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Rôt;e, &’ les vins blancs de Saint-Pmi. îl y.a suffire
très-bons pâturages, furtout pour la nourriture du
gros bétail. Le lait que donnent les vaches elt converti
en beurre & en fromages, à l'imitation de
ceux de Gruyères, & il s'en fait un'grand débit
dans {'intérieur de la France , furtout de. ceux
qu on vend lous le nom de S affenage. On tire des
forêts qui couvrent les montagnes «{^département,
du bois de chauffage & de conftruétion, & des
lapins propres pour la grande & petite mâture ; en
un mot, c’eft un pays qui préfente de très-grandes
reffources, tant pour les agrémens de la v ie , que
pour le commerce deshabitans. Les mines de plomb
& de cuivre méritent une exploitation très-fuivie.
On y trouve aufli des criftaux. femblables à ceux
Alençon, & cinq fources & fontaines d'eaux
minérales.
Les objets d ’induftrie confîftent en un grand
nombre de fabriques, telles que draperies, bonneteries,
bas au métier, étamines, mouchoirs, filature
& ouvrages en foie, papeteries, verreries,
tannerie , faïencerie, poterie commune, chaux,
plâtre, blanc de craie , huiles d'olives & de
noix j forges à fer où l'on fait l’emploi de fes
propres mines, &c.
D r o m e ( la ) , rivière 'du département du
Calvados, qui le perd vers l'extrémité de fon
cours, après fa réunion à la rivière d’Aure , un
peu avant la foffe du Soucy., où elles difparoiffent,
fous une colline, après laquelle leurs eaux ref-
forrent pour former le port en Beffin. C e qui
caufe certe foffe, c'eft qu'il s’élève en ce lieu un
obftacle qui s'oppofe au cours de ces deux rivières,
& les empêche de le continuer à la forface de la
terre ,. vers la mer, où cependant elles parviennent
en paffant par-deffous la collinë : ce que l'on juge,
parce que, quand la mer s'eft retirée, l'on voit :
fortir du fond du rivage, fur le revers de la col- j
line, beaucoup d'eau, qui eft très-vraifemblable- |
ment celle de ces deux rivières, qui s'élève à gros
bouillons de trois ou quatre pieds de haut, par des
ouvertures qui font entre les pierres dont tout le
rivage eft compofé.. Cette eau eft douce’ & fort
claire , & ne for tiroir pas ainfi à bouillons s'il
p'y avoit dans le fèï-n de la colline des réfervoirs
un peu éievés, où elle fe trouve raffemblée à
mefureque les rivières fé déchargent dans l'inté-
rieur , autrement ’elle couleroit paifiblement &
fans v iolence..
i Efteélivement, la foffe de Soucy eft un grand
trou conique, creùfé au bout d'une prairie. Sa
forme eft celle-d'un entonnoir un peu oblong. îl a
dans /on plus grand diamètre trente à trente-cinq
pieds, .& quelques pieds de moins dans fon plus
petit. 11 peut avoir quinze à vingt pieds de profondeur,
& autant de largeur dans fon fond. Lorf-
que l'eau eft parvenue dans c e t endroit, fon cours
ie rallentit i elle y tourne.lentement, & s'y perd
par plufieurs ouvertures : il n'y en a qu’une qui
Soif bien f e n f i b l e d a n s laquelle l’eau s'en-
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gouffre avec bruit & précipitation. Il paroît que
ce trou & les autres fuffifent pour abforber l'eau
de la rivière à mefure qu’elle s'y décharge, car
cette foffe n’eft jamais pleine. Au refte, cette foffe
ne reçoit que la quantité d'eau qui refte à la Drôme
Iorfqu’elle y arrive; mais avant d'y parvenir,
elle en perd une grande partie , & fucceffivement,
le long de fon cours, par plufieurs trous , qui en
abiorbent plus ou moins. On en remarque- furtout
un près^ de la foffe , dans lequel s’engouffre une
quantité d ’eau, affez confidérable ; & comme la
rivière ferpente dans la prairie fur la fin de fon
cours, elle rencontre dans ce trajet un fi grand
nombre de trous, qu'elle fe trouve réduite, lorf-
qu'elle parvient à la foffe, à un affez petit volume
d'eau, en comparaison de toute celle qu'elle a
raffemblée dans tout fon cours. Ce qui facilite
fuftout la perte de ces eaux, c'eft la faignée qu’on
a faite à la tête de la prairie, pour le fervice d’un
moulin. On a détourné l'eau de la rivière pour
empêcherqu’elle n'incommodât le moulin, furtout
dans les grandes eaux. L'eau qui s'échappe par cette
faignée prend fon cours dans la prairie , & s'y perd
infenfibjement par des trous femblables à ceux du
lit de la rivière. Dans quelqües-uns de ces trous le
corps d’un homme y entreroit. Ils font d’ailleurs
très-nombreux. Il n’eft donc pas étonnant quedans
l'é té , fort Souvent, la perte de la rivière Soit fi accélérée
dans ce trajet, qu'elle ne parvient pas juf-
qu’à la foffe.
Mais en hiver tout fe paffe bien autrement :
l'eau de la rivière , qui eft fort abondante , con-
ferve , malgré les pertes qu'elle continue toujours
de faire par les trous de la prairie, une quantité
d’eau tellement Surabondante, qu'elle parvient juf-
qu’à la foffe, & la remplit de manière à paffer par-
deffus , & continue fon cours dans les prairies.
Cette eau forme une rivière q u i, au moyen d'un
détour, va fe rendre probablement à la mer.
Ces différences dans le cours de cette rivière,
qui varie de l’hiver à l'été, ont occafionné, à fon
fujet, celles qui fe voient dans les anciennes cartes
de la ci-devanr province de Normandie. Celle
de Crefpy , 1748, lui donne un cours continu juf-
qu'à la mer, & la fait jeter, non au port en Beffin,
mais dans le ;Grand-Vay. Celle de R o b e r t, 17y f ,
interrompt un peu le cours de la Drôme après la
foffe de Soucy. Celle de Noiin, 17 4 1 , fait finit
c e coûts à cette foffe, &r y forme une efpèce d'ils
par deux bras , qui réunifient les deux rivières qui
viennent s’y jeter. Enfin, celle de l’abbé Outhier
borné à la foffe le cours de la rivière, & lui donne
un petit bras qui va fe perdre près cette foffe.
Au moyen des obfervations qu’on a rapportées
ci-deffus , ilfemble qu'on peut concilier toutes ce«
-différences. Ceux qui donnent un cours continu à
cette rivière, l’ont apparemment-obfervée en hiver
, lorfque la foffe eft fi pleine qu'elle regorge,,
& que le trop plein forme une.rivière qui s'écoule
dans les prairies dont j'ai parlé. Ceux qui ont figuré
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une île aux environs de cette fo ffe , ont probablement
vu la rivière dans un tems où cette efpèce
de bras, qui fait le trop plein , coule jufqu'à la
foffe, & torme par conféquent avec la rivière une
efpèce d’île en fe réunifiantà la foffe. Ceux qui
ne remarquent que le faux bras & le lit de la riv
ière, ont figuré l’état de cette rivière en été M
lorfqu’elle eft peu fournie d'eau.
‘ D e toutes ces variantes, la dernière eft celle
qui eft la plus exaéte , celle qui fatisfait aux états
les plus ordinaires. Effedtiyemenr, la rivière fe perd
exactement à la foffe de Soucy. Le bras qui reçoit
le trop plein n’eft qu’accidentellement du à l'in-
duftrie humaine , & Te perd le plus communément ;
avant d’arriver à la foffe. Le ruiffeau formé en h
hiver par l’abondance des eaux qui regorgent de la ■
foffe n’eft qu’un accident. Son lit ne peut être con-
fidéré comme le vrai lit de la rivière. Il ne paroît
pas d’ailleurs que, fi on vou-loit tracerle vrai lit que
fuivroit cette rivière fi elle étoit continue', oit
dût lui donner le cours que lui attribuent ceux
qui la conduifent au Grand-Vay.
Il femble, au contraire, que ce cours a été dirigé
par la natute vers le port en Beffin. Il paroît
que la pente de l’eau eft di.igée natureiement vers
lé port, & nullement vers le Grand V a y , & que
là montagne d’Écure , qui s'oppofe au cours dè la
rfvièrè , renferme uïie grande partie des canaux
fquterrains qui fervent de débouchés aux eaux qui
s’y engouffrent : on peut croire même qu’elle renferme
dans fon fein des réfervoirs naturels où l’eau
s’amaffe, &c d’où elle s’épanche par des canaux
fôuterrains qui la conduifent aux fontaines de
Port-enrBcflïn. En réuniffant la confidératiori de
l’eau abforbée dans la foffe avec celle de l’eau
forçant parle débouché des fontaines , on ne, peut
douter que l’ intérieur dé la montagne d’Écure.
ne favorife la cbrrèfpondancè qui doit fe trouver
entre toutes les parties de la circulation- fou-
térraine des eaux de la Drôme. On ne peut douter
que les jets & les bouillons que l’eau y fait ne
foienx dus aux différentes pentes de-ces canaux.
On ajoute auffi d’autres preuves de cette cor-
refpondance : c’eft que l’eau de ces fontaines diminue
& augmente à proportion qiue l’eau de la
foffe de Soucy éprouve, par la cÎTConftance des
faifcns , de pareils changemens., On dit encore
que l’eau des fontaines eft bourbeufe ou claire,
félon que celle de la foffe eft dans l’un ou l ’autre
état. Ces nouveaux phénomènes,, pour peu qu’ils
fe répètent affez régulièrement, allez conltàm»
ment, foumiffent encore de nouvelles preuves
à; la cor redondance que la. fituation des lieux rend
ipconteftahle.
En. examinant la compofition de la montagne
d’Écure, il. paioît que les différens bancs qui s’y
trouvent,. ont pu fe prêter à la formation des:
cavités qui fe font ouvertes dans l’ intervalle de
ces bancs,, ont permis à l’eau de s’y faire jour, &
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gagner ainfi les réfervoirs qui fe font trouvés dans
le fein de la montagne.
Cette conjeâure' pourra paroître piaufible à
tous ceux qui,commenceront par examiner le cours
de la rivière avant la foffe de Soucy, & dans toute
l’étendue du canton où elle le perd. Elle ferpente,
comme on l’ a d i t , dans une prairie, & côtoie la
montagne qui borne cette prairie. O r , on recon-
noî.c facilement que le terrain qui fert de bafe à
cette prairie j permet à l’eau de pénétrer très-facilement
jufqu’aux bancs de pierre, qui régnent
jufqu'à une certaine profondeur , de le dégrader
infenfiblement, d’y former des trous confidé-
rables qu’onvoit fur les bords de fon lit. Les pierres
y font dans un état «de dégradation & d’ébou-le*
ment qui ne peuvent s’être opérés que par le
mouvement fuceeffif de l'eau à travers les joints
des pierres. Cette deftrudtion revient à ce qui
s’ eft paftë dans les vallées de la. Rifle, de l’Iton
Ôc de l’Anre , & de la rivière de Sap-Andfé.
Qui doute que les mêmes dégradations n'aient
pas eu lieu dans le fein de la montagne d’Ecure,
dans le voifinage de laquelle les eaux courantes
de la Drôme ont toujours, non-feulement entrouver
t le fond de leurs vallées, mais encore le fl ar c
des montagnes, de manière à s’ouvrir des débouchés
définitivement jufqu’à la mer ? Mais elle a
cette particularité dé plus, qu’à l'extrémité de
fon cours ,. & fans qu'on remarque de cavité fen-
fible, elle s'engouffre pour ainfi dire , mais fans
chute. L'eau paffe entre des cailloux , & l'on ne
; peut pas plus- fonder cet endroit, que les autres
bétoirs dont nous avons parlé. Ce qui fait prendre
à cette rivière cette direélion fôuterrains,
c’eft un obftacle que fon cours rencontre en cet
endroit.. Elle y trouve une éminence de fix s fept
pieds de hauteur, dentelle a vrarfemMablement
miné la b afe, n'ayant pu là franchir. A quelque'
diftance de cet endroit elle rep'armt ; maïs en hiv
e r , comme l'eau eft plus abondante, elle-paftb
par-deffus cette élévation, & fon cours .paroîc
continu.
Enfin, la Drôme, après avoir perdu une parti«
de fes eaux dans fon cours , fe perd entièrement
dans la foffe de- Soucy. Dans ce t endroit elle
rencontre une efpèce de gouffrequï a; près de vrngt-
;.cinq pieils-de largeur &■ plus de quinze de profondeur
apparence, où la rivière eit.comme arrêtée
, & dans lequel elle encre, fans cependant
aucun mouvement fenfible, pour ne plus repa-
rcître.
La Rille prend fa fource d’ une fontaine voifïne
du village de Planche , éloigné d’une lieue du
Melieranc. Elle commence à fe perdre dès Lyre ,
& fa plus, grande perte fe fait au Rouge-Moulin-,
en forte qu'elle difparoî-t entièrement depuis le
Rouge-Moulin jufqu'au château de la Lune.
D R O N A Y , village du département de fa
Marne, arrondiffement de Vkryffur-Marne, & i