
CR EU T ZN A CH ( Forêt d e ) , département de
Rhin & Mofelle, canton de Sobernheim. à deux
lieues nord-oueft de cette ville ; elle a du nord au
fud une lieue , & de l'eft à l'oued une lieue &
demie.
% CREUZIER-LE-NEUF, département de l'Ailier,
canton de Cuffrt , près la Mourgon , à une
lieue un quart de Cuffet : on y fait récolte &
commerce de vin.
C R EU ZO T ( l e ) , village du département de
Saône & Loire , canton de Mont-Génis, & à un
quart de lieue de Mont-Cénis : il s'y fabrique des
criftaux, des poids nouveaux , du le ft, des boulets
de canons pour le fervice de la marine. Les
mines de charbon de terre de cet endroit ont été
inondées pendant la révolution, & l'on s'occupe
de les mettre à ftç.
CRÈVECCEUR , bourg du département de-
l ’O ife, à trois lieues & demie oueft de Breteuil,
à deux lieues & demie fuÜ-eft de Grandvilliers ,
& quatre lieues & demie au nord de Beauvais : il y a plufieurs fabriques de ferges ou blicourt, &
des preffoirs à cidre.
Je me propofe de faire connoître l’hiftoire naturelle
des'environs de ce b ourg, qui font in-
tëreffans par plufieurs articles , lefquels méritent
des développemens particuliers, & fur lefquels
je reviendrai à plufieurs reprises, parce qu'ils fe
rèpréfenteront dans un grand nombre d’endroits
différens.
Sur la route de Paris à Crèvecoeur on trouve la
craie à Beaumont avec les filex, & la craie fe continue
jufqu'à la fécondé pofte au-delà de Beaumont
} & à la defcente avant Boncourt, & dans
tout ce trajet , j'ai remarqué que ce maflif de
craie étoit recouvert, comme dans l'ïle de Béru,
de fables rouges & de meulières.
Il feroit affez curieux de fuivre les limites de
cette maffe crayeufe, qui va s'enfonçant deffous
les meulières, & même deffous des couches co-
quillières. Le cara&ère de la craie paroît aufli dans
la pierre blanche des limites, vers Beauvais, &
furtout dans le vallon de Beauvais ; il confifte à
n'indiquer aucune couche & d'offrir des faces
très-unies de defiiccation : il y a même des filex
parmi cette pierre blanche pLus dure que la craie ;
elle fe délite aifément, & les filex refient à la
placé.
Le terrain coule en fens contraire de l'Oife : ces
fortes de pentes particulières tiennent toujours aux
pentes primitives. On trouve dans le trajet de Crève-
coeur au Mefnil quelques plateaux entre les vallons,
& ces plateaux font couverts d'un grand nombre
de galets. Il y a un village qui s'appelle Gallet ; c'eft
un amas de ces cailloux roulés , qui ont eu pour
bafe des filex. Il y a une grande abondance de ces
galets fur le plateau du village d'Houffoye, Pareil
amas fe remarque fur le plateau du village leChauf*
fois-Gallet, de même fur un plateau au-delà du
bois Haren ; enfuite entre Étomenil & Mane-
villate, & à l'extrémité de la commune de Pre-
villiers, enfin au bois des Gallets, qui eft à l’oueft
du village de Previlliers.
J’ai reconnu , par une obfervation, que ces
amas de galets étoient très-abondans fur ces terrains
, parce qu'ils fe trouvent au même niveau ;
en forte que ces traînées particulières ont été dé-
pofées ainfî fous la mer. Il eft à préfumer que les
coupures des vallons profonds mettroient à découvert
, vers le Mefnil, l'extrémité delà couche de
craie fi elle s'y continuait, & qu’elle fûc recouverte
elle-même par d’autres couches de craie &■
de filex. Or, nous n'en avons pas vu fur les croupes
des vallons avant la Chapelle-Notre-Dame.
Ces galets, fi abondans, ont cela de particulier ,
que ce ne font que des filex, au lieu que les graves
font des débris de l’ancienne terre, & font la1
plupart du tems des quartz, des criftaux de roches.
J’ai trouvé quelques-uns de ces graves à l'ïle de
Béru avec les galets. Les filex, fous formes de
galets, prouvent que la mer a ufé & roulé les
produits de la nouvelle terre pendant l ’époque de
la formation de cette nouvelle terre ; car ces galets
faifoient partie des matériaux qui entrent dans
les couches horizontales, vu les cailloux roulés
de galet. La fuperficie de ce plateau en eft toute
couverte, fur une épaiffeur très-confidérable : il y
en a qui couvrent les croupes feptentrionales, de >
même en montant la croupe oppofée omen rencontre
peu ; mais vers Houfloye il y en a un peu
plus. Il paroît, à en juger par ce qu’on voit vers
Houfloye, que ces cailloux ne font pas diftribués
également fur un même niveau à peu près} car
le plateau avant Houfloye , quoique prefqu'affu-
jetti au même niveau, n’en a pas partout & n'en a
pas aufli abondamment. Après le bois d'Yhus il y
en a fur deux revers; enfuite fur un plateau le
plus élevé les galets font très-abondans & dans un
fablon de mer.
Tous les cailloux roulés ou les galets font des
filex. Dans ces amas de galets on en trouve- de
différentes groffeurs : les plus petits font les plus
ufés & les plus arrondis. Il y en a de g ros , qui
ont encore beaucoup d'inégalités , & à peine
ont-ils commencé à s'arrondir & à fe polir. Il eft
étonnant que ce grand nombre de filex arrondis
ui fe trouvent difperfés à la fuperficie du fol ou
ans les dernières couches foient des filex de la
même nature que les pierres de filex qui font empâtées
dans la craie. Il y a beaucoup de ces filex
non arrondis qui ont été dégagés de la craie par
l ’aétion des eaux, qui ont détruit les couches au
milieu defquelles ils étoient engagés.
Il paroît que ces galets fuivent certaines bandes
plutôt qu'un certain niveau ; cependant ils font
affujettis aux couches de la fuperficie, & point
réfidans ,defibus d'autres couches. S’ils fe raccordent
avec ceux de Moyen ou de la forêt de j
Villers - Coterêts & de l'ïle de Béru, ils font un I
dépôt de la mer ; ce qui eft un fait fingulier, relativement
à la nature de la pierre-filiceufe dont
ils font tous formés.
On marne aux environs de Crèvecoeur, en creu-
fant un puits ; & lorfqu’on eft parvenu à la profondeur
de quatorze pieds, on pratique des galeries
latérales qu'on creufe tout autour du puits.
La craie qu’on en tire , fe mêle avec avantage à la
terre argileufe & fablonneufe. C ’eft: l’ancienne
matrice des meulières , qui recouvre la craie dans
ces contrées. Il y a eu en plufieurs endroits des
couches de craie de détruites. J'en juge par le
grand nombre de filex en formes bizarres qui recouvrent
certaines parties du terrain , & qui
montrent beaucoup de débris de craie. Je le répète
: il n’y a de filex que dans la craie, qui eft
leur matrice naturelle. Si donc on les trouve à la
fuperficie du fo l, détachés , difperfés , accumulés
fans ordre & briles, il eft néceffaire qu'ils aient
été dégagés de la craie par la deftru&ion , &
que l'agent de cette deftruétion, n’ayant pu les
emporter, ait entraîné la craie. Ceci nous donne
une preuve des deftruétions fort étendues & fort
confidérables de la fuperficie du globe, outre les
excavations des vallées, & indépendamment de
ces vallées, puifque ces amas de filex fe trouvent
fuK des plaines très - élevées & même un peu
éloignées des vallons. 11 faut donc remonter vers
ces deftru&ions, en reconnoïtre l'étendue avant de
porter un jugement bien folide fur l'état ancien &
primitif, & apprécier l'étendue des changemens
qui ont eu lieu à la fuperficie de la terre dans ces
contrées. Mais la grande difficulté confifte à fuivre
avec attention ces changemens , en remarquant
exa&ement les nuances de tous les effets qui ont
dû s’opérer : fans cela nulle analyfe, nulie obfervation
précife.
Je reviens au marnage des terres. Je n’ai vu
marner que fur les plateaux élevés qui font recouverts
par le limon. Ainfi l’on ne peut douter
qu’ il n’y ait du choix dans les terres qu’on marne;
car leur nature fe combine avec la marne qu'on
emploie. On marne aufli en-deçà‘de Beauvais &
fur les hauteurs aux environs de Beaumont, où
les terres /ont profondes.
Les pentes alongées entre. les vallons principaux
& les vallons latéraux du côté de Saint-
Omer prouvent le progrès de l'àpprofondiffe-
ment fucceflif & fimultané du vallon principal &
latéral de ces contrées.
Les ravines y font très-commünes, particuliérement
fur les croupes des vaUées : c'eft vers
ces points de partage des eaux que les progrès
de l’évafement des vallons. s’étendent de plus en
plus, & fe prolongent par de nouvelles ravines j
car les eaux étendent les excavations à la faveur
des pentes. 11 eft: vrai que l'étendue de la fuperficie
qui verfe les eaux fe rétrécit de plus en
plus ; car l'extrémité inférieure des ravines, des
croupes fe comble par des mate riaux que les eaux
y dépofent lors de leurs ralentiflemens & de leurs
diminutions fréquentes.
Je reviens aux galets. Sur le chemin de Breteuil
à Amiens on trouve une montagne qui fe
nomme Montagne des galets ,• car on en obferve
un grand iiom:ie fur cette montagne. 1! y en à
d’ailleurs de difperfés fur les hauteurs qu’on rencontre
en voyageant vers Amiens. On en trouve
de même aux environs de Noyon, & qui ont eu
pour bafe des filex.
En confidérant l’étendue des cailloux roulés ou
galets on doit être furpris que, dans toute cette
étendue, la mer n’ait trouvé de pierres formées
que des filex , & qu’elle les ait foumifes à l’ aétion
des vagues. Il paraît que ces filex ne fe trouvent
pas feulemënt difperfés au milieu de la craie,
mais encore ailleurs. D’où la merles a-t-elle tirés?
De fon fond ? Et détruit-elle les couches formées
fur lé fond de fon baffin en ajoutant à ces couches ?
Ceci abefoin d’être difeuté.
La montagne des galets eft fur le chemin de
Breteuil à Amiens, proche Bonneuil.
Les galets du village de Gallet ne s'étendent que
jufqu’à la moitié du village, quoique cette moitié
foie aufli élevée que l'autre ou il y a des galets.
L'arête la plus élevée du bois de Crèvecoeur eft
couverte de galets.
Le plateau le plus élevé du bois de Lihu , fur
le chemin du bois de Lihu à Etomenil, offre dés
galets.
Il ne paroît pas que ces galets faffent une couche
continue , car ils font par bandes interrompues;
d'ailleurs , ces bandes paroiffent être de niveau.
Sur le chemin de Crèvecoeur à Etomenil eft le
bois des Gallets.
Il eft clair que les galets des environs de Crèvecoeur
font d’anciens filex de formes bizarres ; car
il y en a de très-gros , qui ont confervé les reftes
des anciennes inégalités, comme des creux, des
vides, des trous; les autres parties font arrondies
, ufées & polies. Les filex que la mer détache
des falaifes de Dieppe & des environs du Havre
font arrondis par le roulement des vagues, & des
flots de la mer montante & defeendante.
Ainfi il n'y a pas de doute que ce ne foit le
même agent qui ait arrondi les galets des environs
de Crèvecoeur & ceux du Havre, & que ce ne
foient les mêmes filex dégagés des couches de craie
femblables qui aient fervi de bafe à ces galets.
Tous les vallons que j'ai obfervés au nord de
Crèvecoeur font affez profonds , quoiqu'ils foient
voifîns de leur origine. Ceux qui ont leur direction
vers Amiens font bien plus profonds encore,
& leurs croupes offrent des taches de craie, des
débris .de fables & de terres argilo-fablonneufes.
Ceci eft une preuve que dans les pays où la matière
eft tendre & mobile , l'eau a beaucoup dégradé
: outre cela, un grand nombre de ravines