
reconnu le peu de fondement, & qu’ainfiil eût •
Tefervé pour une autre confidération & pour un i
autre travail le titre qu’il devoir donner àlOJfa- 1
turë de la Terre à fon Traité des montagnes > il \
auroit vu fans doute , s’il eût mis à fon travail i
toute l’attention , toutes les vues dont il etoit J
capable , que les différentes montagnes ne pou-
voient être en aucune forte c comparée s avec la
charpente offeufe du corps humain. En partant de
ce que d’habiles obiervateurs nous ont appris depuis
IV!. le comte de Marfîgli, nous ne confidé- ■
Tons pas comme offature du Globe toutes jes irçon- ,
tagnes en général, toutes les élévations de terres
marquées à la furface du Globe , ainfi que l'a dit
M. Buaché, mais les maffes de fubftancespierreu-
fes , d’une nature particulière, & fervant généralement
de bafe à tous les autres amas d’autres fubf-
tancesdifpoféesaufli d'après desarrangemensdiffé-
rens ; en un mot, le maffif de l'ancienne terre. Ainfi
quelque defirque nous aiyons deconfidérer, par
des rapprochemens généraux, les montagnes fous
la forme de chaînes, de fuivre ce que des écrivains
modernes qui n’avoient pas obfervé, ont imagine
à ce fujet, nous croyons qve les principes rie la
gécgraphie-phyfique nous obligent à aiftînguer
les maffifs fuivant la nature des.matériaux & leur
difpofition intérieure.Nous ne pouvons admettre,
une prétendue connexion entre des maffifs difpa-
rates & qui appartiennent visiblement à plufieurs
ordres de chofes, à plufieurs époques différentes,
& qu’il eft auffi important pour l’utilité générale,
que pour le progrès dé la Science, d’étudier., de
décrite Si de figurer féparément. Nous renonçons
donc à ces belles chaînes de montagnes qui ont été
adn ifes fans examen , par la feule confidération
vague Si fuperficielle de la diftribution des eaux
fur le Globe 5 confidération auffi fauffe dans fon
principe , que dans fes conféquences. ( V-oye^
O ssature du Globe.)
Chaînes de montagnes du Globe terrejlre.
Pour fe former une idée nette & précife, il faut
fe placer au tems où les eaux, qui couvraient les
plus hautes montagnes, telles que celles du mont
Ararat, quelques-unes de la Çordi'ière des Andes,
commencèrent à les mettre à découvert, &
fermèrent un petit nombre d’ îles qui compofoient
alors toute la furface du Globe. Bientôt les eaux
qui diminuoient toujours j biffèrent paroître d’autres
montagnes un peu moins élevées, mais qui
agrandi«ent les premières îles Si en forcèrent
d'autres féparécs des premières. La diminution
des eaux continuant, les crêtes élevées qui unif-
foient ces îles commencèrert à fe montrer j les
plaines hautes, formées par des*efpèces d’amas de
montagnes, fe découvrirent enfuite, puis les plaines
moins hautes. Si l'eau eût encore diminué fur
notre Globe, d’autres terres moins élevées fe fer
roient à la fin découvertes Cucccflivement. Le fond
de la- mer auroit donc été une vafie vallée $ les
continens, des maffes montueufes à différens degrés
d'élévation j.les îles, des fommets de montagnes
dans la grande vallée du baflin de la mer} les
unes& les autres .auroient donc été unies çupar le
fond de la vallée ou par des fommets de montagnes
moins élevées , qui font enfin toujours reftées cachées
fous les eaux de la mer.
Pour voir toutes ces formes du Globe terreftre
dans Cet état, il faudroic.absolument anéantir les
eaux j mais ce que.l’on a fuppofé avoir, eu lieu à
la partie découverte du Globe de la Terre doit
nous autorifer à conclure ce qui arrfveroit à la
partie qui re.fte cachée fous les eaux fi elles étoient
enlevées.
La dirç&ion de certaines chaînes d’îles, de rochers
à fleur d'eau, de bas-fonds qui traverfent
certains parages de la mer, & qui femblent unir
les chaînes de montagnes terrefires ; les fondes des
navigateurs , les observation;» fur les courans Si
fur leur direéiion , font des preuves ptefqu’in-
cohteftables que le fond de la mer ne différé de \%
Terre que parce qu'il s’eft trouvé au deffous du
terme auquel les eaux dévoient s’abaiffer, Si qu’il
’a , comme elle, fes montagnes, fes plaines Sc fes
yallées.
Cètte difpofition du fond de la mer & des montagnes
fait l’objet d'un tr.avail intéreffant. ïl ré-
fuite de toutes ces obféivations, i°. què le Globe,
de la Terre eff foutenu de plufieurs chaînes de montagnes
qui traverfent la mer comme les terres, SC
qui fervent probablement à augmenter la foiidité.,
du Globe } 2°. que ces montagnes partagent la mec
en différens baflins qui ne paroiffent unis que parce
les montagnes qui les enferment, font pour
la plupart couvertes par les eaux, mais qui cependant
n’en font pas moins réels , & préfenrent probablement
un obftacle au trop grand mouvement
des eaux dans certaines occafions.
Les vallées marines ne font pas toutes de même
profondeur : il s’en faut bien , par exemple., que
je bras de mer qui fépare la France de l’Angleterre
ne foit auffi profond que l'Océan.
La partie de la mer qui fépare l’Amérique de
l’Europe & de l’Afrique , & qù’on nomme ordinairement
Océan, eff partagée, par ces chaînes de
: montagnes marines, eh trois principalès parties ; la
première , connue fous.le nom de merduNord, eft
comprife entre-une de ces chaînes qui, partant du
!. Nord-Cap, va par l’iflande joindre le Groenland, &
celle qui ,du Pas-de-Calais, va à travers les îles britanniques
Sc des Vigies joindre le Grand-Banc & le
cap Ras de Terre-Neuve. Au re.fte, on doit confi-
dérer que ce n’eft pas cette maffe/eule qui a formé,
àl’eft le b3ifin de la mer Baltique, & aunord-oueft
; celui des baies d'Hudfoh & de Efcffin , car nous
avons prouvé que dans ces circonftances ce font
les eaux courantes du. Continent qui fe font ereuifé
| la plus grande partie dès baflins de cés baies &. de
ces méditerranéès. Je finis par annoncer ce travail
des eaux du Continent, comme je mepropoie
de le faire envifager en fuivant toutes les côtes de
la mer du Nord.
Chaînes de montagnes coupées par des brèches.
Cette chaîne qui paffe au deffus d’Alais , à An-
dufe & a Saint-Hippolyte, eft remarquable par des
brèches qui ne fe rencontrent que vis-à-vis des
ruifteaux Si des rivières dont les eaux ont beaucoup
de pente , parce qu elles ont leur origine
dans des montagnes fort élevées. Les plus petits
ru:fléaux comme les grandes rivières ont partout
un écoulement qui fuit une pente fans obftacle,
Si qui eft plus ou moins grande , félon que le ter-,
rain eft au deffus du niveau de la.mer. Lorfque le
cours d’une rivière eft traverfé par une chaîne de
montagnes Si de rochers, il eft nécellaireque cette
chaîne foit interrompue dans l’endroit oppofé à la
marche des eaux de la rivière, fi elle n’a pu fe
détourner commodément fur les côtés.
C’eft ce qu ’on remarque dans plufieurs contrées
de la Terre, furtout en Amérique & même en
Fiance. Je puis indiquer ici la chaîne coupée à
Andufe &à^aint-Hippolytepar deux rivières différentes.
On n’a donc, pour rendre railonde ces
b êches ou interruptions , que la fuite du travail
des eaux courantes de ces deux rivières.
La chaîne étoit autrefois continuée ou remplie
dans la brèche par eu paffe aujourd’hui la rivière,
& tette maffe a été réellement percée par l’effort
des eaux de la rivière, mais de manière que ces
eaux courantes ont commencé l’ouverture par les
parties fupérieures de la chaîne.
En fuppofant que cètte chaîne n’ait pas été coupée
par la rivière dans l’endroit de là brèche où
elle coule, je ne vois pas comment elle auroit pu
s’ ouvrir une pareille barrière : il faut donc que ce
travail ait été commenté dans les premiers tems
de i’approfondiffement des vallées , Sc fuivi dans
les tems poftérieurs.
Que cette chaîne ait été,contmue'e à Andufe,
dans l’endroit par où paffe la rivière, tout femble 1 indiquer. La chaîne des rochers eft coupée juf-
qué dans fes fondemens, & de la largeur préci-
fément du lit de la rivière, Si de celle que lui
ont permis de prendre deux coteaux qui bordent
la rivière dans fon cornant, Si qui fe terminent à
la chaîne. La brèche qui a été faite dans cette
chaîne a laiffe de part Si d’autre des rochers de
marbre d’une hauteur à peu près égale Si de vingt-
cinq toifes, Si fi également efearpés, qu’ils font
tailiés prefque partout à plomb. Ils fe prélente
rit’, fur les bords, d’une ouverture qui donne un
paffage affez. étroit à la rivière. Dés deux côtés
c’eft la même pierre, le même grain, la même
couleur , même difpofition des blocs Si des bancs
de marbre : mêmes éfpêces de coquillages font
renfermés dans les blocs j la terre limoneufe qui
couvre les deux rochers produit Iqs mêmes plantes.
Que manque-t-il pour prouver que ce n’étoit
autrefois qu’une même malle de pierre continue?
Si certaines circonftances s'étoient rencontrées
ic i, les deux rochers feroient encore liés l’un à
l’autre par le fommet, & formeroient une arche
fur la rivière, comme on le voit dans une autre
chaîne de montagnes que traverïe la rivière d'Ardèche
en Vivarais, au lieu nommé P ont-de-l’Arc. A
Andufe les rochers ne font plus liés qae par la
bafe commune qui fert de lit à la rivière.
Quant aux moyens qu’a employés la rivière
d*Andufe pour former cette ouverture, pour peu
. qu’on examine le cours de cette rivière Si les environs
de la chaîne , il eft aifé de voir que plufieurs
circonftances y ont concouru : i°. la rivière d’Andufe
a une grande pente jufqu’à la chaîne, & la
plaine ne commence qu’aprèscette chaîi.c; x°. cetté
rivière eft bordée à droite Si à gauche , jufqu’à la
même chaîne , par une fuire de collines élevées
Si adoffées de part Si d'autre contte des maffifs
fort étendus & d’une hauteur égale à la leur î $°. la
chaîne n’eft pas de même fourenue par derrière i
4°. le courant de la rivière eft dirigé fur le flâné
de la chaîne, Si c’eft là que tous fes efforts fe pof*
tent.
Voyons maintenant ce qui eft arrivé dans les
premiers tems que la rivière a creufé fon vallon :
elle a dû occuper les fommets des maffifs qui fe
rencontroient dans tout le trajet qu’elle a parcouru
j efe a donc dû entamer d’abord le fommet
de la chaîne en même tems qu’eile approfondiffoit
fon lit dans les maffifs antérieurs à la chaîne. Sans
cela la rivière n’auroitpaspu avoir d’écoulement,
Si par conféquent le mouvement néceffaire pour
creufer fon lit dans aucune partie de fon cours ;
car fi la maffe qui occupoit le vide de la brèchè
avoir formé une digue, l’eau de la rivière étant
ftagnante partout, n’ayant pu la détruire, auroit
reflué au deffus de la chaîne, mais n’auroit pas pu
former un lac , puifque la rivière n’auroit pu Creu-
fer un baflin où l’eau du lac auroit pu être contenue
j & d’ailleurs, dans la fuppofition du lac Si
deTexiftence de la digue, le trop plein du lac auroit
pris fon cours en travevfantles cimes des collines
qui font adoffées à la chaîne en queflion.
En vain voudroit-on fuppofer que la matièfâ
de la chaîne a eu dans les premieis tems affez de
molleffe pour que l’eau de la rivière fe fît jour
aifément dans la partie de la brèche j car une fois
que l’eau de la rivière eft ftagnante, elle n’a d’autre
effort que celui de fon poids j &: puis comment
luppofer qu’il y ait eu une rivière fi l’eau n’a pas
trouvé la plus grande liberté d’écoulement dans
toute i’étendue de fon cours ? C’eft en conféquence
de cette liberté Si de la pente primitive que le lit
i de la rivière fe creufe , en commençant par les
fommers les plus élevés Si en approfondilfant continuellement
fon canal par la dtftrudtion des bords.
( Voye1 les articles La c , V A L L O N , A rc ( Pont-
de-T ) , où toutes les circonftances qui ont con