
montagne nommée le Dos-d’Ane , & au pied de
laquelle font des indices d'un© mine de cuivre.
La plaine du Port-à-Piment a environ dix lieues
de longueur le long de la m er, fur quatre de profondeur
dans l’intérieur des terres. Il y à deux
ports , le grand & le per t. L'entrée de ces mouillages
eft difficile pour les marins qui ne la con-
noiflent pas bien , parce qu'à environ une lieue au
large il y a un grand banc de récifs à fleur d'eau ou
fous l'eau , qui ne laifïe qu'un paflage allez étroit ,
& qu'on ne peut reconnoître aifément. Ces récifs
& la pente prefqu'infenfible du fond font caufe
qu’on n'éprouve jamais de raz-de-marée dans ces
ports , parce que la houlie, excitée par la tempête
éloignée , vient Te brifér fur ces barres de récifs ,
& qu'-enfuite la lame peut fe développer uniformément
fur une plage parfaitement libre & prefque
de niveau. ( V>ye\ notre article R a z -de Ma r é e . f .
Cette pofition offre un lieu très-commode pour
faire des obfervations fur les marées : elles ont
appris que les marées montent entré deux ou trois
ieds, félon les différentes faifons ; que les plus
autesde toutes font celles des équinoxes, & fur-
tout celles des nouvelles & des pleines lunes qui
arrivent après l’équinoxe d'automne.
La plaine du Porc-à-Piment eft une des terres les
plus nouvelles de Saine- Domingue3 c'eft-à-dire 3
res dernières que la mer ak abandonnées. Elle n’eft
compofée , dans toute fon étendue , que de galets
difperfés dans une terre calcaire marneufe, qui
recouvre la fuperficie du fol en quelques endroits.
Quoique cette vaffe plaine foit l'ancien baffin de
la mer, on y trouve cependant une très-grande
quantité de monticules, qui (ont également composés
de galets mêlés de terre, comme la plaine
qui eft plus baffe ; elle eft auffi entre-coupée de ravines
, qui ne font pas encore fort profondes 3 mais
qui fe creufent de plus en plus par les eaux cou- j
rantes que fourniflent les montagnes environnantes :
c'eft auffi à la même caufe des eaux courantes que
.l'on doit attribuer la formation des monticules,,
dont le fommec doit déterminer la fuperficie du
dépôt de la mer, & non le niveau de la plaine dans
laquelle ces monticules font difperfés comme nous
Pavons dit.
On vo it, en fuivant les ravines les plus profondes,
ue tout le fol de cette plaine eft un compofé de
©bris de toutes fortes de pierres : les plus abondantes
font les pierres calcaires de différentes
fortes , eu général très-blanches ,• ou d'un brun
très-brillant; quelques-unes font fufceptibles de
prendre le poli ; d’autres fe décompofent à l'air
& à la pluie. Les filex y font abondans & très-
variés dans leurs formes & dans leurs couleurs.
La plaine du Port-à-Piment eft expofée à des
féchereffes qu’on ne connoît point ailleurs. On af-
Rire q ue , de mémoire d’homme, on en a éprouvé
une de trois années confécucives, & de 1779 à
1780 il y a eu dix-huit mois fans pluie. Ce qui
xend encore ce fol plus aride y c'eft qu'il n'y tombe
I l ro^ e« Il 'paroît que les vapeuré qui
s e.event de la m e r , & qui peuvent être pouffees
par le vent au deffus de cette plaine, y rencontrent
un air tort chaud , qui fait qu’elles fe Contiennent
a une hauteur allez considérable pour arriver au
fommet des montagnes voifines & s'y précipiter
en rofees abondantes.
La faifon des pluies , dans ce quartier * eft celle
des orages5 c’eft-à-dire/depuis le mois de mai
lufqu a.la fin de feptembre. L’hiver & le primems
y.font toujours très-fecs. La brife y eft très-régulière
pendant neuf mois de l'année ; ce qui tempère
beaucoup la chaleur; mais , depuis la fin de no-
vemore jufqu’au commencement de mars, lèvent
du nord y eft infuppoitable par la quantité de
poufliere qu'il y élève. Dans lé,tems des orages
& pendant 1 automne les pâturages font abondans^
aPs.!f rePe fannéeles animaux mangent un
rom defléché fur pied; & ces animaux, au moyen
de cette nourriture , font vifs &• vigoureux , &
leur viande eft d'un très-bon goût. Le laitdes
chevres & des bêtes à cornes y eft très-gras. Les
chevaux de ce quartier font robuftes & vifs , mais
ils s accoutument, difficilement à, d’autres pâturages,
& Surtout aux montagnes humides.
Le gibier eft affez commun dans cette plaine, &
connue en pintades fauvageSyen cochons & cabris
marpns , en ramiers , en tourterelles & en oi-
feaux aquatiques.
On yo it, outre cela j des compagnies nombreufes
de corneilles , femblables à celles d'Europe. Les
r^ s, ^es clîats marons ont finguliérement multiplie
dans ce canton , cjui, au premier coup-d’oeil,
paroit n’être propre à nourrir aucune efpèce d'animal.
Les arbres & autres plantes font rares dans
cette vafte plaine. Les plus communes font les
efpèces très-multipïiées de caétus , les torches,
cierges épineux, mariacouiis, raquètes, chardons
volans , la poinciade épinejufe, le franchipanier
blanc, le pudique, beaucoup d'efpèces de gras-
de-gale,, 1 e cocco/oba 3 une efpèce de jutanier à
pétioles | le gommier avec une de fes variétés
gomme eft beaucoup plus aromatique 8c
plus difficile à diffoudre. L‘eupkqrbia thytimatoides
y eft abondant en approchant du pied des . montagnes
, où il y a un peu de terre végétale & de
fraîcheur. Les efpèces de loranthus y font communes
fur tous les arbriffeaux , mais particuliérement
fur les. gayacs & le coccoloba: Le long des
bords de la petite rivière qui vient deTerre-Neuve
on trouve le bignonia arbor, chêne du pays ; le
bois de favanne franc ; le monbain, le gros
mancenillier, le heliettères à fruits en cordes,
le grand éclair du pays, le rauvolfia , le taberne
montana, le"bois mari, le bois d'ânon. Le tourne
fonia ou liane à chique, la liane ofeille, plufieurs
efpèces decapparis, la rhubarde du pays, le palétuvier
gris , les diverfes efpèces d ’epidendrun |
font les plantesjes plusxommunes après les ca&us.
Le
L e canton de T er re-N eu v e , qui fait p a r t ie , j
comme nous l'avons d i t , du quartier du Porr-a-
Pimenr, offre les mêmes fofliles à peu près que ]
les autres cantons de ce quartier. A u fond de la j
plaine du Port-à-Piment on arrive dans une gorge ,
formée par les deux principales chaînes de montagnes
de Terre-N euve : c ’ t ft une ra v in e, large de j
cent à cent cinquante pieds , coupée par les eaux
dans les couches de pierre calcaire qui compofent
tout le fol. A cinq lieues des eaux de Boynes ce tte
ravine devient une plaine formée par les alluvions
qui y ont porté & laiffé toutes fortes de petites
pierres roulées : il s'y trouve auffi du g r è s , des
pierres ferrugineufi s , du mica. A peu près au
milieu de la gorge eft un petit tertre compufe de
pierres arrondies, comme dans les collines de la
grande plaine : ces pierres varient finguliérement
en grolleur. On peut indiquer les deux extremes
de ces cailloux roulés par la balle du piftolet & par
le boulet de vingt-quatre. La matière principale
de ces corps arrondis eft une mine de fer dans une
gangue en partie quartzeufe & en partie a rgileufe ;
auffi toutes les hauteurs voifines montrent des
mines de fer de différentes efpeces.
Un peu plus loin on trouve quelques morceaux
de pierres m icacées, de la mine de fer S© de cuivre ;
& vers les eaux de B o y n e s , fous une cou che de
terre calcaire trè s-blan che, des ciiftallifations de
gypfe , très-variées & tres-abôndantes. Si ce tte
carrière fournit beaucoup de gypfe , elle fera
infiniment utile dans le quartier , vu la facilité des
tranfports, car elle eft lïtuée a deux petites lieues
du bord de la mer. ,
Les détails dans lefquels je fuis entre ont é té recueillis
de diffé.rens mémoires, & furcôut du recueil
du cercle des philadelphes. On ne peut s empêcher
ici de remarquer que ces obfervateurs ne
le foju point occupés à préfentei les différens o b jets
qu’ ils décrivent avec une certaine méthode. ,
Pour faire connoître combien peu de lumière on
peut retirer de leur tra v ail, il luffiede cite r un art
ic le , d’après lequel on jugera fans peine de leur
marche confufe.
« Nos promenades dans les mornes du C a p ,
» d ifen t- ils , nous ont fait voir au couronnement
» une terre ochreufe , des géodes ferrugineufes,
» des rochers calcaires , dans lefquels on v o it des
»» vefiiges de madrépores. En descendant nous
» avons trou vé des brèches calcaires fpathiques,
» des fpaths, dés ftala&ites fpathiques, des pou-
». dingues, des hématites , des bancs de coquilles
m maritimes qui s’ étendent de l’ eft à l’ oueft & au
» fu d , des bancs c ra y eu x , des granits, des géodes
» arg ileu fe s , cuivreufes & ferrugineules; des gra-
»» n ito ïd e s , des jafpes imprégnés de cuivre^, des
>* granitoïdes agatifés , des bancs argileux incli-
» nés de l’eft à i ’ o u e ft, & quelques-uns du fud au
» n o rd .» .
Quand on a parcouru tant d’ objets dont les uns
fnot importans , les autres ac c id en te ls, on fe de-
Géographic-Phyfiquc. Tome 111»
mande dans quel ordre toutes ces fubftances font
difpofées les unes par rapport aux autres. Qu elle
e f t , par ex em p le , la difpofition des granits & des
granitoïdes par rapport aux bancs argileux qu’ on
indique à la fuite? S o n t - ils deffous ou à cô té ?
Q u ’eft-ce qu’on entend par branches calcaires fpathiques
3 par bancs crayeux ? Sont-ils placés deffus
ou à cô té des granits? Les granitoïdes qu’ on indique
après les granits font-ils deffus les maftifs
.de granits ou à cô té ? En un m o t , coût eft confu-
fément préfenté dans ce t a r t ic le , & l’ on en conclu
t cependant que la mer a couvert les montagnes du
Cap. 11 au roit fallu nous dire quels é to ien t le s
maftifs ouïes m ontagnes que la mer a couverts , de
quelles fubftances ils étoient compofés , quelles
font les fubftances que la mer a pu y ajouter. O n
nous indique feulement les bancs de coquilles marines
, mais l’on ne distingue point les époques de
ces dépôts & celle des rochers calcaires dans Lefquels
on voit des vefiiges de madrépores. Nous délirerions
que tant de zè le fût dirigé par des principes ég a lement
propres à guider la marche des obfervateurs
du c e t c le ,& à fixer nos idées fur les objets
dont ils nous par'ent, capables, en un mot, de nous
fournir des réfultats lumineux & inftruétifs qui
, avancent la fcience.
D O M M A R T IN -L E -F R A N C , village du département
de la Haute-Marne, canton de W a fly .
Il y a dans ce v illa g e, des forges bien entretenues.
D O M M E , bourg du département de la D o r d
o g n e , chef-lieu de canton. Il eft fitué fur une
montagne , au fommet de laquelle eft une ou v erture
par laquelle on defeend dans une grotte for t
fp a c ieu fe , & meublée de nombreufes ftala&ites
qui méritent l’examen des curieux de ces fouter-
rains voifins de Sarlat.
D OM P IE R R E -SU R .-N 1È V R E , village de l’ar-
rondiffement de C o fn e , département d e la N iè v re ,
remarquable par fes deux fo r g e s , l’une de f e r ,
l'autre d’ acier.
D O N ou T A N A IS . C e fleuve prend fa fou rce
dans le gouvernement de M o fc o u , au petit lac
Saint-Jean, & a un cours animé par une viteffe
relative à la dé clivité des contrées monrueufes
d'où il tire fon origine. Il voiture une mafle d’eau
fournie par quatre-vingts affluens, & groffie ac cidentellement
par la fonte des neiges ; elle annonce
partout les efforts les plus violens auxquels eft
affujettie la marche de fes eaux.
L e Don a un cours fort long II l’on y comprend
le D o n e tz & le M en it fe ch , & fi l’ on y ajoute la
mer d ’A z o f , qui do it ê tre confidérée comme une
partie du baffin de ce fleuve. Il eft courbé finguliérement
à l’e f t , & retourne à l’ oueft en tirant vers
le nord : c'eft là fa première direction. Son baffm
eft affez é t r o i t , après quoi il reçoit la Plata fur la
O o o o