
C ulo go, à deux lieues & demie fud-oueft de
Bagnères;
DESSCHEL, bourg du département des Deux-
Nèthes, canton de M o l, commune de Geel , & à
deux lieues trois quarts nord-eft de cette ville. Il
y a dans ce bourg de bonnes fabriques de draps
& autres étoffes de laine choifie.
DESSICCATION. J’appelle ainfi les effets que
les différens maflifs de la Terre ont éprouvés
lorsqu’ils ont été expofés à l’a&ion de la chaleur
& à la retraite qui en a dû être la fuite parla perte
de l’eau qui les pénétroit ; ainfi les continens de
la moyenne 8c de la nouvelle terre, après que
la mer les a abandonnés, pnt éprouvé les effets
de la dejftccation, & les fentes fe font formées
dans, les couches à melure qu’elles fe font deffé-
chées 8c qu'elles ont pris plus de conlïftance par la
retraite des matières fur elles-mêmes.
Les maflifs de l ’ancienne terre , je ne fais à
quelle époque , ont éprouvé ces effets de la dejftc-
cation y s’ils n’ont pas été formés fous les eaux :
toujours eft-il vrai qu'ils ont éprouvé les effets
de la dejftccation, à peu près comme les grands
maflifs qui ont été certainement fous la mer, &
qui n’ont pas été diftribués par couches : tels font
les maflifs de la craie, les maflifs d’argile que la def-
Sccation a réduits en trapézoïdes.
C e n’eft pas feulemént le degré de chaleur qui
a influé fur les fentes, mais fon a&ion fur les matières
qui prenoient une certaine confiftance, & ;
la manière dont elles fe comportoient en fe ref- i
ferrant fur elles-mêmes & èn fe pétrifiant. Les !
fables, par exemple, qui ne fe font point retirés, j
n’ont point de fentes 5 les grès, au contraire, ont
des fentes;
Quoique cet effet de la chaleur appartienne à la
phyfique , j’ ai cru devoir m’en occuper dans ce
Dictionnaire , & en faire un article particulier,
vu fa grande influence dans plufieurs phénomènes
qui tiennent à la géographie-phyfique, & les grandes
conféquences que j’en tire dans plufieurs cir-
conftances : c’eft à la dejjiccation , par exemple,
que font dues les fentes en tout fens qu’on voit
dans les deux fortes de maflifs graniteux que j’ai
diftïngués , ceux compofés de principes diftribués
uniformément, 8c ceux où ils font arrangés par
bandes ou par raies, & que les Allemands appellent
gneifs. En fuivant les grandes coupures qu’o ffrent
ces maflifs, il eft vifible qu’ils font diviiés par
le moyen dé fentes plu$ ou moins grandes, plus
ou fnoins multipliées, lefquelles font l’ effet de la
retraite de la matière à mefure qu’elle a pris un
certain arrangement, une certaine confiftance fo-
lide: c’ eft par ces fentes que les granits fe pénètrent
des eaux pluviales, & les verfent au dehors
à toutes lès hauteurs-j que les différentes maffes
terreufes, diftribuées par couches , en fortant du
fein de la mer où ejtes avoient été orgsnifées par
I* l'aftion de la chaleur, éprouvèrent une dejjiccation
plus ou moins remarquante par les fentes qui en
refultèrent jque les matières éprouvèrent une plus
grande retraite j que l’évaporation fut plus forte j
que le grain fin des matières diftribuées par couches
& par lits éprouva une plus grande retraite,
& que tes grains moins fins en éprouvèrent très-
peu. Aufli les fentes font très-multipliées dans les
c o s , dans les ardoifes, dans les bancs de pierres
où les débris de coquilles ont été très-fortement
comminués. Outre cela, la retraite s’étant opérée
dans le fens de la longueur des couches, il en ré-
fulte que tes fentes de dejjiccation traverfent cette
épaiffeur toujours perpendiculairement à l’horizon.
Cependant les irrégulatités que la marche peu régulière
de la dejjiccation & de la retraite a pu produire
Iorfque le grain de la matière a varié, 8c
que la retraite s’eft fait fentir inégalement fur les
différentes parties des couches-, le grain des. matières
argileufes & pierreufes , diftribuées par
couches & par 1 ts , paroît avoir éprouvé plus de
retraite que les grains moins fins > aufli les fentes
de dejjiccation font-elles en général très-multipliées
dans ces couches , ou plus larges que dans
les grains un peu moins fins „ & il eft poflible que
1e grain des bancs pierreux foit aflez gros pour
qu’ il n’y ait aucune fente fenfible de dejftccation,
parce que les vides font difleminés.
Dans les maflfes argileufes qui ont confervé l’état
terreux, on trouve beaucoup de fentes de dejjiccation
pourvu que l’argile ait pris une certaine con-
; Gftance. Les rentes font verticales fi ces maffes ar-
giîeufes font diftribuées par couches d’une épaiffeur
moyenne 5 mais elles font en tout fens, &
divifent les maffes en efpèces de trapézoïdes fi ces
maffes font épaiffes. C ’eft en conféquence de ce
même travail de la nature, que , dans les maffes
fehifteufes ou dans les ardoifes, il y a tant de fentes
& de réfui ta ts de la divifion par la retraite,
qui font trapézoïdaux.
La craie eft dans le même cas que l’argile. Comme
elle eft par maffes fort épaiffes, elle a éprouvé une
dejftccation en tout fens , 8c par conféquent les
fentes fe préfentent de même.
C eft a la fuite de ces effets de la dejjiccation que
fe for.t & que s’accélèrent tes démolitions des
couches ou des maffes. Ainfi les parties de granits
qui font à la furface de la terre fe démoliffent-
elles par trapézoïdes, dont les faces font partie des
tentes. Il en eft de même de la craie 8c des argiles j
mais dans tes couches pierreufes il y a femblable-
ment des débris donc tes fentes verticales ont commencé
la réparation, & à la fuite de cela le délite^
ftient. ( yoyei DÉLITEMENT, DÉMOLITION.)
Cte n’éft pas feulement en conféquence du travail
de te pétrification, que les fentes fefont mul-
tipdiéesj car il y en a dans les maffes d’ argile qui
ont confervé l’état terteuX. Il eft vrai qu elles ont
pris une certaine'confiftance j mais elles peuvent*
en cet é ta t , fe délayer dans l’eau en tes biffant
tremper aflez peu de tems.
Je croirois alfez que le travail de 1 infiltration
n’a pas contribué aux fentes : elles étoient faites,
elles étoient ouvertes avant ce travail, car plufieurs
de ces fentes ont été remplies par les principes
infiltrans & pétrifians que l’eaü a chariés
dans les maffes qui avoient éprouvé la dejftccation
des fentes.
J’ai vu, il eft vrai, différens produits de l’infiltration
, qui prouvent que la dejjiccation a eu des époques
différentes, 8c que l'ouverture a eu des reprîtes
à la fuite defquelles les rempîiffages fe font
opérés fur différentes épaiffeurs.
Je trouve les preuves de ceci dans les marbres
comme dans les pierres calcaires qui approchent
des marbres. Effectivement, les marbres iont tes
réfultars de plufieurs opérations fucceflives 8c aflez
éloignées tes unes des autres. / ;
Les cos en Bourgogne, qui font des pierres calcaires
d’un grain fort fin , très-homogènes, 8c qui
relfemblent, par ce grain, aux pierres a raloir ,q u i
font d’ une nature différente, ce cos fe trouve par
bancs : il eft ordinaire de le trouver dans la carrière,
traverfé en tout fens d’un nombre prefqu infini
de gerçures plus ou moins, fuivant qu il eft
plus dur ou plus tendre. On croiroit voir des couches
d’argiles féchées 8c gercées par la dejftccation.
Souvent le jeu de l’eau, chargée de ter, qui a pénétré
dans les gerçures du cos , y forme des den-
drites qui fedeffinent très-b:en fur ce fond uni.
La carrière de Vaugirard, dans les environs de
Taris, préfente les mêmes phénomènes & la même
efpèce de pierre.
Dans les craies je n’ ai trouvé que de longues
fentes de dejjiccation: comme il n’y a guère de dif-
tindion de lits au Chaudey proche Troy es, & au
pied de la montagne de Mor.tgueux, 8c aux environs
de Vitry & ailleurs, je n'ai trouvé que de
larges fentes bien continuées, mais à des diltances
très-grandes & ayant une tendance au trapézoïde.
La plupart des brèches préfentent des caffures
multipliées, qui font vifiblement l ’effet de la def-
Jiccati'on ou de l’effort de l’eau par la gelée , 8c la \
pâte qui eft furvenuè 8c qui a relié enfemble .ces
morceaux détachés par la gerçure , a éprouvé
aufli quelquefois des fentes de dejjiccation.
La pierre de Florence, qui eft une efpèce de cos ,
fe fend aufli en efpèces de prifmes irréguliers , &
qui font aflez Couvent tronqués. Ceci me donnera
lieu d’expliquer 1a formation de ces châteaux & de
ces ruines.
C ’ eft à cet effet de la dejjiccation qu’on doit rap-
porter les laves ou lèves dont font couvertes les
maifons en Bourgogne. La plupart de ces pierres
ont.aflez communément le grain ferré du cos.
De Châtillon à Dijon tes bancs horizontaux fe
délitent d'une manière aflez irrégulière, 8c font
féparés ; en forte que. les lamesn ont aucune figure
régulière, 3c leurs furfaces né font nullement paraîlèles
entrâtes ni avec les deux furfaces fupé-
rieures ou inférieures du'banc. De plus, ces bancs
font traverfés dans le fens perpendiculaire a l’ horizon
, d’un grand nombre de fentes, dans la dif-
pofition defquelles on ne découvre d abord aucune
régularité, mais qui en ont un fingulier arrangement.
Ces fentes fe continuent bien verticalement
en tranchant fans interruption toutes les lames horizontales
dans lefquelles le banc lo délite > en forte
que fi le banc eft mis à découvert fur la face d une
de ces fentes par quelques accidens naturels ou par
une fouille, chaque banc préfente une face bien
unie dans ces efcarpemfens, c eft une tranche de
gâteau feuilleté qui a été coupée proprement avec
un couteau. Ces fe&ions fi fréquentes qui partagent
les bancs dans toute leur épaiffeur , 8c qui fe
croifent en mille manières, n affeélent en aucune
façon la direction perpendiculaire a 1 horizon &.
aux deux faces du banc. Souvent elles le traverfent
de biais j en forte que tes faces des fentes font
en talus. D’autres fois elle eft perpendiculaire :
on croiroit quelquefois que ces efearpemens qui
mettent à découvert plufieurs bancs dont les fentes
ne font pas dans le même plan , font des ruines
de murs , dont les aflïfes font taillées carrément.
Enfin, il y en a qui préfentent la forme prjfmati-
que dans les paffages fréquens d un banc à 1 autre,
dont les fentes ne fe correfpondent .pas.
En allant de Civita-Vecchia aux alunières de la
Tolfa on trouve une très-grandequantitéde pierres
de Florence ou de cos calcaires , qui font fendues
par une infinité de gerçures qui les coupent dans
tous les fens. Il y en a en prifmes irréguliers , en
trapézoïdes. Ces prifmes traveifent l’épaiffeur des
couches avec leurs bafes en fe montrant fur tes fa-
! ces fupérieufes 8c inferieures. Quelques-unes .des
!. faces des prifmes 8c des trapézci ies font colorées en
bleu, en faune , en rouge, en couleur de rofe. Je
me fuis amufé à déplacer ces élémetis 8c à décom-
pofer ainfi de très'grofles maffes, qui ne confiftoienc
que dans ces fortes d’aftemblages.
J’en ai trouvé plufieurs qui me donnèrent le fpec-
tacle de cês figures de ruines de chateau que certains
curieux croient teconnoitre dans^ tes pierres
de Florence. Quelques-unes étant coupées obliquement
par la bafe, <ians l’epaiffeur d une couche
embraffant toute la couche, l’eau charges de principe
colorant s’infinuo par ces fentes, 8c parvient a
répandre une teinte plus ou moins foncée fur toutes
les faces des prifmes j ce qui détache alors chaque
objet du champ fupérieur qui faille ciel du payfage
de ces ruines. . . .
Les fentes.fe rempliffent ainfi par les principes
colorans, & le tout devient fufceptible de poli.
A.Monte-Rofato., fur la rive droite du T ib r e ,
il y a dés fouilles confidérables d’une pierre cuite ,
femblableau peperinode marino : on y voit bien à
Ton aife les fentes de dejjiccation , qui font la fuite
de la retraite de la matière. Il réfulte de ces fentes,
'des trapézoïdes multipliés en plus ou moins grand