
la pierre rouge, de vingt pieds d’épaiffeur, & au
deflus de celle-là une couche de prifmes verti- ;
eaux qui.s’élèvent j en quelques endroits, jufqu’au
1 o mm et des rochers, & où ils forment ce qu’on
Homme les cheminées.
Cette face de la partie efearpée de la montagne
s’étend jufqu’ à trois milles de la chauffée. Les piliers
fupérieurs femblent fe terminer au delTûs de
la chauffée y &r paroiffent fe raccourcir de plus en
plus à mefure qu’on sen éloigne.
Il eft à préfumer que des zones fe rencontrent
tout autour, & renferment cette fingulière production
de la nature ; & fi cela eft ainfi, les piliers
doivent être très-courts vers les'extrémités.
Voici les obfeivations qui conduifent à cette
conjecture. Le lit inférieur de ces piliers eft celui
qui va en defeendant vers la mer, & qui forme
ce qu’on appelle la Chauffée-des- Géans. Il paroît
probable qu’en approchant de la mer, les colonnes
deviennent toujours plus courtes, en forte
qu elles ne s’étendent pas beaucoup plus loin.
Dans la montagne, au deflus de la chauffée, plu-
fieurs piliers couchés fans ordre, prefque horizontalement
, paroiffent appartenir au lit fupé*
rieu r, & s’être renverfés parce que le toit qui
étoit par-deffus a cédé } & c’eft là probablement
que fe terminoit le lit fupérieur , car on n’en voit
plus au-delà dans la montagne. Les fommets des
piliers, à l’eft & à l’oueft de la chauffée 3 font de
niveau avec le rivage, & quelques-uns font plus
bas que la chauffée même. Il eft probable que
ceux-ci font beaucoup plus courts que ceux de la
chauffée y qui s’élèvent à plus de trente pieds au
deflus.
Les aflifes des colonnes qui forment ce qu’on
nomme les orgues, font prefque plates & unies par
les deux bouts, & les. convexités de leurs furfaces
fupérieures font fi peu faillantes, qu’ à peine on
peut les difcerner.
Dans cette defeription on ne s’efl pas aflez feru-
puleufement attaché à diftinguer ce qui pouvoit
être dû à des circonftances accidentelles-, de ce
qui devoit être confidéré comme l'ouvrage de la
nature. Si l’on eût étudié la Chauffée- des-Géans
d ’après ce plan, on auroit pu remonter jufqu’à fon
état primitif, & par conféquent fe mettre en état
de décider plus facilement à quelle caufe on pouvoit
attribuer ce beau & fingulier monument des
opérations de la nature. 11 eft vrai qu'il fe trouve
maintenant dans des circonftances où les veftiges
des caufes ont difparu entièrement, & par conféquent
ont mis le plus grand obftacle à ce qu'on
pût rapprocher, fans fuppofitions, les caufes de
leurs effets. Auifi après que j’eus découvert, dans
des circonftances où tous les veftiges des agens de
la nature fe trouvoient bien cara&érifés & rapprochés
fort heureufement, que ces aflemblages
de prifmes étoient des produits du feu des volcans,
parce qu’ ils faifoient partie de courans fortis
de cratères encore ouverts & fubfiftans, je reconnus
que la difpofition générale de l’affemblage
des prifmes dans la Chauffee-des-Géans ne répir-
gnoit pas à ma découverte , puifqu’elle avoit encore
la forme d’un courant forti d’un centre d’éruption.
J'allai plus loin : d’après les belles eftam-
pes qu’on a publiées de ce monument, & furtout
des environs, je reconnus de même que d’autres
aflemblages de prifmes difperfés fur la côte voi-
fine, offroient les mêmes veftiges de courans, &
par conféquent annonçoient, d’ une manière non
équivoque, les produits du feu des volcans.
Depuis ce tems M. Hamilton, profefleur à
Dublin, a revu cette contrée volcanique; mais
n’ayant pas l’habitude d’obferver , il s’eft plus
livré aux raifonnemens, qu’ il ne s'eft occupé à
recueillir les faits, & à les lier pour arriver au
mêmeréfultat que j’avois annoncé fur des preuves
inconteftables trouvées en Auvergne, & qu’on a
retrouvées enfuite partout où il y a eu des volcans.
Cependant j’expoferai à l’article Ir land e , le
précis de fon travail & de fes recherches qui font
fort curieufes, en me bornant aux fimples faits qui
pourront intéreffer les naturalilfes, en attendant
qu’ un bon obfervateur ait été fur les lieux , & ait
donné de tous ces phénomènes une defeription
raifonnée & débarraflée de toutes explications
inutiles ; defeription où l’en fe borne aux fimples
faits inftruétifs qui peuvent fe lier aifément &
offrir des réfultats lumineux.
CHAUSSÉE DES LACS. Les lacs, comme
nous l’ avons fait voir, fe trouvent dans trois polirions
différentes : ou bien ils font placés à l’origine
des vallées où les ruiffeaux & les rivières
prennent leurs fources, ou bien ils occupent le
fond de ces grandes vallées des rivières qui les
traverfent, ou enfin ils reçoivent l’eau des rivières
ui y terminent leur cours. 11 n’ y a que les lacs des
eux premières polirions qui aient des chauffées.
Celles de la première pofition font formées par
les matériaux que les eaux latérales ont entraînés
vers l ’embouchure de la petite portion de vallée
qui forme le baflin du lac, & dont un autre courant
d’eau a favorifé l’accumulation.
Les chauffées des lacs de la fécondé pofition font
formées par les dépôts d’ une rivière qui vient couper
à angle droit la rivière principale qui fournit
au lac de 1-eau & un baffrn. 11 faut que cette rivière
latérale ait un certain afeendant fur la principale,
fans quoi ces dépôts ne pourtoient pas
former les chauffées confidérables qui foütiennent
les eaux des lacs. Il faut que ces rivières foient
torrentielles, & par conféquent puiffent, par la
pente & la rapidité de leur cours, entraîner &
dépofer une grande maffe de pierres, de terres &
de graviers propres à former les chauffées & les
encai(Terriens où fe trouvent foutenues les eaux
des lacs.
Voici encore une autre fuite de circonftances
ni me paroiffent avoir concouru à la formation .
es chauffées & des encaiffemens des lacs.
• La plupart des lacs font placés à l’extrémité des
dépôts littoraux de l’ ancienne mer. O r , il eft évident
qu’en accumulant les cailloux roulés, les matières
fur fes bords, la mer, fes flots, ont accumulé
tous les matériaux de h digue du lac, & ont formé
une barre d’abord , enfuite un encaiffement aflez
fort pour foutenir les eaux du lac.
Je puis donner une idée de ce travail des chauffées
des lacs, tel qu’il a été exécuté'à peu près fur les
bords de l’ancienne mer, par celui qui s’exécute,
fous nos yeux, le long des plages de la mer Méditerranée,
en Languedoc &.dan$ les landts de Bordeaux.
La mer pouffe contre l’embouchure des
rivières les matériaux dont font formés les digues
, les chauffées, les encaiffemens des baffins,
des étangs & des lacs : il ne refte que des boucauts
qui verfent le trop plein des étangs ou lacs dans
la mer.
Qu’on examine, d’après ces confédérations, le
lac de C ôm e , le lac Majeur, celui de Genève,
ceux de Zuric , de Lucerne, & c . , & Ton verra
que leurs digues ont été établies naturellement
avec ces matériaux & dans ces circonftances j on
verra que ces digues font conftamment d’une com-
pofition bien différente du fond & des croupes de
la vallée qui fert de baflin aux lacs, & par conféquent
font d’une époque bien poftérieure. J’ajouterai
même que les rivières latérales & torrentielles
ont, dans plufieurs circonftances, complété
les dépôts que la mer avoit commencés, & que
leur travail a eu même de nos jours des progrès
très-fenfibles, qu’on peut fuivre très-aifément lorf-
qu’on fe trouve à portée de ces lacs.
Il ne me refte plus maintenant qu’ à parler des
lacs qui fe trouvent fitués fur les bords de la mer
actuelle ; mais nous avons déjà indiqué par quels
moyens fes flots avoient concouru à la formation
de leurs chauffées. Aujourd’hui nous voyons que
cette opération tient à celle qui élève chaque jour
les dunes ou obflrue les débouchés des étangs de
la côte de Languedoc ou des landes de Bordeaux:
il- en eft de même de ceux de la Louifiane. ( Voye^
Éta n g s , La c s , L an de sde Bo r d e a u x , L o u i- I
SI-ANE, Ù les articles des différent lacs. )
CHEF-BOUTONNE, bourg du département
des Deux-Sèvres, près la fource de la Boutonne,
& à trois lieues un quart fud de Melle. Il y a une
manufacture de faïence commune & plufieurs
tanneries. Les terres des environs de cette commune
font grades & argileufes : les bois y font
fort communs. Chef-Boutonne entretient un haras
de baudets très-eftimés, & dont on rire le plus
grand profit.
CHEIROîvr, montagne du département du Var,
artondiffernent de Grade, canton de Saint-Aubin,
& à trois lieues à l'eft de Sernoq. Elle a de l’eft à
J’oueft trois lieues de longueur, dont la moitré eft
dans le capton de Saint-Paul-du-Var.
CHELÉÎES, village dii département de Seine 8c
Marne, canton de Lagny. Ce Heu eft remarquable
pour avoir été l’emplacement d’ une abbaye célèbre
de Bénédictines, & outre cela une belle &
grande vallée de la Marne , où l’on trouve beaucoup
de grève entraînée par la rivière, avec des
pelottes arrondies de craie que cette eau courante
a charriées en traverfant la Champagne crayeufe.
La révolution a fait difparoître tous les bâtr-
rneas de ce féjour intéreffant : tout eft démoli : il
n’y refte que les collines de plâtre qui entouroient
cette plaine.
CHEM1L L Y , village du département de l’A ilier
, canton de Souvigny, près de l’Ailier. Les
environs de Chemilly fourniffent beaucoup de bois
pétrifié, & même des troncs entiers, où l’on peut
contempler les différentes parties de ces troncs.
CHEMINÉES DES VOLCANS. Il y a plufieurs
cheminées ou cratères dans les volcans. Je ne vou-
drois pas avancer comme un principe, que tout
épancnementdè matières fondues fût la fuite d’une
éruption de flamme par une cheminée; mais cependant
le plus fouvent la cheminée fe trouve réunie
avec l’épanchement des lave^ ou des courans de
matières fondues, & cette réunion m’annonce les
volcans modernes.
Cependant je connois des cheminées & des cratères
qui n’ont pas verfé au-dehors, quoique la
fonte des matières contenues dans le creufet ait
été complète. La mafiè fondue étant teftée au fond
du creufet, y a formé , par le refroidiffement, un
culot immenfe qui l’a rempli : outre cela, on y
trouve quelques éboulemens fur les côtés du creufet,
qui ne font couverts que d’une petite quantité
de feories & de lapillo. Apparemment que toutes
ces matières mobiles ont été enlevées, par les
eaux , à la fuite des tems.
Il y a des cheminées fans éruptions latérales qui
ont fourni des courans, & tout fe réduit pour
lors à des amas de feories avec un cratère au milieu
: tel eft le petit puy de Dôme.
Il y en a où les matières ont été cuites fans avoir
fondu dans une enceinte fui vie , mais où les cratères
font vifibles avec les épanchemens de matières
formant des courans : alors la maffe de la
cheminée n'eft pas faétice, comme dans certains
cas.D
’après ces confidérations générales, je vais indiquer
les différentes fortes de volcans : ainfi lé
puy de C ôm e , avec deux cheminées ouvertes dans
une grande maffe , pré fer. ce à fa bafe plufieurs
courans très-étendus; celui de Louchadière n’vft
qu’une cheminée démentelée avec de grands courans
; celui' de Verrière offre une cheminée elevée
, avec des courans. Nugère offre plufieurs cheminées