
qu'on tire de la grande carrière de Livigna , qui
en eft peu éloignée.
Le palïage de la Bochetta ou Buchetta , c’ eft-à-
dire, le fommet de l’Apennin qu’il faut palier avant
d'arriver à Campomorone & a Gênes, offre une
route fatigante à caufe des pierres qui y font en
grand nombre. Ces pierres font noires. Quelques
naturaîiftes les ont crues volcaniques j mais ce ne
font que des pierres ollaires qui n’ont jamais été
touchées par le feu. Le fommet de la montagne
partit être d’une nature quartzeufe & fchifteufe.
En allant de Campomorone à Gênes, on fuit le
lit de .la Polcevera , torrent dangereux & quelquefois
impraticable $ il change fans celle de li t , & il
initie les chemins qu’on pourroit pratiquer fur fes
bords. Partout il dépofe les cailloux qu’ il charrie,
& rend les endroits de fon paffage auffi incommodes
que défagréables. ■
La vallée de la Polcevera eft bordée ,. à droite
& à gauche, des plus belles maifons de campagne
que l’on puilfe voir. La nature y eft riche & riante ,
& la vanité de fes productions ajoute aux agré-
mens de ce beau rivage.
- CAM POU R E T (Étang de),département des
Pyrénées orientales, arrondilfement & canton de
Brades , dans 1 s montagnes, à deux lieues oueft
de Fromiguière. Il en fort un ruiffeau qui fe rend
dans la Balcère, à une lieue & demie fud-eft des
Étangs.
C A N A (Ile de). Dans cette île , qui a quatre
milles d’Angleterre de longueur, au fud de Skye
& rprès de l’ ilede Rum (vers les côtes du nord de
l’Écofle ) , les rochers, à un quart de mille au
delfus du p ort, s’ élèvent en colonnes .polygones
du côté du fud. Vers .l’extrémité occidentale de
Cana eft .un rocher bas ou îlet 3 dans lequel fe
trouve un pavé très-régulier de prifmes hexagonaux.,
qui ont chacun environ neuf pouces de: largeur
, fur un;pied de hauteur. Leurs bafes pi-éfen-
tentune furface unie & fans interruption, les côtés
de; taures, ces pierres étant.extrêmement ferrés en-
tr’eux. Immédiatement au delfus de ce pavé il y
en a un autre exactement femblable. Les prifmes
font joints préeifénaent de même que ceux de la
chauffée des Géans. Les bafes concaves font en
delfous , & les convexes en :deffus ; les; creux ob-
fervent en petit la même proportion que -dans la
chauffée des Géans. Geslîles font à :envir.on.deux
cents milles de diftance au nord de cette chauffée 5
& fi l’on fuivoit;avec attention tous les produits
du feu de cette contrée., on verroic;qu'i-ls occupent,
tantauifond de la meriqu’auîdeffiis des.flQts,
itne .grandehfuperftcie anciennement ravagée par
les feux fourerraius jamais avant de tirer de cçs
conféquenees, il faut faire une-étude méthodique
de Tétât où fe-trouvent les matières*volcaniques,
ne pas k s confondre avec d’autresimatièies qui
;n y reftemblent .qne:par la. couleur.
CANADA. Les deux côtés du fleuve de Saint?
Laurent, depuis fon embouchure jufqü’à Québec,
offrent plufieurs établfffemens très-importans. On
y trouve auflî des îles de différente grandeur, dont
la furface préfente des maifons de campagne environnées
de terres bien cultivées. La ville de
Québec, quoiqu’à cent vingt lieues de la mer, a
un port capable de contenir cent vaiffeaux. Le
fleuve, qui n’a jamais moins de quatre à cinq lieues
de largeur depuis fon embouchure, fe rétrécit
beaucoup devant Québec.
La fource de ce fleuve eft encore inconnue ,
quoiqu’on Tait remonté fur une longueur de p!u$
de fe.pt cents lieues. Il paffe par diffarens lacs avant
d’arriver à Québec. Le premier lac, au-delà duquel
on n’a point encore pénétré, eft celui de
Lénémignon, qui fe décharge dans le lac Supérieur :
celui-ci verfe fes eaux dans le lac Huron j à ce
dernier fuccède le lac Érié , & puis le beau lac
Outario. C ’eft de là que fort le fleuve Saint-Laurent,
qui coule d’abord avec allez de tranquillité,
puis plus rapidement enfuite jufqu’à la ville de,
Montréal. Là il reçoit une autre grande rivière ,
& traverfe ainfi Les environs de Québec. S’élar-
giffant peu à peu , ilNfe rend dans la mer par une
embouchure qui eft devenue un golfe.
On donne au lac Supérieur environ cinq cents
lieues de circuit. Cette petite mer eft affez paifible
depuis le commencement de mai jufqu’à la fin de
feptembre j mais pendant Thiver, qui n’y règne;
pas moins de fept mois , le froid y, eft fi v i f , qu’il
eft couvert de giaces jufqu’ à dix i douze lieues de
fes bords. Us ne font;pas habités, par des Sauvages
fédentaires j mais, fu;v.ant Tufage de.ces peuples^
il s’en raffemble un grand nombre q u i, dans la
fai fon favorable de l’été;, y chaffent &: y pêchent
avec avantage. C e la c q u i fournit .abondamment
des efturgeons, des trujtes & d’autres paillons',
eft partagé par de grandes îles bien, peuplées d’ élans
& de catiboux. Sur tous les lacs-d’u-ne certaine
étendue& découverts, on y remarque des
lignes avant-coiireurs.des tempêtes. D’abord, on
apperçoit, à la furface de fes eaux, un léger fré-
mjffement qui fe foutient-tout le jpur fa^s.une augmentation
lenfible. Le lendemain, d’alfez grolfe$
vagues couvrent le;lac. Le troifiènae jp.ur 1/agitation
des flots devient fi furie.ufe, qu’on ne .trouva
de fùreté que dans des afyles qui-font fur ies bords
feptentripnaux. Ce lac fe: décharge, dans celui des
Hurons,-par une cafeafte de deux lieues de,lon-
gueur,.appelée \eSfiut de Sainte-.Marie.
Le lac Érié qui vient enfuite palfe pour un des
plus Beaux de l’Univers.-Ses bords -font couverts
.de ch ê ie s , -d’ormeaux,. 4e châtaigniers, dep.oru-
•miers , .de pruniers de vignes;qui. portent leurs
Branches & leurs grappes jufqu’au fpmroet des
arbres. On vante aulfi la multitude de b,ête& fauves
& de poules-d’inde qui fe trouvent dans les bois,
rSc .qui -fréquentent les yàftes prairies, qu’on.'déc
o livre Envies bords du fud. Les îles du lac font
de vrais parcs de chevreuils, & autant de vergers ’
'où la nature a pris foin de ralfembkr toutes fortes
d’àrbresV 1 Entre Québec & le lac Outario eft firuée la
"ville de Montréal , éloignée d’ environ foixànte
lieues de la capitale du Canada. Le pays des deux
côtés de la rivière eft très peuplé : on y voit quantité
d’habitations fort agréables. Montréal occupe
une île du fleuve.
Je ne puis omettre ici la fime'u'fe c alcade de
Niagara, la plus belle peut-êtrè qu’ il y ait dans
TUnivëts. On' don, ê à Cçtté chute d’feâu' cènt
'cinquante pieds d’élévation. Le fleuve tombé perpendiculairement
dans touffe ' fa! largeur ,.•& fon
cours fe trouve teTemenc dérangé par une fe-
coulfe fi violente, qü’ il n’ tft navigable qùé trois 1
lieueS apiès fa chute. La forme de la digue' qui
fràVërfé le fleuve, & qui oççàfionhe cette caf-
cad e, eft ën fer à cheyal , & elle a quatre cents '
pas dé longueur. Elle eft partagëe.en deux par une
petite îfe qui ralentit un peu la rapidité ciii courant
, laquelle ‘s'accélère à quelque dîftàncé de la
cafcà'de. C ’eft fur un rocher fort dur q u e 'ce tte 1
immènfë nappe d’eau eft reçue4 elle y a créufé une
longue forte' très-profonde, ou elle fait, en tombant,
tin bruit fourd allez femblable' à relui d’un
tonrterfe éloigné.
Quoique le Canadd (oit; à la même latirude que|
la France, l'e climat én eft beaucoupplus rude que’
dans ce royaume. Ayant la fin de l ’automne lés;
rivières en font g l a c é e s , l a terre tft couverte^
de neiges qui fubfifteht pendant fix mois fans fe
fondre.-Nulle différence entre les rivières & les
campagnes^: les aibres font chargés de frimats. S i’
?le ciel e;ft ferein , il fouffle, de la partie de l’dueft, ^
un vent qui gèle tou t, & dont les hommes fe dé-*
''fendent avec foin j fi le Vent tourne au fud ou au
' fud-eft, le froid s’adoi c i t , mais il tombe une neige;
fi épaifte, qu’on ne voit pas "à dix pas de foi. Au
commencement de*! Thiver on fait fes provrfions
en poiffpn, en volaille, en gibier, en viande de.
boucherie, parce qu’au moyen de'la gelée eTes fe
tiennent en réferve fort commodément depuis la
fin d’oêiobre, & Ton prend ce parti par la drffi-
culté de nourrir les .beftiau.x pendant l’hiver., de;
' conferver en vie les oifeaux de balfe-co’ur dans les:;
grands.fr.oids, enfin de pêcher darts les lacs & dans;;
les rivières ai travers la g!acej mais s’ il furvieîu un
d ég e l, c’eft ùn malheur pubjic., puifque toutes"ces*
provifions font fijètes à fe gâter, & à priver le s ’
habitans des reftources fur lefquèllés ils avoienc
lieu dé compter.
Flufieurs caufes contribuent à rendre ici Thjvér
. plus rigoureux qu’iil ne.Teft en France fous \^s‘
mêmes degrés de latitude. 11 n’y a pas de. pays où
il y ait plus de bois., de lacs & de montagnes.
Cette 'difpofition ■ du fol hâté,4 a formation dqs
glaces ,* amène.les neiges dont la quantité produit
4 ’excès & la durée du froid qu’on y éprouve.
Cë tte faifon éft auîfi la plus favorable de Tannée
pour la chalfe j du moins c’ eft le tems que chow
fiflfent les Sauvages. Tous fe mettent en campagne,
les hommes pour tuer le g ib ier, & les femmes
pour le porter & le féchër. L’ours, le chevreuil,
le ce r f, l’orignal, font les principaux animaux qui
attirent leur attention. Comme ces Sauvages no
font arrêtés, ni par les huilions, ni par.les ravines,
ni par les étangs., ni par les rivières, tous ces obf-
tatles font Bientôt franc his par des hommes qui
vont toujours en (lavant la ligne la plus droi-e ,
& rarement ces expéditions de chalfe font malheure
u fes.
■ La chalfe de fours eft une des principales qu’en-
trèpi ënnenr k s nations fauvages du Canada. Comme
elle fe fait en hiver, les ours font alors établis
dans leurs retraites : c’eft là qu'il faut les découvrir
avant dé les attaquer. Dès qoe les chaffeurs
's'èn font alfûfés , ils forment autour une enceinte
d’ une grandeur proportion née-à leur nombre, & ,
s’ayançant toujours en relier tant'le c-ercle , ils les
faifilfenc tapis dans leurs trous & les tuent. Quoique
là peau de Tours foit le principal objet dë la
chalfe , la chair cependant en eft allez recherchée.
Les Sauvages la mangent .pondant..l’expédition ,
& en rapportent- allez pour traiter leurs amis 8c
nourrir leurs familles. Il en eft de même de Tori-
ghàl, dont Va chalfe eft auffi ay-antageufe par les
mêmes faifons.
Sur edufe ê/u froid qu on éprouve en Canada. ■
La partie habitée du Canada Te trouvant tfitueje
i fous les mêmes parallèles que la France, on ne
peut être que fort .étonné que la difféteftee de
température de deux pays, dont les climats fëm-
b'îer.t devoir être les mêmes, foit cependant il
confidérable qu’elle peut palier pour un phénomène.
En e ffet, c’en eft un de voir à Paris la liqueur
du thermomètre à 15 degrés & demi au
delfous de la congélation en 1705.,. tandis qu’en
1743 ellè tft defeendue en Canada âu :3 3’c. degré.
L'étonnement devient encore bien plus grand
lorfqu’on fait attention que la progreflion du froi'd
ne fuit pas celle des degrés du thermomètre ,
qu’un pays où cet inftrOrnent rriarquerôit un nombre
de degres double de celui qu’ il indiqüeroît
dans un autre, ne feroit pas.feulement du dbuz«
plus froid , mais peut-être quinze à vingt'fois davantage
, fuivâht que les ’deux nombres refpeèlifs
de degrés fei oient-, l’un pli s près , &• Tâutve^plüs
éloigné du terme de la glace. On peut confidérer
'la liqueur du thermomètre comme un rëflort oui,
fi l en aime mieux, comme un bâton dont on voù-
droit rapprocher les deux extrémités. 11 éft-bien
à ju té qu'après les avoir, fait concourir l’ une vers
l’autre jufqu’à un cerrain point-, il'faudroit eiifuite
autant & plus de-force peur les rapprocher d’un
'pouce, de plus, qu’il h'eh âuroit fallu, pour les
vingt, trente, quarante-premiers pouces dont on
les auroit rapprochés en pfelukr lk u .