
ces parties du lit de cette rivière j mais ce qui
prouve le contraire, c’eft qu'à droite & à gauche
la nature du fol s'y oppofe totalement, les
montagnes bordant les endroits ou on les trouve,
étant compofées de fchiftes & de talcites depuis
le forpmet jufqu'au pied, 11 y a dans la paroifle de
Mandagout, au deflïïs du hameau qu’on appelle
la Curée, un efpace occupé par plufieurs rochers
de granit hors de terre entièrement. Ils font fi
près les uns des autres, qu'ils fe touchent prefque.
Il y en a de dix jufqu’à trente pieds de diamètre,
Ils affeCtent différentes figures ; cependant la plu-
part ont une forme ovale, ronde ou oblonguè, &
c'eft ainfï que nous l'avons d it, qu'ils ont pris cette
forme.
Les rochers de granit dont il eft queftion ici, fe
font formés en grandes mafias, enfuite divifés par
morceaux trapézoïdaux. C'eft ainfï qu'ils fe font
trouvés enveloppés de terres, qui font les premiers
produits de leur deftruCtion. Peu à peu les
eaux pluviales les ont découverts en conféquence
de la grande pente, & de la qualité de la terre
légère & facile à emporter. Leur figure primordiale
eft bien différente de celle d'aujourd’hui. Il
y a à côté de ces granits un peu durs, des granits
mous qui fe décompofent très-facilement, de la
même nature que les premiers , & qu'on peut
égrener avec les mains, où le feldfpath, le mica.&
le fable ou quartz fontféparés, ou au moins à coups
de marteau.
Aux environs du Vigan, en fuivant le cours des
petites rivières & des ruiffeaux qui font en grand
nombre'dans ces contrées , les blocs de granit
affettent la même figure, tantôt ovale, tantôt
ronde.
Ôn ne trouve dans tous les environs de l'Efpe-
ron & de l'Aigoual, dont le fol n’offre que des
granits, des talcites & des fchiftes, on ne trouve,
dis-je, pas une feule coquille, & même on n’en
trouve pas dans les différens marbres ni dans les
pierres dont on fait de la chaux, qui font d'un
grain très-fin. Né pourroit-on pas dire, i°. que la
mer n'a jamais pénétré jufqu'aux montagnes dont
il eft ici queftion ? 2°. que les eaux pluviales de ces
montagnés, ayant entraîné une partie des terres
légères qui les recouvrent, ont formé fucceffive-
ment ces grands aterriffemens qui obligent la mer
de fe retirer ? Ajoutons que, dans la groffe mer,
le fable ou le limon étant jeté tantôt d'un côté,
tantôt de l'autre , les coquillages qui dominent
dans la Méditerranée fe font trouvés enfévelis dans
ce fable ou ce limon, où ils ont péri quand la mer
s’eft retirée, & font reftés des fiècles entiers, jufqu’à
ce que, dans la fuite des tems, les fouilles
les aient fait découvrir.
Il y a encore dans les Cévennes une autre forte
de granit, qui n'eft pas auffi commun que le premier
dont on vient de donner la defcription. Ce
granit eft d'un gris-fale tirant fur le jaune : il eft
rarement en blocs, excepté au haut des montagnes
; il eft communément par chaînés peu larges ;
il eft très-dùr, d’un grain ferré : on y trouve'des
paillettes de mica, jaunes & blanches, mêlées aux
criftaux de feldfpath , au quartz d'un petit volume,
& liés enfemble par un gluren fort folide.
Quelquefois ce granit fe délite comme l'ardoife ;
mais les tables ont communément une épaiffeur
confidérable : elle va d’un demi-pied jufqu’à un
pied. Toutes ces chaînes fe fui vent parallèlement,
& n’ont pas beaucoup de largeur; On fë fert de
ce granit pour bâtir en pierres fèches, parce que,
fe décompofant carrément, & fes furfaces étant
unies par la nature de fon grain, tous ces^échan-
tillons s’appliquent exa&ement les uns fur les
autres.
Le granit de la troifième forte eft d'un-rouge-
rofacé j il ne'fe trouve que dans la paroifle de
Mandagout : il y en a de différente confiftance.
Ceux qui font durs , font , tant par leur couleur
que par la nature de leur grain, parfaitement fem-
blables au granit d’Egypte, même couleur, même
dureté.
La quatrième efpèce de granit eft d’un gris-
fale , tacheté de mica jaune, féparé en petites
lames.
On trouve, dans ces différens cantons, différens
micas, le jaune, le noir & le blanc, dont on
ignore la compofition. Ils font unis à différens granits
& talcites, qui en renferment différentes proportions.
On fent bien que la décompofition de ces
pierres a fourni beaucoup de mica qui fe trouve
mêlé aux autres débris des granits , &c.
Des rivières qui coulent fur le fommet de la
montagne de l’Efperon, les unes vont groflïr la
rivière de l’Hérault, qui fe jette, comme on fait,
dans la Méditerranée; les autres fe déchargent
dans la rivière de Dourbie, où elles gagnent le
Tarn & enfuite la Garonne. Parmi ces petites rivières,
celles dont le lit ou les bords font formés
de pierres calcaires, offrent une fingularité fort
remarquable. Il m’eft fouvent arrivé de faire un
demi-quart de lieue, & même une demi - lieue
fans trouver d’eau dans leur lit. A leur fource ,
l’eau étoit cependant affez abondante pour qu’elle
pût couler fans interruption ; mais ces rivières
fe perdent fous terre, & reparoi fient affez loin du
lieu où elles ont difparu. On appelle, dans le pays,
les endroits où elles fe perdent, un aven.
La rivière qui pafle à Sumène , petite ville des
environs d’Alais, eft affez confidérable; cependant
elle fe perd, en été, dans un gravier fablo-
neux,à un demi-quart de lieue de cette ville 3 &
l’on ne fait point comment & où elle reparoît.
Quelquesvperfonnes difent qu’elle va former de
petites fontaines qpi fe déchargent dans l’Hérault
au milieu d’une gorge de montagne, qui eft entre
Sàint-Baùfely & la Roque-de-Ganges ; d’autres
prétendent qu’elle débouche pat la fource de la
Ville-de-Sauve qui eft plus éloignée 5 mais ceci eft
avancé fans aucune preuve..
On n’obferve rien de pareil dans les rivières qui 1
ont leur lit dans les pays de granit : celles-ci cou- j
lent fans interruption; car les trous abforbans par J
où les rivières fe perdent, ne fe trouvent que dans
les pays de couches calcaires. C’eft auffi dans ces
contrées où ont été creufés les canaux fouterrains ;
par où continuent de couler les rivières qui fe :
perdent.
Dans ces mêmes parties des Cévennes, on trouve
des grottes très-curieufes : telles font celles d’Ange
u près Saint-Laurent, celle de Mondardier,
celle de Breau près du Vigan , celle de Merueis,
celle de Bramebiou près de Canrieu. Toutes ces
grottes font aux environs. d’Alais. Celle de Bramebiou
a cela de remarquable, qu’elle eft creufée
au milieu d’un affemblage de bancs. Une rivière :
coule au dedans, y parcourt un efpace de près
d’un quart de lieue, & fort par une ouverture qui
a environ cinquante pieds de haut. Toutes ces
circonftances fuffifent pour donner une idée de la
formation de cette grotte : c’eft vifiblement l’effet
des eaux de la rivière qui en fort. On trouve de
même, aux environs^de cette grotte, plus de
déplacemens de bancs & de lits occafionnés fans
doute par des eaux fouterraines avant leur fortie
de ces vallées.
Tout ce que nous venons de décrire de la
grotté n’a befoin que des agens fimples, connus,
& dont les opérations réitérées font dans l’ordre
commun de la nature. Je veux parler de l’eau fou-
terraine. C’eft aux obfervateurs à fuivre ces indications
, fans avoir recours à des événemens extraordinaires
quj n’expliqtieht rien, & qui ne pré-
fentent rien de fatisfaifant à l’efprit. Ceux qui les
mettent en avant prouvent que.,• dans leur manière
d’obferver, ils n’ont,pas mis une certaine analyfe .
qui eft cependant la clef de tous les effets naturels,
puifqu’elle nous en offre tôt ou tard le dénouaient.
Point d’éboule ment vagué lorfque l’eau
peut excaver, enlever les matériaux qui remplif-
foient une grotte, & s’il n’y a pas de vide il n’y
a pas d’éboulement ; & ces vides une fois fup-
pofés comme cela doit être, il n’y a rien ÿ.ë fi
naturel que de les continuer par les mêmes agens,
de manière à donner aux grottes toute leur étendue
en largeur, longueur & profondeur. (Fé>ye^
G r o t t e s . ) ■
- On nous dit que cette grotte a été formée, à là
fuite d’un ébôulement. Je voudrois favoir comment
on a imaginé que cet ébôulement s’étoit
opéré; car enfin il y a beau y avoir de grands
orages, de grandes inondations qu’on nous objecte,
il n’y aura rien d’éboulé s’il n’y a rien de
creufé.
Partout où le granit fe trouve dans les contrées
des Cévennes 3 la terre végétale eft fort légère, &
elle conferve partout;çéttè même nature propre à
certaines productions.On a remarqué que les châtaigniers
ne deviennent nulle part fi gros* ni fi
hauts que dans lès terrains graniteux & fabloneux
; ils font moins hauts dans les terres végétales
calcaires.
La terre végétale graniteufe eft facilement emportée
par les eaux pluviales, furtout dans les
endroits où le terrain a une grande pente. Les
groffes pluies entraînent le fable, qui n’eft que le
débris du granit tendre, dans les ruiffeaux d’abord
, & les petites jivièrés qui le portent dans
l’Hérault, & de là dans la mer. Lorfqu’on a fait
l’examen du fable des côtes du Languedoc, on
paroît convaincu que ce font ces contrées couvertes
des débris des granits qui fourniffent le plus
de ces fables : la mer les rejette, & c’eft ainfï que
fe forment ces grands bancs de fable qu’on y voit.
Vraifemblablement le Rhône en porte la plus
grande quantité de la Suiffe, du Vivar.ais , du
Dauphiné & des Cévennes, par le moyen des autres
rivières qui s’y jettent, parce que le granit
tendre eft fi abondant, que, toutes les terres font
remplies, de ce fable. On voit toutes les parties
des débris graniteux réparées, le mica, le quartz
& |e feldfpath.
C ’eft dans le terrain graniteux que fe trouve
l’or en paillettes. Les orpailleu/s qui ramaffent
dans la rivière d’Hérault, ne cherchent les paillettes
d’or qu’à deux, trois, quatre ou cinq lieues
de la fource de cette rivière, & dans une étendue
de terrain qui n’a prefque pour rochers que le
granit & le talc. C ’eft par le moyen du lavage des
terres qu’ils chërchent ces paillettes, non-feule-
mënt dites'les endroits de la rivière où l’eau, eft
dormante & dans les finuofités, mais fort foiivent
fur les rives , & bien avant dans les terres &
dépôts qui font voifins de la rivière, Sc dont là
plupart ont-fait partie dé fon ancien lit. C’eft dans
ce terrain q.irefe trouvent les plus groffes paillettes.
Jamais les Orpailleurs ne font mieux leurs
affaires qu’âpres les grandes inondations, quand
lés eaux ont pénétré fort avant dans les terres
voifihes, Sc en ont fait ébouler une partie ; c’eft
là qu’on trouve beaucoup plus de..paillettes que
partout.ailleurs. Il faut creuférbien profondément
pour, trouver la bonne terre aurifère , qui n’eft
qu’une fuite de dépôts de matières que les ruiffeaux
ou la rivière y ont entraînées des montagnes
y bifides., .& qui ne font compofées que des terres
légères granitéufes & talquëufes. Ce qui fait conjecturer
que les minés d’or font contenues dans ce
terrain, c’eft que, hors des maffifs", on ne trouvé
plus de paillettes d’or lorfque la terre des dépôts
eft d’une autre nature.
Dans cèttë partie des Cévennes y on voit plufieurs
montagnes qui peuvent avoir une lieue d’étendue
, tant en longueur qu’en largeur : tout le
bas eft en ardoife tendre. Tout à coup le terrain
change ; le granit forme la bafe, Sç le fol environnant
eft une terre végétale fabloheufe. Quand on
fouille à. une certaine profondeur on trouve le
granit tendre, & cette même terre, & lè même,
rocher ï fe continue jufqu’au fommet de la monta