Toier inftin& qui fuit les boutades d’une première
impreflion. C ’eft la façon de raifonner des favans
fuperficiels 8c des gens du monde.
Ces favans n'ont pas vü que leurs prédirions fé
portoient fur des tems où ces caufes font dans le
retour , où les effets décroiffent j ils n’ ont pas fenti
que l’on ne peut tirer, fans témérité , des confé-
quences. aufli étendues pour l’avenir li l’ on s’appuie
fur les dégradations paffées , qui femblent ,
nous montrer des défaftres très-multipliés. J’avoue !
qu’ il fe faitchaque jour des tranfports par les fleuves
> mais les accès torrentiels font très-rares 8c
la quantité d’eau fluviale en voiture très-peu 3 en
comparaifon de ce que ces deux caufes faifoient
autrefois.
Les accès torrentiels ont charié une grande
quantité de matériaux tirés des parties antérieures,
8c leur ralentiffement les a dépofés. Plus les eaux
fluviales ont augmenté, plus les accès ont diminué
d’ intenfité 8c de durée, 8c augmenté par les
reprifes 8c les repos, plus les dépôts ont eu de facilité
à fe faire dans les canaux des rivières que
les longs torrens avoient entamés 8c vidés en
tranfportant tout dans la mer. C ’eft la théorie de
cette marche de l’eau qui doit donner le dénouement
des phénomènes de la troifième époque , qui
concernent le rempliffage.des canaux des rivières î
témoins la fouille du puits de l’École royale militaire
8c celle du puits d’Amfterdam de Varenius.
M. Guettard, qui n’a point foupçonné ce dénouement,
croit fe tirer d’embarras en calculant, fans
avoir les données du problème, le nombre d’années
néceffaire pour avoir produit cette quantité im-
menfe de matériaux qui ont fait un rempliffage auffi
confidérable.
Les mines de tranfport font encore un phénomène
des lavages extérieurs 8c intérieurs : elles fe
trouvent dans leur état primitif au milieu des veines,
ou lits inclinés du moyen Monde ; elles ont été délavées
8c tranfportées fur la ligne de l'épararion
de l’ancienne 8c de la nouvelle Terre 3 8c en grande
partie fur les fommités plates de la nouvelle. En
fuivant ces dépôts, fuperficiels pour la plus grande
partie , on trouve que les amas font dans le fens
de la direction des courans des eaux torrentielles.
Çes dépôts , occupant la fupeificie , font tous .de
l’époque purement torrentielle avant l’ approfOn-
diffement des vallons. Il y en a quelques filons ou
veines de difperfés parmi les pierres de fables en
couches horizontales 5 ce qui prouveroit que le
dépôt a été formé fous les eaux de la mer. J’ai un
fait pour les mines de cuivre, mais je n’en ai point
pour les mines de fe r , que j’ ai toujours trouvées
fur la fuperficie des plaines , dans des terres remuées
8c laVées, dans les débris des premières
couches détruites : peut - être appartiendroient-
elles à ces deux époques fucceflives.
La calamine doit erre, dans l’un ou l’autre cas,
du lavage intérieur ou extérieur. Les ochrières
peuvent être dans les trois cas, dans le moyen
Mende, dans les lavages intérieurs où extérieur*.
Les mines de fer de tranfport ne m’ont paru être
que dans les lavages extérieurs.
J’appelle pierres perdues ou blocs errans toutes
les pierres qu’on trouve dans les parties fuperfi-
cielles du globe, en quartiers plus ou moins gros,
fans tenir à aucune couche fuivie. Ces pierres
font étrangères au fol fur lequel on les trouve
dépofées , 8c ont été amenées ( ou feulement détachées
de leurs gifemens primitifs ) d’affez loin
fans avoir éprouvé les frottemens qui arrondiffent
les cailloux roulés. Ces fortes de pierres ont fou-
vent fait illufion aux naturaliftes inattentifs , qui
ont cru que les couches du fol étoient formées de
ces pierres perdues, 8c qui ont décidé par ces
échantillons accidentels la nature d’un pays. Je les
rangerois volontiers parmi les cailloux roulés, ou
du moins je les rapporterois à la même claffe de
matériaux étrangers * elles n’en diffèrent que parce
qu’elles n’ ont pas été ufées : peut-être ces pierres
perdues n’ont éprouvé qu’une partie des dêpla-
i cemens 8c des tranfports des cailloux roulés j elles
peuvent appartenir, comme je l’ai d it , à deux
claffes de phénomènes, aux lavages intérieurs ou
aux lavages extérieurs.
Les déblais font à côté des remblais le long de
l ’Apennin, dans la plaine de la Lombardie, depuis
Pavie jafqu’à Bologne 8c au-delà. Il y a eu deux
fortes de remblais, ceux entraînés dans le baflin
de la mer 8c organifés en couches horizontales.,
8c ceux qui ont été dépofés par les torrens dans
le tems de leurs décroiflemens : ceux-ci font très-
irréguliers 8c feulement placés le long des bords
des canaux torrentiels, 8c peu font des couches
fui vies ou des affembiages de matériaux liés.
DÉPÔTS DE LA MER. Je me propofe , dans
cet article, de décrire les différentes empreintes
que la meralaiffées de fon féjour fur l’hémifphère
terreftre, qui fait partie de la mappemonde dédiée
aux progrès des connoiffances phyfiques 8c géographiques.
Je partage ces empreintes en deux
fyfièmes de ces connoiffances, relativement à leur
fituation fur cette g rande fuperficie de l’hémifphère
terreftre. Le premier fyftème embralfe la difpo-
fition générale des fommèts 8c des grands baffins
dont la furface de cet hémifphère eft couverte,,
ainfi que des empreintes qu’elle a conferyées de
fon ancien féjour fous les mers dans l'intérieur de
fes bancs , le tout faifant fuite aux deux parties
de la conftitution phyfique du globe de la Terre..
PREMIÈRE PARTIE.
Difpofition générale des fommets & des grands baffins
dont la furface de l'héinïfphére terrefiré ejl couvertte.
La multitude infinie de coquillages répandus par
toute la Terre nous a offert les monumens les plus
naturels, les plus connus 8c les plus communs du
féjour de nos continens fous les eaux : peut-être j
en aurions-nous trouvé quelques vertiges en ap- j.
profondsftaüt les différens fyftèmes des anciens j
philofophes, qui ont pour la plupart confidéré l’eau |
comme ia matrice 8c le principe de toutes chofesj
mais ces opinions, ayant été toutes plutôt les productions
de la folie imagination des hommes^que
d’un fouvenir du palfé, n’ont point mérité dêtre
mifwS en parallèle avec les refpeCtables monumens
de ia nature. Nous allons donc encore revenir à ces
monumens authentiques qui font reftés de 1 ancien
état de la T erre , non pour fuivre, comme tant
d’autres écrivains ont déjà fait, l’examen 8c 1 énumération
des différentes productions marines, mais
pour en reconnoïtre les caractères, les formes, les
efpèces 8c les familles, jelaiffe ce foin aux naturalises
oui veulent bien y borner leur travail, mais
pour éie ver nos regards fur 1 a T erre entière 3c obfer-
ver en grand s’il n’eft pas relié fur nos continens ,
dans 1‘enfemble de. nos montagnes 8c dans la difpofition
générale des fommets du Monde, des empreintes
8c des traces auffi étendues du féjour des
.mers, des effets de leur féjour 8c de leur retraite,
enfin des baflins qu’elles ont occupés 8c qu'elles ont
enfuire abandonnés. .
rencontre ; des métaux en abondance , pendant
qu’à une certaine diftance on n’en trouve aucun*
veftige. : ,
Ceferoit un travail fort utile & fort intére liant,
qu’une géographie fouterraine qui pourroit vrai-
femblablement nous conduire à quelques connoiffances
Les continens que nous habitons depuis les ;
foixance-quatre fiècles environ que nous connoif-
fons, ne font donc conftruits que des matériaux
provenus de la démolition d’autres plus anciens
8c d’une multitude de productions marines, donc
les parties les plus folides fe font accumulées pendant
la durée de l’ancien Monde. Le tems, ce
deftruCteur impitoyable des ouvrages des hommes,
n’a pas fur ceux de la nature un égal pouvoir. Les
monumens des plus anciennes monarchies ont ete
détruits > mais parmi les monumens de 1 ancien
empire de la mer il nous eft refté une prodigieufe
quantité de frêles coquillages , qui , malgré les
fiècles , ont confervé jufqu’à nos jours leurs formes,
8c Couvent toute leur beauté. Bien plus,
nous diftinguons encore, en beaucoup de gites,
les efpèces que leurs différentes familles reunif-
foient : leur pofition banc par banc, couche par
couche, n’ a pas généralement changé non plusjj 8c
l’odeur que ces dépôts en ont contractée ne s eft
pas même tout- à-fait fiilfipee. Comme dans.ces
tems reculés les lits des mets, où tous les matériaux
& les débris fe conftruiloient & s’amaffoient, oc-
.cupoient nécefîairemenc des climats differens, de
là fans doute proviennent ces grandes variatipns
qu’on remarque dans la nature & la compofirion
des couches intérieures de nos diverfes contrées.
Dans certains lieux ce ne font que des lits de
pierres blanches s ail'edrs elles font rouges, dans
d’autres elles font noires. Dans une province elles
font toutes finguliérement tendres, 8: dans d'autres
elles font dures & intraitables. Là on ne voit que
des marbres, ici des criftaux & des fels ; ailleurs ce
ne font que des lits profonds de marnes, de terre
glaife ou de craie* enfin dans d’autres lieux on
fur les anciens climats des contrées de notre
globe. Ce projet a déjà été connu par,ceux des naturaliftes
qui ont été capables de vues fupérieures >
mais les differens obftacles que je pré fume devoir
s’oppofer au fuccès qu’ on auroit lieu defpérer,
8c qui ne permettront jamais qu’on puiflfe déterminer
les obftacles, les- efpaces que les matières
différentes 8c les foffdes anciens qu’elles contiennent,
occupent, ainfi que le plan que chacun de-
ces efpaces peut affréter. Le manque de touilles 8c-
de carrières , qui ne font ouvertes -que près des
fille s 8c des principales habitations, & qui laiflent
des vides conlïdérabîes, où l’on ne fouillera vrai-
femblablement jamais, gênera indubitablement les
progrès de nos connoiffances dans cette partie.
Mais quand on pourroit y fuppléer par des dépenfes
extraordinaires, je ne crois pas que nous puiffions,
par cette vo ie , en être parfaitement instruits, premièrement
parce qu’on confond l’ancien ouvrage-
des mers avec celui plus récent des torrens donc
les dépôts accidentels couvrent, en bien des lieux »
l’ancien fo l, & le condenfent, parce que les bancs
delà Terre ne font point partout horizontaux,mais
prefque tous inclinés du plus au moins vert les
grands fleuves ou vers L s mers > en forte qu il y
auroit un grand nombre de contrées où fe trouve-
roit un plan .pris, non fur un banc fuperficiel & uniforme
, mais pris fur une feCtionde plufieucs bancs
differens. C'efl ce que j’ai eu lieu de reconnoïtre
en plufîeurs provinces, dont les differentes qualités
des fols ne proviennent que de ce que la fur-
face du pays n’eft point celle d’une feule Sc unique
couche , mais de plufieurs, dont les extrémités fe
découvrent d’ un côté en plongeant-de 1 autre ,
fous une autre couche qui fe découvre de même.
Voici les obfervations particulières q ie j’ai faites
à ce fujet en Champagne. Enexaminant toute l’étendue
des lieux qui ne font compofés que de craie,
j’y joindrai toutes les réflexions qui y ont rapport,
8c que je n’ai pas cru devoir en détacher ici.
La contrée crayoneufe de la Champagne commence
au deflous de Troyes , fe termine au-delà de
Réthel, 8c forme une tare irrégulière à la furface
de cette province, qui a plus de quarante lieues
de longueur du nord au fud, & communément dix
à douze lieues de largeur. La figjre de cette tare,
qu’ on peut voir fur la pl inche 13 » n’a point dans
fon plan un rapport analogue avec le cours e s rivières
nui 1a traverfent, oour préfumer quelle en
ait pu etre l’ouvrage & le dépôt. E'ie s’étend du
nord au fud j & c’ eft au contraire du (ud-eft au nord-
oueft qu’elle eft obliquement traverfée par l’ Aifne,
la Retourne , la Suippe , la Vcfle , la Marne,
l’Aube 8: ia Seine > en forte que leur cours ne
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