
Paufilippe. Ce golfe de Baies eft délicieux , la nature
y eft toujours b elle, & la rigueur de l’hiver S
s’y fait peu fentir. La côte y eft très poiffonneufe,
la campagne très-fertile : on y trouve un
nombre de bains & de fources minérales de diffé-
rens degrés de chaleur, egalement agréables &
falutaires. Tous ces avantages y attirèrent les Romains,
furtout dans la faifon de l’hiver. Ils conf-
truifirent des maifons magnifiques fur la côte de
Baies t qui devint bientôt le féjour de la molleffe
& même de la débauche. La di ftolution fut regardée
comme un tribut qu’il falloir payer à un
féjour fi délicieux : on ne pouvoit le fréquenter
fans faire tort à fa réputation. On ne fe contenta pas
du terrain que la nature donnoit, on fit des digues
pour refferrer la mer j on combla par ces moyens
une grande partie du golfe pour y élever des bati-
mens au milieu des eaux. On en voit aujourd'hui
les ruines dans la mer, qui gagne de jour en jour
fur cette côte où la nature eft la même, maisppv
n’a pour habitans que des hommes grolfiers : la
douceur du climat les énerve plutôt qu elle ne
les adoucit.
Nous ferons connoître par la fuite tous les mo-
numer.s de l’hiftoire naturelle de ce g olfe, également
intércftans , & quant au fol intaCt, 8c quant
aux veftiges & réfidus des diverfes éruptions des
feux fouterrains , parmi lefquels je citerai le Solfatare
& le Monte-Nuovo, en renvoyant définitivement
à leurs articles ,ainfi qu a celui de Pouzzole,
& à celui du Temple de Sérapis , ruine fur laquelle
on a dit bien des chofes hafardees, & fur
les phénomènes de laquelle je donnerai une folu-
tion fimple 6c raifonnable.
BAÏGORRY (Vallée d e ) , département des
Baffes - Pyrénées , arrondiffemept de Bagnères.
Cette vallée commence aux limites de la France
& de l’Efpagne ; elle fait partie de la ci-devant
Baffe*Navarre, pays des Bafques, borné au fep-
teotrion par la vallée d’Offez, au midi par la Navarre
efpagnole,à l’ eft par le pays d Oftabarés, &
à l’oueft par la Bifcaye efpagnole. Cette vallee
peut avoir quatre lieues de longueur, fur trois de
largeur. La rivière de Nive l’ arrofe en grande
partie. On trouve à Baigorry une fonderie, &
tout auprès des mines de cuivre, les plus confidé-
rables *le ce département. Cette fonderie a de
vaftes bâtimens, de beaux fourneaux lïtues au
pied des montagnes, dans un vallon fort étroit, :
traverfé par la Nive , rivière d une certaine^ importance
qui fe rend à Bayonne, ou elle fe reunit
a l’ Adour. La Nive reflerre beaucoup l’établif-
fement des mines de Baigorry , de maniéré que les
bâtimens & les minières fe trouvent réunis &
refferrés d’un côté pendant que le refte des ufines
eft de l’autre, & n’a de communication que par
un pont. Il réfulte de cette pofition genante, que
l’exploitation des mines ne peut fe faire avec autant
d’économie quelle fe feroit dans un local
plus étendu. Les travaux principaux des mines,
les ufines, les fonderies diverfes, les boccarts ,
les lavoirs, font rapprochés dans un efpace quin a
pas plus de cinq cents toifes. U eft vrai que jamais
l’eau n’y manque, &: que le bois s y trouve a
portée. Tous les ateliers pour le grülige, la tonte,
le raffinage, la liquation , le rafraichiffement, e
refliiage & la coupellation y font réunis- La cou-
duite des eaux , les machines qu’elles font mouvoir
, même les trompes ou fouflets à eau, le lavage
8c tons les travaux de la fonderie, 1 operation
de la cafferie, le triage, &c. font des objets
i intéreffans & curieux qu’il faut renfermer dans
! ce rapprochement.
L ’origine primitive de l’exploitation des mines
de Baigorry eft très-ancienne, & remonte probablement
jufqu’ au tems des Romains. En 172.0 ,
M. de la Tour obtint la conceffion de ces mines:
les premiers travaux s’exécutèrent en 173° > ^
ont toujours continué jufqu’ à la dernière guerre
avec l’Efpagne. Les premiers travaux^ font ceux
que l’ on nomme Philisbourg, enfuite, à cent quarante
toifes au deffous des "travaux de Philisbourg
8c fur la rivé droite de la Nive, fe trouve la mine
de Sainte Élifabeth ; puis , en remontant la Nive
de quarante toiles, on voit fur la gauche les travaux
de Saint-Louis ; un peu au deffous de ces
travaux font ceux connus fous la dénomination
tfAouft, où l’on a creufé un puits au fol duquel
on a laiffé un filon apparent ; mais la trop grande
proximité de la rivière a obligé de rechercher un
filon du côté oppofé, fur la rive droite delà Nive.
Le filon de Saint-Antoine a été attaque un peu au
deffus des travaux de Sainte-Elfabeth. Le filon ou
les travaux de Sainte-Marie côtoient la rive gauche
de la N iv e , de l ’eft à l’oueft. La mine des Trois-
Rois , ainfi nommée à caufe du jour de la decouverte
, eft la plus confidérable de toutes celles que
l ’on exploite , tant par fon étendue horizontale ,
que par fa profondeur perpendiculaire, qui eft de
quatre-vingts toifes : elle eft fur la rive gauche de
la Nive. Le filon a été pourfuivi fur une longueur
de cent quatre-vingts toifes, jufqu’à fa jonélion
à l’oueft-nord-oueft avec le filon de Sainte-Marie.
Le filon ou les travaux de Berg-op Zoom pénètrent
dans l’intérieur de la montagne beaucoup plus que
les précédentes. Les travaux de Sainte-Marthe,
qui font fur la rive gauche de la N iv e , ont été
pouffes à près de cent trente-cinq toifes de pro-
fondeur horizontale. Enfin, les travaux dits de
Saint-Michel font au fud-eft de la mine des Trois-
Rois, fur la rive gauche de la Nive.
Toutes ces mines ont des galeries profondes &
fpacieufes, & fourniflent du cuivre abondamment.
Il y a encore parmi les gîtes de minéraux qu il
eft naturel de regarder comme eflentiellement dé-
pendans de l’ établiffement par rapport à leur proximité,
quelques veines puiflantes de quartz qui fe
' trouvent au nombre de quatre fous l’aqueduc
qui conduit les eaux de deffus la rivière d un de
fes bords à l’autre. Il y a de même un large filon
d’environ une toife d’epaiffeur, découvert à neuf
pieds au deffus de la rive gauche de la N iv e , visa
vis le filet qui arrête le bois flo tté , à la place
qu’on nomme Banda/écou. Il y a encore divers travaux
anciens, tels que des puits, près du lieu
ilommé Eratfenia y un puits près la maifon d Ohaioj
des travaux près de l’endroit appelé Berecoborda ;
plufieurs galeries le long du canal, & d’autres petites
galeries qui ontleür débouché près du canal,
mais qui n’ont pas été déblayées. Tous ces travaux
paroiffent être une fuite du filon de Berg-
op-Zoom que les Romains avoient effleuré dans
tout ce flanc de montagne qui eft fur la rive droite
de la N iv e , & qu’ on nomme la montagne d’Afloef-
coria, fi l’ on en juge par les affaiflemens qui s’y
font fur cetre dire&ion. On trouve dans cette
même montagne d’Aftoefcoria de la mine de cuivre
jaune qui fournit environ trente livres de
cuivre par quintal, 8c de la mine de cuivre d’un
gris-clair qui rend également trente livres de cuivre,
8c depuis deux jufqu’à cinq marcs d’argent.
En 1766, on trouva à Errefenia , dans un réduit
fitué un peu à mi-côte au deffus des fonderies de
Baigorry , au bord d’un petit ruifleau, un bloc de
minerai pur d’environ onzequintaux, qui provenoit
vrai remblablement des montagnes fupérieures.
Près de la fonderie on rencontre des couches
d’ une efpèce d’ardoife & des bancs argilo-quart-
z eu x , traverfés par des filons de mines de cuivre.
Non loin de la chapelle de cet établiflement ce
font des pierres calcaires très-dures: il y en a de
même au fud 8c près le pont de Bishourieta. Au fud
de ce pont font des matières argileufes dont on fait
de la tuile. Plus loin on voit de hautes montagnes
compofées de bancs inclinés de grès rougeâtre,
d’un pied ou environ d’épaifleur. Ces bancs fe
prolongent du nord au fud, direction affèz générale
des matières.qui fe trouvent depuis la fonderie
de Baigorry jusqu’ aux Alludes.
B A IK A L , l’un des plus grands lacs de l’ancien
continent d'Afie.
La profondeur de ce lac eft confidérable, la
limpidité de fes eaux parfaite : il eft navigable
dans toutes fes parties, fans embarras d’îles, autres
que YOlchon & la Saetchia. Dans les tempêtes fes
vagues s’élèvent comme celles de la mer. Sa longueur
eft de cent vingt-cinq lieues communes,
& fa largeur de fept à douze. Les veaux marins
de l efpèce commune y font très-nombreux. On
fera toujours embarraffè pour expliquer comment
ces animaux fe trouvent à un fi grand éloignement
de la mer j car comment fuppofer qu’au
tnifieu des cataractes ils aient pu faire le trajet du
lac à l’Océan. Mais en indiquant cet embarras, je
dois dire qu’il fe rencontre dans plufieurs autres
circonftances femblables.
Lorfque les glaces du lac Baikal fe rompent, le '
falmo oxyiinchus 8c le lenki dépofent leur frai fur
j le fable de fes r iv e s , & en été ces poiffons fe retirent
au fond de l'eau.
Le callionymus baikalenfis eft un poiffon particulier
à ce lac ; il a environ neuf pouces de lo n g ,
8c fa chair eft très-molle, très-délicate, & rend
beaucoup d’ huile. Il habite à de très-grandes profondeurs
les cavernes du la c , & particuliérement
près des rives feptentrionales, dans des endroits
profonds de trois ou quatre cents brades : on
n’en voit jamais que lorsqu’ ils ont été arrachés dé
leurs cavernes par de violens orages d'été ; alors
on les trouve flottans à la furface ou jetés en
monceaux énormes fur fes bords 8c à l’embouchure
du Seljnga. Les habitans du pays en tirent
de l’huile qu’ils vendent aux Chinois.
Le faumon d’automne ou omul fe prend dans le
même lac en juin 8c en juillet.
On voit flotter à la furface du lac Baikal une
prodigieufe quantité de peaux d'onifcus trachurus,
forte d ’infeCte qui abonde le long des rivages
pleins de rochers, 8c qui fertde pâture m falmo
lenok 8c au fig.
Le lac Baikal reçoit le Selinga & quantité d’autres
rivières qui viennent du fud; auffi fa forme
alongée prouve que fon baffin a été creufé dans
la valle'e des rivières qui lui fourniflent de l’eau.
L’Angara eft la feule rivière qui en forte : en débouchant
du lac elle tombe fur des rochers qui
forment des cataractes fort bruyantes 8c fort dan-
gereufes à franchir.
L’ouverture par laquelle le lac fe décharge dans
l’Angara paroît avoir été.coupée entre deux montagnes,
dont le point de vue eft très-intéreffant. II
eft à croire que cet émiffaire, ainfi que la digue à
travers laquelle il s’eft fait jour, a la même constitution
que les émiffaires 8c les digues des autres
lacs. ( Voye% l'article La c . )
BAILLEUL, ville du département du Nord :
on y fait d’excellent fromage. Il y a d’ailleurs cent
foixante fabriques de fils retors , deux de rubans
de fil ; deux de faïence, une de poterie & une de
fel.
BAILLY-EN-RIVIÈRE , département de la
Seine-Inférieure, arrondiffement de Dieppe, fur
le ruilfeau de Baillybecy.
-BAINS ( les) , village du département des P y -
rénées=orientales, canton d'Arles, fur le Tech. C e
village eft ainfi nommé à caufe des bains qu’ il
renferme ; il eft fitué dans la contrée appelée le
Vallefpir , près le Fort-les-Bains. C ’ eft au pied de
cette forteréffe que fe trouvent deux fources qui
ne font disantes que de trente pas l’une de l ’autre
, 8c qui ne diffèrent uniquement que par le degré
de température. Ces eaux font extrêmement
chaudes, 8c il faut que les baigneurs foient ro-
buftes pour foutenir la chaleur du baffin pendant
trois quarts d’heure. Le baffin eft fort grand. Le