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blent les eaux courantes & les verfent dans la mer,
au lieu que les eaux ftagnantes font bien moins
abondantes en Afie , en Afrique & en Europe; 8c
en général, les fleuves de ces parties du Monde
charient des malles d'eau bien moins confidérables;
Mais dans l’un 8c l’autre continent, la conflication
8c la difpofition des maffifs de l’ancienne 8c
de la nouvelle Terre font parfaitement fembla-
bles. La ftru&ure intérieure des dépôts foufmarins
a les mêmes caractères dans les deux continens. On
a donc lieu d’être étonné de voir plufieurs écrivains
nous affurer, contre toute évidence, que le
continent de l'Amérique eft une terre d’une nouvelle
formation, 8c à laquelle la nature n’a pas eu
le tems de donner toute fon élaboration. S’ils euf-
fent obfervé bien attentivement les matériaux du
règne minéral que cette terre nous a fournis, ils
auroient vu que les granits d’Amérique font auffi
foiides que dans l’ancien continent, 8c formés des
mêmes principes ; qu’il en étoit de même des
pierres calcaires, des marbres 8c des autres fubf-
tances qui conftiiuenc les mafïifs qu’on rencontre
dans les diverfescontrées de l’Amérique. Les coquilles
fofliles y font auffi nombreufes que dans
l ’ancien continent: on y trouve les mêmes efpèces
difhibuées également par familles,dans les mêmes
états de confervation, de deftruêlion, de pétrification.
Ne doit-on pas en conclure que tous les
différens ordres de maffifs qu’on y rencontre s’y
font formés dans des ci r confiances parfaitement
femblables , 8c par conféquent aux mêmes époques
? Si l’Amérique diffère de l’ Europe, de l’Afie,
ce ne peut être que parce que la nature n’y a pas
été encore interrogée par Pinduftrie humaine : ce
font moins les matériaux qui manquent en Amérique
, que leur emploi. (V~oye^l‘article A mérique,
& furtOUt AMERIQUE SEPTENTRIONALE , VIRGINIE
, 8cc. Montagnes bleues. )
On a dit que, dans toutes les parties des deux
continens y la pente des terrains étoit plus rapide 8c
moins alongée du côté de l’occident que du côté
de l’orient. Ce phénomène eft effectivement très-
marqué 8c très-fenfible dans le continent de l’Amérique,
où les pentes des terrains font très-brufquées
vers les mers de l’oueft , & pendant qu’ ils fe prolongent
en pentes douces 8c aboutifient prefque
tous à de grandes plaines du côté de la mer atlantique,
vers l’orient.
Mais il eft difficile de trouver cette même régularité
dans toutes les parties de l ’ancien continent.
Il fuffit de les parcourir pour s’affiirer qu’ il y a plus
d’exceptions à ce principe, que d’applications. Si
d’un côté la ligne du fommet de la Grande-Bretagn
e , qui s’étend du nord au fud, eft bien plus
proche du bord occidental de l’Océan que du bord
orienral, on ne rencontre pas ailleurs la même diftribution
dans les chaînes élevées des montagnes,*
Outre que ce phénomène n’eft pas général, il
ne peut être rapporté au mouvement de la mer d;e
l ’orient à i occident, dans les lieux où il fe rene
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contre j d’abord, parce que ce mouvement n’exifte.
pas} en fécond lieu , parce que s’ il avoir produit
quelques effets un peu conftans, il auroit altéré,
8c même détruit une grande partie de cette difpofition.
M. de Buffon, pour appuyer ce prétendu
mouvement de la mer d'orient à l’occident, que
l'intérêt de fon fyitème l’avoit déterminé à fuppo-
fer, ne cire aucun fait d’après lequel on auroit pu.
être autoriféà l’admettre. Tous les faits qu’ il cite,
ou prouveroient dans l’Océan une marche contraire
à celle d’orient en occident , ou ne peuvent être
rapportés à cette caufe, s’ils fe trotivoient dans des
circonftances favorables à cette hypothèfe de l'action
de l’Océan fur les côtes orientales. M. de Buk
fon cite, par exemple, l'accroiffement des côtes
orientales de l’Amérique méridionale. O r , il eft
vifible que cet accroiffements’eft opéré 8c s’opère
dans un.fens contraire à celui qu’auroit le mouvement
de l’eft à l’ oueft j mais il eft vifible auffi que
cet aterriffement eft un dépôt formé par les fleuves
qui ont leurs embouchures le long de cette
côte : de même M. de Buffon prétend que les pays
& les côtes orientales de l’Amérique feptentrio-
nale font des terrains de nouvelle formation,} ce
qui ne feroit pas conforme au fyftème du mouvement
de la mer de l’eft à l’oueft fi cette afferr
tion étoit auffi fondée quelle l’eft peu, comme
nous l’avons fait voir ci-deffus, 8r à l’article de
{’A m é r iq u e s e p t e n t r io n a l e .
En dernière analyfe, tous les arerriffemens allégués
par M. de Buffon comme des preuves de U
marche de l’Océan de l Vft à l’oueft, font l’ouvrage
des fleuves, à l’embouchure defquels ces accroif-
femens de la-terre-ferme & des continens re trouvent
fitués} ainü on ne peut les rapporter à l’action
de la mer dans cette direction} de même les
deftrudtiôns des continens Te trouvant fur les côtes
expofées à toutes fortes d’afpeéts, il eft vifible que
ces effets ne peuvent être confidérés comme la
fuite de cette marche prétendue. Les côtes des
continens^ont été reculées , découpées par des golfes
8t d- s enfoncemens confidérables partout où
les mers profondes, mues par des vents violens, les
tourmentent continuellement. ( Voyez ce que nous
ayons dit des côtes de I’Écosse à leur article,
ainfi qu’à ceiui de Tîle de C o r s e . )
Niveau des dépôts de la mer fur les continens.
On nous a dit autrefois que l ’on avoir trouvé
des coquilles fur les fommets les plus élevés des
montagnes qui font fituées au centre de nos continent
3 & l’on en a conclu que la mer avoit couvert
toute la Terre , & même avoit laiffé partout
des veftiges de fon féjour, des dépouilles des animaux
qui vivent & croiffent dans fon.baffin. Depuis
ce tems , des.naturaliftes ont trouvé dans plu-
fieurs endroits de la furfaçe du Giobe, des exceptions
à cette prétendue règle générale, & ils ont
dit que les coquillages ne fe trouvoient à la fur-
face de nos continent fecs que jufqu a deux mille
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toifes au deffus du niveau de la mer a&uelle, d’où
Ton a conclu que les eaux de la mer ne s’étoient.
pas élevées au deflùs de ces limites, & qu’elle
n’avoit pu former & organifer par couches que
les collines & les maffifs qui ne s’élevoient pas au
deffus de deux mille toifes.
Mais je trouve, par des obfervations bien fui-
vies , de grandes parties de la fui face de nos continent
dont la hauteur moyenne n’ a pas fix à fept
cents toifes d'élévation au deffus du niveau de la
mer, 8c qui cependant ne font point couvertes
par des dépôts foufmarins : telles font les parties
de Y ancienne Terre qui occupent le centre de la
France, comme le Limoufin, la Haute-Auvergne,
une partie du Rouergue , du V e la y , du Forez. A
côté même de ces parties, qui n’offrent aucune
trace du féjour de la mer, on rencontre des maffifs
plus élevés , où Ton voit des bancs de pierres
calcaires qui renferment des coquillages, de la
même manière que d’autres cantons inférieurs. Par
conféquent on ne peut fixer l’exiftence dès coquillages
8c des autres dépouilles des animaux marins
furcertaines parties des continens 3 d’après une certaine
échelle d’élévation au deffus du niveau de la
mer} car en même tems que je trouve des maffifs
de l’ancienne Terré à découvert, où la mer n’a
laiffé aucun dépôt, quoiqu’ils foient à un niveàu
fort bas, je trouve à des niveaux beaucoup plüs
hauts des couches horizontales*‘calcaires avec des
■ coquillages. On voit que dans ces circonftances il
faut recueillir les faits fans lès généralifer, puifque
les exceptions font .auffi multipliées.
C e n’eft donc pas en s’attachant aux différens
degrés d’élévation au deffus du niveau de la mer,
qu’on pourra déterminèr Tes différentes contrées
où elle a féjourné & laiffé lés'produits de fon fé-
iour, 8ç celles quelle n’ a pas recouvertes de fes
dépôts; II n’y a que Pobfervation qui puiffe le faire ;
cependant je vois q ued ans certaines contrées-fort
étenduès, les diftriéb , les traétus de la nouvelle
Terre, font toujours à un niveau très-inférieur à
celui de l’ancienne ; que la nouvelle l’ènvironne
prefque de toutes parts. Il réfulte de cette difpofition
■ •générale, que l’ancienne Terre forinoit primitivement
une fié découverte & élevée au deffus de
l’élément où s’organifoit la nouvelle T e r re , inférieure
à l’ancien maffif. Je vois, outre cela, que
certains dépôts de la mer ont un caractère qui les
diftingue d’autres dépôts plus ou moins élevés
qu’eux j qu’ainfi c’eft à ces caractères qu’ il faut
s’attacher plutôt qu’aux différens degrés d’ élévation
au deffus du niveau de la mer pour déterminer
les circonftances de leur formation. ( Voyez
A n c i e n n e T e r r e , N o u v e l l e T e r r e ,
M o y e n n e T e r r e , où ces caractères diftinétifs
font appréciés & réduits à leur jufte valeur.)
Pour terminer ce que je m’étôis propofé de dire
fur les continens, il me r'efte à parler de deux con-
fidérations générales dont fe font occupés plufieurs
naturalises : la première a pour objet les chaînes
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des hautes montagnes, leur diftribution, leur direction
à la furface de l’ancien & du nouveau continent.
Mais comme ces détails intéreffans feront
préfentés 8c difcutés à l’article Mo n t a g n e , nous
ne ferons que les indiquer ici : il en eft de même
de la diftribution des eaux , de la direction des
fleuves fur ces mêmes continens, nous réfervant de
préfenter ces phénomènes aux articles M a s s if s ,
P e n t e s , F l e u v e s , R iv iè r e s , Ba s s in s des
R i v i è r e s .
CON TR EX EV IL LE , village du département
des Vofges , canton de V it te l, à neuf lieues
d’Epinal. Ce village eft fitué fur la rive droite de
la Ver re, rivière formée par une fource abondante
qui fe partage en deux branches : l’une coule au
pied de la montagne qui eft au couchant } l'autre
traverfe le village qui eft au midi, 8c reçoit les
eaux de plufieurs fources particulières} en forte
que depuis la fource de la V e r re , qui coule à
l’orient, Contrexeville eft une prefqu’île environnée
d’eau de part 8c d’autre. C ’eft au centre de
cette prefqu’île , au milieu d’ un jardin v erger,
humide* dans toute fon étendue, que fè trouve
au couchant du village la fontaine minérale qui
en fait la réputation. Son baffm a huit pieds de
diamètre, 8c il eft d’une figure angulaire» Peau
fort abondamment dé l’angle qui eft au midi. Ces
eaux font fouveraines pour les pei Tonnes attaquées
de la pierre, 8c qui y ont recours avec 1#
plus grand fuccès.
COOK (Rivière de) , du détroit du Prince-
Guillaume. ( Voye% cet article. )' La côte occidentale
de l ’Amérique’méridionale tire- au nord-
oùeft, 8c fe termine par deux promontoires appelés
le cap ’ Elîfübeth & le cap B'ede. Ces deux
caps, avec le cap Bancks fur le rivà’ge oppofé 3
forment l’entrée de la belle rivière de Cook , au milieu
de laquelle font les îles nues 8e ftérilès de
Barren. En dedans, à l’oueft:, eft une haute montagne
à deux fommets, appelée cap Douglas, où
Ton a remarqué l’éruption d’un volcan qui s’annon-
çoit par des tourbillons de fumée blanchâtre. Cette
montagne paroît faire partie d’ une chaîne fort élevée.
Dans- le fond d’une baie oppofée eft une île
formée d’une hauté montagne, à laquelle on a
donné le nom de Mont Saint-Auguftin. L’embouchure
de la rivière de Cook eft ici d’une grande
largeur qu’elle doit à une baie q u i, à Poppofite du
mont Saint-Auguflin, s’enfonce profondément vers
Peft; -
L’embouchure de la rivière de Cook> qui vient
à ia luite, eft d’one longueur & d’une étendue
confidérables. La rivière commence entre la pointe
de l ’Ancre 8c le rivage oppofé, où elle a trente
milles de large, avec une grande profondeur 8c
Un j ufaut très-rapide. Fort loin , dans l’ intérieur,
le canal fe rétrécit, 8c n’a plus que quatre lieues,
efpace où fe précipite une marée extrêmement