
connoître ce que Ton projette pour l’avenir, 8c fi,
dans des démolitions de conftru&ions antiques, ce
qui refte fur pied fait juger dê l’état du palfé ; fi
je vois une voûte entière où il ne refte plus qu’une
naiflance , & fi je me reprëfente une colonne entière
où il n’y a plus qu’ un fragment de colonne
& d’entablement, je ne puis 8c je ne dois qu’en
faire de même au fujèt du fpeétacle qu’ont pré-
fenté, en tout tems, les montagnes, monumens fi
anciens dans la mémoire des hommes*
Si je vois donc des lits rompus & inclinés,
comme ce n'eft pas là leur pofition primitive 8c
naturelle, je les redrefife par la penlee. Si je les
vois interrompus 8c tranchés net', je les continue, 8c je vois leur prolongement traverfer l’air par-
deflfus les villes & les tours que nous habitons.
C ’eft par-là que nous avons jugé d’abord en voyant à découvert des lits femblables, & uniformément
appareillés fur les faces des deux croupes qui bordent
nos vallées de part & d’autre, 8c même des
bras de mer, qu’il faut qu’il y ait eu un tems où
ces terrains n’ont dû être qu’une feule & même
maffe continue. C ’eft par-là que nous avons commencé
à foupçonner qu’il y avoit eu une infinité
de dégradations à la furface de la terre, & c’eft
par-là enfin que les lits de nos plus hautes montagnes
ifoiées, terminées de même en arrachement
, prouvent que toutes les différentes chaînes
qui ferpentent ça & là fur nos continens, n’ont
aufli anciennement formé qu’une même 8c feule
maffe continue avant que des accidens les aient
féparés 8c défunis en emportant tous les terrains
dont les défauts nous les font paroître fi grandes
& fi élevées, & ont produit les bafiins & les vafes
de nos fleuves & de nos rivières.
O r , i° . tous les terrains fupérieurs auxquels nos
montagnes & les parties les plus élevées de leurs
cimes, qui n’exiftent plus, ont dû leur conftruc-
tion lors de leur pofition relative fous les eaux,
& , i° . tous, les terrains qui leur ont été fupérieurs 8c contigus, même à l’égard de leur pofition actuelle
, tous ces terrains n’exiftoient déjà plus au
commencement de la Genèfe ; il n’en reftoit plus
dès-lors que les débris 8c les chaînes de nos montagnes
, oc les autres fotnmets des pays inférieurs
qui donnoient aux fleuves 8c aux rivières une
pente vers les mers, caufoient les finuofités & les
contours de ces fleuves, & les amenoient à des
confluences.
V o yez à l’article A u t e u i l le développement
des principales circonftances qui ont préfidé à la
formation & à la difpofition des blocs errans qui
font difperfés dans le bois de Boulogne 8c même
dans Paris. Je m’applaudis d’avoir trouvé 8c indiqué
les preuves authentiques de l ’origine de ces
beaux monumens de l’hiftoire du Globe.
BLOIS, ville du département de Loir 8c Ch e r ,
fur la Loire, dans un pays fertile & agréable. C ette
ville s’élève en amphithéâtre fur la rive droite de
la Lo ire, 8c ce fpeCtacle femble couronné par 1«
château qui le domine. Un aqueduc fuperbe, taillé
dans le roc par les Romains , àttefte fon antiquité.
Cet ouvrage eft intereffant. Il eft conftruit en forme
de grotte, 8c coupé dans le rocher avec un tel art,
que plufieurs perfonnespeuvent prefque, fur toute
la longueur de la grotte, y marcher de front. Au
nombre des monumens qui méritent l'attention
proche ia ville de Blois, eft le pont qui traverfe la
L o ire , ouvrage du dixième fiêcle , foutenu fur
onze arches & parfaitement confervé. C ’eft au
centre de la ligne courbe qu’il décrit,que l'on ?
élevé une pyramide de cent pieds d’élévation ,
dont la forme étonne 8c plaît à la fois.
Les productions du territoire de Blois confident
en vins & eaux-de-vie tirés de la ci-devant Sologne,
en blés récoltés dans d’irnmenfes 8c fertiles
plaines voifînes, en bois de toute efpèce exploités
dans les trois forêts de Chambord, de Blois 8c de
Ruffi, montant enfemble à quinze ou feize mille
arpens.
Sa pofition géographique, fur les bords d’ un
dés principaux fleuves de la France, eft des plus
agréables. L’évêché de Blois eft fitué fur la partie
la plus élevée de la ville. Il a pour la première
vue, au midi, la grande 8c belle vallée de la Loire 8c du fleuve qur coule au milieu-j aurdelà font les
forêts qui forment, pour perfpeCti v e , un des beaux
rideaux que la nature puiffe offrir : les variétés du
fol de la Sologne & même le parc de Chambord
en font facilement apperçus, & couronnent le point
de vue le plus riche que la France mette fous les
yeux des curieux.
Le commerce de Blois confifte en coutellerie ,
clincaillerie, verrerie, bois de conftru&ion, vins,
eaux-de-vie & vinaigre. On trouve aux portes de
la ville quelques morceaux de mine de fer bézoar-
dique ou de pyrolite ferrugineufe réunis en maffe.
Les fontaines doivent être mifes.au nombre des
principales beautés de cette v ille, 8c furtout confi-
dérées relativement aux fources qui fourniflent à
leur entretien.
Blois ( Forêt de ) , du département de Loir &
C h e r , à une demi-lieue oueft de Blois» Elle a
quatre mille deux cerits toifes de longueur , fur
deux mille cinq cents toifes de largeur.
BLOSCON ( Fort d e ) , département du Finif-
terre, canton de Saint-Pol-de-Léon, à une lieue
un quart de cette ville) près de Rofcoff.
BLOSSEVILLE, village du département de la
Seine-Inférieure, arrondiffement d’ Yvetot. 11 y a
une manufacture de poteries.
BLOT- EGLISE , village du département du
Puy-de-Dôme, canton de Menât. On y lait commerce
de bois.
BLÜYE ( Montagne de ) , département de la
Drôme , arrondiffement de Nions. Sa direction eft
de l’ouelt à l’eft. Elle a deux lieues de longueur.
BOBB1ESE. Ce petit pays faifoit partie du territoire
de Bobbio. Ce n’eft proprement qu’une
portion de la vallée de la Trebbia , comprife dans
le département de Marengo.
BOCAG E . C ’eft une contrée de la ci-devant
Normandie, qui forme préfentement la partie méridionale
des départemens de la Manche 8c du
Calvados. La butte de Brimbal, aux environs de
Tinchebray, eft la partie la plus élevée de cette
contrée. La V ire , le Noireau , l’Égraine & la Sée
ont leur origine aux pieds de cette montagne.
Deux de ces rivières. fe déchargent immédiatement
dans la mer i lavoir : la Sée, dans la baie du
mont Saint-Michel, 8c la V ir e , dans la baie d’ Jfi-
gny. Le Noireau verfe fes eaux dans l ’Orne, 8c
l’Egraine va fe joindre à la Mayenne.
Un peu plus bas , 8c au fu d , la forêt de Lande-
Pourrie donne naiflance à la Sélune , qui coule
enfuite au couchant vers Saint-Hilaire, où elle
reçoit l’Airon, & de là va fe rendre dans la baie
du mont Saint-Michel, où elle fe réunit à la Sée.
‘A l’ oueft de Brimbal la Sienne commence fon
cours dans la forêt de SaintrSéver, au pied du
mont Joie, coule dans la même direction jufqu’à
Ville-Dieu, puis elle fe porte un peu au nord, & ,
après avoir reçu l’Airon au deffous de Gavray &
la Soulle près de Coutances, elle fe jette dans la
mer au havre de Régneville.
Les faumons qui remontent de la mer dans les
rivières du Bocage, font de fort bonne qualité. Les
ruifleaux affluens dans ces rivières fourniffent outre
cela d’excellentes truites-. La Brizelle, qui defcend
de Bourigny à Brecé dans la S é e , en donne de fort
bonnes. La carpe, la tanche, la perche, &c. le
multiplient croiffent affez promptement dans les
étangs. La rivière de Lances, qui arrofe le territoire
de Mortain, produit beaucoup de belles écre-
viffes au defius de la cafcade en remontant vers la
four ce.
L ’intérieur de ce pays eft coupé par des chaînes
de collines qui partent des points de partage des
eaux , 8c vont, en s’abaiffant, vers l’embouchure
des rivières. Chaque fuite de ces collines offre un
grand- nombre d’tmbranchemens , entre lefquels
coulent unt- multitude de ruiffeaux- Ces eaux courantes
font pures, claires & faines : il y en a d’ailleurs
de minérales ferrugineufes. Les fontaines de
Dru gey, du Bois-du-Parc près Coutances, de
Bouillant près Avranches, 6c celle de Bourbe-
Rouge près Mortain, jouiffent d’une réputation
bien méritée.
Le retour des faifons eft affujetti à peu de régu--
larité. L’ hiver y eft très-long, froid & humide.
Les gelées , les frimats & même les neiges s’y
prolongent fort avant dans le printems , 8c les
chaleurs de l’été y font fouvent raffraîchies par les
orages qui font accompagnés de grêles & de pluies
abondantes. Au refte, pendant toute l’année l’air
eft chargé de nuages & de brouillards que les
landes marécageufes occafionnent dans leurs environs.
Les forêts & les b ois , dont la contrée eft
couverte en grande partie, contribuent à entretenir
le même état de l’atmofphère.
La terre végétale du Bocage eft, dans certaines
parties, un débris des granits 8c des fchiftes. Effectivement
, le fol eft graniteux dans la forêt de Sainr-
Séver & au Gaft. Dans l’efpace compris entre Tinchebray
, Domlront 8c Mortain, il y a des mines
de fer très-abondantes. Aux environs de Saint-Lo
il y a une mine de cuivre 8c une mine de charbon
en exploitation, qui fournit, aux départemens du
Calvados & de la Manche , un combuftible de
bonne qualité. On reconnoîtroit aifément, dans
toutes ces contrées, les limites de l’ancienne, de
h moyenne 8c de la nouvelle terre, & ce feroit
d’après les caractères connus de ces limites qu’on
fixeroit, à des détails précis & réguliers, toutes
les difpofitions des diverfes fubftances du fol qui
s’y trouvent, & même qu’on pourroit les annoncer
d’avance. A quoi ferviront les ftatiftiques fans aucun
principe? Ce feront les objets d’un pur bavardage
, & qui ne pourront entrer dans aucune des
fciences exaCtes.
Le val de Sée 8c celui de Sélune font plantés de
ceriliers de toute efpèce, de pruniers & de pêchers
en plein vent , 8c de plufieurs fortes de poiriers
dont les fruits font bons à manger. Ces deux
abris remarquables fourniffent des fruits à Mortain,
à Tinchebray, à V i r e , V ille -Dieu, Coutances,
8c à toute la côte maritime. C ’eft par la
même raifon que les cantons de C lé c y , Barenron
& du Tilleuil produil'ent d’excellent poiré.
Je pourrois citer beaucoup d’autres vallées dans
le Bocage, où la température eft très-favorable à
tous les fruits 8c aux autres productions de la terre.
C ’eft aufli dans ces contrées que les villes 8c gros
bourgs font établis, tant parce que les eaux courantes
rempliffent un des premiers befoins des ha-
bitans, que parce que les bonnes terres s’y trouvent
pour les cultures des productions les plu*
néceffaires.
BOCANÈRE ( Roc & Montagne de la ) , arron-
diflèment de Saint-Gaudens, canton de Bagnéres,
au fommet dets Pyrénées. C ’eft là qu’on voit l’origine
des deftruCtions 8c des débris de cette chaîne
de montagnes.
BOÉDIC ( Ile d e ) , arrondiffement & canton
eft de Vannes, commune de Séné. Elle fe trouve
dans le lac de Morbihan, à une lieue un quart fud-
eft de Vannes. ( Voye^ ce lac.)
BO ÈGE , village du département du Léman,
arrondiffement de Bonneville, canton de Vieux