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t érieur des terres. Us abreuvent la Dâlccarlie Sï *
le Gaftrik.
Je dois remarquer que toutes ces grandes rivières
dont j'ai fait mention , verfent dans le J
golfe de Bothnie leurs eaux affluentes d’une manière
bien fenfible, puifqu’elles s’annoncent au
milieu du golfe par des courans dont nous avons
donné la marche en déterminant leurs origines
avec affez de précifion. Nous n’avons befoin que
de rappeler ces détails intérelïans & nouveaux,
dont nous avons fait connoître l’enfemble, qui fera
correfpondant à l’hydrographie..
U ne me refte plus, pour rendre compte de toute
l’étendue des baflins terreftres hydrographiques de
la Baltique & de fes golfes, qu’à décrire les eaux
courantes qui affluent fur les côtes feptentriona-
les , depuis l’île d’Aland-Haf jufqu'à Bornholm.
Je trouve d’abord dans l'Upland, la côte dentelée
par fïx îles & quelques ruiffeaux qui fervent de
débouchés à l’eau de quelques étangs. Enfuite la
' Sudermanie offre le lac Weler & fes embranche-
mens, qui s’étendent dans toute la Weftmanie.
Tous les étangs voifins de Nycoping & de Nord-
Koping ont leurs embouchures dans la Baltique
Si l’on paffe en Oflrogothie & dans le Smaland,
en partant de Sud-Koping, on trouve douze petites
rivières formant autant de petits golfes ou
dentelures fur là côte. Cette notice de la côte
feptentrionale de la Baltique fe termine par l’in-
dication des rivières un peu confidérables des
environs de Calfcrom & de Gotnige ; elles font
femées de lacs. On voit par tous ces détails, que
la mer Baltique tire peu d’eau de cette côte. Nous
avons fait mention des rivières qui appartiennent
à la côte méridionale & occidentale , en traitant
des débouchés des eaux de cette mer & de fes
golfes.
Débouchés des eaux de la Baltique & de fes golfes.
Les îles de la Baltique ^ les plus nombreufes &
lès plus étendues, font voifines du Sund & des
Belts ce font vifiblement les reftes des anciens
terrains que les eaux courantes ont creufés, &
dont elles ont pris la place. Effc étivement, les trois
débouchés de la Baltique ont entr eüx des terres ;
qui forment des îles confidérables quant à leur fu- j
perficie. Ainfi le Sund fe trouve ouvert entre la
pointe de la Scanie d’un c ô té , & la Sélande de |
l ’autre. De même le grand. Belt forme un autre ;
débouché parallèle entre là Sélande & Funen. ;
Enfin, le petit Belt eft femblablement ouvert en-' !
tre Funen & Sud-Jutland. S’il refte aux environs
des Belts & du Sund de petites îles, elles font fé-
parées par de petits courans d’eâu qui dénotent
les efforts des eaux vers le Categat, & dans la
même direction que les grands débouchés.
Il eft évident que le concoursétonnant des fleui-
ves & des rivières qui ont formé & comblé les
baflins maritimes de la Baltique, a dû s’ouvrir dans :
les prermers téms à peu près lesmêmès débouchés
que nous obfervons aujourd’hui. Ils ont été toujours
néceffaires pour procurer une iffue au trop
plein des eaux qui d’abord étoit plus confidéra-
ble lorfque les baflins n’avoient pas été approfondis
dans toute leur étendue, & pour l’enlève—
ment & le tranfport des matériaux déplacés par
le creufement des golfes. Il eft vrai que ces débouchés
font ouverts dans une direction fingu-
lière ; mais il paroît que la forme primitive des
terrains, & que la marche des eaux qui débou-
choient de la Baltiquel’ont déterminé ainfi. C ’eft
ce que l’on concevra aifément par le dépouillement
des embouchures d,es principales rivières
affluentes dans la Baltique y telles qu’elles font figurées
dans la fécondé partie de la Carte d’Europe
de Danville.
On voit par là que la Baltique n’ a guère reçu des
eaux que du midi & de l’oueft. C ’eft fur ces bords
que s’obfervent les embouchures de la Perna , du
Liddou & de la Wenden, qui fe jettent dans
le golfe de Livonie} puis les affluences de là
Duna & de fes nombreux embranchemens très-
prolongés } du groupe des rivières qui fe réunif-
i fent à Mittau d’un c ô té , & à Riga de l’autre > de
la rivière de V id ou, du -Niémen avec i’embran-
j chement très-étendu de Wilia , & les petites ri-
rvières qui abreuvent la Carifch-Haf; de la Pré-
j g e l , qui tombe à Koenigsberg, & abreuve une
' extrémité du Frifch Haf pendant que la Viftule,
par deux embouchures, dont la première paffe à
! Mariembourg, tombe dans l ’autre extrémité du
\ même haf, & la fécondé fe rend à Dantzick. Je
dois obferver que vis-à-vis toutes ces affluences
fe trouve une efpèce de golfe au fond duquel fe
trouve le Frifch-Nerung oppofé au Frifch-Haf.
, On voit par ces détails, que toutes les côtes méridionales
de la Baltique reçoivent l’eau des riviè-
! res dont la direction eft du midi au nord , enfuite
entre le midi & l’oueft, puis entièrement à l’oueft ,
comme l’O d e r, dont les embouchures font en
Poméranie, & embraffe plufieurs étangs qui s’é-
: tendent depuis Wollin jufqu’ à Stralfund. La Baltique
reçoit aufli la petite rivière de Pene & d’au-
: très qui affluent à Barat Sc à Roftock : toutes ces
; eaux, comme on peut le remarquer, ont un cours
de l ’oueft à l’eft. Il en' eft de même des rivières
qui ont leurs embouchures à Wifmar, à Lubeck -x
à Slefwick ; ces dernières paroiffent produites par
f des dérivations de l’Elbe. Il me femble que ce
font en partie - toutes ces influences qui, avec
celles des plus grandes rivières, ont déterminée
s eaux des débouchés de la Baltique à prendre
la voie du Sund & des Belts, & à fe vider dans le
Catègat, dont les eaux reçoivent la même direction
par la marche des rivières dans fon baffin ter-
reftre , comme nous le ferons voir à l’article C a tegat.
Il rri’ a paru intéreffant d’ajouter ces nouvelles
vues fur cette mer, dont l’aliment, ainfi que
l’ approfondiflement j tient au même fyftèmed’a-
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gents que les baflins des Méditerranées voifines,
comme je J’ai remarqué ci-devant. Je finirai par
montrer ici que l’état de mer méditerranée, de mer
intérieure, fe trouve bien clairement déterminé
pour la Baltique. Cet amas des eaux du Continent
fe verfe fenfiblement dans l’ Océan,
Notes relatives a quelques opinions que les savons
ont eùes en différens tems fur la grande Méditerranée
de la Baltique & de fes golfes, & fur la Mer-Blanche,
autre mer intérieure dans ces mêmes contrées.
La mer Baltique eft de tous côte's entourée de
terres, excepté en trois endroits, au moyen
défquels elle a communication avec la mer du
Nord} favoir : le Sund entre la Sélande , île
du Danemarck, & la province de Gothie méridionale
} le petit Belt, entre 'l’île de Funen & jU
Jutland ; & le grand Belt, entre la Sélande &
Funen. l a mer Baltique eft donc une véritablei
mer méditerranée, & non un lac comme le dit
M. de Buflfon.
On ne lui a donné le nom de mer Baltique que
depuis le onzième fiècle. En allemand, en hollandais
onia nomme mer d'Orient 3 parce qu’elle eft
fituée à l’eft de ces peuples. Proche de Pillau &
de Memel elle fe joint à deux lacs d’eau douce.
Cette mer contient plufieurs golfes : les principaux
font, celui de Bothnie, celui de Livonie
& celui de tin lande.
La mer Baltique eft jointe , au moyen d’un
large canal, avec le lac de Ladoga , & ce lac
communique par la rivière Swir au lac d’Onéga,
d o u , dit M. de Buffon à to r t , fort une rivière du-,
même nom , qui joint ce lac à la Mer-Blanche.
Herbinus foutient que le golfe de Bothnie a une
communication fourerraine avec la mer de Norv
ège , mais il ne dit pas les raifons fur lefqudles
il s’appuie. L’eau du golfe de Bothnie eft, dans
les étés mêmes les plus chauds, beaucoup plus:
froide que celle des autres mers. Ses vagues ne
s’élèvent pas aufli haur que dans la mer du Nord,
mais elles fe fuivent plus immédiatement, & la
lame eft plus courte. Lorfque le tems eft calme,
elle mugit beaucoup moins que les autres mers.
Du côté de la Prufle, elle forme une écume con-
fidérable, & une fermentation qu’on n’éprouve
point fur les bords des autres pays auxquels elle
avoifine, & ces phénomènes fe manifeftent priri-,
cipalement dans le tems des premières neiges &
à l’entrée du printems.
L eau de la mer Baltique eft moins falée que
celle des autres mers, peut-être à caufe de la
quantité de fleuves qui s’y déchargent. M. de
Buffon dit qu’il y e n a quarante : les principaux
font, l’Oder, le Wefer, le Niémen, le Drâce , &c.
Quelque quantité d’eau que les rivières donnent à
cette mer, elle n’en devient 'pas plus confidé-
rable.
La Baltique n’a point de flux & de reflux réglé;
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c eft pour cela que quelques auteurs Pont nommée
mer parejfeufe ( mare pigrum ). Elle n’a d’écoulement
que par le Sund & les Belts ; de forte que
quand les vents d’oueft continuent long-tems, fes
eaux grofliflent beaucoup. Quelquefois cette mer
a totalement été gelée, comme en 1333, 13557,
» en 17057 & 1740, elle le fut en grande
partie.
La Baltique eft tres-profonde : prefque partout
elle a cinquante brâfîes , dans quelques endroits
on ne trouve pas fon fond.
S / j | des auteurs qui prétendent que la mer
Baltique a confidérablement baifl’é depuis les tems
anciens. Varenius prétend que la Prufle a gagné
confîdérablement de terrain. OLf-Dalin dit que
mer perd annuellement un demi-pouce du
coté de la Suède. Ce royaume é to i t , félon lu i,
anciennement inhabitable, & il dit que les plus,
hautes montagnes qu’on y voit aujourd’hui étoient
autrefois couvertes d’eau. André Celfnis eft en
general d accord avec lui; il croit que l’eau de
la Baltique tombe dans une année de quarante-
cinq pouces, & que fi cela continue, dans trois à
quatre mille ans fon fol fera entièrement à fer.
Pontopidùn a obfervé la même chofe fur les côtes
du Danemarck. Algarotti le croit aufli , & étend
ce phénomène 'à‘ toutes les mers. M. Bergman regarde
le fait comme démontré.
Tous les fèétateurs de ce fyftème fe fondent fur
de très-anciennes cartes des' Vénitiens, que l’on
conferve dans le couvent de Saint-Michel de Mu-
rano , à Venife. On penfe devoir fe fier à ces
preuves, principalement parce que les Vénitiens,
jufqu’ à l’année 1600,ont été les plus grands navigateurs
de l’Europe, & que leurs vaifT aux fré-
queutoient toutes lés mers. On avoir befoin de
bonnes Cartes de la Baltique, parce qu’il fe fai-
foit un grand commerce a W isb y , & dans des
villes anféatiques fituées fur fes bords. On fait én-
çore^qùe dès ces tems-là les plus habilés alirono-
mes oc géomètres fe trouvoient à Venife de même
qu’à Gênes ; que dans cts villes âuffi fe failoienc
de bonnes Cartes géographiques. On ne peut donc
douter de leur juftefle ; elle eft d’ailleurs confirmée
par l’expérience : on y voit la cime de quelques
rochers qui naguère etoient fous l’eau, s’élever
de plus en plus. L à , fur les bords de la Baltique,
dans les endroits où autrefois on né voyoit que
quelques pierres, on en apperçoit aéfudlernent
des files entières qui font fur le rivage. De jeunes
gens fe fouvienneht d’avoir pêché au filet dans
des endroits aujourd’hui pleinement de fléchés.
On connoît dés terres fertiles qui jadis étoient
des bancs'de fable. On trouve fouvent des coquillages,
des corps marins & jufqu’ à des frag-
njens pétrifiés ; & plus fouvent aufli fur des montagnes
qui aujourd’hui font à quarante pieds au
deflus de la mer, des anneaux de varffeaux , des
crampons, & c . On dit en Laponie , qu’il y a
dés endroits qui étoiefit des ports de mer com