
description ; en forte que, dans cet intervalle , il :
n’y eft Survenu aucun changement confidérable. I
Non loin du chemin qui conduit au mont Zibio !
s’élève une colline, diftante de Saxoli d’environ
mille pas, dont le Sommet Se termine en une plaine
large de Soixante-quinze pieds, ftérile & entièrement
dépouillée d'herbes : on n’y trouve que des
pierres & un limon aride, de couleur cendrée.
Sur cette plaine s’élève , à la hauteur de trois
pieds, un petit monticule formé des mêmes pierres
6c du même limon, dont la partie Supérieure
s’ouvre par une. embouchure d’environ deux pieds
de diamètre, évafée en forme de coupe : c’eft là
le liège du phénomène qui attire les phyficiens, 1
& qui a rendu ce lieu fameux. La cavité ou baflin
du monticule eft rempli, prefque jufqu’à Son embouchure,
d’une matière tout-à-fait Semblable à
celle du limon détrempé, de couleur noirâtre , qui
bouillonne , Sans interruption, avec un certain
b ru it, & des bulles qui viennent crever à Sa Surface.
Quelquefois ce bouillonnement augmente &
devient fi violent, que la matière s’élève jufqu'à
la Surface du balïin, & s’échappe par les bords.
Gn voit, dans le baflin, des pierres qui roulent en
tout Sens les unes Sur les autres : on a quelquefois
trouvé des marcaflïtes parmi elles. La manière dont
l.’eau & le limon Se meuvent entre ces pierres, fait
penfer qu’ils viennent d’une caverne Souterraine,
& qu’ ils Se Sont jour à travers les crevafles de Ses
parois. Lorfque le bouillonnement eft très-fort
dans ce goufre, il Se fait des éruptions, ordinairement
accompagnées de fracas, de fumée &
quelquefois même de flammes qui Soulèvent les
pierres 6c les jettent à plufieurs pieds de diftance.
Mais ces éruptions Sont rares, 6c n’arrivent, Suivant
les habitans du pays , que de quinze en quinze
ans. Elles leur Sont annoncées par une odeur forte
de foufre & de bitume, dont les beftiaux mêmes
font incommodés.
M. Galeati voulut s’afliirer fi le bouillonnement
de la matière contenue dans ce goufre étoit caufé'
par une chaleur Souterraine. 11 y plongea, à la
profondeur de huit pouces, un thermomètre à
]’efprit-de-vin5 mais la liqueur, bien loin de monter
, baiffa au contraire. De 17 pouces 6 lignes & '
demie où elle étoit avant l’jmmeEfion, elle descendit
à 17 pouces 4 lignes > chaleur qui répond à
peu près à celle de 59 degrés 4 lignes du thermomètre
de M. Stancari, neuf pouces au de flous de
la chaleur de l'eau bouillante. Il eft bon de favoir
qu’ on étoit alors au mois de juillet,, & que M. Galeati
fit fon épreuve à deux heures après midi,
te ms de la plus grande chaleur du jour. Il eflaya
encore s’il pourroit atteindre le fond du goufre
avec un bâton j mais après l’avoir enfoncé à la
profondeur d’une palme , les pierres qu’il rencontra
l’empêchèrent de le pouffer plus avant. Ce
jour-là même le goufre étoit fi plein de matière,
qr.ue le limon en découloit de tous côté s ,, mêlé
avec unç eau trouble & brunâtre. Gia. voyoit çà
6c là , fur la furface, des filamens très'déîiés, qui
Se faifoient remarquer par une couleur plus noire
que celle du refte. du limon, & par une grande
fluidité. M.Galeati étoit porté à croire que c etok
du pétrole 5 mais ils n’en avoient ni le goût ni
l’ odeur j il s’affura feulement que c’étoit du bitume.
Après avoir examiné le goufre de Saxoli, M. Ga-
Ieati fe rendit Sur’le mont Z ib io , fameux par Ses
Sources de pétrole. Elles font éloignées d'environ
cinq cents pas du lieu où eft le goufre. Elles jail-
liflènt des bords de la montagne communément
auprès des ruiffeaux qui roulent fur Son penchant.
L’eau en eft reçue dans des creux où elle Séjourne,
& l’huile de pétrole nage à Sa furface. Toutes les
Sources n’en Sont pas également chargées }• mais
dans celles mêmes où elle abonde le plus ,1a quantité
eft encore très-modique, comparée à celle de
l’eau j & fi les habitans du canton n’àvoient Soin ,
lorfqu’à certains jours marqués ils viennent recueillir
le pétrole, de puifer en même tems toute
l’eau, cette eau. Surmontant bientôt les bords du
puits & des réServoirs où elle eft renfermée, fe
répandroit de tous côtés, & l’huile Seroit perdue.
Parmi ces puits il y en a un que les habitans difent
avoir été creufé depuis quatre cents ans, & qu’i's
nomment la vieille fource. On croit que c’ eft la-
même dont parle Bacci, & qu’il affure avoir été fi-
fort abondante en huile, qu’on en retiroit autrefois,
chaque jour, j-ufqu’à quarante livres, quoique
de fon tems elle n’ en fournit pas au-delà de-
huit. Aujourd’hui on n’ en retire plus qu’une livre
par jou r, du moins pendant l’hiver 6c dans des-
tems humides & pluvieux ; car pendant l’é té , lorf-
q.ue le ciel eft Serein 6c que le vent Souffle avec
fo r c e , on en recueille un peu plus. M. Galeati-
obferva,, avec un thermomètre , la chaleur de ces
différentes Sources, & la trouva toujours au def-
Sous de celle de l'atmofphère, & dans les mêities
proportions qu'on, a vues en parlant du- goufre de-
Saxioli.
Le mont Z ib io , comme les autres montagnes
! dont on a parlé au commencement de cet article >
renferme un très-grand nombre de corps marins..
On découvre une quantité prodigieufe de coquilles
pétrifiées, dont même des rochers entiers font
formés.. On y r-amaffe aufli des morceaux de corail,
q u i, par leurs linéamens très-bien exprimés 6c par
1 leurs pores, ne peuvent être méconnus pour de
vrais litophytes.. Quelques naturaliftes prétendent
que les poiffons 6c les autres, corps marins enfevelis
dans les couches de la terre peuvent bien- avoir
| été portés^ dans le fein des montagnes, avec les
eaux de la mer. Il n'eft donc pas poflible qu’ils
; aient été transportés fur de hautes montagnes fans
! que les eaux de h mer, foulevées & Sortant de
; leur l i t , fé foient répandues fur toute la furface
du Globe , en brifant 8c ren-verfant tout ce qui
s-’eppofoit à leur effort.
Le Zibio, eft la dernière des, montagnes eût
M. Galeatî ait trouvé des corps marins. En continuant
fa route jufqu’ au mont Pèlerin, 6c montant
toujours à meflvre qu’ il avançoit dans le pays, il ne
put, malgré des recherches loigneufes, découvrir
le moindre veftige de productions marines. Cette
circonftance, à laquelle il ne s ’attendoit pas, le fit
pencher fortement vers l'opinion de M. le comte
de Marfigli, favoir, qu’ il n’y a aucun corps marin
fur les montagnes fort élevées, mais feulement Sur
celles d’une médiocre hauteur.
M. Galeati,étant parvenu au lieu nommé Volta,
Situé au pied du mont Saint-Pèlerin, à l ’endroit ou
le fleuVe Secchia fe joint à la Rafenne, examina
la différente hauteur de ces lieux. Graviflant ensuite
fur la montagne, il s’ariêta à Fraflîno, qui
eft à peu près au milieu de fon penchant. Cette
élévation eft le terme au-delà duquel cette montagne
n’eft plus fufceptible de culture. Les gra'ns
n’y viennent pas, & l’ on n’ y rencontre plus que
des hêtres, des arbres Sauvages & des herbes très-
menues. M. Galeati , parvenu enfin à la cime de la
montagne qu’ on appelle proprement mont Saint-
Pèlerin, examina Son élévation, & le baromètre
lui indiqua 23 ponces 3 lignes.
Du mont Saint-Pèlerin, M. Galeati partît de
Fanano pour fe rendre enfuite au mont Cimone,
le plus éievé de tous ceux de cette contrée, 6c
fameux par les plantes rares qu’ il produit. On en
trouve beaucoup auprès d’ une Source qui jaillit
un peu au de flous de la cime de la montagne vers
le couchant, & qui jette une grande quantité
d’eau. Au côté oppofé de la montagne on trouve
une autre Source encore plus abondante, qui jaillit
avec plus de fo rc e , 6c qui eft même plus près du
Sommet.
Du mont Cimone M. Galeati fe rendit à Bari-
gaiia, lieu fameux par les flammes qui fortent fréquemment
& inopinément de la terre. 11 eft vis-à-
vis Cimone, du côté du couchant, à environ
onze mille pas de,diftance. Ce favant vit fortirde
la terre, à diverfes reprifes, des flammes qui s’é-
levoientà la hauteur d'un pied & quelquefois de
deux. Efles reffembloient, par leur couleur , à la
flamme ordinaire ; mais, leur étendue étoit fi confidérable
qu’elles avoient-fix pieds de longueur;,
elles en ont même jufqu'à vingt & trente dans les
éruptions plusviolentesreilesrépandentune odeur
de foufre ; ce qui indique qu'une matière fulfu-
reufe en eft l'aliment. Quoique cette odeur fût
plus fenfibîe à une certaine diftance, que lorfqu'on
en approchoit de plus ptès, la chaleur des flammes
ne fe faifoit fentir que dans un très-petit efpace,
& , à trois pieds d'éloignement ,. le thermomètre
n’en éprouvoit aucune aêfton : dans les flammes
mêmes, la liqueur ne monta que de huit lignes. Si.
ïo n frappe rudement la terre, ou fi l’on répand de
l’eau fur l’endroit d’où les flammes fortentu elles
s’éteignent fur-le- champ pour reparottre quelque
tems après avec plus d“abondance & de force-On
lies vois indifféremment dans toutes les. SufoGS-i
mais il ne fe fait point d’éruption lorfque la terre
eft humeélée par des pluies abondantes, ou qu'il
règne quelque vent violent. Les habitans du pays
penfent que ces flammes communiquent, par des
voies Souterraines, avec d’autres flammes qu’on
voie au côté oppofé de la montagne, à l’endroit
nommé ï re t , 6c ils Se fondent Sur ce que les unes
augmentent quand les autres viennent à çefler.
Quoi qu'il en io it , il eft probable que ces exhalai-
Ions ne Sont point chaudes tant quelles font renfermées
dans le fein de la terre , 6c qu’elles ne
s'enflamment qu’ au moment qu’elles éprouvent le
contait de l’ air. C ’tft ce que paroî-t prouver une
fontaine d’eau douce qui jaillit tout auprès Quoiqu'elle
ait une odeur fulfureufe , elle n’eft pas
moins froide que les autres $ elle parut même
l’être davantage au fond qu’ à la furface, peut-être
parce que celle-ci avoit été échauffée par le Soleil
.M
.Galeati pourfuivit Sa toute vers le mont Bo-
nello, autrement appelé Fejlino, éloigné de Bari-
gatia d'environ vingt mille pas 6c renommé par
Ses Sources de pétrole. Les puits où on le ram-af-
fo i t é to ie n t autrefois plus nombreux j. ils Se ré-
duiient maintenant à trois. Tous les autres ne
contiennent que de l'eau. 6c du limon. L’huile
coule tareraient Sans eau, & plus celle ci eft abondante
, moins elle charrie d’huile. Pour recueillir
c e lle -c i, il ett néceflaire, comme dans tous les
puits du mont Z ib io , & pour la même raifort-,
d’épuifer en même tems toute l’eau. Au refte „ le
pétrole qui coule du mont Bonello eft limpide 6c
tranfparent j ce qui le rend beaucoup préférable à
celui du mont Z ib io , qui eft d'un rouge-brun.
Tous ces puits font creulés dans une plaine vafte >
mais inégale, qui produit des plantes, des arbuftes
& même des arbres. Ils ne tiennent pas même
toute l’étendue de la plaine j. mais iis Sont renfermés
dans une enceinte d'environ cinq, cents
pieds. On n’en trouve point au-delà. L’ ouverture
de chaque puits eft d'environ fix pieds de diamètre
leur profondeur varie , mais elle n’a jan
mais moins de cinquante pieds , ni au-delà de
Soixante-dix. M. Galeati étoit porté à croire que
les fonds de tous ces puits, 6c ceux du mont Z ibio,
étoient dans le même plan horizontal, 6c for®
opinion lui; paroiffoit d’autant plus probable *
qu'elle lui étoit fuggérée par la feule infpê&ion 6c
comparaison de ces lieux. Mais dépourvu de baromètre
, 6c hors d’ état de mefurer l'élévation du
terrain,, il abandonna une conje&ure qui lui pa<-
roifloit dénuée de preuves, regrettant plus que
jamais la perte de Son inftrument.
BOLONOIS (Montagnes dü> L'auteur d*>
ces observations , voyageant auprès du monr
Maggioras, découvrit une couche de terre qui
pofiédoit une qualité aftringente comme le bol , 6c quicontenoit une affergrande quantité de nitre.
Cela, luii fis. Soupçonnes qu’il y avoit dans ce#