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que prélentent les matériaux qui entrent dans la
compofîtion de cette butte : ce font les morceaux
de pierres calcaires, ou roulés, ou d’une forme
irrégulière, qui font diltribués au milieu des autres
matières. On conçoit aifément que la mer a pu
recevoir, dans fon baflîn, des morceaux de granits
& de laves , quelle a polis & arrondis avant
de les abandonner au milieu des bancs qui fe for-
moient dans fon baflin, car ces matériaux exif-
toient dans le tems qu’ elle occupoit le golfe. Mais
d’où lui font venus les morceaux de pierres calcaires
qui femblent n’avoir pas pour lors pris une
certaine confiftance pour fervir de bafe aux cailloux
roulés ? Toutes les pierres calcaires ne fe
formoient donc pas pour lors : il y en avoit donc
de formées j la mer avoit donc occupé le golfe
avant de former ces couches.
CLERMONT-DE-LODEVE, ville du dépar- \
tement de l’Hérault, fituée fur un coteau auprès !
de la rivière de l’Orgne , dans la partie baff- du '
ci-devant Languedoc. Un ruiffeau, appelé Ydro- \
mel, coule au pied du coteau. On fabrique dans
cette ville beaucoup de draps pour le Levant, des
mouchoirs, des bas de laine & de coton, de la
crème de tartre & du vitriol. Leseaux-de-vie, les
huiles d’olives, les vins, les amandes, le vert-de-
gris, les laines, les moutons y forment une branche
de commerce très-confidérable.
CLERMONT-OISE , ville du département de
l ’O ife , chef-lieu d’arrondiffement & de canton,
au fud-oueft de la rivière de Briche. Cette v ille ,
dans la ci-devant Iie-de-France, étoit la capitale
du Beâuvoifi. Clermont fait le commence du blé ,
de la volaille , des oe ufs, du fil de lin, des toiles
de Flandres & de Hollande. Il y a une fabrique de
falpêtre.
C LERVAUX,bourg du département de l’Aube,
arrondiffement & canton de Bar-fur-Aube, & à
deux lieues & demie de cette ville. Clervaux eft
entouré de bois & de montagnes que Hugues
donna à S. Bernard, en u i f , avec toutes leurs
dépendances. C'étoit là qu’écoit cette fameufe
abbaye, où ce faint lai fia , en mourant, fept cents
religieux, tant pour foigner & cultiver ces pof-
feflions , que pour confommer les revenus im-
menfes qu’elles produifoient. Il ne refte de tout
cet établiffement religieux que des bois bien entretenus,
des forges, une verrerie , une papeterie
& une braderie.
CLER V AUX-LES-VÀUXD AIN, ville du département
du Jura, arrondiffement de Lons-le-
Siunier, & à quatre lieu, s fud-eft de cette ville.
Au midi de cette ville eft un lac qui fournit de !
belles écreviffes. C ’eft aufli dans cette même ville I
que fe voit-la plus belle forge du pays. Les ou- j
vriers forment une petite population à part. J
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C LE S SY , village du département de Saône &
L o ire , arrondiffement de Charpies. Il y a dans
fon territoire une carrière compofée de bancs à
peu près horizontaux, de pierre à chaux brillante
, dans laquelle on obferve plufieurs genres
de coquilles bivalves très-bien confervées.
C L E V E S , ville du département de la Roè'r,
à quatre lieues eft-fud eft de Nimègue. C ’eft une
jolie ville d’Allemagne, fituée dans le ci-devant
cercle de Weftphalie, vis-à-vis du pont de Shènt.
Clèves eft partagée en haute & baffe ville. La ville
haute eft fi élevée, que l’on apperçoit de ce point
de vue vingt-quatre villes. Elle n’ ett diftante qu’à
une lieue du Rhin, avec lequel elle communique
par la rivière de Kermis. Ses habitans, très-induf-
trieux, s’appliquent particuliérement ad commerce
& à la navigation fur le Rhin, en faveur de laquelle
on a creufé un canal nommé Kermijlhal. Lè
ci-devant duché de C lè v e s , partage en deux par
le Rhin, eft un des plus beaux &r des meilleurs
pays d’ Allemagne. Il a environ feize lieues de
long, fur quatre lieues de large.
CLICHY-LA-GARENNE, vill ge dit départe-
n^ent de la Seine;, canton de Neuilly , près la
rivière, vis-à-vis d’Anières & de fon b a c , &
deux îles qui féparent le cours de la Seine. C ’eft
unjoii emplacement, remarquable par ijn fuperbe
château.
CLIGNANCOURT, village du département de
la Seine, canton de Neuilly, commune de M >nt-
martre. Il y a une manu déluré de porcelaine. Ce
village eft voifin des exploitations de la première
maffe du plâtre.
C L IM A T . On appelle ainfî une portion de la
furface de la Terre , terminée par deux cercles
parallèles à l’équateur, & d’une largeur telle que
le plus long jour dans le parallèle le plus proche
du pôle furpaffe d’ une certaine quantité , d’une
demi-heure, le plus long jour dans le parallèle le
plus proche de l’équateur. Nous n’entrerons pas
dans le détail de la divifion de la Terre par climats
d’après cette idée : nous nous attacherons à confi-
dérer les différentes pofitions des pays relativement
aux faifons, aux productions de la terre &
aux peuples qui les habitent.
Il ne faut pas croire que la température fort
exactement la même dans les pays fitués fous le
même climat ; car une infinité de circonftances
comme les vents, le voifinage ou l’éloignement
de la mer, l’élévation du fol à un certain niveau ,
la nature du fol de enfin la proximité des montagnes
élevées fe compliquent avec l ’aCtion du
fole il, & rendent fouvent la température très-
différente dans des lieux placés fous des mêmes
parallèles. ( Foyei C l im a t s a g r a ir e s , C h a leur.
)
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Il en eft de même, des tf/fm4/j;.pLacés'des. déux
côtés de l’équateur à des djftantes égales, outre
que la chaleur même du foleil;doit différer d’une
quantité fort confidérable, dans ces climats $ car ils
font plus près du foleil que nous dans leurs étés,
& plus loin dans leurs hivers.
Les obfervations du thermomètre que M. Cof-
figny'a faites dans fon voyage ,aux Indes orientales
, femblent nous autorifer à croire que la chaleur
n’avoit pas été plus ;grande en aucun endroit
pendant ce voyage, que celle-qui fut obferyée en
même tems à Paris, & qu’ainli la chaleur de l’été
eft à peu piè‘s .égale dans tous jes pays.. On expli-
queroit même, cette uniformité de température
par la plus longue ou la plus courte durée des
jours que compenfe le plus ou le moins d’obliquité
des. rayons du foleil ; mais on doit avouer
que là conféquençe qu’on a déduite de ces expériences
ne peut avoir d’applicayon dans beaucoup
d’ autres pays, tel que le Sénégal, où il fait beaucoup
plus chaud en été que dans nos climats.
En déterpynant les climats par le degré de cha^
leur ou de froid qu’on doit éprouver, dans certaines
faifons, en conféquence de l’approche ou
de l'éloignement du fole il, on couu rifque de
tomber fouvent dans i’erreur > car il eft certain
qu’en beaucoup d’endroits, fous la zone torride ,
les faifons ne répondent pas au tems, que le foleil
s’en approche ou s’en éloigne j car on y compte
l’hiyer, qui eft pluvieux & orageux, quand ce
devroit être l’é té , puilque le foleil eft alors plus
proche , & tout au contraire, on y compte l’été
quand lé foleil s’en éloigne. En un mot, on y fait
confifter l’été dans un ciel clair, & l’hiver dans
un tems pluvieux & humide. Il eft donc vrai que
les idées des faifons différent confidérablement
fuivant les lieux , & que celles des climats, qui
font un réfultat de ç,es faifons,, doivent y être aliu-
jetties.,( Foyei Sa is o n s .)
Une autre modification, qu’éprouvent les climats
, & très-marquée, eft celle qui eft occafion-
n'ëe par les vents. Pour en juger il fuffit de conli-
dérer ce qui arrive dans notre climat y o ù , généralement
parlant, le vent du nord eft froid, & le
vent du midi chaud. Ainfi fuivant que le vent du
nord a coutume de fouffler dans un certain pays,
il en modifie la température dans toutes les lai-
fons de l’année » il en eft de même du vent du
midi qui amène la chaleur, ou bien une température
douce au milieu de l’hiver.
Outre ces vents généraux, il y en a de particuliers
qui apportent de grands changemens dans
le climat des contrées qu’ils parcourent. Ainfi tous
les vents qui traverfent les fommets des montagnes
élevées & couvertes de neiges, refroidiffent
beaucoup les plaines voifines. L’efF t de ces lortes
de vents eft affez connu : ils font fouvent bornés
à une étendue de pays peu confidérable : quelquefois
ils s’ étendent affez loin. C ’eft ainfi qu’ on remarqua
que le froid de 1709 arriva par un vent
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de midi qui avoit traverfé les montagnes d’A u vergne
, du Forez & des Cévennes, couvertes
pour lors de n:-iges & de frimats. Il feroit facile
de multiplier les exemples qui prouveroient juf-
u’où peut aller l’influence des vents fur la modi-
cation des climats.
La chaleur du foleil étant le principal agent employé
par la nature dans l’ouvrage de la végétation,
il eft évident que tout ce qui peut faire
varier les degrés de cette chaleur, fait varier également
l ’accroiffement & le développement des
arbres & des plantes. C ’eft ainfi que les arbres &
les plantes des pays appartenans aux climats chauds
ne peuvent croître & fubfifter que dan? ces c limats
: de là vient cette diverfité des végétaux fuivant
les lieux & les climats. I c i , dans les plaines
cù la température eft douce, les plantes font fortes
& vigoureufes, & les arbres présentent tout le
développement que comporte leur nature j mais à
mefure que l’on s elève au diffus du niveau, tous
ces végétaux diminuent ou ne fout plus les mêmes ;
& enfin ceux qui peuvent, réfifter à un certain
degré de froid , tel qu’on l’éprouve fur les montagnes
élevées-& couvertes de neiges, font rabougris
& réduits à de très-petites dinv nfionV. On
retrouve là , en s’élevant depuis les plaines juf-
qq’aux fommets couverts de neiges, une échelle
graduée, où la dégradation des végétaux eft à peu
près la même qui fe rencontre dans les plaines
également élevees au defius du niveau de la mer,
à mefure qu’on s’éloigne de l’équateur &: qu’on
le rapproche des pôles. ( Voye\ A lpes , A ndes ,
Pyr én é e s ! )
Les .pays voifins de- la mer, toutes chofes d’ailleurs
égalés, & furtout Us terrains fies îles , éprouvent
une température moins froide que les terrains
de l intérieur dés terres., non - feulement
parce qu’ils font moins élevés, mais encore parce
que leur atmofphëre , plus chargée de vapeurs,
concentre facilement la chaleur des rayons du
foleil, & la conferve contre l’aétion des vents
froids. Les pays cultivés, defféchés & habités,
font moins froids que les pays incultes, inhabités
ou marécageux. Enfin fi , comme nous venons de
le dire, les pay^ maritimes font moins froids, à la
même laticude, que les pays méditerranés, ils font
aufli moins chamis.
Il ne nous refte plus maintenant qu’à montrer
les effets du climat fur les animaux & les hommes.
Sous cet afpeél nous ne les confidereroas que relaf
tivement à la température. Quoique toutes les
caufes phyfiques qui peuvent agir fur la fanté des
habitans de chaque pays fe combinent affez con-
fufément avec leur température, cependant nous
lui attribuerons les effets dont elle eft vraisemblablement
la eau fe prédominante. Ainfi nous ferons
voir facilement que c’eft du climat que dépendent
Us différences des peuples prîtes de la tomplexion
générale ,ou dominante de ch ;que individu , de
leur taille, de leur vigueur, de leur couleur, de