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Volaurié, dans le Diois , renferment quantité
d'ours. Les loirs 8c les marmottes fe trouvent dans j
les montagnes des Alpes. On fait que ces animaux
dorment fix mois fans fe réveiller. J
Cette ci-devanr province abonde en lièvres
blancs 8c en perdrix blanches. On y trouve une
grande quantité de faifans , d'aigles 8c d’autours.
Quant aux productions intérieures du fol , les
montagnes renferment quantité de mines , dont
on trouvera la defcription à leurs articles. |
La province de Dauphiné , telle qu’ elle etoit
jufqu'à l'époque de 1789 , é to it , comme nous
l'avons dit plus haut, compofée de plufieurs petits
pays ou états, réunis par la fuite des tems, des de-
bris du royaume de Bourgogne. Elle fut anciennement
occupée par les Allobroges, qui , après avoir
fou tenu des guerres longues 8c fanglantes contre
les Romains , en furent enfin fubjugués. A la décadence
de l'Empire , ce peuple paffa fous la domination
des Bourguignons j dont le roi refidoit
à Vienne. Le royaume de Bourgogne, ayant ete
détruit par les François, ceux-ci pofiédèrent le
pays jufqu’ à la mort de Louisle-Bègue. Je ne fui-
vrai pas les autres révolutions qu’éprouva cette
province , pour paffer à ce qui concerne fon commerce
aCtuel. , i l !
Quant au commerce du Dauphine 3 il répond
à la diverfité des fituations des contrées qu’il renferme.
Les montagnes produilenc des lapins 8c
autres arbres propres pour la marine 8c pour les
eonftruCUons variées î il y en a aufii beaucoup dont
on tire de la térébenthine très-liquide , très-belle
& bien odoriférante. Les rivières 8c les ruiffeaux qui
les traverfent, communiquent le mouvement aux
moulins 8c ufines des forges & des fonderies, ou
on fabiique toutes fortes d ouvrages de fe r , d a-
c ie r , de cuivre 8c de plomb, 8c .principalement
celle des ancres 8c des canons , 8cc.
C ’eft à Rive-Moirans, à Voiron , à Beaumont-
Fax ent, à Tulins, à Beau-Croiffant, à Chabons 8c
à Vienne que fé fabrique l’acier. Les fers qu’on
appelle fers a forges fe font dans^ les forges de
Saint Hugon , d’Huftières, de Tuois , d’Allevard,
de Laval, de Goncelin, de la Combe, de Vriage,
de R e v e l, des Portes, de Saint-Gervais 8c de
Royan. C ’eft à Rives, à Beau-Croiffant, à T ulins
, à Noiron, à Beaumont-Furent , 8c furtout à
Vienne,que fe fabriquent les lames d épees, comme
à Voiron & à Vifille les faux 8c les faucilles. La
fonte des canons eft à Saint-Georges, 8c les ancres
fe forgent à Vienne. Il y a suffi dans ce dernier
lieu des forges où l’on travaille le cuivre , ainfi
qu’ à Tulins, à Voiron 8c à Beau-Croiffant. On
prépare le vitriol 8c les autres minéraux dans les
laboratoires d’Allevard , de Laval, de la Cloche ,
de l’Argentière, de Lefchat, de Beauriere 8c de
Larnage. , . , r ,
Les autres manufactures du Dauphine lonr les
iaineries, les toiles 8c les Joieries : les draperies 8c
Us autres étoffes de laine ne font pas «es plus
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fines, mais d’une affez bonne qualité. On ne fabrique
que des draps à Grenoble, à V o iron , à
Tulins, à Saint-Marcellin, à Royan, à Serre , à
Beaurepaire, à Saint-Jean-de-Royan , à Pont-cn-
Royan , à Valence 8c dans tous les environs de
ces lieux, centres de manufactures. Il paffe une
grande quantité des draperies du ci-devant Dauphiné
en Savoie 8c en Piémont. A Vienne on fabrique
des droguets} à Taulignan 8c à Dieulefit,
des fergettes } à Romans, des cordillats , des ratines
, des eftamets 8c des draps î à Creft, des
ratines 8c des cordillats j à Montélimar, des fergettes
8c des ratines } 8c à Buys, des fergettes 8c
des cordillats. Dans prefque tous les village s dé-
pendansde ces villes il y a des fabriques des mêmes
: étoffes de laine, qui fe font dans leur chef-lieu. Les
laines qu’on emploie dans ces manufactures font
prefque toutes de là province, 8c le commerce s en
fait principalement à Valence, à Creft, à Romans
8c à Royan.
Les plaines , outre les chanvres, produifent di
verfes fortes de grains. On y cultive aufli des mûriers
blancs, pour la nourriture des vers à foie
dans toute la province , à l’exception des pays dt,
montagnes 8c des terrains froids. On y cultive aufl
des amandiers 8c des oliviers. Il y a auffi dans
toute la province des châtaigniers 8c des noyers,
qui font d’une grande reffource pour lé peuple.
Les confins du Dauphiné , les bords du Rhône ,
principalement dans le Viennois, font plantés de
marronniers, 8c c’ eft delà que vient la plus grande
partie des marrons qui fe vendent à Paris fous
le nom de marrons de Lyon, fans doute parce que
le centre de ce commerce eft dans cette ville.
Le haut & le bas Dauphiné forment aujourd’ hui
les départemens de la Drôme, de i’ Ifere 8c des
Hautes-Alpes.
Le Dauphiné offre dans les plus grands détails
les phénomènes de la moyenne terre : on y voit
les déplacemens immenfes des couches primitivement
horizontales, 8c qui confervent ce caractère.
On y voit les coupures immenfes faites dans
ces maflifs de la moyenne terre par les eaux courantes
3 en un m o t, la formation des vallées y eft
démontrée. On y voit aufli des amas de cailloux
roulés immenfes, difperfés au milieu des couches
horizontales, 8c fur les bords de l’ancienne mer.
Voilà les grandes merveilles du Dauphine : elles
ont cela de précieux , qu’on en trouve^ de fem-
blables dans d’autres provinces, où les mêmes phénomènes
fe retrouvent. (J^oye^ ce que j’ ai dit fur
les cartes d’Embrun 8c de Valence , où je montre
le prolongement du Jura : je raifonne fur les fuit,es
des déplacemens des couches autrefois horizontales}
couches inclinées de la moyenne terre.)
Golfe du Dauphiné.
Je fais, par exemple, qu’il y a des caillou
roulé
roulés dans la vallée du Drac, 8c affez^ profondément
} que ces amas de cailloux roules font empâtés
de fubftances terreufes, 8c mêlés de gros
débris, qui ne font que dégroflis. 11 n’eft pas douteux
qu’on trouveroit de pareils dépôts plus avant
dans cette vallée , comme dans ceUe de l'Ifère 8c
de la Romanche. J’ajoute même qu’ il y auroit plufieurs
relies de couches dont les eaux courantes
des rivières ont détruit une partie lorlqu’elles ont
repris leur ancien écoulement après la retraite de
la mer, qui leur a de nouveau abandonné ce qu’elle
avoit envahi.
On pourroit juger auffi des difterens degrés ae
température des québrades , que j’ ai prouvé réft-
dantes dans nos vallées des pays de montagnes,
par la hauteur des dépôtsqui relient, 8c par Retendue
de ceux qui ont été enlevés par les neuves
depuis la retraite de la mer. Ces deux confédérations
, qui font entièrement neuves , mériteroient
bien un voyage en Dauphiné, le long des vallees
principales 8c latérales des rivières qui^fe jettent
dans le Rhône, d’abord dans celles de l’Ifère, de ,
la Romanche 8c du Drac , enfuite dans celle de la
Drôme, de la Durance, 8cc.
Je vois que Guettard a parcouru le Dauphine
affez en détail, qu’il a recueilli des notes infinies
fur la minéralogie } mais comme il alloit d un lieu
à un autre fans voir autre choie que la ligne de
l'intervalle ,il n'a rafferablé que des notes : il n’eft
donc pas étonnant qu’ il n aît fait connoître aucun 1
phénomène un peu important. Comme la ligne qu il ;
parcouroit, n'entroit pas dans l’examen ou dans 1 é-
tablilfement d’aucune qu et! ion importante, il n en
eft réfulté aucune analyfe fur la formation 8c la
diftribution relative des maflifs du Dauphine, fur
leur hiftoire naturelle , 8cc.
Il y a des amas de galets dans plufieurs réduits
du go'lfe du Rhône. On fe rêfuferoit-à l'examen de '
plufieurs phénomènes fort curieux, 8c 1 on ne prendroit
du golfe qu'une idée incomplète fi Ion fe
bornoit à la feule vallée du Rhône, comme renfermant
l’ ouverture du golfe , qui a été primitivement
ébauchée par le fleuve } car comme plufieurs
autres rivières s’ y jettent, ce golfe a du prendre
en conféquence plufieurs embranchemens.
Je vois dans la première époque de 1 ouverture
du golfe, des rochers dépendans des groupes de
montagnes uue j'ai diftingués, 8c qui en ont ete
féparés au dêffus de Saint-Marcellin par le Drac 8c
l’ Ifère} enfuite ces blocs de rochers ont ete recouverts
par les dépôts de la mer, qui a occupe oç
couvert également de grandes étendues de terrain
entre la vallée de l’ Ifère à Saint-Marcellin 8c la
plaine de Saint-André } ce qui prouve que les vallées
de l’ Ifère 8c du Drac ont été creufées en meme
tems que celle du Rhône , & avant la dernière în-
vafion de la mer dans le g olfe} car les vides que la
mer a remplis par fes dépôts , pendant fon dernier
féjour, exifloient avant cette invafion, furtout les
vides-des vallées qui n’ont pu s’approfondir fous
Géographie-Phyjîque. Tome 11L
fes eaux, 8c dans les parties où fon baflin s'étoit
^ Il faudroit voir 8c fuivre les vallées du Drac 8c
de l’Ifère, dans fes vues, pour juger de retendue
des vides par les rempliffages, 8c des déblais par
ies remblais.
Dauphiné d’Auvergne. C ’étoit un certain
pays dans la Baffe-Auvergne , près de la riviere
d'Allier 8c de la ville d’ Iffoire : Vodable en etoit
la capitale, 8c cetre ville méricoit cette diftinc-
tion par des veftiges volcaniques dont elle eft le
centre, 8c qui fe propagent dans les environs : l El-
toing 8c Vieilie-Brioude en dépendoient. Ce pays
fait aujourd'hui partie des départemens du Puy-
de-Dôme 8c de la Haute-Loire.
D AUTRE ( l a ) , rivière du département du
Cantal. Elle prend fa fource à trois lieues trois
quarts nord-eft d’Aurülae, 8c verfe fes eaux au
fud-oueft, puis au fud , enfuite a 1 ouelt,. lesquelles
finiffent par fe rendre dans le C e r , près de
la Câpelle-Viefcamp, à trois lieues 8c demie d Au-
rillac.
D A U Z â N ( l e ) , rivière du département du
Cantal, arrondiffement 8c canton fud de Samt-
Flour. Elle prend fa fource à une lieue 8c demie
du Pldmb du-Cantal, verfe fes eaux à l'eft } eües
remontent au fud-eft 8c fe réunifient a la Saihans ,
qui paffe au pied de la montagne de Saint- Flour,
8c prend le nom de Lende , enfuite tourne au îud oc
fe rend dans la Ttuyè re, à une lieue trois quarts
fud-eft de Saint-Flour. C ’ eft ainfi que le Cantal le
débarraffe de fes eaux en les verfant dans ce grand
égout.
DAVIS (Détroit d e ) , bras de mer entre l’île de
Jacques 8c la côte occidentale du Groenland. Les
Sauvages qui habitent les environs de ce détroit
font très-robuftes. Ils s’occupent de la chafle 8c de
la pêche, 8c le fang des animaux eu une bomon
qui leur eft agréable.
D A X , ville du département des Landes, fur
l’ Adour, à neuf lieues de Bayonne, 8c à cinq
lieues 8c demis fud-oueft de Tartas, 8c onze lieues
fud-oueft de Mont-de-Marfan.- Cette v ille, ci-devant
capitale des Landes , dans la Gafcogne , elt
très-ancienne : elle fut primitivement la principale
habitation des Tarbellions, peuples les plus illuf-
tres de l'Aquitaine } enfuite elle appartint aux Romains.
Je ne parlerai ici ni des G o th s , ni des
Francs , ni des Gafcons qui 1 occupèrent fuccefli-
vement. . , , .
Dax eft fitué dans une plaine fertile 8c agréable,
fur h rive gauche de l’Adour. Au-delà de cetre
rivière eft un faubourg appelé le Sablar : on y
communique par un pont d une architecture extrè-
; me ment hardie, 8c d'une élévation tres-etonnante
E e e e .