath n’ eft f>as une des parties continuantes du gneifs. D’ ail-
eurs, les divers auteurs nomment la même pierre
d’une manière différente. Ce gneifs eft vraifem-
blablement le faxum fornacum de Linné.
Dans le canton de Rudnik, les limites de la
chaux & de l’ardoife font parfaitement diftinétes
vers l’orient. Les montagnes calcaires ont une
chute de foixante-dix degrés fu d , vers l’endroit
de la vallée où commencent ces montagnes d'ar-
doife , de fable & d’argile. Avant d'entrer dans
les montagnes d’ardoife, on en trouve une près
le village de V o r le , dans laquelle on découvre du
marbre de deux efpèces ; le premier eft à peu près
femblable au marmor tardum 3 l’autre au marmor
falinum des Italiens. Le dernier eft beaucoup plus
compacte que le premier. On fait de la chaux très-
blanche de la première de ces efpèces j la fécondé
, réduite en poudre & femée fur les champs,
détruit la mauvaife herbe, peut-être tient-elle
d’un principe filiceux, & on le croiroit d’autant
plus qu’elle donne du feu , & qu’on doit regarder
comme un principe affuré, que jamais pierre calcaire
n’en donné. Il paraît que cette montagne
eft affez femb’able à celles de la Paleftine. Rn général
, le fol de la Paleftine reflfemble beaucoup à
c e ’ui de la Carniole , & en particulier l’Arabie
pétrée à la partie méridionale de ce duché.
Quant aux montagnes d’ardoife, elles font com-
pofées de plateaux plus ou moins épais de cette
matière : fouvent l’ardoife eft très-fabloneufe.
Elles font toutes fans péti ifications, & s’étendent
jufqu’à la ville de Lublanza ou Laybah, où elles
s’unifient à la plaine.
Par un canal qu’on a tenté de faire près- de la
ville de Laybah, on s’eft affuré que toute la plaine
qui s’étend du côté du nord , & qu’on nomme
kamnitupôle ( champ pierreux) , eft en effet com-
pofée de cailloux de rivière , pareils à ceux qu’on
trouve dans la Save , & qui prennent leur origine
dans les Alpes. Ainfî ces cailloux n’ont pu venir là
que par une rivière, & il eft clair que la Save a
dû paffer anciennement devant Laybah , & former
avec la rivière de Lublanza ou Laybah, une
péninfule. Au refte, on trouve de pareils cailloux
dans toute la Carniole feptentrionale.
En continuant l’excavation de ce canal, on
parvint à la montagne fecondaire, fur laquelle le
château de Laybah eft bâti : on trouva de l’ardoife
& des débris de rochers à une grande profondeur}
mais à peine eût-on avancé de quelques
toifes, qu'on découvrit de la terre argileufe, mêlée
d’ardoife} enfuite il y avoit une terre fablo-
neufe, rougeâtre & quelquefois bleuâtre, qui
auroit été propre à faire des briques fi elle eût
été moins fablonèufe: cette couche pouvoitavoir
un pied d’épaiffeur. Après elle on a trouvé de la
terre à tourbe, qui avoit plus d’une toife de profondeur.
Dans cette tourbe on rencontra de ce
bleu de Pruffe dont ont parlé Pallas , Douglas ,
Hagen & autres. Sous la tourbe fe trouvoit encore
une couche d’argile rougeâtre, dans laquelle
cette couleur bleue femontroit toujoursaffez vive
tant qu’elle étoit mouillée , très-pâle dès qu’elle
étoit fèche, & en cela différente de celle qui fe
trouve près de Bleyberg dans la Carinthie, où le
bleu ne paroît point avant que la terre ne foit fé-
chée.
La montagne fur laquelle Laybah eft b â ti, eft
d’un côté couverte d’une terre partie argileufe,
partie végétale} de l’autre côté, elle eft entièrement
pelée. Il n’y a point de pétrifications dans
ces collines } & en les décompofant au moyen de-
l ’acide nitrique , on y trouve de petites parties
de porphyre & de feldfpath.
Au pied de la montagne, vers le midi & le levant,
tout eft couvert du plus beau g!immer, &
de terre argileufe mêlée d’ardoife. Du côté' du
couchant, il y a deux promontoires qui paroi f-
fent avoir été joints, & que les eaux ont enfuite
féparés. Dans Laybah il n’y a de remarquable
que le pavé, qui eft fait de grands carreaux en
mofaïque de pierres calcaires, remplies des plus
belles pétrifications, telles que gloffopètres, or-
thocératites, buccinites , chamites , turbini-
tes , &c. d’ une grandeur extraordinaire. On trouve
ici auflVie lapis béganenfis & du marbre de plufieurs
efpèces : il y en a aufli qui eft parfaitement blanc}
un autre qui eft blanc avec des veines jaunes , du
noir : on en voit aufli du gris, & outre cela de
très-beau puddingitone d une couleur verte très-
éclatante , & qui reçoit un très-beau poli, parce
que fon grain eft très-fin. On trouve là aufli de
l’ophite & du porphyre rouge & noir, des boules
de calcédoine & des pierres de touche extrêmement
noires.
En fortant de la ville, du côté du nord, on
fe retrouve dans les collines à ardoife. Anciennement
on y a découvert quelques traces de plomb.
Dans les ruiffeaux qui entourent ces collines,
on rencontre beaucoup de fer : c’ eft le minera
ferri fubaquofa placemi formam habens de Wailé-
rius. Ferber a dit qu’il y avoit, dans cette plaine,-
un fable rougeâtre marin } il s’ eft trompé groflié-
rement en dénommant ainfi ce fable calcaire &
ferrugineux.
Ici la pierre calcaire eft d’un gris-blanchâtre,
ou d’un gris-noir, ou bien enfin à peu près d’un
noir-foncé à mefuré qu’on approche d’Oberlay-
bach.
A une lieue de là , dans la plaine Lipauza, on
obferve une vallée où il y a une fource d’eau
chaude , très-pure & fans faveur.
Dans les montagnes de ce canton, on trouve
beaucoup de jafpe vert & très-fragile : on en voit
aulli d’une autre efpèce plus brune, plus dure &
mêlée de quartz très-blanc} enfin, on y rencontre
un jafpe rouge , mêlé de veines de calcédoine, &
affez femblable en couleur au finople de Hongrie.
[Quelques rochers enfoncés en terre font compofés
de quartz, d’argile ferrugineufe Ôc de Glimmer,
en très-petits grains, qui a jufqu’à un certain point
l’apparence du porphyre^ mais la pierre la plus remarquable
qu’on trouve ic i , c ’eft le fchifius çoticu-
laris. Il eft d’un gris-jaunâtre, très-doux au toucher,
& eft compofé de couches de trois à fix
lignes d’épaiffeur.
Si nous paffons enfuite du côté de Sadobie,
nous trouverons un très-beau jafpe, femblable à
celui de Bohême.
Les vallées depuis Samak jufqu’ à Lefenborda,
& de là à Dobrara ,font toutes argileufes &c calcaires.
Du côté de Pohograz, dans la- montagne
de la Magdeleine & dans d’autres, on rencontre
le granités rubens fragilis de Wdllerius. Dans ces
montagnes, du côte de Cocka, on trouve aufli
une pierre fabloneufe, rougeâtre, mêlée de glimmer.
Elle eft extrêmement compacte & d’ un grain
très-fin, femblable à celle qu’on trouve près du
Rhin , & dont Mayence eft bâtie.
De là on parvient à la rivière périodique d’O-
berlaybach. Le trou d’où elle fort, eft dans une
pierre calcaire grifé.
Le fol tout autour de la montagne de la Magdeleine
eft calcaire, entre-mêlé de fer : fouvent
on y découvre une terre verdâtre qui lui donne
l’extérieur du ferpentin ou d’un ophite incomplet.
La vallée d’Hydria eft très-étroite} à l’un de
fes bouts on voit la petite rivière d’ idéria : là , on
voit de tres^belles prairies & des bois confidéra-
bles. Sous la terre végétale on trouve de la pierre
ca'caire, dont les couches-font dirigées du nord
au fud.
§. II. Mines d'ardoifes 6* de mercure d’Hydria, fur
les limites du Frioul autrichien.
Tontes les montagnes qu’on voit dans les environs
d’Hydria ne font point du genre de celles
qu’on appelle ftériles : on trouve dans toutes une
efpèce de lithomurga ïndurata qui s’endurcit beaucoup
à l’air, & dans laquelle on voit des dendrires.
La petite rivière d’ Iderza ne tarit jamais. Ses
eaux tombent des Alpes} mais outre cela il y a des
fources qui lui en fourniffent en affez grande quantité
pour qu’elle puiffe en toute faifon faire tourner
des moulins.
Près de là eft la petite ville d’Hydria , fi-
tuée dans la plus belle des pofitions. Elle eft fa-;
meufe par fes environs, qui fourniffent beaucoup
aux connoiffances de l’hiltoire naturelle.
I Toutes les maifons dans cette ville fontifolées;
elles font bâties avec beaucoup de propreté , &
cette propreté règne pareillement dans l’ intérieur
des travaux des mines, d’où l’on tire le vif-ar-
gent.
Cette petite vallée n’a qu’ un&feule iffue que fuit
la petite rivière d’Iderza pour aller tomber dans la
rivière Gorha. La mine va du midi au nord, & fe
perd du couchant au levant. La partie fupérieure
de la montagne d’Hydria confifte dans une terre
végétale marneufe , dont les couches font d’une
épaiffeur inégale} ce qui fait que les arbres n’y
font pas ordinairement d’une belle venue. A quelques
pouces on trouve une pierre calcaire jaunâtre,
qui eft divifée par morceaux (trummeren) }
enfuite on rencontre une riche mine cfardoile,
dans laquelle on ne rencontre que peu ou point de
métal. Cette mine d’ardoife fuit la direction de la
montagne & eft plus riche dans la profondeur,
d’où il eft à préfumer qu’elle s’ étend jufque dans
la petite vallée. On a remarqué que plus on y a
trouvé d’ardoife, & moins on y a apperçu de
métal.
La découverte de cette mine , dont on tire le
mercure, eft due au hafard. C ’eft un payfan qui
trouva, en 1497, du mercure dans un creux
qu’il fit.
Le terrain de la montagne dans laquelle cetMi
mine fe trouve, eft compofé ainfi :
L’extérieur confifte dans une pierre calcaire
uniforme, grife, quelquefois noirâtre, qui n’a
aucune trace de contenir ni minéral ni pétrifications.
Elle fe polit aifément 5 quelquefois cependant
elle eft grenue & écailleule.
Il arrive, mais rarement, que l'ardoifière fé
trouve immédiatement fur cette couche, & alors
il y en a toujours une partie qui eft faturée par
l’acide fulfurique, & cette partie reff-mbie à un
gypfe imparfait. Mais le plus fouvent après la
pierre calcaire, il s’en trouve une autre qui entoure
lamine, favoir: le faxum petrofum, fruftulis
calcareis, argilacea aut calcarea terra conglutinatis ,
& celle-ci reffemble entièrement à une brèche
calcaire } c ’eft cette pierre qui couvre tout le minerai
par-defius, & c’eft elle que des naturaliftes
ont défignée par cette phrafe : Lapis cale areas im-
parus , cinereus , particulis fpatofes pyrite 6’ cinnabari
infperfus. '
Cette pierre eft très-importante à obferver dans
la minéralogie. 11 femble d’abôrd qu’une pierre
qui ne paroît être autre chofe qu’une breccia cal-
carea, & qui fait ëffervéfcence avec les acides ,
n’ eft autre chofe qu’une pierre calcaire plus ou
moins pure. Mais du moins, dans la Carniole,
il eft prouvé , par l’expérience , que quand cette
pierre fait effervefcence avec les acides , il y a
du cinnabre dans le voifinage 5 & la raifon en
eft que le cinnabre eft prefque toujours gité dans
le fpath calcaire , & qu’il eft commun dans cette
contréè.
Le plus fouvenf les morceaux calcaires font
maltiqués enfemble par une terre argilo-ferrugi