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l ’ in té r ieu r , de terre v égétale ; effet des arbres &
des plantes qui y tombent continuellement en
pourriture.
Il y a des h y d r e s , des p ig e on s, & des to u r te relles
di fférentes en apparence de toutes celles qui
ont é té vues. On y v o it des faucons pareils à ceux
d 'E u ro p e , & une nouvelle efpèce aatrape-mou-
ch es. Les débris de quelques fe u x , des branchag
es , des feuilles encore fraîches & des reftes de
tortues annoncent que c e canton eft vifité affez
fou v en t par les Indiens. U n e p iro g u e , préc ifé-
ment de la forme de celles de la Ba lade, échouée
fur le fable , a fait connoître quel eft le bois dont
les Calédoniens fon t ufage pour la conftruéfcion
de leurs canots ; ils fe fervent de pins , & il s'en
trou v e fur ce tte île qui ont vingt pouces de diam
è t r e , & foixante à foixante-dix pieds de haut.
Pu ifqu e des arbres de ce tte taille croiffent fur un
fi petit e fp a c e , il eft probable qu'il y en a de plus
gros fur la principale terre & fur des îles plus
grandes.
O n ne connoît aucune île de la mer Pac ifique ,
à l'e x cep tion de la N ouvelle -Zé lande, où un vaif-
feau puilfe mieux fe fournir de mâts & de vergues.
A in fi la dé cou ve rte de ce tte terre eft p ré c ieu fe ,
ne fû t-ce qu'à ce t égard. L e bois des arbres qu'on
appelle pins eft b lan c , d’ un grain ferré , dur & lég
e r en même tems. La térébenthine fort de la
plupart des branches; mais la chaleur du foleil
dans c e climat l'épaiflît en une réfine attachée au
tronc & autour des racines. C e s arbres dé ve loppent
leurs branches comme les pins d’E u ro p e ,
a v e c ce tte différence que ceu x -c i ont des b ran ch
es plus courtes & plus petites ; de forte que les
noeuds deviennent à rien quand on travaille la
t ig e . On o bfe rve que les plus grands de ces arbres
ont les branches plus petites & plus c o u r te s , &
qu'ils font couronnés comme s 'il y avoir à leur
fommet un rameau qui eût formé un buiffon. La
femence eft dans des capfules coniques ; mais on
n’en v o it aucun qui renferme de ce tte fem en c e ,
du moins dans un état propre à la reproduction.
O u tre ces arbres, il y en a un autre de l ’efpèce
des fapins de Prufle ; il eft t rè s -p e tit, & c'eft
moins un arbre qu’ un arbriffeau. On rencontre
ericoré fur ce tte lie une efpèce de crefl’on & une
plante femblable à ce lle qu’on nomme en A n g le terre
quartier d’agneau ou poule graffe, q u i , étant
b o u i llie , fe mange comme de$ épinards.
La mer eft haute dans les pleines & les nouvelles
lunes à dix ou onze heures.
La navigation de ces parages offre des dangers
extrêmes.Pa rtout on rencontre des îlo ts , des bancs
de fable & des brifans qui s’étendent aufli loin
q u e l'h o r iz o n , furtout dans la partie de l’oueft.
T o u s ces écueils ne font point liés en fem b le , &
ils lailfent appercevoir plufieurs canaux de différentes
finuofités.
Tandis que le capitaine C o o k employoit fies lu-
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mières & fon courage pour reconnoître une cô te
où les périls fe préfentent de toutes p a rts , il ob-
■ ferva un phénomène qui mérite d’ être d é ta ille ,
quoique connu des navigateurs. Dans la partie du
nord on v it une boule q u i , par fa grofleur & par
fon é c la t , reffembloit au fo le i l, quoiqu'elle fû t ün
peu plus pâ le; elle s’ évanouit en crevant quelques
momens après, & elle lailfa derrière elle des étincelles
brûlantes , dont la plus grand e, d'une forme
o b lon gu e , fe remuoit promptement hors de l ’ho r
iz o n , candis qu’ une efpèce de flamme bleuâtre la
fu iv o it & marquoit fa route. A l’apparition de c e
m é téo re , les officiers expérimentés attendirent un
vent f ra is , & ils ne fe trompèrent point.
B O T H N IE , contrée confidérable de S u è d e ,
fur le g o lfe du même n om , qui la divife en orientale
& en occ identa le . L ’orientale eft ce lle qui eft
à l’ orient du g o lf e , & l’occidentale celle qui eft à
l’ occident. Je l’ai déjà d é c r ite , comme baflin ter-
reftre du g o lf e , à l’article de la Ba l t iq u e .
Les contrées habitées de la Bothnie occidentale
o n t , depuis les limites de Langermanie jufqu’ à
T o rn é a , environ cinquante-huit milles fuédois de
lo n g , fur dix-fep t à dix-huit milles de large. On
y ,v o i t , le long des côtes du g o lf e , différentes îles
cl’un afpeét agréable. Les fo r ê t s , dont les plus
grandes confinent à la Lap on ie, les fleuves Sc les
lacs y font en grand nombre. Les pâ tu rages, dans
les intervalles de cès fleu v e s , font exceilens. Le
pays eft uni & le fol très-fertile. Quoiqu’on en-
femence les terres fort ta rd , les grains mûriffent
en quelques femaines, félon que les contrées cu ltivées
font plus ou moins rapprochées du nord.
Le froid caufe fouvent de grands dommages, fur-
tout au mois de ju i l le t , tems où les gelées commencent
à fe montrer. Les habitans vivent de la
cu ltu re, de leur b é ta il, de la chalfe & de la pêche.
Leur commerce confifte en poutres , • planches ,
goudron , faumon.falé & fum é , en f u i f , huile de
po iffon , b eu r re s , fromages , to iL s & pelleteries
de toute efpèce.
La Bothnie orientale eft fitu é e , vers le nord , à
l’orient du golfe de Bothnie. Sa longueur eft de
q ua tre -vin g t-n eu f milles , & fa largeur de quarante.
La nature a féparé cette contrée des pays
adjacens par des montagnes qui régnent au milieu
des terres. Plufieurs fleuves qui fe dé cha rgent, foit
dans la M er-B lan ch e, foit dans le g o lfe de Bothnie
, ont leurs fources au pied des montagnes. L e
pays eft généralement affez u n i , mais rempli de
lacs & de marais. Les étés froids font d'autant plus
n u ifib le s , que l ’on ne peut femer que vers la fin
de mai ; mais celles des terres qu’on nomme terres
brûlées à la fuite de l’é c o b u a g e , font de la plus
grande fertilité. Les pâturages font affez médiocres.
L’exportation du goudron eft é v a lu é e , année
commune , à plus de trois mille tonneaux. T o u t
le bétail- eft d ’ une petite e fp è c e , proportionnée à
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la nature 4 ,es pâturages. Comme ce pays a beaucoup
de fo r ê t s , on y a fait aufli de nombreux !
établifîemens de forges. j
Les lacs & les fleuves font très-poiffonneux, 1
& la pêche du faumon eft for t abondante. En quel- j
ques endroits les rivières produifent des perles j
a lle z b e lle s , qu’ on y pêche avec grand fuccès. L e I
tbtal des habitans de ce tte vafte contrée ne pafie
pas quatre-vingt mille.
Le g o lfe de Bothnie eft la partie la plus fepten-
trionale de la mer Baltique. 11 eft limé entre l’U p-
l^nde> l ’He iïîng ie, JaMedelpadie, l’Angermanie,
la Bothnie orientale & oc c id en ta le , & la Finlande.
Il s ’é t e n d , du fud au nord orienta l, jufqu’ au 65e.
deg. 40 min. ; il eft large d’environ quarante-cinq !
lieues marines , depuis les îles d ’Aland jufqu’ au
63e. d e g r é , qu’ il fe rétrécit confidérablement. Il
eft fa rt étroit vis-à-vis des îles de Querken ; mais
enfuite il s’ élargit de nouveau à près de vingt-fix
lieues marines v is -à-vis d'U lab org .
B O U A N T , v illage du département de l’A r r iè g e ,
arrondiffement de F o ix , à une lieue & demie de
Tara fcon . Sur la montagne fituée près de ce v illag
e il y a une mine en filons de deux pieds d ’é-
p a iffeu r, qui renferme de la mine de fe r fpathique
ja u n â tre , de l’hématite brune & de la mine mica
cée. A G udanes , dans la même commune, il y
a trois forges fituées fur la rivière d ’Arton. U n
lon g can al, dont les eaux font tirées de ce tte r iv
iè r e , fournit l’eau aux deux forges inférieures.
La prem iè re , qui eft la plus près du château Me
G u d an e s , eft la"forge du château de V e rd u n , &
la fé c o n d é , la forge neuve. En fin , la fupérieure
eft la forg e d’Arton , qui eft éloignée du château
de deux mille toifes. De ces tiois fo rg e s , il y en a ’
deux qui vont toute l’année. Elles confomment la
moitié de la mine de V ie D e f fe , & le furplus de
la montagne de Lareat. Les mines de Gudanes font
toutes fituées autour ou à une petite diftance du
château. Il y a encore à Sinxat, fur la montagne,
des mines qui ont été exploitées au tre fo is , & qui
font-comblées maintenant.
B O U B L E ( la ) , r iviè re du département du Puy-
de-Dôme , arrondiffement de Riom. Sa fo u r c e , à
deux lieues & demie fud de Montaigu , v erfe fes
eaux au nord-eft 3 lefquelles paffent à Saint-Pour-
ça in , & fe rendent dans la Sioule à une demi-lieue
fud-oueft de Saint-Pourçain.
B O U C A U T . On défigne ainfi certaines embouchures
dë rivières , foit à la m e r , foit dans les
lacs qui fe trouvent rangés fu r les bords de la mer.
J’ ai t rou vé ce tte dénomination généralement en
ufagé à la cô te de Médoc & de Bifcaye ; .aufli ai-je
é té for t atten tif à fuivre les formes de ces embouchures
affez remarquables & toujours dépendantes
, tant de l’aétion des eaux courantes qui j
viennent de l’ intérieur des t e r r e s , que du re- J
Géographie-Phyjique, Tome 111,
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foulement des eaux ftagnantes des lacs & de
l ’Océan.
B O U C H A IN . C e tte ville n'eft remarquable que
par fes fortifications ; elle a des éclufes par lef-
c,aelles on peut faire monter l’eau dans les foffés
de fes dehors.
B O U C H E R ( C o l d e ) , montagne du département
des Baffes-Alpes, arrondiffement de Barce-
lo n e t te , canton d’A l lo s , à une lieu e deux t iers de
ce tte ville . Elle a de l'eft à l'oueft un tiers de lieue
de longueur. Près d e ce tte montagne eft une rivière
qui prend fa fource à une lieue deux tiers d’A l lo s ,
coule au fud-oueft , (k fe rend dans le Verdon au
nord d’A l lo s , à une lieue deux tiers de fa fource.
BO U C H E S . On donne quelquefois ce nom aux
ouvertures par lefquelles de grandes rivières fe
déchargent dans d’autres ou verfent leurs eaux à
la mer : ainfi l ’on nomme bouche d‘Allier l ’endroit
où l’Ailier fe réunit à la Lo ire. Ou connoît les
bouches du N il, feptem oftia Nili. On diflingue aufli
les bouchés du Rhône, qui fervent à défigner ie
département q u i ’ comprend ces bouches dans la
divifion du royaume de France. Quelquefois on
applique ce mot à certains détroits ou à des paf-
fages très-t^flèrrés de la mer entre deux terres :
telles font les bouches de Bonifacio , qu’on rencontre
entre la C o r fe & la Sardaigne. ( Voye^
l'article C orse , où l’on fait connoître la nature
des couches qui fervent de bords à ces bouches.)
Bouches d’Éole ( le s ) font des crevaffes ou
de petites cavernes o u v e r te s , par la n a tu re , dans
le flanc des-montagnes, d’où il fort des vents qui
font d’autant plus fo r ts & plus f ro id s , que la chaleur
de l’ air extérieur eft plus grande. C ’eft à C æ l ï
furtou t, ville fituée dans l’Apennin, proche T e rn i,
que les Anciens ont remarqué ces phénomènes ,
& c’eft là qu’ ils ont donné ce tte dénomination de
bouches d*E0le3 dont nous nous fervirons pour titre
à l’ article où l’on s’ occupera en général de ce tte
forte de phénomènes. ( Voye£ C c e s i .)
On o bferve aufli le même phénomène en France
comme en I ta lie , dans plufieurs endroits; dans l’ île
dTfchia, au pied du mont Teffa cio près de R om e ,
au bas du roc de Saint-Marin, mais particuliérement
au bord du lac de Corne : on v o it furtout
dans les caves de ce tte v ille , voifines du la c , le
thermomètre defeendre de fept degrés au deffous
du tempéré dans les plus grandes chaleurs de l’é t é ,
par l'action des vents tempérés qui régnent dans
ces fouterrains.
On trouve en France beaucoup d'endroits d 'où
il fort de pareils courans d'air de certains foupi-
raux n a tu re ls , & qui font fenfibles à une affez
grande diftance.
Bouches-du-Rhône, département qui g pris
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