
des côtes offrent des promenades délicieufes, foit
du côté de Guipavas, foit dans les bois de Kéroal,
foit à Saint-Marc , où Ton jouit d'un fi bel afpeét
de la rade.
Brefi offre quelquefois des fêtes dont on ne peut
avoir l’ide'e que dans les ports de fon importance.
Ainfi lorfque la rade eft couverte de vaiflfeaux illuminés,
on peut imaginer l'éclat produit par les
reflets de l'Océan, par une lumière étrangère à
celle de la voûte du ciel. Que font les feux qui
vont mourir à l'horizon fi vous les comparez à
ces promontoires éclairés qui fe reflettent dans
les ondes ? à ces auréoles de feux, à ces tourbillons
lumineux dont chaque navire eft le cêntre?
Le V éfu ve, éclairant la nuit les rivages de Cume,
d’ Ifchia, de Prochita, du Paufilippe, de Caprée
& du vafte baffin de Naples ; l'Etna, verfant fur la
Sicile des flots d'une lumière ardente, peuvent
feuls donner l'idée du fpeétacle que je décris avec
un coloris fi pâle & des expreflions fi foibles.
BRETAGNE. C'étoit une province confîdé-
rable, renfermée dans une prefqu’île fituée entre
le 12e. deg. 4 7 min. & le 16e. deg. 57 min. de longitude,
& entre le 46e. deg. 57 min. & le 48e. deg.
51 min. de latitude. Elle eft bornée, au fepten-
trion & au couchant, par l'Océan ; au midi, par
l’Océan & le ci-devant Poitou , & au levant par
le Maine & l’Anjou. Elle peut avoir foixante &
dix lieues de longueur, fur quarante-fîx de largeur
; ce qui peut être évalué à deux mille huit
cents lieues carrées. On eftime qu’elle a plus de
deux cents lieues de côtes.
Les principales rivières de la Bretagne font la
L o ire , la Vilaine , l'Erdre, le M en, le Bonneau,
la Claye, l'Ardenne, la Rance, la rivière de Fémur,
l'Arguenon,leCouefnon,l’Ouft,le B la ve t,l’Aon,
le Benaudet, l’Oder , l’Ellai, l'Ifote & le L en , &
de toutes ces eaux courantes il n’y a que la Loire
de navigable. La plupart des autres rivières qui
ont leurs fources dans la province & leur embouchure
dans l ’O céan, font à la vérité dans l'efpace
que parcourt le reflux de la m er, & cela ne s’étend
as bien loin. D’ailleurs, prefque toutes portent
atèau. Outre ces rivières & un grand nombre
d'autres moins confïdérables, il y a un lac appelé
lac de Grandira , un grand nombre de baies &: de
ports de mer ; ce qui met les habitans à portée de
participer, au moyen du commerce , aux richeffes
des autres pays même éloignés.
En général, la Bretagne eft un pays de plaines
& de montagnes de moyenne élévation : les montagnes
d’Arré font les plus diftinguées par leur
hauteur. .
Quant au climat de cette province, 1-air y eft
-partout affez tempéré > mais, au voifinage de la
mer-, il eft épais.
Il y a dans cette province des contrées fort couvertes
de bois } mais il y en a d’autres qui offrent j
de grandes landes entièrement incultes- Les terres
cultivées font très-fertiles en blé : suffi cette denrée
, produite par la culture du pays, eft plus que
fuftifante pour fa confommation ; ainfi il s’ en exporte
une grande quantité à l’étranger. Les terres y produifent auffi beaucoup de lin & de chanvre.
Le pays Nantois & celui de Rhuys font les feules
contrées où l’on recueille du vin. Ailleurs le
c id re , qui eft d’une qualité excellente , eft la
boiffoh ordinaire des habitans.
Comme les vins de Bretagne font de très-petite
qualité , à l’exception de celui que produifent
certains cantons & qui eft affez bon , ils fe con-
fomment dans le pays; mais lorfque la récolte en
eft abondante, on convertit une grande quantité
de ces vins en eaux-çle-vie que les étrangers efti-
ment beaucoup, parce qu’elles confervent leur
qualité fur mer.
Indépendamment des denrées dont on vient de
parler, la Bretagne abonde en pâturages excellens
dans des lieux où l ’-on nourrit quantité de bétail
de toute elpèce, & même des chevaux. Le beurre
que l'on tire du lait que donnent les vaches, eft
tiës-eftimé : celui que fournit le canton de Rennes,
& qui e ft connu ions le nom de la Prévalaye, eft
le plus excellent : on eu exporte de tous côtés. La
Prévalaye eft une métairie qui tft à environ deux
lieues au midi de Rennes. On y nourrit beaucoup
de vaches, qu’on y entretient dans les excellens
pâturages de ce canton.
Cette province ne manque pas de forêts : le
Gouvernement en avoit plufieurs qui faifoient
partie de fes .domaines. Celles de Rennes, de
Saint-Aubin & de Liffré, ces trois forêts , quoique
diftinétes, fe joignent & femblent n’ en former
qu’une. Il y a encore celles de Fougères, Ville-
Cartier, Marcillé, Toulon - la - Gavre , Rhuys ,
Lanvaux, Bolquon & Cornouailles, qui renferment
en tout quarante-cinq mille cinq cent vingt-
fix journaux.
Outre ces forêts il y en a d’autres qui appartiennent
à différens particuliers, telles que les
forêts de V itré , Château-Brillant, Montauban,
Ancenis , Quintin, les Salles , la Guerche , la
Nouée , Pont - l’Abbé , Saint - Malo , le Faon ,
Loudac, Oudon , Brianfon, la Hunandais, Blain,
Machecou, Molac, Ellevain;, Rieux, la Forêt-
Neuve & la Roche-Bernard , qui toutes enfemble
renferment quatre - vingt mille journaux. A ces
forêts on pourroit.encore ajouter celles de Cha-
vaux & de Juigné, dans la partie feptentrionale
du pays Nantois ; de Coïalon & de Coubian, dans
l’ évêché de Quimper; de Leuvre, aux confins
des évêchés de Saint-Brieux & de Saint-Malo ;
de Pavée , dans la partie orientale de l’évêché de
, Nantes; de la Treille , aux confins des évêchés
de Rennes & de Nantes, & de plufieurs autres
bois moins confïdérables répandus çà & là dans
; la : province. Les forêts de la Bretagne font ordi-
! nairement composées de hêtres, de chênes, de
cbâtaigners & de bois blanc.
La Bretagne a des mines de plomb très-abondantes,
des mines de fer & d’ antimoine; des mines
de charbon de terre, des mines d’argent, des
eaux minérales, des carrières de marbre & plufieurs
amas de coquilles foffiles. Lés mines de plomb font
dans les communes de Carnot, diocèfe de Quimper
; de Poulaoüen en Baffe-Bretagne, de Bérien,
de Sérugnat, de Ploué, de Loquerré, du Prieuré,
de la Feuillée, de Ploué-Nominais, de Plufquels,
de Tréhiran & de Melcarhais.
Le commerce de la Bretagne eft confidérable. Il
s’ y fabrique une quantité prodigieufe de toiles,
foit de chanvre, foit de lin , depuis les plus fines
jufqu’aux plus groffes , mais furtout des blanchards,
efpèce de toile de lin à demi-blanc, ni groffe ni
fine, & dont l’exportation a lieu furtout dans les
pays chauds. Quant aux toiles efti.mées par leur
fineffe, leur blancheur, la beauté & l'égalité de
leurs chaînes & trames, elles ont leur principal
débit en Efpagne, dans l’Amérique efpagnole &
aux colonies françaifes. Cette même province a
auffi quelques manufactures de toiles peintes, outre
un grand nombre de fabriques de petites étoffes
de laine. Il en fort du fil teint. La pêche de la
fardine, du maquereau & furtout de la morue
occupe un nombre confidérable de matelots de la
province, & fait un des meilleurs produits de la
Baffe-Bretagne.Outre ce la , il fe fait du fel dans
deux cantons différens, favoir : dans les neuf v illages
de la baie de Bourgneuf, & dans le territoire
de Guerande & du Croific. Il eft certain qu’année
commune les marais falans de ces deux cantons
ont produit la quantité de quarante mille muids
de fe l, qui valoient à peu près quatre millions à
la province.
Nantes eft la ville la plus commerçante de cette
province , à caufe de fon heureufe fituation fur un
fleuve large & profond. Saint-Malo eft auflï regardé
comme une des villes dont le commerce eft
le plus étendu au dehors. Les autres villes de la
Bretagne font Bourgneuf, Portnic, la Roche-Bernard,
Vannes*, Auray,Port-Louis, Lorient, Hen-
nebon, Concarneau, Quimper, Breft, Saint-Pol-
d e -L é o n , Morlaix, Tréguier & Saint - Brieux.
Quelques-unes des îles qui environnent cette province
ont auffi des ports très-avantageux.
La Bretagne compofe aujourd’hui cinq départe-
mens, favoir : celui d’ Ille & Vilaine , des Côtes-
du-Nord, du Finifterre, du Morbihan & de la
Loire-Inférieure. C ’eft en rendafit compte de ces
départemens, que nous achèverons de faire con-
noître cette partie intéreffante de la France,
comme il convient aux détails de fa géographie-
phyfique.
Il réfulte des obfervations que j’ai pu faire en
parcourant les diverfes contrées de la Bretagne,
que la prefque totalité du département du Finifterre
eft un granit à gros grain, mêlé de quartz,
de feldfpath & de mica ; qu'on y trouve une ;
grande quantité d’autres granits d’ un grain trèsfin,
propre à la fculpture & à l'archite&ure, ainfi
que le démontroient les façades des vieilles égüfes
& les ornemens qui les décorent ; que la pierre le
plus communément employée par les fculpteurs,
& qu’on nomme kerfauton en Bretagne, eft un
très-beau granitelle noir à grains très-fins, com-
pofé de quartz, de horn blende.femblable au granit
noir ftatuaire des Egyptiens : dans quelque variété
de cette pierre le mica remplace l’horn blende.
Le tems n'altère pas les rofes , les fleurons, les
plus légers ornemens de kerfauton. Quant à fes
côtés , les granits les plus durs, placés à la même
époque, font friables 8c décompofés. Cette pierre
coupe le verre comme le diamant. Elle rend un
fon clair quand on la frappe avec le fer. Quelques
principes de fa compofition font effervescence
avec les acides.
C e qui n’ eft pas granit eft fehifteux. Dans tout
le Finifterre on y trouve de riches mines d’ar-
doifes.
On voit beaucoup de grès quartzeux dans les
environs de la Feuillée & fur la fommité des montagnes
d’Arès.
Dans les environs de-Lefneven 8r de Scaè’r , les
terres font remplies de diverfes efpèces de quartz*"
criftallifés fous les formes de prifmes & de pyramides.
Les quartz font fouvent mêlés de fchorls
& de tourmalines, dont les fines font très-prononcées.
La mine de Poulaoüen offre de très-beaux morceaux
de fchorls.
On trouve à Coray une innombrable quantité
de pierres de croix fort groffes ou ftarotides.
Le quartz , fous forme d’améthyfte, peut fe recueillir
dans tout le Finifterre.
Ainfi on peut faire, en parcourant ce département
, une affez riche collection de roches fehif-
teufes micacées ;
De pyrites criftallifées cuivreufes 8z cubiques ;
De filex gris;
De fehifte noir, argileux & feuilleté ;
De fpath pefant, avec fehiftes & pyrites ;
De feldfpath criftallifé comme ceux de Baveno ;
De grès analogues à ceux de Fontainebleau,
mais a grains plus fins ;
De pierres meulières femblables à celles des
environs de Paris ;
Du fer criftallifé chatoyant, coloré comme celui
de l’île d’Elbe.
On ne trouve de pierre calcaire que dans les
environs de Plougaftel & à l’île Ronde. Point de
coquilles fur les fommets des montagnes, & rien
qui puiffe y démontrer le féjour des eaux de la
mer dans une contrée dont le niveau eft fi bas.
B r e t a g n e ( Nouvelle-), pays & prefqu’ île de
l’Amérique feptentrionale, au Canada & au nord
du fleuve Saint-Laurent.
C e pays peut avoir environ quatre-vingts lieues
de long. L’air en.eft très-froid, & le terroir ftérile.