
d’ailleurs que les amas de ces arbres, qui fe font
à l’embouchure de ce fl u v e , concourent à arrêter
les vafes qui feroient portées dans le golfe du
Mexique , 8c que le terrain vafeux , qui s’étend
depuis le détour de Piàquemines jufqu’à h mer,
efl du à ces fortes d’ aterrifiemens. 11 eft probable
que ce fleuve né ceffera de charrier de ces arbres
que lorfque le pays qu’il traverfe , fera rempli de
peuplades qui arracheront & détruiront les forêts
voifines des bords du Mililflîpi.
vOn a trouvé de même, en creufant les fonde-
mens du pont de la Révolution, un grand nombre
d’arbres enlève lis fous de grands amas de terres;
8c qui étoient parfaitement femblables à ceux que
l’on a tirés des fouilles de l’ïle de Chatou. (
ces détails, 17^3 , Académie des fciences. )
La Fi ance a été autrefois dans le même état que
les pays qui bordent ces fleuves, 8c elle y efl demeurée
jufqu’à ce que les habicans multipliés aient
défriché le terrain qui occupoit les bords -des rivières
par le moyen defquelles le faifoient toutes
les communications. Dans ces tems reculés, les
pluies, les averfes, les debordemens entraînaient
tout ce qui fe trouvoit à la furface de la terre, 8c
le dépofoient enfuite au fond des vallées.
Bo.s f l o t t é . On a rarement vu fur les bords
de la Mer-Glaciale du bois de flottage: feulement
des navigateurs nous difenc avoir remarqué deux
•arbres d’ environ trois pieds de tour avec leurs racines,
mais fans écorce ni branches, preuves qu’ils
avoient été apportés de bien loin , 8e dépouillés
dans les drfférens combats qu’ils avoient foutenus
contre les flots 8c les glaçons.
Au nord de ce que Davis appélle à bien jùfte
titre la terre de défolàtion 3 il arriva dans une eau
{ale , noiré, ftagnanre, de la profondeur de cent
"vingt brafîlsFU trouva, à la latitude de 66 deg.,
du bois flotté, 8c un arbre entier de foixante pieds,
de long avéc'fes racines. Des efpèces de ces bois
étoient des fapins,des fpruces 8c des genièvres,
qui étoient defcendus de lieux très-éloignés, fur
les bords des rivières de la baie d ’Hudfon.M. Hut-
chins aflure qu'encore aujourd’hui , dans certaines
années , une grande quantité de bois de charptnte
eft apportée avefc la glace à l’embouchure des rivières.
; •
‘ Les bois d’Iflande ontdifparudepuis long-tems:
on n’y voit plus.qu’un petit' nombre de bouleaux
avortés, de dix pieds de hau t, 8c une très-petite
efpèce-de Taule prefqu’ inutile aux habitans.
Mais il leqr vient en abondance du bois flotté de
l ’Europe 8c l’Amérique. Oh le reconnoît aux
efpèces qu’ôn trouve fur les rivages, furtout à la
côte du Nord , cpmme à Langaneffau nord-eft,
& à Hornftrandt au nord- oueft.
Bots1 flotté. A l’ëft du Spitzberg elft une autre
île prefqirà Foppofitè de l’entrée du Waygats.
La grève en étoit formée d'une ancienne concrétion
de fable, d'os de baleines, de troncs d’arbres
ou de bois flotté. Des pins de foixante-dix
pieds de long , quelques-uns avec leurs racines ,
les autres fraîchement coupés par la hache , 8c
marqués par elle de divifions de douze en douze
pieds , étoient couchés, confondus à. feize ou dix-
huit pieds au deflus du niveau delà mer, mêlés de
cannes, de r© féaux 8c de bois façonnés pour différer
« ufagcs : tous avoient été amoncelés à la
hauteur indiquée ci-defïus par l’aétion des vagues
en fureur.
Rien n’eft plus commun que ces amas de bois
flottés dans plufieurs partit s des côtes de ces hautes
latitudes, dans les mers du Groenland , du dé-
tr°it de Davis 8c de celui d’Hudfon, ainfi que fur
les côtes de la Nouvelle-Zemble. On ne voit que
deux centres qui puiffent fournir cette immenfe
quantité de bois qu’on trouve fur les côtes de la
Nouvelle-Zemble 8c des îles que j’ai cirées. Le
premier eft les embouchures de l’Oby 8c des
autres grands fleuves voifins, qui verfent leurs
eaux dans l’Océan glacial. Au printems, dans la
failon du bris des glaces des fleuves, de vaftes
inondations fe répandent fur les terres, 8c entraînent
des forêts entières que déracinent les eaux ,
aidées du tranchant d’énormes quarriers de glace.
Ces arbres font voiturés au-delà de^embouchurç
des fleuves, enfuite obéifTent aux courans qui les
dépofent en mille endroits différens. Ceux qui
font marqués par des entailles qui les divifent de
douze en douze pieds, ainfi que le merrain 8c les
douves de tonneaux 8c autres bois façonnés, font
charriés par les rivières de Norwège, dont les
inondations détruifent la clôture des chantiers.
Dans ces tems d’inondations, 8c les arbres qui
flottent le long des torrens, 8c les moulins à
fcie, & tous les ateliers où le bois fe travaille,
font ravagés par la même calamité , 8c les bois ,
dans l’état où ils fe trouvent, font entraînés dans
l'Océan, 8c portés par les marées, les courans
8c les tempêtes jufque dans les contrées les plus
reculées.
Qu’on ne s’étonne pas de l’immenfe longueur
du voyage, on a vu de pareils exemples que j’ ai
cités , .dans une direction contraire, c'eft à-dire ,
de i’ oueft à l’eft. Une partie des mâts du T ilbury
f brûlé à la Jamaïque, a été recueillie fur la
côte occidentale de l’Écoffe : une multitude de
femences 8c de fruits de cette même île 8c des
autres contrées chaudes de l’Amérique font annuellement
voiturés fur lés rivages de la côté
occidentale de l’Ecofie, mais même fur ceu x ,
bien plus éloignés , de la Norvège 8c de l’If-
lande , 8cc.
.Bois f lo t té . Ce n’ eft pas feulement dans les
mers du Nord 8c fur les rotes des pays que ces
mers baignent, que l’on voit des bois flottés 8c
leurs débris, comme branches, écorces \ on en
Yoit auftî fur les bords des‘ lacs de la Laponie 8c
d e là Finlande,qui font très-nombreux. Ces convois
ont lieu lorfque les rivières qui abreuvent
ces lacs , traversent des forêts uui ne font pas exploitées.
On voit flotter fur ces lacs des branches,
des troncs d’arbres 8c furtout du bouleau , 8c particuliérement
des écorces de cet arbre , qui fe
confervent long- tems 8c même pli s long tems que
l’intérieur des troncs enveloppés par ces écorces.
C e font furtout les vents du nord qui déracinent
les bouleaux, 8c les expofent ainfi à la rapidité des
torrens qui les charrient dans les lacs.
B o is fossiles. On tire de la terre, en Iflande,
des racines 8c des troncs d’arbres confidérables,
particuliérement dans les marécages. Outre cela,
jl y a dans cette île un autre bois fojfile nomme fu-
turbrand : ces bois, mis au feu, jettent une flamme
v iv e , qui donne une grande chaleur. Les forgerons
& tous ceux qui travaillent en fer préfèrent
Ces bois au charbon de terre, par ia raifon qu’il ne
brûle pas le fer comme le charbon. Il y en a des
parties qui ont acquis, par leur féjour dans la terre,
une grande dureté : on en fait des tafles de thé 8c
des aflïettes auxquelles on donne le poli. On le
trouve dans ditférens endroits en Iflande, furtout
dans les montagnes, où il eft range par couches
horizontales. Dans la montagne de Laeek à Bar-
deftrand, on voit quatre couches de ce bois , réparées
par autant de lits pierreux de différentes
efpèces. On voit fur certains morceaux les couches
ligneufes circulaires, bien diftindles , qui indiquent
la fuite des additions annuelles que l’ arbre
a reçues : on y voit auftî les noeuds des infirmons
des branches : on trouve auftî des fragmens de
l ’écorce 8c des impreflîons de feuilles dans les
couches terreufes qui accompagnent les dépôts du
futurbrand.
Quelques perfonnes penfent que ces arbres ont
été couchés par l’effet des courans de laves, 8c
enfevelis par elles ; mais ces opinions ne s’accordent
guère avec la régularité des couches horizontales
de ces arbres 8c dés lits de pierres intermédiaires.
On trouve en grande abondance, dans le comté
de NaflTau, un bois fojfile dont plufieurs morceaux
femblent n’ avoir été pénétrés que d’autant de bitume
qu’il en falloit pour les conferver fains, 8c
dont d’autres en plus grand nombre en ont été imbibés
au point d’avoir été réduits en une efpèce
de charbon. Les mines ou amas de cette efpèce
de bois le trouvent principalement dans un canton
rempli de montagnes très-peu élevées ; mais elles
s’y trouvent par lits à peu près horizontaux : on
dit à peu près, parce que ces lits fui vent à peu près
la pente du terrain, s’élevantlorfqu’ii s’élè ve , 8c
s’abaiftant lorfqu’ il s'abaiffe, avec Cette circonf-
tance q ue , fi le terrain a une pente de plus de dix
degrés , le banc de bois ou de charbon ne s’ élève
que de cette quantité, 8c fe trouve parconféquent
plus avant fous terre. En quelques endroits on ne
rencontre qu’ un feul de ces bancs, dans d’autres
il y en a jufqu’à quatre les uns fur les autres ils
font, dans ce cas, fépa'és par line argile bleuâtre.
Lorfqu’ il y a plufieurs lirs de charbon, les p us
profonds font les plus épais. Ce charbon , tiré de
fa mine, doit être porté promptement à l'abri du
fo h i l , autrement il s'éclate 8c eft.réduit en petits
fragmens. La pluie 8c l’humidité ne lui font en aucune
façon préjudiciables, 8c il brûle auftî bien
étant mouillé , que fec. Ce charbon eft très-pe-
fant 8c dure long-'féms au feu ; il répand, en brûlant,
une odeur de bitume plus ou moins forte,
félon que le banc d’ où il'a été tiré , eft plus ou
moins profond. La cou:eur des bancs eft auftî différente.
Dans les endroits où il y en a plufieurs
les uns au deflus des autres , le charbon du banc
le plus haut n’ eft que brun, pendant que celui du
lit le plus profond eft abfolument noir. En fai Tant
brûler ce bois ou charbon foflîle on en fait un
véritable charbon propre aux ufages auxquels celui
de bois eft employé. On ne trouve ni forêrs ni
rivières confidérables aux environs : il faut que
l’époque de l’ inondation qui a enfoui ce bois, foit
de même date que celle des autres mines de charbon
de terre.
Il y a des bois fojfiles dans plufieurs endroits,
qui ne font proprement que les produits des dépôts
de la tner voifins des hautes montagnes, couvertes
de forêts : ces arbres fe trouvent parmi les
débris des moutagnes. Beaucoup d’autres bois faffiles
font dus aux tranfports faits par les eaux : ce
font des bois flottés , devenus fojfiles enfuite 8c
pétrifiés.
Au refte, ces débris font peu de chofe fi l’on
confidère les grands amas de bois fojfiles combufti-
b k s , qui font fi confidérables 8c à une grande profondeur.
J’en rendrai compte à leurs articles. Ils
appartiennent à plufîeuis époque,s qui les diftin-
guent.
Les bois fojfi'es de nos continens à nouvelle découverte
font-ils de la même nature que nos bois
formant des charbons de terre ou bois fojfiles 8c
pétrifiés du moyen Monde? Y a-t-il des pétroles
dans le nouveau Monde comme il y en a dans le
moyen ? des flammes locales 8c légères, des produits
des arbres bitumineux? Je commence à en
douter beaucoup > je crois les bois fojfiles 8c pétrifiés
des continens à nouvelle découverte , d’ une
nature bien différente des bois fojfiles 8c pétrifiés
du moyen Monde.
Il fau droit déterminer fi les bois fojfiles 8c les
charbons dé terre ont leurs analogues correfpon-
dans pour le climat aux analogues des coquilles
foflîles, 8c alors il me femble qu’il feroit prouvé
que la mer occupoit nos continens à couches calcaires
de nouvelle découverte pendant tout le
tems que les côtes ont produit les arbres qui font
la bafe de nos charbons de. te r re , 8c qui fe font
diftillés dans les entrailles de la terre pour former
nos pétroles.