en Allemagne font, comme nous l'avons déjà dît ,
plus généralement des dépouilles de carnivores.
D ’après ces faits , il paroît que ce n’eft pas l*mf-
tinéfc qui a ra'lTemblé ces animaux; car le même i
genre de vie n'auroit pas convenu aux hetbivotes j
& aux carnivores.
Après cette exposition des faits -, qui concer - j
tient les amas d’offemens ou’ on a re ncontrés en ;
différentes contrées, il paroît néoeffaire de fe per- j
mettre la difeuflion des conféqueiïces qu’on peut ;
en tirer fur les révolutions du glo'be, qui ont con- :
tribaé à leur raffemblement & à leur conferva- j
lion. •
Si l’on confidère les animaux fous le rapport de
leur Situation fur la terre, on verra facilement
qu’ il y en a un grand nombre qui ne vivent que
dans certains climats ; que d’autres au contraire
font moins confinés: tels font les harengs, les maquereaux,
les faumons, pendant que d’autres en fin
fe trouvent prefque dans routes les mers, tels
que les requins & les baleines. Certains coquillages
de même efpèce font en revanche attachés
aux mêmes rochers.
forte que, fi la mer abandonnent ce lieu , on y
trouveroit, à diverfes profondeurs, des dépouilles
Si la mtr n’eût pas changé plus d’une fois de
pofition, & fi elle avoit abandonné fon baffin
d’une manière brufque, on pourroit dans ces cas
déterminer, d’après les dépouilles foifiles des ani- i
maux fiationnaires, quel étoit le climat dans lequel
ils ont vécu, car on trouverait ceux-là feulement
mêlés avec ceux de paffage : mais fi la mer
fe transporte lentement d’un lieu dans un autre,
alors les dépouilles d’ animaux de differens climats
peuvent fe trouver mêlés par une fufie de 'cè
tranfport. En général, toutes ces queftions font
difficiles à décider. Il faut avoir confidéré avec
grande attention les dépouilles foffiles des animaux,
pour déterminer , d’une manière nette &
précife, comment les offemens foffiles des animaux
terreftres peuvent fe trouver difpofés relativement
à ceux des animaux marins. P
Si la mer avoir occupé un efpace qui n’eût fait
partie d’un continent dans aucune époque antérieure
, les foffiles qu’on y trouveroit après la retraite
des eaux ne pourroient provenir que d’animaux
marins. On obferveroit, dans chaque contrée
particulière, les dépouilles des animaux qui y
étoient ftatronrraires, mêlées, dans Es parties voi-
fines des continens, de quelques dépouilles d animaux
amphibies & d’oiieaux de mer : on pourroit
auffi admettre quelques mélanges d’ offemens d’animaux
terreftres fi l’on fuppofoit que ces dépouillés
tuffënt été entraînées dans la mer. On peut encore
fuppofer que la mer ait couvert oers parties de
continens ou exiftoient des végétaux & des animaux
: il eft inconteftabJe que leurs dépouilles
■ deviendront de même foffiles, & , fi la mer y
féjourne long-tems, on ne peut douter que les
dépouilles d’ animaux de pjufieurs c-fpèces ne fe
trouvent recouvertes, dans les dépôts de la mer,
par les dépouilles'd’ animaux purement marins * en
, Toit terreftres, Toit marines ; & comme nos
recherches füivent l’ordre inverfe de celui des
dépôts, on y rencontreroit- d’abord une couche
formée des dépouilles d’animaux purement marins
, puis au défions un mélange de dépouilles
marines & terreftres, & enfin au de (fous de ces
dépôts le fol vierge & primitif. On fent “bien que
les dépouilles marines aurôient dans ce cas une
épaiffeur proportionnée à la durée du féjour des
eaux de la mer & à d’autres circonftances, telles
que les courans , les marées, & c .
D’après une fuite de changemens pareils dans le
baffin de la mer, nous pouvons avoir, dans certaines
parties de nos continens, d’ abord des lits
de foffiles marins, enfuite des lits de terre mêlée
de dépouilles de végétaux & d’animaux terreftres,.
enfin d’autres Hts de produ&tons marines ; mais
comme la mer tranfporte avec elle fes habitans ,
partout où il y aura des reftes d’animaux terreftres,
! ils feront mêle s de productions marines. D’ailleurs,
la mer ayant léjouvné probablement pendant plu-
fieurs milliers d’années dans le même lieu, on doit
trouver très-fréquemment auffi , dans les memes
contrées, des fondes marins fans mélange.
Toutes les opérations de la nature, qui ont
rapport à l’accroi fie ment ou à la décompofitu n
des fubftances animales & végétales , s’exécutent
plus promptement à la furface que dans l ’intérieur
de la terre. L’ aCtion de l’air & un certain degré
de chaleur font inconteftablerr.ent les circonftances
qui favovifent ces combinaifons & ces dé-
compcfitions. La végétation, par exemple , s’opère
à une ceitaine profondeur : il en t ft de même de
la décompofition ; car les femences meurent & fe
démrifent à cette même profondeur. Mais à une
diftance un peu plus grande de la furface de la
terre, les femences confervent, pendant un tems
très-long, leur principe de v ie , & ne fe développent
que lorfque les circonftances les amènent
à une profondeur convenable.il arrive aux fofliles
étrangers quelque chofe d’affez analogue ; car ,
quoiqu’ un morceau de bois ou un os foir mort
lorfqu'il fe trouve placé dans les circonftances
qui lui donnent rang de foffiles, cependant il y
eft encore fain & non décompofé , & la profondeur
à laquelle il eft enveloppé par les matières
terreufes, le préferve de là putréfaction &
de la deftruCtion : il-eft là probablement comme
dans le vide. D'ailleurs, la température de neuf
degrés y eft uniforme, & dans les régions plus
froides ces corps organises peuvent fe conserver
encore plus long-rems.
Quant à la partie animale, rien ne prouve que ,
dans ces foffiles étrangers à la terre, elle Toit entièrement
'détruite, comme quelques naturaliftes
l’ ont cru. Ainfi les coquillages 8e'Tes os de poiffon
en ont conferve la moindre partie, parce que-ce
font les plus anciennes dépouilles animales que la
terre renferme dans fon fein ; & ce qui a pu contribuer
à cette confervâtion, c’elt que la fubftance
terreufe ou pierreufe qui les enveloppe, eft très- j
compacte & d’ un tiflu fort ferré. On découvre
leur partie animale en les diffolvant dans les acides
; elle Te préfente pour lors fous l’apparence
d’une mucofité lorfqu’on traite un coquillage fof-
file , tandis qu’on la voit fibreufe & cartilagineufe j
dans le coquillage qu’on tire de la mer. La partie
animale n’a dans le foffiîe aucune ténacité ni liailon,
& l’eau s’en charge comme de corps en pouffière,
& quelquefois elle forme des flocons dans la diffo-
lution.
Dans les gloffopètres ou dents de requin l’émail
eft compofé de terre calcaire & d’une partie ani-
ma’e , & cet émail eft prefqu’en auffi grande quan- ,
tité dans la dent foffile, que dans la dent nouvellement
détachée de la mâchoire du requin ; mais
la matière centrale de la dent conferve la portion
animale dans l’état àe'mucus difieminé dans la fubftance
calcaire.
Dans les os foffiles des animaux marins, tels que
font les vertèbres de la baleine, la partie animale
eft en quantité confîdérable, & dans deux états
différens ; tantôt elle a une certaine ténacité, &
d ’autres fois elle reffemble à de la pouflière humide
: elle a plus de fermeté dans quelques os qui
ont un rifïu plus compacte & plus ferré.
La partie animale oumuqueufe eft en très-grande
quantité dans les os foffiles des animaux terreftres,
dans ceux de certains amphibies, comme l’hippopotame,
le crocodile & la tortue. Dans les cornes
de cerf foffiles d’Angleterre & d Irlande, la partie
animale eft très-abondante; & après qu’on eif a
diffous la partie calcaire, elle refte très-ferme &
très-folide. Les mêmes observations peuvent s ’appliquer
aux dents d’éléphant trouvées en France
& en Angleterre , comme dans celles qui nous
viennent de la Sibérie & des autres contrées de j
l’Afie & de l’Europe. Les mêmes réfultats ont été
obtenus dans les analyfes des os de boe u fs , &
plus particuliérement des dents de ces animaux;
celles enfin qu’on trouve fur les bords des lacs i
d’Amérique ont fi peu foufErt, que les habitans
ne voient prefque d’autre différence entre leur
ivoire & celui des dents récentes, que dans la
teinte plus jaune du premier. Il fe peut que le
froid ait contribué à leur confervâtion.
Cette confervâtion eft plus ou moins parfaite,
fuivant la matière qui a fervi d’enveloppe. Il y a
eu cependant une forte de diffolution ; car la matière
animale, quoique paffablement ferme , paffe
à l'état de mucofité épaiffe, comme de la gomme
diffoute dans l’eau lorfqu’on l’expofe à une température
un peu au deffus de 30 degrés de Réau-;
mur, & une partie de la furface extérieure devient]
femblable à de la pouffière humeétée.
Dans les os iricruftés, la quantité de la fubftance
animale eft très-variable. Ceux de Gibraltar en
contiennent très-peu : elle conferve en partie fa
ténacité & une forte de tranfparenee. Les os de
Dalmatie préfenrent à l’analyfe des réfultats fern-
blables. Les offemens d'Allemagne, & ceux qui
font les plus durs, particuliérement les dents,
paroiffent contenir encore toute la fubftance animale
qui leur étoit naturelle. Les os des animaux
terreftres ont leur terre calcaire unie à l ’acide
phofphorique au lieu de l’acide carbonique, & ils
paroiffent le conferver dans l'état foflile à proportion
de la quantité de matière animale qu'ils
contiennent.
lOn peut juger de cette quantité par les phénomènes
de l ’effervefcence ; car lorfqu’on met dans
l’acide muriatique des os foffiles, l'effervefcence
n’eft point auffi marquée que lorfqu’on y met une
coquille foffile. Mais en général elle eft plus marquée
pour quelques-uns de ces os foffiles, qu’elle
ne l’eft loifqu’on traite de la même manière des os
récens. Ceux d’entre les os foffiles qui n'ont confervé
que peu de matière animale, produifent,
dans un acide, la plus grande effervefcence lorsqu’
il agit à leur furface, & très-peu au contraire
lorfqu’il attaque le centre de l’os. Ces variétés
d’effets peuvent s’expliquer en fuppofant que les
couches extérieures ont perdu leur acide phofphorique
, qui a été remplacé .par l’acide carbonique,
& que ces parties font très-folubles dans
l’acide muriatique, pendant laquelle folution l’acide
carbonique , s’échappant avec abondance,
produit une effervefcence fort vive.
Cette effervefcence eft très-confidérable dans
quelques os de baleine ; elle eft moindre dans ceux
qu’on trouve en Dalmatie & à Gibraltar ; elle eft
enfin fort foible dans ceux qu'on trouve dansées
cavernes de Barcîtk, qui ont donné lieu à cet
article, parce que ceux-ci contiennent la matière
animale dans la plus grande proportion.
Je terminerai cette difeuffion intéreffante fur les
corps organifés foffiles * & particuliérement fur les
o s , par obferver que l’acide phofphorique qui y
eft contenu, ne s'y trouve pas feulement dans leur
état d’ organifation, mais qu’on la rencontre dans
des fubftances p ie ireufe sq ui. font vifibiement le
réfultat de la décompofition ces dépouilles
offi ufes, fous forme de marbre ou d’albâtre, ces
fubftances, primitivement organifées, ayant confervé
y malgré les divers changemens qu’elles ont
ftibvs, cette combinaifon de l'acide phofphorique,
d’où il eft réfulté le pkofphate de chaux.
B A R G EM O N T , bourg du département du
V a r , canton de Callas. Ce bourg eft fitué fur une
colline couverte d’oliviers & de vignes, & entourée
de montagnes qui forment l'enceinte d’ un
baffin très-agréable autour de ce centre riche en
produits précieux par leur maturité.
BARICADES ( le s ) du département du Var :
elles font formées par un roener qui reffe.rre tellement
la vallée de Sture, qu’ il femble le couper