
forme de poudre très-atténuée. Cette matière, en
enfeveliiïant ces poiffons, conferva toutes les parties
de ces animaux en abforbant tous, les liquides.
L ’odeur fétide que donne cette pierre dans toutes
fes parties lorfqu’ôn la racle , explique que cette
imbibition a dû imprégner cette pâte, & par con-
féquent tout le tiffu de la pierre qui en a été
formée.
Un des fujets de recherches les plus frappans
& les plus dignes d’être approfondis, c’eft: cette
grande variété qu’ on obferve parmi les- poiffons
réunis dans un même lieu très-peu étendu. Les
catalogues qu’ on en a nous montrent des efpèces
qui ne fe trouvent que dans des mers très-éloi-
gnées de celles de l ’Italie, & même dans d autres
climats. On ne peut trop infifter fur cette analogie
entre ces poiffons de climats différens du nôtre,
& les coquilles & les dépouilles de divers quadrupèdes
qui fe trouvent dans des pays ou les
analogues vivans n’ont jamais pu être trouvés, &
fouvent dans des climats où ces animaux n’ont
jamais pu vivre. Ces faits font connus depuis long*
tems, & la folution des difficultés qu’ ils préfen-
t'ent eft bien loin d’être aflurée. Soit que toutes
les circonftances naturelles ne foient pas encore
bien détaillées, & que la colle&ion des faits ne foit
pas encore allez complète pour affurer le fuccès
de cés recherchés à cet égard , ceux qui défirent
de contribuer aux progrès réels de la fcience le
feroient plus utilement en employant leurs taie ns
à raffembler les faits avec toutes les circonftances
locales & immédiates qui les concernent J qu’à
donner l’effor à leur imagination pour bâtir une
théorie fur chaque fait. C ’eft ce qui aura lieu de
manière que la poftérité, mieux informée que
nous, pourra porter un jugement plus éclairé lur
les caufes. Au refte, les fpéculations de cette efpèce
ne doivent jamais faire diverfïon à des études
plus févères.
Monte Bolca n’ eft point le feul endroit où l’on
trouve des poiffons pétrifiés ou des ichtyolithes,
On en voit à Mansfeld, à Eift-b.en & ailleurs,, qui
font devenus métalliques par des minéralifations.
Ceux-ci fe trouvent ordinairement dans des ar-
doifes ou des fehiftes ardoifés; mais ceux qu’ on
rencontre dans les carrières de Pappenheim &
d’OEriingen en Sôuabe & en Brifgavp, font renfermés
dans une pierre calcaire puante qui ref-
de celles qui vivent dans la mer. C e mélange
s’explique très-bien par la théorie de mes lavages
intérieurs, & en elt la fuite. C e ne^ font p a s ,
comme l’a prétendu Lehmann, des éboulemens
fortuits qui ont fixé ces poiffons dans la vafe où
ils font reftés enfevelis> & enfuite conferves dans
leurs fquelettes feulement. Ces efpèces de poiffons
femble à celle de Monte-Bolca. Il ferok intëreffant
d’établir, par des observations comparées entré les ■
phénomènes, & fur tout entre la pofîtion relative
de ces dépôts ; mais on s’ y hafârderoit beaucoup
fi l’o.n réuniffoit ici la confidération dtsCyrnptômes
volcaniques aux circonftances^ car il paroît qu’elles
y 0nt aucune liaifon avec les effets,d s volcans..
Il y a eu plufieurs fi vans Hàturaliftesquiort re>
•’ connu /dans les charpentes affebfes dès poiffons
imprimées fur des lames plâtéè’ des p^erreë blart-
’ cfhës Calcaires 'àt-'Bo'Fçiïi les èfjètfès* qui vivent*
fdàrts;I.es', eaux douces,' mêlées avec qù.eîq&is-imèv
d’eau douce s’accoutument à l’eau un peu
falée, & s’aventurent enfuite ou bien font entraînés
par les grands débordemens des rivières,
dans la mer, de forte qu’ils n’ont pas fouvent le
tems de pouvoir l’abandonner avant de mourir.
Le Monte-Bolca , où l’on trouve les poiffons
qu’oh connoît dans les cabinets, eft une maffe de
couches horizontales, qui s’ eft établie fur une bafe
de matières pulvérulentes volcanilées, organisées
aufli par couches. Seroit*ce quelques éruptions
foufmarines du volcan qui auroieirt fuffoqué les
poiffons, & les auroient fixés dans une vafe qui les
i auroit conferves avant leur deftruétion ? Car il eft
trèsffur que la putréfaction, fi elle eût eu lie u , auroit
détruit les petits cartilages qui tiennent les portions
offeufes, & que le lavage de leau les auroit
difperfés &r défaffetiiblés, en forte que les nageoires
y feroient confervées, & dans leurs plus ,
petits details. Il faut bien que , dans leur pofîtion
relative, la caufe qui a faifi ces poiffons ait brufqué
fes effets.
Il y a auffi en Allemagne un endroit où l’on
trouve des poiffons : la pierre eft la même qu’au
Monte-Bolca.r 11 feroir curieux de favoir fi la bafe
n’ eft pas, comme dans le Véronois, un fond dé
volcan.
Les pierres du Monte-Bolca ont une couleur
blanchâtre, fe fendent par lames, au milieu def-
quelies fe trouvent des poiffons defféchés', des
pailles & des feuilles d’olivier. En fendant ces
pierres les poiffons fe trouvent prefque toujours,
partagés par la moitié de leur épaiffeur, & les
deux faces des poifions font imprimées comme
dans une pâte molle qui s’eft durcie. L'extérieur
du corps du poiffon eft très-exaéfcement marqué,
& outre cela leur fquelette fe trouve encore existant
fous les déhri$.
On en voit cie pareils , dans la galerie du grand-
duc, également confervés au miüeUde fembhbfes
pierres feuilletées, qui ont été prifes dans le territoire
de Biblis en Phénicie, fur des montagnes,
élevées & éloignées de la mer d’environ quinze
milks.
Il eft à croire que tous ces poiffons ont été en-
feveüs dans les vafes qui fe trouvoient au fond
du baffin de la mer,. & que ces vafes aya t été
durcies & pétrifiées, ces poiffons ont été confervés
, comme ils le font. au milieu- des pierres, calcaires.
Çe qu’ il faut- bien obferver, c’ eft que ces
pierres font partie de couchés & de lits horizontaux,
& par conféquêftt de dépôts anciens formés
dans le baffin de la. hier toute autre exp.iiea.tioa
:tfô peut £e coùcijicii avec iés.phénomènes*.
EOLCHERETSK ( Ville d e ) , fca ville dé Bol-
ckeretsk eft: la métropole du Kamtzchatk’. ; elle eft {
fi t uée dans une plaine baffe &c marécageuse, d’en- ;
viron quarante milles de longueur, & d’ une largeur
confidérable , qui fe prolonge jufqu’à la mer
d’Okotsk ; elle eft bâtie au côté, feptentrional de
la Bolchoireka (ou de la grande riv iè re ), entre
l’embouchure de la Gottfofka & de laBiftraia,
qui jettent leurs eaux dans cette rivière. La pénin-
fuie fur laquelle fe trouve Bolcheretsk a été féparée
du continent par un grand canal : ce canal n’ a pas
feulement ajouté à la force de la place-; il l’a rendue
moins fujète aux inondations, qu’elle ne l'étoit
auparavant. La rivière a de fix à huit pieds de
profondeur, & environ un quart de mille de large
au défions de la ville ; elle fe perd dans la mer
d'Okotsk, vingt-deux milles plus lo in , où elle
peut alors recevoir des bâtimens d’une grandeur
confidérable. Oh ne cultive des grains d’ aucune
efpèce dans cette partie du Kamtzchatka, ôc le
jardin du Gouverneur eft le feul qu’on y trouve.
Le fol eft compofé d’une efpèce de tourbe noire,
& rempli de petits mondrains. On y apperçoit quelques
vaches, des chevaux & beaucoup de chiens,
qui font les fépls animaux domeftiques. Leshabi-
tans du Kamtzchatka , obligés, d ’après l’état actuel
du pays, d’entretenir un grand nombre de
chiens qui fervent à la conduite des traîneaux, ne
peuvent nourrir que le bétail allez gros & allez
robufte pour réfifter aux attaques des chiens ; car
durant l’été on lâche ces chiens, & on leur abandonne
le foin de leur fubfiftaoce ; ce qui les rend
fi avides, qu’ ils attaquent quelquefois les taureaux
eux-mêmes.
Les maifons de Bolcheretsk font toutes de la
même forme; elles font bâties en bois, & couvertes
de gramens : celle du Gouverneur eft b-. au-
coup plus grande que les autres, 8? pourroit palier
pour jolie fi le raie qui remplit les carreaux^ des
fenêtres ne la rendoit pas d’ un afpeét papvre &
défagréable.
La population eft de cinq à fix cents personnes.
On ne peut exprimer avec quelle fenlibilité &
quelle politeffe les habitans de Bolcheretsk accueillent
les étrangers : les attentions les plus délicates,
les foins les plus empreffés leur font prodigues
avec cette effufion du coeur qui en caradtérife fî
bien la franchife. L’ ame noble & grande du major
Behm, qui pendant plufieurs années a gouverné
ce peuple , n’a pas peu contribué au développement
des qualités précieufes dont on fait l éloge
avec tant de juftice, & les vertus de cet homme
fi rare fe font propagées dans un pays dont il a fait
le bonheur.
Rien de plus touchant que la manière dont les
habitans de cette contrée prennent congé de leurs
amis : ils les accompagnent en pompe, & chantent
des airs doux & mélancoliques, qui peignent tout
ce que la réparation piéfente de douloureux ; ils
relient fur le rivage tant qu’ ils peuvent appercevoir
ceux qui les quittent, &rde tendres acclamations
lignaient leurs derniers adieux.
BOLOGNE (en italien Bolo-gna ) , capitale du
Bolonois, eft une ville d'environ foix ante-quatorze
mille âmes, fituée à 44 deg. 30min.de latitude,
& à 29 deg. 1 min. de longitude, ou 36 min. y
fec. de tems à l ’orient de Paris. C ’eft la fécondé
ville de l’État eccléfîaftique, & l'une des plus célèbres
de toute l’ Italie pour les fciences.
Cette ville a quinze cents toifes de longueur
depuis la porte Saint-Félix jufqu’à celle de S:ra-
Stèfano, & mille foixante-treize toifes depuis
Porta di Galeria jufqu’à Porta San-Mamelo ; elle
elle eft: arrofée par un torrent nommé Ave/a, 8c
le Reno p.affe à l'occident de cette ville , mais à
deux milles de diftance. ( Vyye\ a l'article Bolo-
n o is , tout ce qui eft relatif aux richeffes que la
nature étale dans cette belle contrée. )
BOLOGNE. ( Voyage de Bologne jufquaux mon-
tagnes de Saint-Pélerin. )' En forrant de Bologne ,
on trouye d’abord les monts Pradalbino, Mag-
! giora & Blancano. Il eft peu de montagnes fur
lefquelles on rencontre une aufii grande quantité
de corps marins. On y voit des teftacées de plu-
fieurs genres différens, des cames, des peignes ,
des pétoncles, des huîtres, des coquilles turbi-
nées, &rc. dont les uns font ifolés & enfouis dans
la marne, 8f les autres forment, par leur réunion,
des pierres tantôt compaét?s & dures, tantôt
molle s & friables. On trouve fur les deux premières
montagnes plufieurs fragmens de pierres phofpho-
riques de Bologne, & les habitans du pays affurent
qu’on y en trouve beaucoup davantage lorfqu a-
près des pluies abondantes, les eaux roulant im-
pétueufemenc fur le penchant de ces montagnes ,
entraînent avec elles les rochers & les terres. La
pierre de Bologne n’ eft: donc point particulière au
mont Paterno, comme on l'avoit cru. Au fommet
du mont Blancano on obferve une prodigieufe-
quantité de pinnes fofîiles. Dans un endroit où
l’on creufa à la profondeur de trente pieds, on
vit un grand nombre d’ourfins confondus avec la
marne, dont cette montagne eft entièrement com-
p ô f é e l e u r écaille, ainfi que celle de s pinnes,
étoit prefqu’entiérement détruite par l’injure du
tems ; mais leur conformation & leur ecoile les
faifoient aifément reconnoîrre. On trouve dans le
même endroit, des bois, pétrifiés & des feuilles
d’arbres, dont les linéamens & les fibres , quoi-
I qu’un peu altérés, paroiffent reffemoler à ceux
des feuilles de laurier.
En quittant le Bolonois pour entrer dans le
duché de Modène, M. Galeati, à.qui l’on doit ces
détails inftruétifs, fe rendit avec empreffement au
! goufre de Saxoli, anciennement obfervé par Pline,
j & décrit par Valüfnieri dans le tome III du Jour-
I nalde Venife, article V I . L’ état où M. Galeati l’a
i vu huit ans après s’accorde affez bien avec cette
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