
peu près quatre lignes & demie par an , ou qua- I nombre immenfe de ruiffeaux , toutes eaux vou-
tre pieds cinq pouces par liècle , c’efl ce donc les j lant fe rendre à la mer.
obfervations fuivantés peuvent donner un certain Cette affluence innombrable d’eaux courantes,
j comparée avec les bornes étroites apperçu. , du baflin cie la
Les endroits où des repaires ont été marques
dans des rochers pour conftater les nuances, de la
dirfiinution des eaux , font :
i° . Rat an, bon p or t, fous le 64*. degré de latitude
, dans le golfe de Bothnie, l’an 1749 j Par
M. Chydenius , & en 1774 par M. Hettant,
2°. Stor Rebb 3 île montagneufe , fi tuée allez
loin dans la mer, au voifinage de la ville de Pithéa,
l'an 1751 j ; -
«5°. Vargo 3 quelques milles au fud de la ville de
Wafa j Tan 17 j 3 , par M. Klingius j
40. UOfgrund , fitué au nord-eft de Gefle , à
deux milles & demi dans la mer, Tan 1731 , par
M. Rudman.
Toutes ces marques font taillées dans la roche
v ive , & ne peuvent, fuivantaucunevraifemblance,
être détruites par les glaces ni par une autre caufe
moindre qu'un tremblement de terre.
En 1785’ , on examina les diiFerens endroits
cités ci-deffus , & l'on remarqua que :
A Ratan , la hauteur moyenne de la furtaee de?
l'eau s’étoitabaiffée, & par conféquènt rapprochée
du niveau de l’Océan , de dix-fept pouces dans
l ’efpace de trente-fix ans,
Et au même endroit, pendant les onze dernières
années, de cinq pouces & demi 5
A Rebb , en trente quatre ans, de dix-fept
pouces j
A Vargo, en trente ans, de quatorze pouces &
demi ;
A l’Ofgrund, en cinquante - quatre ans 3 de
vingt-neuf pouces.
Le niveau de l'eau s’abaifle auifi dans le golfe
de Finlande: c'eft un fait.dont on.a la certitude
hiftorique, mais il n'y a aucun monument d'après
lequel on puifîè déterminer les nuances & les degrés
de cet abaiflemsnr.
Il paroît que la diminution des eaux de la Baltique
, telle qu'elle feroit établie par ces obfervations
, feroit due furtout à ce que ces eaux fe fe-
Baltique , dans lequel ces eaux font, reçues , n< 11s
autorife à tirer des conféquences fenfibles. On
péut en conclure d’abord qu’ il eft nécefiaire qu il
y ait dés courans 5 en fécond lieu , que les courans
roient éçou'ées du lit de la Baltiquesen plus grande
abondance qu’ elles n’y affluoient, & que cette feule
circonftance doit y opérer un continuel abaifife-
mentdu niveau, quelque peu fenfible qu’il puifle
être î mais la caufe principale des courans les plus
confidérables de la mer Baltique eft cette quantité
immenfe d’eaux étrangères, réfultat des pluies
& des neiges fondues, qui defcendent des grandes
montagnes de la Laponie, & de celles qui
bordent les rivages, lefquelîes formentun fi grand
nombre de fleuves, de torrens,& de rivières qui fe
précipitent dans fon badin, & fuivent par-là, faute
.d ’ une autre route , leur pente naturelle pour fe
mettre au niveau de l’Océan.
On ne compte pas moins de deux cent onze de
ces torrens, fleuves & rivières, non compris un
fe dirigent vers une iffue quelconque avec une
rapidité proportionnée au rétréciffement du de
dans lequel ils fe trouvent ^ enfin, qu’ils doivent
durer autant que le tribut des eaux étrangères
aura lieu, ou que les iffues de la mer Baltique ne
feront point fermées.
Çes courans font néanmoins fournis pendant
leur cour-fe à plufieurs modifications, ioit relatives
à leur direction, foit à leur vice (Te.
Dans lès détroits , par exemple., ils augmentent
de rapidité ep proportion du refferrement des
bords , & d’ailleurs ils fe plient à leurs fînnofiiés.
Dans les"baies plus fpaciéufeS , ils s’étendent davantage
: la où ils trouvent plufieurs fils d’eau , ils
fe dirigent au milieu d’eux en fubiffant les altérations
impofées par toutes les circonftances. Ren-t
contrent-ils des pointes folides? ils fe courbent
autour d’elles en augmentant de viteflTe j trouvent-
ils quelques obftacles ? ils fe partagent en deux
bras qui. l'enveloppent avec une rapidité accéléré
s , & fe réunirent eii fui te i fe p’réfente-t-il quelr
qu’ autre courant? ils s'inclinent de côté dans la
proportion-moyenne des forces reÇpeCtives.
De ces.caufes réfulcent la grande quantité & variété
des courans dans les archipels , qui y rendent
la navigation fi périlleufe '& fouvent fi fatale.
Afin de procéder par ordre nous obferverons
d’abord que les caufes qui concourent à la formation
dès fleuves & en même tems à celle dès courans
, ont leur principe aù loin, dans le nord, auprès
de Tôrnéâ, dans le golfe de Bothnie. '
Dans.ce golfe dont la longueur, prife de la ville
de Tornéa à, Qvarke , vis - a - vis Vinéa, eft feulement
de trente milles, & la largeur, mefurée de
Carlo à Rebb, n’ eft que de dix-fept, fe jettent
pourtant quarante-quatre grands fleuves des côtes
occidentales & orientales.Nous en fupprimons ici
les noms. Ils occafionnént dans cette partie un
courant très.-marqué au fud-fud-oueft , jufqu’à
Qvarke, où le golfe fe termine par une gorge de
fix milles de largeur. A. cet endroit la.rapidité du
courant s’augmente en fe refferrant par les deux
partages de Qvarke oriental e de Qvarke occidental
, aux deux côtés de Hie d’Holm , pour s’étendre
enfuite dans la mer de Bothnie.
Cette mer a quarante-huit milles de longueur
de Qvarke à Aland, & près de trente en largeur
de Huddïkwal à Biornborg 5 quarante-deux nouveaux
fleuves qui y débouchent, viennent accroître
la viterte du courant qui fe continue du golfe
fupérieur, d’abord dans la direction du fud-fud-
oiieftj enfuite dans celle du fud tout-à-fait J3 £r
qù*à l’île d*Aland, contre laquelle il vient fe bri-
ler & fe divifer, une partie fe dirigeant par la mer
d’Aiand , & l’autre par le Dalen & le Wattuskift.
La branche qui pénètre par la mer d’ Aiand, mer
dont la largeur eft d’à peu près cinq milles de
Griffeihamn à Ekero , & la largeur d’environ
huit depuis Ogftans-Bak jufqu’à Lagskarf-Bak,
prend fa direction au fud-eft, qui eft celle de cette
mer elle-même, la fu it, groflie en route par quatre
rivières (la rivière Forfmarks, la rivière Gi-
mo, auprès de Sueflinge 5 la rivière Hallfta , qui
vient du lac Nardinge, lequel reçoit les eaux de
vingt-fix autres lacs, & fe jette au-delà de Skabo-
Bruk dans le lac Eobo 5 la rivière No rr -T e lg e ),
jufqu’ à ces rochers fi connus, les plus éloignés
parmi ceux qui forment l’archipel de Stockholm,
le Sranske-Hogarne, à onze milles & demi en
ligne droite nord-eft de cette ville. Ce courant,
en cet endroit, change fa direction qui devient méridionale,
reçoit fept rivières (le fleuve de Stockholm
, la riviere T ro fa , la rivière de Bergshomn ,
dans le Sanciwick} la rivière Svafta, la rivière Ni-
koping , la Motaia , dans le Bràvik j la Stor, près
de Slakbak) 5 il eft enfuite divifé- par les îles d’A iand
& de Gothlande, & pénètre partie par le détroit
de Calmar, où il reçoit encore deux grandes
rivières ( Emma 5e L iungb y), en fuivant la direction
lud-fud-oueft de cé détroit, partie par le
partage profond qui fépare l’ïle d’Aiand de celle
de Gothlande , dans une direction entièrement
fud.
L’autre partie du courant divifë par Tîle d’A iand,
reflue par le Delen, partage de fept milles
de long de Vaderskar à K o k ir , & parle Wattuskift,
qui er. a dix de l’Oporto à Kokar. Là ces
deux branches fe fubdivifenc encore en autant de
petits courans particuliers qu’il fe renconrre d’îles
& de rochers dans ce vafte archipel, entre Aland
& la Finlande méridionale, furtout en recevant dans
ce trajet douze nouvelles rivières, qui font, Kor-
pis, W irmo, Noufis, Maiko, R e fo, A b o , Pimie,
Lemar , Haliko, Salo, Yokela & Bjerino. Tous
ces différens rameaux fe réunifient enfin au fud de
Kokar, & forment un courant général dans la direction
du fud , jufqu’à la. rencontre de celui qui
fort du golfe de Finlande.
Ge golfe a foixante milles de long, à Compter
de Pétersbourg à Simpenas , pointe feptentrionaie
de Dago. Sa largeur , qui n’eft pas toujours uniforme,
eft de dix-fept milles entre Frédéricshamn
& la baie de Narva, & de fix milles entre la
pointe de Poïkala & Nargo, ou la pointe de Ro-
gonem , près Reval. Le courant établi dans ce
g olfe, & qui part de fon origine même, fe dir
ig e , après plufieurs inflexions autour des îles
Seskar , Lavenfary, Tytar & Ogland , généralement
vers l'oueft fud-oueft, direction du golfe
jufqu’à la pointe de Porkala. Accru de trente rivières,
il change enfuite fa direction en oueft-fudr-
oueft devant la pointe d’Hango, tourne Dago, &
entre dans la Baltique pour fe réunir au grand courant
defcendantde Kokar.
Ce courant reçoit par cette jonCtion un accroif-
fement confidérable, mais il éprouve en même
tems une déviation dans fa courfe précédemment
fud , & décline au fud-fud-oueft en partant
.devant l’ ile d’Ofel ; là , rejoint encore par le courant
venant du golfe de Riga , entre Svarfvarorc
& Domafnas, formé dans ce golfe par la chute de
dix-fept rivières, il tourne au fud-oueft en tra-
verfant la profondeur qui fe trouve entre l ’ile de
Gothlande & la Cour lande. Il continue dans la
même direction en partant par-devant Ja pointe
méridionale de l ’île de Gothlande, au-delà de
laquelle il eft renforcé par le courant venant du
nord , entre les îles de Gothlande & d’ Aiand, &
par une marte de vingt-fept rivières qui viennent
de la côte d’Allemagne , à fa rencontre jufqu’ à
Bornholm.
Arrivé à cette île , il fe divife & l’enveloppe :
une partie longe fa côte feptentrionaie, reçoit le
courant arrivant du détroit de Calmar, ainfi que
dix rivières, dans fon partage entre l'ïle- & la cote
de Scanie, & fe dirige fur Wftiow j l’autre , fuivant
la côte méridionale, avance-du côté de Wol-
lin, où elle fe groflit des tributs de neuf rivières,
tournant à l’oueft, arrive au rendez vous général
de tous les courans de la Baltique, entre
Yftad & W itcow , partage de dix milles de largeur.
^
De là, pourfuivant leur cours, ils fortent de la
mer Baltique par trois ouvertures remarquables ,
leSund, le grand B elt&le petit Belt, augmentant
de rapidité en proportion du rétréciffement des
partages. Une partie fe jette au fud-oueft vers le
golfe de Wifmar, reçoit là cinq rivières, fe
courbe autour de Fameren, entre dans le Col-
belgèr-Heide, où elle reçoit encore trois rivières
-( l’Eider, le Sley , & la rivière près de Flansberg),
& , continuant fa courfe tortueufe autour de
Funen, fort par le petit B elt, entre Colding &
Middelfart.
Une autre partie fe dirige en plein oyeft-par
plufieurs courans finueux entre les îles de Moen
& de Laaland, & s’ échappe par le grand Belt ,
entre l’ ïle de Funen M celle de Sélande.
Une troifième enfin tourne vers le nord, entre
Falfterbo & là pointe de Staffen , longe le Flint-
vanna & le Drogden , arrive près Heifingborg,
recuèillant huit rivières fur fa route, & pénètre
par le Sund, entre Heifingborg & Elfeneur, dans
le Categat j là continuant fa courfe dans le nord,
ce courant fuit la côte de Suède , d’où il reçoit
dix rivières, qui font Noda, La g a , Nifla*, Atho-
ran, Asklofters, Kongsbacka , G otha, Udde-
vatra, Qviftrum & Stromftad; il fe plie autour
de la pointe de Skaga , double cette pointe , la
rafe , & s’avance enfuite plus loin vers le nord.
Tels font l’ ordre & la dire&ion que conferve-
roient invariablement les courans dans la mer Bal-
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