
Lorfqu’on a retiré cette terre des puits, on
l’expofe pendant quelques jours au foleil pour
la fécher. Lorfque le puits eft épuifé, on pratique
des galeries latérales pour en Cuivre la
couche, & Couvent les galeries forment une communication
d'un puits à l’autre. Ges couches ont
communément deux à trois pieds d’épaitieur > &
d’après la difpofition & la nature des couches d’où
l’on a tiré le Cmeétis jufqu’ à préfent, il Cemble
qu’ on foit autorifé à conclure que cette terre peut
Ce rencontrer dans d’autres endroits aux environs
des montagnes crayeuCes.
Depuis Inkerman, en tirant vers le nord-oueft,
les montagnes commencent à baiffer, & en fui-
vant le cours des rivières de Cabartha, de CaC-
cha & d’Alma elles Ce terminent à l’embouchure
de cette dernière, 8c leur élévation baille jufqu’à
la mer ; elles diffèrent de celles des environs d’In •
kerman, en ce qu’elles Cont pour la plupart argile
ufes, & Curtout près des embouchures des trois
rivières dont on vient de parler. La pierre calcaire
même qu’on y rencontre, eft beaucoup plus dure
& plus compacte , 8c même mêlée de gravier 8c
de débris de petites coquilles d’ une eCpèce différente,
8c femblables aux eCpèces qu’on trouve dans
les montagnes de la chaîne de devant.
Leur Col, ainft.que celui des vallées arroCées
par ces rivières , éft très.- fe r tile , excepté un
eCpace de quelques verftes, où il devient Calé,
Curtout dans le voifinage de leurs embouchures.
Les montagnes qui s’étendent d’Inkerman à
l’occident, & qui entourent le port de Sevafte-
polsh, ne font pas fi hautes que celles de l’ intérieur
de cette chaîne. La pierre qu’on y trouve,
eft fémblable à celle des montagnes précédentes.
Leur Col, outre cela, eft argileux de même.Vers le
port même elles offrent des bords eCcarpés > mais
plus loin elles s’ inclinent, & les endroits fitués
près de leurs ■ pieds ont le même genre de Col que
celui de leurs Commets.
A trois verftes du port on rencontre de petits
golfes peu profonds, au bord defquels fe forme
çn été le fel de cuifine.
Le bord de la mer , depuis le port jufqu’au
cap où eft le couvent de Saint-Georges , eft en
générai , comme nous l’avons déjà remarqué,
coupé à p ic , 8c offre des couches de pierres calcaires,
où l’on trouve un mélange de coquilles.
La côte méridionale de ce cap préfente une ftruc-
ture de montagne remarquable j & quoiqu’elle
ait plus de cent Cajènes d’élévation , elle n’eft
compofée, depuis fa baCe jufqu’au haut, que de
bancs très-minces, de petites 8c de grandes coquilles
du genre des anomites. Vers les parties
inférieures ces coquilles Cont liées enfemble par
un travail de pétrification très-Colide. L’eau qui
defeend des hauteurs 8c arroCe ces couches dé-
poCe un Cédiment calcaire qui Jes recouvre. Les
croupes de ces montagnes Cont couvertes d’une
argile martiale rouge, qui, étantdélayée par l’eau,
communique en plufieurs endroits une teinte rougeâtre
à la pierre des couches.
Les montagnes entre le cap Saint-Georges &
Boulaclayafont remarquables, en ce qu’elles pré-
Centent des marques évidentes des chcngemens
qu’elles ont éprouvés , &: des cauCes qui les ont
opérés.
Elles Cont compofées de couches de pierres
calcaires affez compares, dont une partie eft
coupée à pic du côté de la mer , 8c dont l’autre
eft caffée 8c brifée de différentes manières. On
voit des blocs immenCes détachés du Commet,
qui ont été précipités dans la mer & qui réfident
proche de la côte. Plufieurs couches de la même
pierre Cont culbutées & dans une pofition perpendiculaire
à l’horizon, particuliérement proche
le port de Boulaclava.
Dans quelques fentes de ces couches on trouve
differens lpaths calcaires qui s’y font formés depuis
le défordre qui y eft furvenu.
Le côté de la montagne qui a fon afpeft à
l’orient, & où l’ on a bâti la fortereffe de Bou-
laclava, préfente de gros amas de poudingues
qui renferment des fragmens de coquilles : ces
poudingues font formés de galets affez nombreux
fur les côtes. On a cru remarquer des indices de
volcans dans les environs de ces montagnes, mais
il ne paroît pas que les indices qu’ on en a cités,
aient des caraéteres certains des produits du
feu. Les déplacemens des couches, qu’on a confédérés
d’ailleurs comme des effets des volcans,
peuvent avoir été occafionnés par d’autres cir-
conftances qui font la plupart du tems étrangères
aux volcans. Nous devons obferver que les montagnes
de Boulaclava commencent la principale
chaîne qui borde toute la côte méridionale î mais !
avant de les: décrire nous devons parler de celles
qui, par leur élévation & leur pofition, doivent
être confédérées comme intermédiaires entre celle
du devant 8c celle du revers méridional.
Le commencement des montagnes centrales peut
être placé auprès de l’ancienne Crimée, d’où elles
s’étendent le long de la bafe feptentrionale de la
principale chaîne du midi jufque vers Boulaclava.
Elles font en partie liées les unes aux autres, 8c
en partie ifolëes & difperfées dans ces limites j
! elles furpaffent en hauteur toutes celles de la
rangée du devant, mais elles le cèdent à celles
de la principale chaîne méridionale.
Quant à la nature des matériaux qui entrent
dans leur compofition, leurs pieds font en grande
partie formés de couches argileufes entre-mêlées
âe lits fehifteux & de poudingues. Vers leurs
fommets on trouve des bancs de pierre calcaire
dure & compacte* où l’on ne rencontre, de même
que dans les lits de fehiftes, aucune eipèce de
corps marins.
Les montagnes au deffbus de l’ancienne Crimée
font d’ une compofition particulière , 8c furtout
celle qu’on nomme Agermifçk. Elle eft entièrement
réparée des autres. Ses parties inférieures
font en pente, & couvertes d’argile jaune & rouge;
mais les parties fupérieures, jufqu’au tommet,
offrent des bancs de pierre calcaire, compofée
de cailloux roulés & de débris de coquilles marines
étroitement foudés enfemble. On dimngue
dans ce mélange les peftmites & les_cochlitesg
oui font encore reconnoifiables. Le fomrnet elt
couvert d’ une couche épaiffe de terre végétale
& de bois. , , , 11 - s
Les montagnes à la gauche de la vallee , ou
étoit l’ancienne Crimée , font en grande partie
argileufes en dehors & couvertes de bois ; mais
dans l’intérieur elles renferment de gros bancs de
pierre calcaire dure & compacte. Près du village
d’Amurath , à fix verftes de l’ancienne Cnmee,
la conftiiution dès montagnes, redevient de la
même nature que celle des montagnes dont nous
avons parlé, avec la différence que, dans les poudingues,
on ne trouve guère de coquillages marins,
& que dans la profondeur de plus de dix fajenes
de la fuperficie on rencontre des lits d un lcniite
noirâtre, & deffous des feuilles minces de fe-
lénite noirâtre, tranfparent. On fait ufage du
crayon noir pour tracer des lignes j & comme^ il
tombe en poùflîère à l’air, il fert aux engrais des
vignes. ■ a
Le fo l, aux environs de ces montagnes, elt argileux,
mêlé de gravier & de terreau qui forment
des couches fort épaifies, particulièrement dans
le cercle de l’ancienne Crimée, où fe trouve une
vafte vallée,.où l’on voit en fort grand nombre
des jardins, des prairies 8c des champs cultives.^
A quinze verftes environ .de l’ancienne Crimee,
fur le chemin de Soudak , les matériaux des montagnes
font femb'.ables à tous ceux qui entrent
dans la compofition des centrales, 8c n en diffèrent
que par la difpofition des pierres calcaires dures ,
dont les bancs , dans certaines parties voihnes des
fommets, font inclinés à l'horizon , & s elancent
vers les hauteurs comme des murs. Leurs bafes
font couvertes d’argile jaune , 8c. quelquefois gn-
fâtre, fur laquelle fe forme,au bord des ruiffeaux,
le fel marin. Entre les couches de cette argue on
trouve , en plufieurs endroits, 1 ardoife fonde ex
groflière qui ne fe délite pas. , .
Les momagnes qui fe dirigent de ce chemin
vers la droite font de la même foi me & de la
même compofition que celles dont, nous avons fait
mention, 8c qui font firuées vers le haut du grand
Caraffou, & s’ étendent de là jufqu’ à Salghir.
Sur une de ces montagnes, à trente vérités de
Caraffoubazare, vers le fué-oueft, fe trouve au
fommet une immenfe ouverture qui mérite attention.
dans une fituation verticale, & leurs pointes s’é lèvent
La glace s’y conlerve toute 1 annee. Elle
s’élève , ainfi que les autres qui l’entourent,
prefqu’au niveau de celles qui forment la chaîne
méridionale. Ses' fommets font nus & tapifles
d’une pierre calcaire filïile 8c d’une couche épsifie
de terreau. Plufieurs bancs de cette pierre font
affez haut : c ’eft au milieu de ces rochers
déplacés 8c en défordre que fe trouve l’ouverture
dont il eft queftion ■> elle a environ quarante fajènes
en circuit. A l’eft 8c au fud elle eft bordée de
hautes couches qui offrent un efearpement confidérable,
& à l’oueft & au nord les mêmes
couches inclinées vont revêtir fon fond. C ’eft
fur ce fond que fe ramaffent la neige 8c la glace ,
& qu’elles s’y confervent.
A la gauche de ce trou on voit une fente dans
la même montagne, qui eft également remplie
de glace.
On lie fauroit attribuer la formation de la
glace qu’à la neige qui s’y accumule pendant
l’hiver, & q u i, au commencement du printems,
fe fond par la chaleur du foleil, & va fe regeler
au fond de l’ouverture, où cette chaleur ne fe
fait plus fentir, vu la profondeur confidérable de
ce tefervoir naturel, par le froid qu’y entretient,
la maffe de glace qui y réfide contiàuellement.
Dans les mois de juillet & d’août le volume
de la glace commence à diminuer , parce que la
chaleur s’étend même à une certaine profondeur
dans le réfervoir : c’eft pour cette raifon qu’il y a
moins de glace en automne qu’ au printems,
comme dans toutes les glacières Semblables. C eft
par la même raifon que la fonte de la glace^ eft
plus ou moins confidérable , fuivant que l’éte eft
plus ou moins chaud.. Mais au retour de l’hiver,
tout ce qu’ il y a de glace ne s’ y fond plus 8c
fe conferve, Soit feule , foit fous les neiges qui
s’y accumulent pour lors.
Dans les montagnes voifines de Salghir on
rencontre partout, foit fur leurs croupes, foit
au fond des vallées, quantité d’argile ferrugineufe
brune & rougeâtre } & au deffous de celle-ci ,
en plufieurs endroits, de la mine de fer Ümo-
neufe fous différentes formes ; enfin beaucoup
de ftalaâites dans les fentes des montagnes. Aux
environs du village d’Éniffalé, fitué vers les parties
Supérieures du cours de !a rivière de Salghir,
les bafes des montagnes abondent en différentes
efpèces de fehiftes. Outre l’ardoife grife & grof-
fière on y trouve d’abord une ardoife compacte,
dont les feuillets ont plus d’un pied d’ épaitïeur ;
enfnite une ardoife lèche & fragile, qui le réduit
d’elle-même en petits fragmens dans ion propre
lit. Tous ces bancs font en plus grande partie
inclinés , 8c appvbchent de la verticale.
Les hords de la rivière de Salghir font couverts
de jardins & de pairies , pendant que les hauteurs .
font couvertes en bois. A quelque diftance de là
ces montagnes centrales bailfei t un peu, 8c. co
tinuent ainfi jufqu’à Boulaclava j 8c dans toute ce tu
éfendue on remarque la même compofition das
Iles maffes montueufes 8c dans les vailees , E. is
même fertilité.
I 11 nous xefte à décrire maintenant la nature de