
fuit les vallées de la Marne, de la Vefle & de
l ’Aine au défions de ces caps.
Il y a des caps qui regardent au contraire la
partie d'aval des rivières. On en voit dans tous les
confluens des rivières : tels font les caps qui font
au deflus de la réunion de l'Yonne à la Seine , de
la Marne a la Seine, 8cc. Ces caps dominent fouvent
des plans inclinés, formés par l'une des deux
rivières. Quelquefois ils dominent une large plaine
fluviale, abandonnée fuccefiivement par ces rivières
qui ont quitté le point de leur ancienne réunion :
d'où il eft réfulté un long & large bec.
C e fi dans les environs de Forges que j'ai ob-
fe rv é , avec plus d ’attention, les caps, les promontoires
& les îles terreftres ou continentales,
& que je les ai fait figurer avec les mêmes foins
& les détails les plus circonftanciés. Ainlï on reconnût
tra que les caps font les fommets des bords
efearpés des vallées : il en eft de même des promontoires,
qui font des caps alongés. Quant aux
îles terreftres, on voit que ce font des caps & des
promontoires efearpés de tous côtés ; ils tont entourés
, non-feulement par des rivières, mais encore
par des ruilTeaux qui ont creufé les bordures
de ces fortes de terrains, lefquels faifoient partie
de l'ancienne furface de la Terre. Souvent les eaux
courantes qui entourent ces îles font à certaine
diftance de leurs bords.
Enfin, il y a des caps terreftres qui ont des afpeéts
très-variés, fuivant qu'ils iéparenfles petites vallées
latérales qui tombent dans les vallées principales.
11 faut avouer cependant qu'excepté vers
les fources des rivières de l'ancienne comme de
la nouvelle terre, il n’y a pas de caps terreftres
tournés vers les parties d'amont des rivières, &
i' eft aifé d’en fentir la raifon pour peu qu’on ait
obfervé.ces premiers filets d’eau courante, q ù i,
à mefure qu’ils circuloient fur des plateaux fort
qîeyés en mafies, fe portoient contre la bordure
de ces plateaux pour s’y frayer des débouchés, la
plupart du tems dans.des directions différentes
vers lefquelles la penre de.s plateaux s ’eft trouvée
frayée & ouverte.
Caps réferves.
Quand les caps avancés dans la mer fe trouven
le long d’une côte qui eft expofée à être détruit«
chaque jour , foit par l’effet des vagues, foit pa
confiftance de la matière, alors je dis qu«
l exiftence feule du cap 8c la forme des côtes .qu
1 accompagnent des deux côtés , font une preuve
que les caufes combinées qui détruifent la côte
ont moins influé fur ce point que fur d'autres
points qui forment l’angle rentrant, ou bien une
hgno droite enfoncée; c’eft un point confervé
c'eft une moindre deftrudion.
La£u le exiftence de ces caps prouve donc Faf-
loibliflfement des caufes qui détruifent ; mais s'il
exilte de ces variations dans les caufes qui détruifent
les côtes d'un détroit ou d'un golfe , & s’ il
y en a de particulières fur chacune des côtes, elles
ne doivent donc plus avoir des formes correfpom
.dantes comme les bords du canal. Ainlï dans tous
les détroits où coulent des eaux, dans les médi-
t-erranées, c'eft l’aétion locale de l'eau ou de la
marée, ou du courant modifié par les vents, qui
donne la forme aux côtes. Ainlï il y a dès caps
dans deux circonftances , où la matière change ,
8c où les agens changent. J’ai trouvé dans d’autres
endroits, que c’étoit la matière même& fa confiftance
ou dureté qui avoient occalionné les caps.
Le paffage des granits aux pierres calcaires*, des
granits durs aux granits tendres, voilà les caufes
qui ont influé fur la forme des cô te s , tant de
l'Océan, que des méditerranées. ( Voye^ Pé riple.)
On a dit que dans les détroits il y avoit des côtes
! correfpondantes, 8c l’on a attribué ces effets à
| l'aèUon de l ’eau qui coule dans un canal , 8c à laquelle
on attribue l'ouverture de ce canal. Mais
fouvent les configurations des côtes .le long des
bords d’un détruit dépendent des eaux latérales des
fleuves qui y tombent des deux côtés ; 8c pour peu
que c s fleuves foient diftribués alternativement
celaa l'air des angles çorrefpondans. Il manque tou«*
jours aux perfonnes qui veulent établir des principes
généraux ou des obfervations a fiez exadtes fur la
vraie forme des bords des détroits , l'appréciation
des deftruètions qui font furvenues depuis fa première
formation, 8c qui ont altéré ou qui fe l'ont
oppofés à l’altération des formes primitives. Il faut
qu’un principe fur la forme des côtes des détroits
ait été déduit d’après ces examens 8c ces difcul-
fions, f i l’on ne veut rien -rifquer à ce fujet. „■
Cap-Blanc, en Afrique. Golberi fait remarquer
que , du Cap-Blanc au cap de Palme, tous
les bords de l’Afrique offrent partout les traces
d'un déchirement général & d'une effroyable
commotion , & que ces empreintes, qui atteltcnt
l’époque volcanique du Globe , font furtout extraordinairement
multipliées entre le cap Sainte-
Marie & le cap Verge.
Cap de Bonne*Espérance (Colonie 8c viile
du ). Cette partie du Globe qui forma aujourd'hui
une colonie riche & florifiante, a été connue des
Anciens. L'extrémité méridionale de i'Afrique
où elle eft lïtuée, 8c dont on fit le tour dès le
tems du roi égyptien Récho, 8c de Ptolomee.
Lathyre, fut découverte de nouveau par Barthc-
lomée Diaz, navigateur portugais, en 1487. Vafeo
de Gama la doubla le premier en 149 7, en allant
aux Indes , & fon expédition pafla pour un prodige.
Le terrain du Cap cependant fut inutile aux
Européens jufqu’en 1650. Van-Riabeck, chirurgien
hollandais, apperçut les avantages que tire-
roit la Compagnie des Indes d’ un établifiement
placé fi convenablement. La colonie q uil fonda ,
% toujours appartenu depuis aux Hollandais, qui
en ont fort accru la valeur.
Le Cap de Bonne-Efpérartce, qui a donne fon nom
à la colonie entière , renferme plufieurs baies où
les va i fléaux des différentes nations abordent: la
F..u(Te-Baie, la baie de Bois, la baie de Saldanha
& la baie de la Table. Cette dernière eft large,
fùre & commode ; elle eft ouverte, à la vérité ,
aux vents du nord-oueft ; mais ils y fou filent rarement
avec force ; cependant ils y elèvent quelquefois
une grofie mer. Dans le nord-oueft, à
l’ouverture de la baie, les vents fud-eft y font
fouvent violens ; mats comme"la direction de ce
rumb porte hors de la baie , ils ne font pas dangereux.
On y mouille par cinq brafies.
Le climat eft fi fa in , que Les habitans. ont peu
de maladies, 8c les étrangers y recouvrent bientôt
la fanté. L'hiver eft très-doux au Cap , 8c il
gelé rarement aux environs de la ville ; mais fur 1
les montagnes & particuliérement fur celles qui j
font bien avant dans le pays, il y a de fortes gelées
accompagnées de neige & de grêle. Un vent •
fort du lud-eft y produit quelque fois une gelée !
pendant la nuit, même au mois de novembre, qui
'eft le printems de ce parage. Les gros vents qui
foufflént au Cap dans toutes les faifons caufent
des variations fréquentes dar.s l'atmofphere, &
occafionnent beaucoup de rhumes. Malgré la çha-
leur, qui eft fouvent exceflive, les habitans d ex-
tradtion hollandaife femblent avoir conferve leur
tempérament naturel : les deux fexes font d une
corpulence remarquable , & 1 excellente nourriture
qu'ils prennent, doit y contribuer.
L'afpedt dé la colonie du Cap offre un contraire
frappant entr'elle & S an-la g o , dans 1 île de Madère,
qui appartient aux Portugais. La on voit un
pays d'une allez belle apparence 8c fufceptible
d’une excellente culture, mais abfolument négligé
par fes habitans parefieux 8c opprimés : on
apperçoitau contraire ici une ville propre & bien
bâtie, au milieu d'un défert entouré de mafias
entre-coupées de montagnes noires 8c effrayantes ;
enfin le tableau de î’induftrie la plus heureufe.
Son afpeét du côté de la mer n’ éft pas auflï pitto-
refque oue celui de Funchiale, capitale de Vile
de Madère. Les magafins de la Compagnie hollandaife
font tous au bord de Veau, 8c les bàtimens
particuliers font répandus par derrière fur un co teau
légèrement incliné. Le fort qui commande la
rade eft au côté oriental de la v ille , mais il ne
paroît pas difficile à prendre. Il y a en outre plufieurs
batteries des deux côtés. Les rues font larges
8c régulières ; les principales font toutes plantées
de chênes, & quelques-unes ont au milieu
un canal d’eau courante qu’on eft obligé de ménager
par des éclufes à caufe de fa petite quantité.
Ces canaux , qui font quelquefois à fe c , occafionnent
une odeur défagréable. On reconnoît d’une
manière frappante le caraôtère naturel des Hollandais;
ils rempliffent toujours leurs établiuemens
de canaux, quoique la raifon 8c l’expérience
prouvent évidemment leur influence pernicieule
fur la fanté des habitans, furtout à Batavia.
Les maîfons font bâties de briques; 8c la plupart
peintes en blanc à l’extérieur. Les chambres y
font en général elevées, fpacieufes & très-aérées.
La chaleur du climat exige ces précautions. Ces
maifons ne font couvertes que de chaume , car la
violence des vents du fud-eft remlroit tout autre
toit, incommode, embarraffant 8c dangereux.
Cette colonie renferme plufieurs diftriéts.^ Le
meilleur eft celui de Stellenbosh ; il tft fitué au
piedues hautes montagnes qu’on apperçoit à Veft
de la ville du Cap, dont il eft éloigné d’environ
vingt milles. Les habitations font propres : un ruif-
feati coule, à peu de diftance, 8c les plantations
diverfts y produifent beaucoup plus que partout
ailleurs. Les chênes d’Europe y prennent une hauteur
confidérable , & y étaient un favorable ombrage.
On voit autour de la bourgade, des vignes
8c des vergers qui annoncent un ferra in très-fert
ile , 8c Venftmble forme un joli payfage au milieu
de ces déferts. L’ air y étant d’ une extrême fa-
lubricé, on doit peut-être attribuer au climat
cette belle apparence.
Le diftrièt de Drakenftein occupe le pied des
hautes montagnes qui font à Veft de la ville ; il a
peii d’étendue, 8c ne contient que quelques plantations
peu confidérables.
Le éiftritt de la Perle renferme des vallées qui
offrent plus d’ arbrifieaux 8c de petirs arbres que
les autres cantons qui l’entourent. Ce lieu a pris
fon nom d’une pierre remarquable par la grofleur,
& que les habitans appellent tour de Bcbylone ou
diamant de La Perle. Elle git au fommtt de quelques
collines baffes; & quoique le chemin ne foit
ni roide ni efearpé, il faut plus d’une heure & demie
pour y arriver. Elle eft de forme oblongue ,
: arrondie vers le haut, & elle fe prolonge au fud
8c au nord. Les côtés eft & oueft font efearpés 8c
prefque perpendiculaires. L’ extrémité méridionale
eft efearpée auflï, 8c c’ eft le point de la plus
grande hauteur : de là elle s’abaifie doucement
vers la côte du nord. Arrivé au lommet on voit à
découvert tout le pays. ■ § .
Sa circonférence eft au moins d ’un demi-mule,
car il faut une demi-heure pour en achever le
tour. Sa hauteur a plus de deux cents pieds. Cette
mafie ou bloc de rocher n’ offre qu’ un petit nombre
de crevafles ou plutôt de rainures qui n ont
pas plus de trois ou quatre pieds de profondeur ,
& une veine qui la coupe près de fon extrémité
nord. Elle eft de l’ efpèce de pierre que les mme-
ralogiftes appellent faxum conglutinatum , 8c com-
pofée furtout de morceaux de quartz groffier 8c
de mica, liés par un ciment argileux. La veine qui
la traverfe, eft de la même fubftance, mais beaucoup
plus compaâe ; elle n’ a qu’ un pied de largeur
8c d’épaiffeur. Sa furface eftdivilee en petits
carrés ou parallélogrammes difpofés obliquement :
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