
ju i l le t , pour recue illir au mois de feptembre. Ils
fon t ufage de liqueurs & de vin de palmier. Ils
ont outre cela plulieurs efpèces de fruits différons
de ceux d'Europe. Lfe pays a encore d’excelfens
pâturages le long des r iv iè res, des étangs & des
la c s , & les habitans nourrilfent des v a ch e s , des
boeufs & des chèvres. O n y trouve aufli différentes
fortes d'animaux lauvages , mais furtout une pro-
digieü fe quantité de ferpens d’ une grofleur monf-
trueufe.
B U E C H ( la ) , riviè re du département des
H u ité s -A lp e s . Elle prend fa fource par deux ruif-
feaux nommés chacun la Buech, l ’un à deux lieues
& demie de G a p , l’ autre au département de la
D r ôm e , à deux lieues un quart fu i de M eu s , qui
coulent vers le fu d , fe réunifiant à une demi-lieue
nord de S e r re s , & , fe d irigeant au fud-eft, fe ren dent
dans la D urance aunord de Sifteron , à quinze
lieues & demie fud-eft de leurs fources.
BUEJES ( l a ) , rivière du département de l’H é rault.
Elle a fa fource à une lieue à l ’eft de Saint-
Martin-d e-Caftrie s, cou le au n o rd -eft, entre dans
l ’arrondifiement de Montpellier , paffe à Péga-
crolles & à Saint-Jean-de-Buejes, & , tournant
vers l’ eft- fu d-eft, va fe rendre dans l ’Hérault.
E U E N O S -A Y R E S , B O N N E S -A Y R E S , ville
efpagnole de l’Amérique méridionale , capitale du
gouvernement de R io de la Piata. E lle a , par fa
fi:uation & la bonté de l’air qu’ on y re fp ire , tout
c e qui peut rendre une colonie floriflanté. La vue
s ’étend d’un cô té fur de vaftes campagnes cou verte
s d ’une éternelle verdure. Le fleuve de la
Piata fait les deux tiers de l’enceinte de là v i l le ,
& p a ro ît , au n o rd , comme une mer qui n*a de
borne que l’horizon.
L’ hiver de ce tte contrée commence au mois de
ju in , le printems au mois de fepremb ré, l’é té en
décembre , l’ auromne en mars, & ces quatre, faisons
y font très-bien réglées. En h iver les pluies
font abond antes, & toujours accompagnées de
tonnerres & d ’éclairs t rè s -v io len s , & dont l'habitude
n’en diminue pas l'horreur. Pendant l’ été!
l'ardeur du foleil eft tempérée par de petitesbrifes
qui fe lèvent régulièrement entre h u it ' & neu f
heures du matin.
L a fe rtilité du terroir autour de la v ille répond
à la bonté de l’a i r , en forte que la nature n’a rien
épargné pour faire de toute ce tte contrée un
féjou r délicieux.
B Ü F F O N , village du département dé j'a;C ô te -
d’ O r , où réftdoit le naturalifte-cé lèbre quj’ portoir
ce nom. Il y a une fo rg e pour la fabrication!du fer.
B U G A R A CH ( Pic de ) , montagne du département
de l’A u d e , à deux tiers de lieue fud-eft de
Jjuearach.
B Ü G A R E T ( l a ) , montagne du département
des Hautes-Pyréné es, à cinq lieues un tiers fud-
fud-eft d’Argelès. Elle eft ronde & cou ve rte de
rochers.
B U G A T E T ( P ic de ) , montagne du département
des Hautes - Pyrénées , arrondiflemènt de
Bagnères, canton de V ie l l e , & à trois lieues oueft
de ce tte ville .
B U G E Y ( correfpondant au département de
l ’Ain ) , petit pays compris entre la Bourgogne &
le Dau phin é, précifément au levant de la Brefie.
II s’é t e n d , du nord au fud , le long de la rive
gauche de l’ Ain jufqu’au Rhône. Il eft borné , au
le v an t , par la Savoie ou le département du Mont-
Blanc. Jl peut avoir ving t lieues dans fa plus grande
lon gu eu r , fur o n ze lieues dans fa plus grande largeur.
Be lley en é to it la-.ville principale. C e pays
eft coupé de montagnes fo r t hautes & couvertes
de bois , furtout de fapins. Il y a aùfli d’ excellens
pâ tu rages, dans lefquels on nourrit quantité de
beftiaux de tou te efpèce , & les habitans du Bugey
y font un grand commerce de leurs fromages ; les
autres branches de commerce confiftent- dans la
vente des beftiau x, dés bois & des chanvres.
BU IS SO N : c’ eft le nom de villages qui fe trouvent
difperfés dans vingt-fix départemens des environs
de Paris,
B U L C Y , village du département de la N iè v re ,
arrondiffement de Cofne. Il y a une ufine deftinée
à émoudre les fab res , dépendante de la manufacture
de la Charité.
BU L L E R B O R N : c’ eft le nom d ’ une fontaine,
périodique intermittente. C e tte fource eft fitüée
dans la fo rê t de la Lippe eh W e ftp h a lie , év êch é
de Pacerborn. Son cou rs , comme nous l’ avons d it,
eft intermittent 5 &. torique, ton écoulement veut
repren dre , elle fait entendre un bruit femblable-à
celui d'un vent qui va s’é le v e r , après quoi l ’eau
fort avec impétuolité & à gros bouillons.
B U L L IC AM E S . On appelle bullicames en Italie
toutes les fources dont les eaux préfentent l ’apparence
de l’ébullition. On comprend auffi fous ce
11dm les fumacki, les lagoni & les çalpfzatares ; mais
comme ces fources ont des caractères particuliers ,
je me propofe d e le s faire connoître dans un autre
Mémoire. Pour donner une idée des bullicames,
j’ai cru devoir en décrire un qui eft Je plus célèbre
•d’ I ta lie , & ce lu i dont les-phénomènes font les
plus remarquables, c’eft celui de V ite rb e 5 enfuite
je le comparerai avec quelques autres qui m’ont
offert des refiemblaheés frappantes avec lui quant
aux e f fe ts , & des particularités dont l’ intelligence
dépend d e là connoifiance àe.çe.byllicame-.
La
Lai fource de V i t e r b e , à laquelle convient au- 1
jourd’ h u i, d'une manière pa rticulière, le nom de
bullicame, parce que fon eau eft. toujours plus ou
moins chaude & comme b ouillante, eft à un mille
au couchant de V ite rb e . Elle fort d’ un grand baflin
entouré d ’une maffe pierreufe ou plateau ifoié
que l’eau de la fource forme en fe répandant tout
au tou r , & dépofant les molécules pierreufes dont ’
elle eft chargée. C e plateau de r o ch e , bien différent
de ces tufs friables qui font le réfultat d’ une
incruftation fur des mou f ie s , fur des plantes ou
quelqu’autre co rp s , croit de jour en jour par ces
dépôts journaliers. Il eft é l e v é , vers le milieu ,
d ’ une toife au deflus du ter rain , & il s’ab a ifle,
par une pente infenfible & g én é ra le , vers fes
bords. A u moyen de ces difpofitions uniformes,
il a la forme du fegment d’ une grande fphère , &
préfente une convexité dont le baflin de la fource
eft le m ilieu , & qui a environ trente toifes de
diamètre.
Les bulles d’air qui s’ élèvent continuellement
d e „ la fo u r c e , telles que celles d'un air fixe ou
g a z e u x , font excitées par une chaleur de 40 deg
r é s , qu’on y obfe rve en p lon g ean t, au bord du
baflin, le thermomètre de Réaumur. Il s’en falloit
donc de m o it ié , lorfque j ’ai vifité le bullicame,
que l’eau de la fource fût au degré de l’ eau bouillante.
C e t te eau eft outre cela fade au g o û t , a
l'apparence laiteufe comme une eau 011 l ’on a fait
fondre du fa von , & elle exhale une fumée abond
a n te , accompagnée d ’une vapeur fétide d’hydrogène
fulfuré. On la voyoit bouillonner dans deux
ou trois endroits du b aflin, où elle formoit des
jets de quelques pouces d’élévation. Les groffes
bulles d’ a i r , en fe choquant entr’elles & en cre vant
avec f o r c e , produifoient un bruit pareil à
celu i d ’une chaudière pleine d ’eau qu’ on fait
bouillir à gros b ouillon s} mais il s’en falloir beaucoup
que ce fu t avec un bruit égal à celui que
M . Targioni défigne lorfqu’ il décrit ces fortes de
fources. C e favant naturalifte avoit fans doute vu
c e tte fource dans une de fes grandes ébullitions
pendant lefquelles les groffes bulles d’air qu’elle
pou floit au d eh o r s, faifoient des explofions capables
d ’étonner les voyageurs & même les gens de
la campagne qui habitent dans le voifinage. C e
que je dirai par la fuite prouvera que ces effets
peuvent avoir lieu de tems à autre.
E ffe ctiv emen t, plufieurs raifons conduifent à
fuppofer différens périodes dans les accès des ébulr
lirions du bullicame, & aux éruptions d’eâu qui les
accompagnent ; car il eft à croire q u e d a n s certaines
circonftances, ces eaux fe répandent avec
plus ou moins d’ ab ondance, de forc é & de chale
u r , & toujours chargées de matières propres à
étendre & à élever le plateau de rocher fa c t ic e , &
à lui donner , de jour eh jo u r , plus de compacité
par le travail d’ une infiltration continuelle. Les
matières dont ces eaux font chargées & qu’elles
d ép o fen t, font de deux fortes : ce font des molé-
Çeograpkie-Phyjtque, Tome III,
cules criftallines en diffolution , & une fubftancé
calcaire blanchâtre, opaqu e, qui trouble l’eau &
qui lui donne ce tte couleur laiteufe dont j’ ai parlé,
& fur laquelle je m’étendrai convenablement par
la fuite.
Lè s,molé cu le s, qu’on n’ apperçoit que par leur
agrégation ou leur criftalltfation , peuvent être
fuppofées pareilles à celles que renferment les
gouttes d’eau claires & tranfparentes des {filiations
des g ro tte s , & d ’ou réfultent ces dépôts qui
s annoncent par les congélations dont font tapif-
fées leurs pa rois, ou par les ftalaêtites en forme
de colonnes qui pendent des voûtes de ces mêmes
grottes. En conféquence je fuis porté à croire que
c ’ eft par un procédé ou un mécanifme à peu près
femblable à celui de la formation des ftalaélites
que s ’ex écute le premier d épôt du plateau qui nous
o c c u p e , & la première charpente de c e tte maffe
p ie rreu fe, dure & compacte.
Les molécules qui nagent dans l’ eau du bullicame
de V ite rb e o n t , comme celles de tou te crif-
tallifation, une tendance naturelle vers celles q u i
fe font déjà fixées fur le plateau. C ’ eft en vertu de
ce tte tendance qu’elles s’en ap prochen t, s’y unifia
n t , & y adhèrent par une cohéfion intime qui
fait la dureté des criftaux & de toute vraie pétrification.
C e tte tendance & ce tte cohéfion des molécules
ont furtout l ie u , pour nos plateaux , dars
les éruptions d’eau moyennes ou baffes & peu
abondantes, où les molécules nagent dans une
moindre quantité d'eau, & s’ y trouvent plus conc
en tré e s , plus rapprochées entr’elies & a v e c le
plateau 5 c e qui ajoute à la tendance qu’elles ont
d’y adhérer.
Elles font au contraire plus écartées les unes des
autres, dans les grandes & tumu.itueufes éruptions
de la fource. Le mouvement de l’eau qui dégorge
comme ce lle d’ un tor ren t, l’agitation caufée par
une plus forte ch aleu r , les empêchent de s’ appliq
u e r , n o n -feu lemen t aux couches voifines du
baflin, mais encore à la partie moyenne d’un pla-,
teau qui feroit déjà bien avancé : elles ne peuvent
exercer leur tendance que lorfque l’eau , aflez
éloignée du baflin, a eu le tem s , foie de ralentir
fon cours en fe divifant par différens f ile ts , foit
de fe re f ro id ir , & furtout de diminuer de volume
en s’ évaporant & perdant la partie de l’eau qui eft
furabondante à la criftalljfation, toutes conditions
requifes pour que les dépôts de l ’eau du bullicame
s’opèrent convenablement. C e n’eft que par de
grandes éruptions ainfi modifiées vers la fin de
leur c o u r s , que les extrémités des plus grands
plateaux dont nous parlerons par la fu it e , ont pu
fe former., croître & continuer à s’é lev er. L ’eau
des petites ou des baffes éruptions n’ y parviendroit
qu’ à p e in e , & qu'après avoir d é p o fé , en ro u te , la
plus grande partie des molécules dont elle peut
être chargée.
Il femble donc néceflaire d’ admettre divers degrés
d ’éruptions dans le mouvement des eaux d'uu
H h