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près des lieux qui leur avoient fervi de Foyer,
firent juger qu'ils étoient raffemblés en peuplades
errantes fur le bord de la mer , d'où ils tirent leur
fubfi fiance. On fut à portée de vérifier ces conjectures
pendant (a relâche que l’on fit dans ce beau
canal, où l'on eut occafion de communiquer avec
une des peuplades qui l’habitent. Ces fauvages vivent
en famille avec leurs femmes & leurs enfans >
exempts de tout defir. Leur tranquillité n’ eft troublée
par aucune des pallions qui agitent les peuples
civilifés.
Outre ce détroit qui fépare la Terre de Van-
Diémen de la Nouvelle-Hollande, il y en a un fécond
qui fe joint à celui-ci, 8c qui a été découvert
par le capitaine Bafs.
A l’article H o l l a n d e (N ou v e lle ), nous reviendrons
avec de grands détails fur cette contrée
nouvelle.
DIEMERINGEN, village du département du
Bas-Rhin, canton de Drullengen. Il y a un atelier
d ’armes, un de chaudronerie, quatre de poteries
en terre , entretenues par l’excellente argile à potier
qu’on tire des environs ; trois de tuileries ou
briqueteries. On trouve, près de ce village, des
fources falées 8c de belles carrières de pierres de
taille.
D IEN À Y , village du département de la Côte- i
D o r , arrondiffement de Dijon, près duquel il y a
une forge 8c un fourneau pour le fer commun.
DIENVILLE, bourg du département de l’Aube,
fur cette rivière , à deux lieues de Brienne-le-
Château. Ce bourg fe trouve établi fur un dépôt
de l’A ub e, qui.confifte en un amas confîdérable de
gravier formé par cette rivière dans une large
plaine , au milieu de laquelle le château de
Brienne eft conftruit fur une butte qui en rend la
perfpeétive très-étendue.
DIEPPE , ville du déparrement de la Seine-
Inférieure, chef-lieu d’arrondiffement, à l ’embouchure
de la rivière de Béthune. L’origine de cette
ville n’eft pas fort ancienne. Quelques pêcheurs
d’abord lui donnèrent naiffance , & fucceffive-
ment cette cbffe d’ hommes, éveillée par l’amour
du gain, s’accrut 8c s’ inftruifit dans i’art de la
pêche 8c de la navigation, au point que les premiers
ils firent flotter le pavillon normand devant
les côtes d’Afrique. Les voyages & les établiffe-
mens des Dieppois fur les côtes de Guinée font
d.-s entre prifes glorieufes & hardies. La découverte
du Canada eft attribuée à leurs marins Aubert
& Verazan. On fait quel immenfe commerce
de pelleteries il en réfulta pour la France 8c le
refte de l ’Europe. L’île Fernambouc fut découverte
par les frères Parmentier & plufieurs autres
navigateurs en 1520 ; ils en rapportèrent de
grandes richeffes. En Amérique, les capitaines
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1 Guerard & Rouffel arborèrent le pavillon fran-
çais fur la terre de Màragnon, avant même que
les Efpagnols s’y fuffent établis. Ribaud, célèbre
navigateur dieppois, fut le premier Français qui
aborda la Floride, couverte alors d’épaifiés forêts'',
& les noms des caps, des baies, des rivières qui
bordent la cô te , leur furent donnés par ce marin.
Dieppe y dans le quatorzième fiècle, par foo iri-
duftrie 8c fon commerce, s’éroit acquis une grande
réputation } elle la foutint jufqu’au bombardement
qu’elle effuya, de la part des Anglais, en 1694 >
mais elle s’eft relevée trois fois de fes ruines, tant
il eft vrai que le génie d’un peuple induftrieux eft
prefque toujours indeftruétible , quoi qu’ on Fafle
pour le combattre.
Les nombreufes fontaines de Dieppe font alimentées
par une fource fitnée à deux lieues de
cette ville , dont les eaux arrivent par des canaux
différens, pratiqués fous terre, 8c q u i, dans l’ ef-
paced’ une lieue, fontereufés fous une voûte dans
le roc.
Le port de Dieppe eft fu r , mais étroit & ferré à
fon entrée. La ville eft également fortifiée en deçà
& au-delà du p or t, près la mer. Le pont qui communique
de la ville au faubourg de Pollet, eft en
pierres de taiile, & compofé de fept arches. Le
commerce de cette ville eft afftz confidérable : on
le diftingue en commerce intérieur & en commerce
extérieur 8c maritime ; le premier confifte en ouvrages
de corne 8c d’ivoire, qui de tout tems excitèrent
l’admiration des artiftes j en tonneaux 8c en
barils pour les falaifons de harengs 8c de maquereaux
} occupation à laquelle font employés plus
de quatre cents tonneliers. La pêche du poiffon
frais y eft confidérable, 8c cette ville eft celle qui
en fournit le plus à Paris.
On y fait beaucoup de dentelles, dont le produit
fuffiroit pour faire vivre , par le travail des
femmes 8c des filles, plus des deux tiers des habi-
tans. Cette marchaodile s’envoie dans beaucoup
de dëpartemens, en Efpagne 8c aux Îles de l’Amérique.
On doit faire une différence entré le commerce
maritime 8c celui de la pêche. Le premier
fe fait en tems de paix 8c lorfque la marine eft flo-
riffante, par environ quatre-vingts bricks 8c floops
qui cinglent vers les îles du Levant, en Amérique ,
en Efpagne, en Portugal, en Angleterre, en Irlande.
en Hollande , à Pétersbourg, à Brême, à
Hambourg, à Calais, à Rouen, à Bordeaux , à la
Rochelle , 8cc.
On parque à Dieppe les huîtres qui viennent de
Maiennes, de la Tremblade, de Granville 8c de
Cancale , 8c on les tranfporte enfuite à Paris. Les
différens parcs qui y font établis, peuvent contenir
huit cents milliers d'huîtres. En outre, le port de
Dieppe eft celui qui fournit le plus de marée poùr
l ’intérieur. Il y a plufieurs autres branches d’iii-
duftrie à Dieppe. Dans le village de Saint-Nicolas,
à une demi-lieue de Dieppe, tous les habitans travaillent
àlagroffe horlogerieftlyaencoredans cette
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ville des raffineries de fucre 8c de fe l, qui fournif-
lent beaucoup de villes de France, de plus, trois
manufactures de tabac, un atelier de filature 8c
une fabrique de toiles. Le Gouvernement fe pro-
pofe d’y conftruire des baffins pour y recevoir des
bâtimens de guerre.
D1EU-LE-FIT , ville du département de la
Drôme , arrondiffement de Montelimart, dans
laquelle il y a des fabriques de faïencerie, foierie ,
draperie 8c poterie. On y trouve auffi deux verreries
confidérabies. Il y a près de cette ville trois
fources d’eaux minérales, bonnes contre la bile
& Ses obftruCtions. On les voit couler fur un loi
qui paffe pour être riche en argile , ocre , vitriol 1
& fer ; auffi font-elles vitrioliqties, ferrugineufès
& fulfureufes. L'une d’elles , qui fe nomme la
Saint-Louis , eft émétique, fort acide, 8c laide fur
la langue un goût de fer : une fécondé, connue
plus particuliérement fous le nom de la Magdeleine,
eft plutôt fulfureufe que vitrioliquej la troi-
fième, qui porte le nom de Galiène , a des propriétés
diurétiques.
D IEU ZE , ville du département de la Meurthe,
arrondiffement de Château-Salins , intéreflante
-par la faline près de laquelle elle eft fituée. L’ eau
eft chargée de fel à feize degrés* c ’eft-à-dire q u e ,
fur cent livres , il y en a feize de fel. ( Voye1 l’article
M o s e l l e . )
DIGES, bourg du département de l’Yonne, arrondiffement
d’Auxerre. On y trouve une fource
minérale, dont les eaux fontabfolument femblables
à celles d’Époigny.
D IG N E , ville du département des Baffes-Alpes,
8c chef-lieu de ce département. Une partie
du département dont Digne eft le chef-lieu, eft
renfermée dans les • montagnes fous-alpines. Le
refte , qui tient à l’extrémité de la partie moyenne
de l’anciennne Provence, eft coupé par des co-:
teaux 8c des montagnes. La Durance couvre dé
cailloux roulés 8c de graviers, dans fes fréquens
débordemens v les campagnes d’Oraifon 8c des
Mées. Les maifons' de ces lieux font conilruites de
ces pierres.
Le terroir de Mirabeau ou Mirabelet recèle
beaucoup de bois foffile ôu pétrifié : on en a porté
à Aix qiielques morceaux qui étoient enduits d. une
couche calcaire blanchâtre, caffante 8c fonore. Le
bois foffile de Mirabéau aune apparence de charbon
de terre ; mais la croûte dapidifique qui: enduit l’é-
.. corce des.branches.8c :de& troncs l’en font diftin-:
guer aifément. Le bois foffile fe trouve .toujours
à la pente des montagnes qui ont fouffert quel-
qu’ébranlement da,ns leur organisation intérieure
au bord des ruiffeaux où les eaux pluviales les
mettent à découvert en emportant les terres qui
les enveloppent. Il n’ eft jamais difpofé en couches
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| entre les pierres calcaires, comme le charbon mi-
I néral, qui eft abondant dans ce département.
La ville de Digne eft fituée entre deux mon^
tagnes , fur le confluent de deux rivières. La première
eft la Bleone 5 elle vient du village de Pras,
dans les Alpes, & reçoit quantité de torrens &
de ruiffeaux qui groftïfl’ent fes eaux , & va fe jeter
dans la Durance au delfous des Mées. La fécondé
eft la rivière des bains de Digne, qu’on nomme
Aigues caoudes ou Rivière des eaux chaudes ; elle
fe jette dans la Bleone immédiatement au deffous
de la ville. Cette petite rivière, refferrée entre
des montagnes, eft à craindre par fes déborde-
mens lorfque la fonte des neiges furvient , ou
que lespluies d’automne font abondantes.
Les montagnes qui environnent la ville de Digne
font toutes de nature calcaire. Les pierres à bâtir
qu’ on en retire,:reçoivent très-bien le poli. Il s’y
trouve auffi du marbre 8c beaucoup de carrières de
gypfe. La ordntàgne de Saint-Vincent, qui eft en
face de la ville, vers le nord, contient beaucoup
d'aftroïtes , foi-ten groupes, foit défuniesj elles fe
trouvent à la fuperficie du terrain. Le terroir de
Digne eft mêlé de fable 8c de gravierque les rivières
ydépofent:celui des coteaux voifins a plus decon-
fiftance. Les vallées , les bas-fonds préfentent un
vrai terreau!continuellement amélioré par les engrais
8c la culture.
i Les eaux minérales de Digne font depuis long-
! tems en réputation. Ellesfortent,à une demi-lieue
de,cette v ille , du pied d'un rocher qui tient à une
montagne un peu élevé e, expofée au mid i, dont
la partie, fupérieure eft cultivée. La pierre calcaire,
qui conftitue en grande partie cette 'montagne ,
eft difpofée en couches inclinées à l’horizon, qui
s’étendent du levant au couchant. Le quartz en
interrompt la continuité en quelques endroits.
L’eau minérale de la fontaine s’échappe à travers
les fentes des rochers, 8c va (e jeter dans une concavité
pratiquée par la nature dans cette montagne.
Elle jaillit dans un baffinde deux ou trois toifes de
circonférence! La voûte qui le couvre, a au moins
quarante pieds de long'fur fix à fept de h iut, 8c
douze de large : ce font les étuves des bains. La
chaleur de l’eau du badin eft au 39 ou 40e. degré
du thermomètre de Réaumur. L'atmofphère de
cette; grotte , qui eft- toujours remplie de la vapeur
de l’acide fulfureux volatil , n’eft pas moins
chaude. Il fe forme aux voûtes naturelles de ces
bains, des concrétions falines de différentes natures,
dont on retire , par l’analyfe, beaucoup de félè-
nite, un pèu d'alun 8c un tiers de fel de glauber.
Quoique ces eaux traitent point donné du foufre
par l’évaporation, à M. Duclos,. le foufre en na-
! -tare fe manifefte dans les canaux des bains, atta-
| ché contre les parois ; il y eft quelquefois criftal-
; lifé , 8c il brûle très-bien lorfqu’il eft fec.
Le bitume, qui paroî: le principe dominant des
eaux thermales de Digne, fe trouve, fouvent aux
| environs des bains. M. Ricavi, médecin, l’a yu
au