
tion dans les dépôts qui ont eu lieu fur les bords
de fon baffin. Cette preuve eft ce que l’on appelle,
dans le pays, la fanfouire yqui n'eft autre choie que
les principes du Tel marin. Cette fanfouire n’eft pas
ordinairement à la furface de la terré, excepté
dans quelques endroits fort bas} mais on la trouve
communément en creufant un peu dans le terrain,
& c'eft la raifon de la défenfe qu'on fait aux laboureurs
de la Camargue & des environs, de labourer
ces terres profondément, de peur de mettre
à découvert la fanfouire, & de la mêler avec la
bonne teire j ce qui la rendroit ftérile.
Je reviens maintenant aux caufes qui ont pu contribuer
à former aux environs de Beaucaire deux
fortes de terrains, les uns falés & les autres doux,
les uns bas & les autres élevés.
La pente, avons-nous d i t , depuis Beaucaire
jufqu’à la mer, eft de fix pieds : d'après ce fait, il
eft confiant que les crémens qui ont quinze pieds
de profondeur fur des terrains au bord des marais
, ont pu être formés dans le baflin de la mer,
& par conféquent fe trouver falés.
D'un autre côté , le crément du contaét , bien
loin d'avoir quinze pieds de profondeur, n’ayant
que deux pieds, il eft évident que la mer n'a jamais
pu aller au contaâ } car il auroit fallu quelle fe
fût élevée au moins de quatre pieds. Il n'eft donc
pas étonnant que le terrain du conta# ne foit pas
ia lé , fuivant les principes expofés précédemment.
C e qui confirme que le crément du conta# n'a que
deux pieds d'épaiffeur, c'eft que lorfqu'on a creufé
environ deux pieds dans les terrains de crémens 3 on
rencontre des' amas de cailloux tout-à-fait fembla-
bles à ceux de la montagne voifine & de la Crau,
& quelque part qu'on y faffe des puits, on trouve
au deffous de deux pieds même crément, même
eau douce, mêmes cailloux roulés, & jamais d'eau
amère ni faumâtre. ( Voye[ A terrissemens ,
Sa n so u ir e , & c. )
CREMIEU , bourg du département de l'Ifère,
à cinq lieues & demie de la Tour-du-Pin. Cremieu
eft fitué au pied d'une montagne , à une lieue du
Rhône. C ’eft auprès de ce bourg que fe trouve
cette grotte dont l'ouverture a cinquante toifes de
hauteur, & foixante toifes de largeur} elle paffe
pour une des fept merveilles du Dauphiné. On y
diftingue des congélations très-curieufes par la variété
de leurs formes , & fouvent même par la régularité
des deffins. Il y a des eaux minérales, mais
elles ne paffent pas pour avoir une grande vertu.
C R E N E Y , village du département de l'A ub e ,
arrondiftement & canton premier de Troy es, à
une lieue un quart nord-eft de cette v ille , fur le
grand chemin de Troyes à Piney, & au débouché
d'un double vallon fec. C'eft fur les croupes
de ce double vallon que fe trouvent les fouilles
de la carrière de craie que nous allons décrire. La
vlfite que j'en ai faite, date du 1 1 juin 178.0 5 elle
fe trouve dans certaines parties de la mafïe de craie
& fes lits fe montrent & fubfiftent tant que les petites
lames de marne argiieufe fe confervent j &
dès qu'elles fe décompofent,Tes maflifs reparoif-
fen t, &r les couches n'ont plus lieu. Au rt fte, la
difpofition par lits n’empêche point les fentes de
defliccation de fe fuivre affez nettement par des
faces larges , continues & nettes, en iraverfantles
couches. Les< petits délitemens qui feparent les
malles de defliccation , & plufieurs autres petites
maffes, font prefque tous dans le fens de l'horizon ;
-mais alors on y apperçoit quelques veines légères
de marnes argileufes qui contribuent à la réparation.
Aulîi c'eft dans la dire#ion des lignes horizontales
que fe lèvent les blocs de carrelages qui
font employés à la bâtiffe.
Sur toutes les faces de la carrière de Creney , il
n'y a aucune partie de la fuperficie des fouilles
qui n'appartienne à la defliccation quant à la netteté
des plans : il éft vrai que les plans varient
beaucoup fnivaht la direction des fentes toutes
perpendiculaires aux couches.
J'ai examiné toutes les fentes de defliccation,
toutes perpendiculaires aux couches j je n'en ai
pas vu une feule qui ait été vernie fur fes fi.ces par
les marnes } au lieu qu’il n’y a aucune réparation
de la malfe de craie, ou bien ouverte ou paffable,
dans la diredlion horizontale , qui ne foit l'effet
de l'interpofition des marnes argileufes. Les veines
multipliées d'argile paroifîent diftribuées dans les
maffes , fuivant la même dire#ion & dans les intervalles
des couches, & la réparation de ces
mafles par des délits plus on moins prolongés. Où
il n’y a point de délits on n'exploite point ce.s fortes
de blocs mêlés de veines, & l'on en fait des
moëlons. Il n'y a de blocs & de carrelages que
dans les parties de couches où ces veines ne font
pas remarquables.
La diftribution des marnes argileufes ne fuir pas
toujours la ligne horizontale, cependant la réparation
& la direction des couches font la plupart
du tems aflujetties à cette diftribution qu'on peut
toujours fuivre par la diftinétion des lames.
Les pierres de cartelages fe taillent dans les
mafles de craie folides, fe fendent fuivant les lits
& fuivant les progiès des dépôts & de la formation
des maflifs. Ceci eft plus fenfible dans les autres
carrières : l'organifation par couches eft plus
ou moins fuivie ; ce qui eft bien rare ici.
Les lits difparoiffent dès que la marne ne fie
montre plus} mais les fentes de defliccation font
toujours remarquables en différens fens, feulement
peut-être moins multipliées lorfqùe les couches
manquent. C'eft de là que fe tirent de grands
& gros blocs qui fe délitent fuivant la ligne horizontale,
toujours fans aucune veine, cependant
par la fuite des dépôts où la fubftance hétérogène
fe trouve.
Ceci prouve bien qu’au milieu des maflifs de
craie les couches fe montrent dès que le principe
que j'ai établi pour opérer leur réparation & leur
diftinàion eft aflujetti au progiès & à la fuite des
dépôts, comme dans toutes les autres maffes}
preuve que c’ eft la préfence feule de ce principe
hétérogène qui contribue à l’organifation par couches.
J’ai examiné attentivement & en détail les faces
des fentes de defliccation , & elles ne m’ont montré
que des plans contigus, fans aucune iaterpo-
fliion de fubftance hétérogène. Les fentes horizontal;
s , quoique réduites à une fimple ligne peu
ouverte, m’ont toujours montré de la marne , ne
fùt-ce qu’un vernis. Et enfin, lorfque dans la profondeur
le principe hétérogène avoit ceffé d’être
dépofé, il n’y avoit plus aucune de ces fentes h o rizontales
ou approchantes que par dés ruptures}
mais alors il n'y a que des faces éclatées.
J'ai de même examiné dans le plus grand détail
les démolitions qui Parviennent dans les mafles
des couches voifines de ’a fuperficie de la^ terre,
& j’ai trouvé que toutes ces démolitions s’exécu-
toient par des délitemens affez conftamment parallèles
aux dépôts, & toujours, fur quelques-unes
des faces délitées, il y a des marnes argileufes. ,
Voilà le principe d’une réparation qui fe décèle
par l'a#ion des gelées ou de l'humidité & de la
fécherefle. Ainfi le mélange de la fubftance hétérogène
, ou fépare les maffes de craie, ou les
rend propres à fe déliter.
Les démolitions fe faifoient à la profondeur de
plus de quinze pieds au deffous de la furface de la
plaine, & les produits des délitemens étoient fort
multipliés dans cette épaiffeur, & n’avoient guère
qu'un pouce & demi à deux pouces, & dans les
fentes des délitemens on remarquoit des marnes
argileufes dans leur état primitif ou dans l’état
de dépôt & de fhla&ite. Au refte, je n'ai rien vu
de délité dans le mâflif de la craie , que je n'aie
remarqué en même tems des matières hétérogènes
fur les faces, & principalement fur les faces inférieures.
Il n’y a rien de délite fans que cette force
de délitation ne s’y trouve bien en quantité plus
ou moins confidérable, plus ou moins remarqua^
ble, & dans certaines parties feulement où ces
matières hétérogènes faifoient office de le vie r, &
ont foulevé les portions de lits.
Il me paroîc que , dans leurs conftru#ions, les
hommes ont imité celles de la nature & les dépôts
de la mer, & c’ eft ainfi que peuvent s'y rencontrer
la folidité & la difpontion régulière } c’eft ce
que j'ai obfervé proche de Chatillon-fur-Seinë ,
où tout eft conftruit par la mer avec la plus grande
régularité, tant pour la malfe folide, que pour la
matière qui fait office de mortier & de liaifon, ou
plutôt de réparation.
On voit de même dans les fouilles de la carrière
de Creney, les exceptions & la régularité.
L'exception eft le phénomène le plus général, & la régularité le phénomène le plus rare} mais 1 un-
& l’autre étant rapprochés, c’eft le cas de dire que
l'exception confirme la règle.
CRENGENAT(Torrent d e ) , département du
Haut-Rhin. C ’eft ainfi qu’on appelle un torrent ou
une éruption d'eau qui fe voit à une lieue à l’oueft
de Porentruy. Dans les tems de pluie ou de la
fonte des neiges il groflit finguliérement , &
inonde toute la vallée en formant feul une rivière
flottable. L’eau fort impétueufement de
deffous un rocher, par une ouverture de quatre
pieds carrés. La plus longue durée de ce dégorgement
eft ordinairement de foixante & douze heures,
En é té , l'ouverture de cette éruption eft à
fec , & l'on peut defcendre jufqu'au fond. Les curieux
naturaliftesyramaffent des coquillages & des
foffiles que l'eau enrraîne des fouterrains qu'elle
parcourt. Ce dégorgement n'a point de cours
réglé.
C R Ê P É , village du département des Deux-
Sèvres , arrondiftement de N iort,. & à une lieue
un quart de cette ville. Les environs de ce village
produifent de très-bons vins rouges Ôc blancs.
C R É P Y , ville du ci-devant V a lo is , département
de l'O ife , arrondiffemeut de Senlis. Ellè
étoit autrefois la capitale du Valois. Sa flcuation
dans une prefqu’î l e , entre deux ruiffeaux, eft
fort agréable. Le commerce de cette ville con-
fifte principalement en blé d’une qualité excellente,
8t qu'on nomme blé de Valois, ainfi qu’erl
bois qu'on voiture à Paris par les rivières d'Ourcq,
! de Marne & de Seine. Le terroir de Crépy eft
bon , & rapporte en abondance des grains & des.
i fruits.
C R È T E , grande île de la Méditerranée, à
l'entrée de la mer Égée ou Archipel, célèbre
dans Homère & dans Virgile par fes cent villes.
Centum habitant urbes y uberrima régna. Elle eut
des rois puiffans : fes hibitans étoient habiles à.
tirer de Tare & de la fronde. L'île fut foumife
aux Romains par Metellus, qui eut le lurnom de
Creticus. Elle s'appelle aujourd'hui Candie. Partagée
en vallées fertiles & en montagnes- bien
couvertes, elle abonde en vins excellens , en
huiles , en blés, en coton & en foie. Les Turcs
l’enlevèrent aux Vénitiens dans le dernier fiècle,
après une guerre de vingt-un ans.
CR Ê TE DES MONTAGNE S, CRÊTE DES
PLANS INCLINÉS. J’-appellé crête la partie la
plus élevée du fo.mmet d'une montagne, & qui
forme une efpècé d’ados, d'où les pentes font déterminées
vers deux afpe#s oppofés de l'horizon.
Les crêtes font très-marquées, furtout dans les
montagnes à couches inclinées} elles s’alongent
fouvent dans une même dite#ion, fouvent leur
, direction varie fuivant que les éboulemens ont