
l’efpace immenfe qui forme l’intérieur du pays
eft prefqu’entiérement inconnu , & il renferme
des tréfors qui attendent que des voyageurs éclairés
& vigilans puiffent en raffembler les richeffes.
Il y a au moins dans la colonie cinq efclaves
pour un blanc : les principaux habitans du Cap en
/)nt quelquefois vingt ou trente qu’ils traitent communément
avec beaucoup de douceur; ils les habillent
bien , mails ils les obligent de ne porter ni
bas ni fouliers, Les efclaves fe tirent furtout de
Madagafcar, & un petit bâtiment du Cap y va
annuellement faire ce commerce.
On y voit en outre un grand nombre de Malois,de
Bengalois& quelques Nègres. Les colons fontpour
la plupart Allemands : il y a des familles hollan-
daifes & des Proteftans français. Les habitans du
Cap font induftrieux, & recherchent beaucoup les
douceurs de la vie : ils font hofpitaliers & Codables
; ils ont peu de moyens de s’inttruire , car il
n’y a point d’école publique remarquable au Cap..
Les jeunes gens vont étudier en Hollande, & l ’e-
ducation des femmes eft extrêmement négligée.
Les naturels du pays vivent dans des habitations
.lointaines : ils font en général d’une taille mince,
& plutôt maigres que gras ; mais ils font d’une
force , d’urAe vivacité 6c d’une activité remarquables.
Leur taille eft à peu près la même que celle
des Européens, & quelques-uns ont fîx pieds de
haut. Leurs yeux font ternes 6c fans expreflion j
ils ont la peau couleur de fuie; ce qui provient
furtout de la pouflîère qui eft fi fortement attachée
à leur peau , qu’on ne peut diltinguerla couleur
de l’une d’avec celle de l’autre. Leurs cheveux
frifent naturellement, non pas comme ceux
des Nègres, mais en boucles pendantes d’environ
fept ou huit pouces. Ils font d’une modeftie qui
va jufqu’à la ltupidité : leurs habillemens coniif-
tent en uné peau , qui elt ordinairement celle d’ un
mouton, jetée fur leurs épaules. Les hommes portent
en outre une petite poche à ia ceinture, 6c
les femmes un large tablier de cuir , l’un 6c l ’autre
attachés à une ceinture ou cordon orné de
verroteries & de petites pièces de cuivre. Les
deux fexes ont des colliers & quelquefois des bracelets,
de grains de verre , 6c les femmes entourent
les chevilles de leurs pieds d’ un cercle de
cuir dur, afin de fe défendre des épines dont le
pays abonde de toutes parts.
Plufieurs naturaliftes ont avancé que quelques
Hottentotes avoient un tablier de chair, qu’ils ont
appelë jinuspudoris. D’autres ont contredit ce fait ;
mais il parole cependant que ce phénomène exifte
réellement. M. Perron, naturalifte diftingué , a
décrit, il y a quelques années , le tablier des Hottentotes
avec le plus grand détail. Ge font deux
appendices de chair ou plutôt de peau, tenant à
la partie fupérieure des lèvres, & qui reffemblent
en quelque forte aux tetees d’une vache, excepté
qu’elles l'ont plates. .Elles pendent devant les parues
natqrell&sj 6ç elles font, chez différentes femmes,
ci’une longueur différente. Quelques-unes en
ont d un demi-pouce, 6c d’autres de trois à quatre
pouces. Cet homme éclairé imagine que c’ eft là
ce que des écrivains ont appelé, par exagération,
un tablier, qui defeendoit du bas-ventre allez bas
pour que les parties naturelles n’euffent befoin
d’aucun autre voile étranger.
La langue des naturels du pays femble à peine
articulée à un Européen j elle eft d’ailleurs diftin-
guée par une fin'gulariré très remarquable. Pendant
qu’ils parlent, ils produifent un giouffement fréquent
en appuyant la langue contre le palais : ces
glouffemcns ne paroiffent avoir aucune lignification
; mais ils fervent plutôt à marquer lès divifions
des phralès dans leurs difeours.
Dans les limites des établiffemens hollandais il
y a plufieurs tribus d’Hottentots, qui diffèrent
beaucoup les unes des autres par leurs üfages &
leur manière de vivre. Elles vivent cependant
toutes en paix & en bonne intelligence, fi l’on en
excepre une qui eft fixée à l’e ft, & que les colons
appellent Bofckemans. Les habitans de ce canton
n’attaquent jamais leurs veifins ouvertement; mais
ilsvdérobent fecrétement le bétail pendant la nuit.
Afin de fe défendre s’ ils dont découverts, ils font
armés de lances ou de zagayes 6c de flèches qu’ils
empoifonnent de différentes manières, les unes
avec du fuc de certaines herbes, & d’autres avec
le venin d’ un ferpent nommé cobra di capelo. Une
pierre eft aufli une arme très-formidable dans les
mains de ces peuples ; car ils la lancent avec tant
de force & de dextérité, qu’ ils frappent plufieurs
fois de fuite, & à cent pas de diftance, un but de
la largeur d’un écu. Pour fe mettre à l’ abri de ces
voleurs, les autres habitans dreffent des taureaux
qu’ ils placent autour de leurs villages pendant la
nuit: ces animaux, à l’approche d’un homme ou
d’une bête, fe raffemblent 6c s’oppofent aux acta-
quans jufqu’à ce qu’ils entendent la voix de leurs
maîtres, qui les encouragent au combat ou qui les
rappellent, & , dans ce dernier cas, ils obéiffent
avec autant de docilité qu’un chien.
On a déjà vu que quelques-unes de ces nations
connoiffent l’ art de fondre 6c de préparer le cuivre
& le fer. Elles fabriquent des couteaux, auxquels
elles donnent une trempe fupérieure à celle des
couteaux qu’elles pourroient acheter.
Les chefs de ces différentes tribus font, pour la
plupart, riches en bétail, & en poffèdent de nombreux
troupeaux. Ils font ordinairement couverts
de peaux de lions, de tigres ou de zèbres, auxquelles
ils ajoutent des franges & d’autres orne-
mens de très-bon goût.
Aux détails que nous venons de donner fur le
climat & la nature du fol du Cap de Bonne-Efpé-
rance, nous devons encore en ajouter quelques-
uns. Cette extrémité de l’Afrique, qui fe termine
à ce cap, offre des plaines fabîoneufes, des bois,
de hautes montagnes fe parées par des vallées, où
coulent des ruiffeaux 6c des rivières. Les plaints
de fables font dangereufes'à parcourir. Ces fables
font mouvans : les vents les agitent & les amon-
cèlent; ils couvrent des buiffons qui déchirent les
pieds des voyageurs qui s’y hafardent. Un autre ;
inconvénient de ces fables eft qu’ ils font remplis
de ferpens venimeux.
Les Hollandais du Cap nomment moujfon humide
& moujfon seche ce que nous appelons hiver
6c été. Ils ne connoiffent pas d’autres faifons ; encore
peut-on dire qu’ils n’ont pas d’hiver ; car,
outre qu’il n’y fait jamais afTe.z froid pour qu’on
ait befoin de fe chauffer, on y a Couvent fix, fept
6c huit jours de fuite fans pluie, fans v ent, fans
chaleur incommode, tels que font en France les
plus beaux jours de feptembre. Il eft vrai qu’on y
effuie bien fouvent de la pluie , du vent & des
brouillards ; mais ce mauvais tems eft racheté par
les beaux jours qui lui fuc cèdent, au lieu qu’en
été , ou bien il règne un vent furieux 6c froid qui
vous tient enfermé dans la maifon, ou bien une
chaleur qui vous accable. L ’hiver n’eft incommode
au Cap que pour les voyageurs, à caufe.du débordement
des rivières. Rarement il gèle au Cap, &
la glace n’y a jamais plus de deux ou trois lignes
d’épailfeur. Enfin, l’ air ne s’y refroidit guère qu’au
même degré que dans notre automne, 6c le ton
nerre ne fe fait entendre que vers les changemens
de faifons, aux mois de mars 6c de feptembre,
encore n’ y eft-ii jamais violent ni fuivi de grands
orages.
Cap-Breton. Il y a dans la baie de Bifcaye,
' fur la côte de la mer, aux environs de Bayonne,
près'de l’embouchure de l’Adour, un cap où la
mer devient fi greffe fans qu’ il faffe le moindre •
vent apparent, que cette côte paroït en danger
d’être jubmergée , 6c aufutôt la mer redevient
calme. C ’eft l’effet d'un vent foutefrain. _ .
Il y a pareil phénomène fur un lac d’Écoffe,
appelé Loch-Laumond, qui eft également caufé par
un vent foutçrrain,
C a p -R ouge , fîtué fur la côte occidentale
d’Afrique,par .....degrés de longitude, & ....d e grés
de latitude, à cinq lieues au fud de la rivière
Cafa-Mança. Il doit fon nom à la couleur de la
terre dont il eft formé.
Cap-Vert (lie s du), On ne connoît guère
d ’endroit où la chaleur foit plus grande & l’air
plus mal-fain que dans les îles du Cap-Vert. Comme
il y pleut rarement, la terre y eft fi brûlante qu’on
ne fauroit pofer le pied dans les lieux où le foleil
fait tomber fes rayons. Le vent de nord-eft apporte
dans ces îles une fraîcheur foudaine 3 dont
les effets font mortels quand on néglige de s’en
garantir. Les produ&ions font les mêmes que'fur
la côte. On y vois auftî dès cannes à fucre , 6c les
vignes que les Portugais y ont plantées, portent
deux fois l’ an. Les chèvres 6c les chevaux s’y font
prôdigieufement multipliés; ce qui prouve la bonis
des pâturages. Les boeufs 6c les vaches y font
rares ; mais on y trouve une grande quantité d’anes.
Les principales richeffes des infulaires confîftent
dans les peaux de chèvres qu’ ils préparent à la
manière du Levant, 6c furtout dans la vente de
leur fel qu’ ils récoltent abondamment. On en exporte
une grande quantités On s’en fert aufli pour
conferver la chair de tortue qu’on envoie dans les-
colonies d’Amérique.
L’île de Saint-Philippe fe nommé aufli Vile de
Feu, parce qu’on y trouve un yolcan qui brûle
fans ceffe , 6c jette des flammes qui fe font apper-
cevoir de fort loin pendant la nuit. Il lance aufli
?des pierres qui s’élèvent à une grande hauteur,
& qui retombent fur les croupes de la montagne
avec un grand bruit.
La côte du Cap-Vert eft aufli brûlante que les
îles; aufli les hommes & les animaux peuvent à
peine y refpirer. Rufifque eft au fond d’une baie
qu’on a nommée baie de France ,■ elle abonde en
poiffons de toute efpèce. Ses environs font remplis
de beftiaux 6c de volailles qui fe donnent à très-
bas prix.
.. CAPELLE-CORDEN-BOSCH, village du département
de la D y le, arrondiffement de Bruxelles»
On a conftruît un pont pour paffer le canal de
Bruxelles à Anvers, qui coupe cette commune
vers l’orient. Il s’eft formé un hameau près de ce
pont, qui ouvre un pafîage ; & , le long du canal,
îles produirions de fon territoire font du farrafin ,
du colza 6c du lin. Il s’y fabrique de la bière très-
renommée pour fa qualité fupérieure.
C A PO LO R O , village du département du Golo,
arrondiffement de Bailla. On y recueille, aux environs,
des.vins qui ont la qualité du bourgogne.
O.n y fait un vin blanc excellent, reffemblant au
vin de To k a i, 6c qu’on peut boire pour du vin de
ISy raeufe.
CAPOUE..Capoue, dans le royaume.deNaples,
eft dans une fituation un peu différente de l’ancienne
Capoue, demême que Modène & d’autres
villes anciennes qui ont été ruinées 6c rebâties. La
nouvelle Capoue eft une ville de cinq mille âmes,
fnnée à cinq lieues de Naples, fur le Volturne , à
quatre lieues au deffus de fon embouchure. Elle
n’a guère que trois cents toifes depuis la porte de
Rome jufqu’à la porte de Naples, qui eft la partie
que l’on travérfe ; mais elle en a fept cent cinquante
dans la partie qui eft le long du Vo lturne..
r •
A trois lieues de Capoue il y a une carrière d’ albâtre
; il eft d’un blanc-fale, ayec des veines de
couleur fauve ou ifabelle.
Cette ville eft fituée dans le territoire le plus
fertile & le plus agréable, au milieu de la fuperbe
plaine de la Campanie heureufe, que les Romains