
font opaques, grenues, plus ou moins poreufes ,
fnivant la grofleur dts débris des corps marins.
Le fpath calcaire joue un rôle dans les montagnes
calcaires dont je viens de parler : il eft produit
par une diffolution de la terre alcaline. Les
criftallifacions du fpath calcaire fe diftribuent dans
la malle des craies & des pierres calcaires, & fervent
de ciment pour lie r , ou les débris des corps
marins, ou les principes de la pierre calcaire : d'où
il réfulte la cohéfion des parties de ces pierres, &
leur folidité à un certain point. On voit par ces
détails,ce qui entre dans la compofition des fols
qui environnent les villes de T ro y e s , d 'A rc y , de
Châlons-fur-Marne , de Rheims, & les bourgs de
Piney & de Méry. Nous rappellerons ces faits inté-
reflans aux articles de ces villes & bourgs.
Bancs de coraux. On trouve, autour de la plupart
des îles de la Société & des Amis dans la mer
du Sud, des bordures confidérables de coraux , qui
ont la forme de murs. L'ïle Sauvage en particulier
ne préfente, le long de fes côtes , qu'une enceinte
de rochers de coraux. Si ces rochers de coraux
ont été formés dans la mer par les animaux dont
ils font les produits , comment ont-ils été élevés
, à cette hauteur au deflus du niveau de la mer ^
Ceci eft une difficulté à laquelle il n'eft pas aifé de
répondre. Des phyficiens naturaliftes ont eflayé *
d'expliquer la formation des îles bafîès qu'on ren- j
contre dans la mer du Sud } mais ils n’ont rien dit :
des îles hautes que Forfter a décrites.
Dans l’ ïle Sauvage ce ne font pas feulement des
roches éparfes qui couvrent fes bords & qui font
de pierre de corail, mais toute la côte n'offre aux
navigateurs qu'une file folide de rochers efcarpés,
dans le maffif defquels le battement continuel des
flots a creufé différentes cavernes très-curieufes*
dont quelques-unes font d’une étendue confidé-
rable. Les voûtes de ces cavernes fe trouvent fou-
tenues par des colonnes auxquelles les vagues, en
fe brifant, ont donné les formes les plus variées.
Une de ces cavernes, dont la voûte s’étoit détachée
par la deftru&ion des colonnes, offroit, par
fa chute, une efpèce de vallée d’ une fort grande
ouverture.
Comme la ceinture de l ’île Sauvage eft un banc
de corail qui s’eft élevé, ainfi que nous l'avons dit,
du fein des eaux, fl y a grande apparence qu'elle
renferme un terrain fertile, qui étoit autrefois
une lagune-.
L’ïle Cornango reffemble affez à l’ïle Sauvage
& aux autres, qui foht en général plus élevées
que les îles ordinaires de corail.
L’ïle d’Anamoeka eft compofée, comme Tonga-
T abb oo, d'un rocher de corail couvert d'un bon
terreau.
L’ïle de la Tortue eft défendue par un récif de
corail, q u i, en quelques endroits, s'étend à deux
milles du rivage.
A la diftance de cinq ou fix milles de cette île
eft un banc de corail qui a environ quatre à cinq
lieues de circuit : ce banc fe découvre, à bafle
mer , dans prefque toutes fes parties. Quelques-
uns de ces rochers, fort larges, s’ élèvent à près
de quinze pieds au deflus de la furface de la mer.
Bancs de coraux : ce font des peuplades de
coraux établies à un certain niveau au deflous de
la haute mer. Dans le voifinage des bords de ces
mers, il réfulte, du travail de ces animaux , des
malles pierreufes qui fervent de bordures à des
bancs formant des aterriffemens remarquables, autour
de certaines îles. Des navigateurs qui ont
rencontré plufieurs de ces peuplades , prétendent
qu’elles commencent à combler les détroits de ces
bancs. Ce font des preuves inconteftables que la
mer continue à former des couchrs dans fon baffiri
aéhiel, principalement fous la zone toriide.
J'ai trouvé, dans plufieurs cantons de la France,
des couches-qui réffemblent beaucoup à ce qu'offrent
déjà les bancs de coraux qui forment une certaine
étendue, & qui ont pris de la confiftance.
Ces couches ont conservé la forme de leur formation
primitive : l’organifation des madrépores y
paroît encore ; feulement lés bancs n'en font pas
bien lités : tels font les environs de la Rochefoucauld
& ceux de Champlite en Franche-Comté.
Nous renvoyons à ces articles'.
Bancs maritimes.
Banc ( le grand) de l’Amérique feptentrionale,
vers la côte orientale de Terre-Neuve. C ’eft le
plus grand banc de fable qu’on connoifle : il n'eft
pas dangereux. Les Européens y font la pêche de
la morue.
Banc aux baleines , dans l’Xmérique feptentrionale,
à l’occident du Grand Banc , & au midi
du Banc-a-Vert.
Banc de l’ïle de sable , dans l ’Amérique
feptentrionale, au midi de l’ïle & de l’Acadie,
dans la mer de U Nouvelle-France.
Banc des îles , dans le grand golfe de Saint-
Laurent en Canada, dans l’Amérique feptentrionale,
au-devant de la baie des Chaleurs.
Banc-A vert , en Amérique, près de la côte
méridionale,de Terre-Neuve, vis-à-vis des baies
de Plaifance & des Trépafles.
Banc Jacquet ou le Petit Banc, dans l’A mérique
méridionale, à l’orient du Grand Banc.
Banc des perles , dans l’Amérique méridionale,
fur la côte de Carraques, entre la ville de
Rio-de-Ja-Gacha & le cap de la Vêla.
BâNç des perles, dans l’Amérique méridionale
, vers la côte de Venezuala, en allant de l’ïle
Marguerite à celle de la Tortue.
Banc de Saint-Georges , dans l’Amérique
feptentrionale, vers la Nouvelle Angleterre '& le
cap de Sable, fur la côte de l’Acadie. On l’appelle
auffi Banc-aux-Anglais.
Banc de Bimini , près de l’ïle Bimini, une des
Lucayes & de celle d’Abacoa, vers la Floride,
fur la partie orientale de Bahama.
Bancs dans la mer d’Allemagne. ( Voyeç Mer
d’Allemagne, & Côtes de la Flandre et de la Hollande.)
Bancs de sable : ce font des amas de fables
qui fe forment, ou dans les rivières, ou près des
bords de la mer, ou bien à une certaine diftance
de ces bords , mais toujours, à ce qu’il paroît,
dans le voifinage de l’embouchure des rivières
plus ou moins confidérables. La plupart s’élèvent
au deflus de la furface des eaux j mais d’autres
reftent au deflous. Les bancs de fable ne diffèrent
des écueils & des rochers, qu’en ce que ceux-ci
font formés de pierres dures J folides, & d’une
feule pièce ; au lieu que les bancs de fable font des
amas formés de gravier & de fable, ou mobiles,
ou liés plus ou moins fortement enfemble par des
limons & des terres vafeufes.
Ces bancs de fable fe rencontrent, comme nous
l ’ayons d it, dans la partie inférieure du lit des
riyières ou à leur embouchure. Ils s’y forment à
peu près de la même manière que tous les aterrif- ;
ïemens dont nous avons parlé. Les graviers, les
fables, les terres que les rivières entraînent dans i
leurs crues & dans leurs inondations, & qu’elles j
laiflent précipiter enfuite lorfque leur viteffe fe
ralentit & qu’elles rentrent dans leur l i t , font les
circonftances qui contribuent aux dépôts fucceflifs
des bancs de fable & de vafe.
Il ne fauroit arriver rien d'auffi fâcheux pour les
villes riches & commerçantes établies à l’embouchure
des rivières, que les bâties de fable. Gn peut
citer Stavoren én Frife, Armugen en Zélande,
Dordrecht en Hollande, Anvers dans le Brabant,
& Stadt dans l’évêché de Brême. Les bancs de fable
de l’Elbe ont fait périr quantité de vaifleaux : il
en eft de même au T e x e l, & au paffage d’Ulie à
Amfterdam.
On voit beaucoup de ces bancs fur les côtes de
Flandre & de Frife. Pendant le reflux, ils femblent
le prolongement de la terre 5 mais dans la haute
marée ils ont fi peu d’eau, que les vaifleaux ne
peuvent fe hafarder de les franchir. Les bancs de
fable les plus fameux par les naufrages qu’ils ont
occafiones, font : i° . ceux que l’on trouve dif-
perfés fur la côte du Bréfil, & qui y régnent l’efpace
de foixante & dix milles. Ceux qui voyagent
aux Indes les évitent avec foin.
I \ Ceux de Sainte-Ar n e , dans le ,voifinage de
la cote de Guinée en Afriqu e, à fix degrés de
latitude feptentrionale. Les vaifleaux qui fe trouvent
engagés fur ces bancs de fable, font arrêtés
dans leur route pendant plufieurs jours. Ces bancs
de fable ne font pas unis enfemble, mais féparés
par des trajets de mer profonds 5 de force qu’après
avoir navigué avec cinq ou fix toifes d’eau, on eil
quelquefois étonné de n’avoir plus que fix pieds
d’eau un moment après.
; 3°. Ceux qu'on rencontre entre Madagafcar,
l'Arabie & l’Afrique. Ceux-ci font des écueils &
des rochers garnis & entourés de bancs de madrépores
& de coraux de différentes formes & dé
différentes couleurs.
4°. Ceux qui font voifins des côtes de la Chine.
y°. Enfin 3 ceux qu’on rencontre dans la mer
d’Allemagne, & qui font peu éloignés de l’embouchure
de l’Efcaur & de la Meufe. I es bancs
de fable lc.s plus confidérables font ceux du fleuve
Saint- Laurent.
II y a une circonftance qui concourt à la formation
'de ces bancs de fable fc à leur arrangement
ou Ûifpofition le long des côtes ; ce font les cou-
tans qui déterminent la marche des eaux que les
rivières verfent dans la mer : c’eft ainfi que les
bancs de fable s’accumulent le long de la côte orientale
de l’Amérique méridionale , qui fe trouva
depuis l'embouchure de F Amazone jufqu’à celle
: de l’Orénoque. ( Voye1 Guiane.)
J ajouterai ici que les flots de la marée montante
dans les rivières, en repouffant & en fuf-
pendant leur courant, accélèrent auffi les dépôts
fucceflifs qui forment chaque jour les bancs de
fable. Mais il faut toujours admettre l'a&ion de
l’ eau courante fupérieure comme la principale
caufe.
Je diftingue particuliérement les îles des bancs
de fable : ceux-ci font formés de matériaux tranf-
portés d’ailleurs & de l’ intérieur des terres par
les eaux courantes des rivières, au lieu que les
îles font des parties des continens, organifées de
même par couches fuiyies & régulières, & qui en
ont été détachées par les mêmes eaux courantes
qui ont pénétré dans les golfes dont les ouvertures
•fe font élargies & approfondies. ( Voyez Iles & Détroits. )
Souvent ces bancs de fable s’établiflent le long
des côtes des île s , parce que la mafle des îles
favorife les dépôts des courans en interrompant
leur marche : fouvent auffi les bancs de fable fe
forment dans les parages où l’eau de la mer jouit
d’ un certain repos , & à une certaine diftance des
îles qui contribuent à ce repos & aux dépôts qui
en font la fuite. C ’eft ainfi qu’on voit plufieurs
bancs de fable dans le voifinage de l’embouchure
du fleuve Saint-Laurent, dont les uns s’ attachent
aux côtes des îles, & d’autres fe continuent dans