
La fuperficie de ce département eft dé 470,417
heâares î il eft divifé en lîx arrondiffemens communaux
ou fous-préfeCtures , & en trente-fept
cantons ou juftices de paix. La préfecture de ce
département eft à Caen, & les fous-préfeCturës
à Baveux , Pont-l’Evêque, Lifieux , Falaife &
Vire.
Outre le Calvados t il y a deux rochers remarquables
dans ce département : celui de la Brêche-
au-Diable, près Bons, & celui qui fe trouve dans
la place publique de Falaife. Ce font des pierres
dJune grande dureté, compofées de trapézoïdes
irréguliers. Il y en a aufli quelques blocs entre
deux terres aux environs dé S é e z , qui font de la
même nature de roc dùr. Outre ce la , il y a des
bancs changeans de Saint-Sauvèur-aux-Rays, &
d ailleurs quelques dunes ou buttes de fable fur les
bords de la mer. Nous ne parlerons pas des forêts
ni des montagnes ; nous en ferons une mention
détaillée à leurs articles.
Productions & commerce.
Les productions de ce département lui font plu-
fieurs objets d'un commercé coiilidérable. La Normandie
, dont le département du Calvados n’occupe
guère que la cinquième partie, a toujours.pafté
pour une partie dé la France extraordinairement
riche & abondante en toutes denrées néceffaires à
la v ie , & fes manufactures, dont quelques-unes
s’alimentent de ces mêmes productions, ont eu un
rang diftingué dans le commerce.
La nature a favorifé le Calvados : il y a de vaf-
tes prairies & d’excellens pâturages, où l’on élève
une quantité prodigieufe de beftiaux , chevaux,
boe u fs , veaux, moutons, volaille, & c . L ’on y
récolte toutes fortes de graines , comme b lé ,
o rg e , feigle , avoine, farrafin, pois , fèves, har
ico ts, & c . î des herbes propres à la teinture,
telles que la garance, le paftel & la gaude} des
fruits, principalement des pommes, dont on fait
beaucoup de cidre. Les laines, le chanvre & le
lin , qui fourniflent des filatures très-cônfidéra-
bles ; le beurre frais & falé, le cidre, le poiré, les
eaux-de-vie de cidre, les beftiaux & les viandes
falées forment les principales richefles de ce département,
qui abonde aufli en gibier & en poif-
fon. On allure qu’année commune il fe fâle à Ifigny
cent mille pots de beurre, qui produifent 1,400,000
Francs. Il y a des fources d’eaux minérales à Dru-
court , Caen, Reux 8c Litry : on y trouve aufli
des faiines, plufieurs carrières d’ardoifes & des
mines de fe r , de cuivre & de charbon de terre.
De la matière de ces mines il fe fabrique des canons,
des bombes, des boulets, des clous, des
pots, des marmites, & toutes fortes de batteries
de cuifine 8c autres ouvrages en cuivre, en airain,
bronze 8c fer de fonte, Ces différens ouvrages
fe répandent dans beaucoup de départe-
mens, principalement dans ceux du Finifterre ,
d’ IIle & Vilaine, de Maine & Loire, de la Vienne,
des Deux-Sèvres , de là Vendée 8c d’Indre 8c
Loire, &rc.
L'es principales villes de ce département font
Caen, belle & grande, v ille , fi tuée entre deux
vaftes prairies au confluent de l’Orne. &: de l’O-
don, faifant un gros commerce au moyen d’un
canal qui peut porter d aflez gros bâtimens à la
mer.
Baveux, fabrique de beurre 8c de. beaucoup
d’étoffes de laine. .
Lifieüx, grande v ille , fituée au confluent de là
Touque & de l’Orbec. Commerce & fabrique dé
toiles.
Honfleur, ville & port fur la rive gauche de
l’embouchure de la Seine.
Falaife, belle ville fur l’Ante, petite rivière
qui fe jette dans la Vire. Fabriqué de toiles ayec
filature} foire confidérable àGuibrai, l’ un de fes
faubourgs.
V ire, petite v ille, fabrique du ruban de fil 8c
de groffes drapéries.
Trevières , village aux environs de Bayeux.
Commerce de beurre falé.^
•Calvados ( Rocher du ) , arrondi (Te ment dé
Baveux, au nord & à deux lieues un tiers de cette
ville : il eft éloigné de la côté d’environ une demi-
lieue } il commencé au nord dé Bayeux, s’étend ,
le long de la c ô te , l’efpace de cinq lieues deux
tiers à l’ eft de Bayeux, 8c finit à quatre lieues
deux tiers nord de Caen.
CALVAIRE ou LE MONT-VALÉRIEN, département
de la Seine, canton de'Nanterre, à une
lieue nord-oueft deNeuillÿ. ( Fcÿeç V a le rien .)
CALVARIENBERG ou MONTAGNE DU
C A L V A IR E , près de Schmnitz en H ongrie.Cette
montagne eft fituée à.environ un quart de lieue
nord-eft.de Schmnitz. Son apparence la fait bientôt
diftinguer entre les autres montagnes y elle eft
une des plus élevées qui environnent cette ville.
Sa forme eft un cône aflez pointu. Les Jëfuites y
ont fait conftruire de petites chapelles ou ftations,
dont la fupérieure eft la plus grande. Du fommet
de cette montagne on jouit d’une vue très-étendue
& très-agréable.
Le Calvarienberg n’eft pis feulement intéreflant
par le beau fpeétacle qu’ il met fous les yeux du
voyageur : le naturalise y remarque bientôt, un
genre de pierre qui fixe fon attention. |
Cette pierre eft d’ un brun-foncé} le grain en
eft fin , compacte & dur : on y diftingué une
quantité de petites particules parfemées , qui ont
un coup-d’oeil vitreux , jaunâtre 8c tranfparent.
Quelques morceaux de ces pierres préfentènt à
leur furface des cavités rondes & irrégulières.
Toute la montagne eftcompôfée de grandes maf-
les de cette efpèce de pierre. Les blocs de la bafe t
paroiflent
paroiflent avoir fubi quelqu’altération, & fpnt
agir le barreau aimanté. Cette propriété leur eft
commune avec les blocs du fommet de la montagne.
Chauffés au Feu de forge ordinaire, dans un
creufet, les fragiru-ns de cette pierre fe changent,
en. trois quarts d'heure de tems, en une feorie
noire , femblable à la pierre obfidienne.
Cette roche eft aftife fur une bafe de faxum
metalliferum , efpèce de porphyre qui contient de
petits'criftaux dé feldfpath blanc, des criftaux de
mica noir en fegmens de prifmes héxagones 8c de
fchorl noir, le tout lié par une pâte de jàfpe couleur
de rofe , trop peu dur pour prendrè lé poli.
Toutes les autres montagnes environnantes font
formées de ce même faxum metalliferum, &r offrent
feulement quelquesj variétés j elles font généralement
abondantes en pyrites.
L’afpeCt du Calvarienberg, fa forme conique , fa
'nature différente des autréS mbrttaghës qui l’environnent,
enfin les différentes propriétés de cètte
roche , ont porté M. Lefebvrë d'Hellahcourty
d’après .le Mémoire, duquel nous ayons rédigé ,cet
article, à regarder cette montagne comme un
produit volcanique} cependant, félon notre opinion
, rien n'eft moins prouvé que cette affertion.
CAM A R AD E , village du département de l’^r-
ri.ége, canton, du Mas-d’Azel. Ori y voit une fôn-r
tàine falée à douze cents toifés au fud-eft de i’ é-
glife, près de la métairie de Lafitte } elle appar-
tenoit au Gouvernement, qui l’abandonna à la
commune. Cette fource eft concentrée dans, un
piiics fort mal conftruit} elle fournit par vingt-
quatre heures vingt-quatre cuveaux de treize pouces
de profondeur, vingt-un de longueur, & dix-
Tépr de largeur, ou quatre millé fix cent quarante-
uh pouces cubés. Ges cuveaux fourniflent à fix
petites chaudières de fe r , q u i, ‘réunies y donnent
chaque jour un fetier dé fel ou la contenance d’un
fac de grain , pefanï‘Cent cinquante livres. L’eau
de cette fontaine a moins de falure dans les tems
chauds & fecs : alors le travail chôme pendant
plufieurs mois , & n’eft repris que dans1 les faifons
’pluvieufes, où le degré de falure augmente.
CAMARGUE ( Ile de.la) , fituée dans le département
des Bouches-du r-Rhône, canton de
•Sainte-Marie; La-Camargueeft un grand terrain qui
forme, par fa pofition, tin triangle équilatéral,
\vaht fept lieues de longueur de chaque côté.
'Cette ïlé fépard-les deux bras du Rhône, qui fe
divifent au deffous d’Arles} elle eft bornée au nord
par le petit bras, au midi par le grand bras, & au
levant par la mer. Son enceinte étoit moins confidérable
autrefois. Lés atèrriffemens fuccéffifs que
le Rhône a formés à fon embouchure, l’ont agrandie.
Le terrain dé cette plaine eft uh mélange de
gravier fin. & de terre de marais, doqt, il. eft.réduite
de riches campagnes! Lé Rhône y a con-
• Géograph.ie-Pkyfque. Tome I I I ♦
couru : plufieurs bras de ce fleuve ,. convertis aujourd'hui
en canaux, fervent à l’arrofer. Tous les
bords de cette île font mis en valeur : l’intérieur,
étant plus bas, eft devenu le lit de ces eaux fta-
gnantes, qui ont formé des étangs & des marais
falés.
La mer a dû couvrir toutes ces terres avant que
le Rhône y dépofât fes fables : la quantité de l
marin dont elles font imprégnées, & les fources
falées qui fourdent de toutes parts, en font une
preuve évidente. On donne le nom de Tour aux
canipagnes fituées aux bords du Rhône, attendu
la quantité de tours qu’on y avoit conftruites fuc-
ceflivement, & où l’on pofoit des fentinelles pour
défendre l'entrée du fleuve. La tour de Saint-
Louis, qui fut élevée près des bords de la mer en
16 j 1 , en eft éloignée aujourd’ hui d’ une lieue.
Les étangs & les marais de la Camargue communiquent
fouvent avec les eaux de la mer, furtout
lor.fque le vent d’ efl fouffle.'On peut voir ici comment
cet élément abandonne peu à peu les côtes
qu’ il baigne pour couvrir de fes eaux d’autres
plus .éloignées, puifque, dans l’ intervalle d’un fiè-
cle,ia mer s’eft rètirée de plus d’une lieue en avant
de les bords : il eft vrai que les aterriffemens
( voyef ce mot ) du Rhône y ont contribué. Ce
fleuve paffoit autrefois plus près du Languedoc
qu’il ne le fait aujourd’hui. C ’ eft à fon inconftance
& à fes débordemens que font dus tous les marais
des environs} ils occafionnent fouvent dts naufrages
aux navigateurs qui ne connoifTent pas les
côtes : entraînés par les courans (voyeç ce mot) ,
ils fe trouvent à terre lorfqu’iis fe croient encore
au large. .
Les deux branches du Rhône., à une petite distance
du quartier de Trinquétaille , fe réunifient:
la principale coule près de la ville,; l'autre s’éloigne
vers le fud-ouîft. Quoique ce fleuve foit conr
fidérable, il ne verfe pas une grande quantité d’eau
dans la mer en été , à caufe des coupures qu’on y
a faites pour arrofer les campagnes. Les falinières
de y acarets (voyeç ce mot ) en confomwent beaucoup.
Les inondations, de ce fleuve font toujours
à craindre lorfque les vents d’eft 8c de fqd font
remonter fes eaux.
La Camargue eft remplie de beftiaux qu’on y
laiffe paître nuit 8c jour en liberté.* C ette île nourrit
au moins-quarante millé agneaux : on y compte
actuellement trois mille chévaux & autant de
boeufs } les premiers .font, tous blancs. Les terres
dè la Camargue ayant été fous les eaux de la mer,
ont confervé un degré de falure qui fe communique
à la plupart des végécaüX, que les beftiaux,
poûr cette raifon y dévorent avec avidité. C e tte '
falure eft fi forte eh plufieurs endroits, qu’on fe
flatteroit en vain' de faire produire aux campagnes
les riches moiflons dont elles font couvertes fi l ’on
n’avoit pas l’ indiiftrie d’ y dériver lés eaux du Rhône
pour mitiger la propriété délficcative du fel marin
par les limons gras & vifqueux qu’elles dépofent,