
mifqu’onlesy trouve encore très - abondans. L ’ air,
’eau j l’indifcrétion des voyageurs & des curieux
dévoient concourir à détruire ces monumens antédiluviens
félon lui. Ce font cependant, fuivant
la même prétention , les ftala6lites qui les ont pré-
fervés , & qui ont auffi empêché ceux qui ont décrit
la grotte de parler des madrépores, & furtout
de ceux qui font fur leur pédicule.
Je tiouve plufieurs vues fauffes dans les confé-
quencesque.ce naturalifte tire de fes obfervations,
comme dans les faits d’après lefquels il établit fes
prétentions hafardées. D’abord il fuppofe que la
grotte de Sallettes n’ a pas été formée comme les
autres grottes ordinaires, ni dans le même tems.
Cependant il eft néceffaire qu’ il convienne que
l’excavation de la grotte eft poftérieure à la formation
des couches horizontales au milieu def-
quelles elle fe trouve creufée. Or, comme ces couches
ont été vifiblement compoféespar les dépôts
que la mer a laifles pendant fon féjour dans ces parages
, il eft inconteftable que la grotte eft poftérieure
à fa retraite. Il y a grande apparence qu’elle
doit fon origine, quoi qu’ en dife ce géologue , à
l ’aétion d’une eau torrentielle fouterraine, qui n’a
été libre de circuler au dedans & de fe porter au
dehors qu’après la retraite de la mer > & que
c ’ eft à cette eau que les couches horizontales, qui
font correfpondantes des deux côtés des galeries,
ont dû leur féparation , & qu’elles auront été coupées
& interrompues lors de l ’excavation de la
grotte. Comment conçoit-on que la mer , qui a
formé ces couches lorsqu'elles fe trouvoient dans
fon baffin, a pu permettre leur deftruélion telle
qu’on les obferve dans la grotte ? Sur quelle préemption
notre naturalifte avanee-t-il donc que
la mer elle-même s’eft étendue de nouveau juf-
qu’ à la grotte lorfqu’ elle étoit déjà formée, qu’elle
y a porté fes eaux, & que les madrépores fe font
établis fur les parois des galeries lorfque les eaux
de la mer les baignoient? J’avoue que je ne puis
admettre la diftinétion de deux époques : la formation
des couches calcaires, les dépôts des co=*
quillages & des madrépores au milieu de ces couches
& dans leur intérieur î & dans une fécondé
époque , l ’établiffement de nouveaux madrépores
fur les parois des galeries de la g rotte, fur les
•voûtes , & précifément à côté de dépôts fem-
blables, qui s’étoient opérés lors de fon premier
féjour fuppofé. D’ailleurs, on ne peut fe diffimu-
ler que la grotte , fe creufant tous les jours, ne
mette à découvert les madrépores que l’on vou-
droit nous perfuader avoir été établis par une fécondé
mer fur les parois des galeries, & on ceffera
de diftinguer la formation de ces madrépores , de
celle des madrépores contenus dans l'intérieur
des couches , & des autres coquillages qu’on y
trouve, ou entiers ou par débris. On verra que
ces madrépores ont été dépofés au milieu d’une
vafe qui eft une comminution de certains corps
marins, & que cet enfemble prouve feul le féjour
de la mer fur nos continens avant leur deftfuc-
tion,p lu tôt qu’ un fait ifolé qui ne tient à rien ,
& qui eft purement hypothétique. Pour admettre
toute cette hypothèfe, il faut d’abord faire former
les couches calcaires de toute la contrée par
une mer qui a couvert tous les environs de la
grotte & bien plus avant encore, enluite faire
découvrir tous ces dépôts offrant un maffif continu
, fans vide & fans excavation, & donner à la
nature le-tems d’approfondir la grotte, puis faire
revenir la mer au même niveau fans doute pour attacher
des madrépores aux parois de la grotte, &
faire faire une fécondé retraite à l’Océan fans
avoir laiffé d’autres traces de ion irruption dans les
terres, & de fon fécond féjour, que les madrépores
fur leur pédicule, fans s’embarraffer que
la fécondé mer auroit formé dans le cas préfent
des madrépores à-côté des anciens dus aux premiers
dépôts î ce qui paroît dans l’hypothèfe de la
fuppofition la moins vraifemblable , comme nous
; le ferons voir par la fuite.
Je fais cette remarque parce que le naturalifte
dont nous difeutons l’hypothèfe, n’a fait l’analyfe
d'aucune autre obfervation d’ où il réfulte des
preuves du fécond bord de la mer, que les madrépores
établis fur leur pédicule. Cependant
elles étoient d’autant plus néceflaires, que ces
fofliles pou voient naturellement être réunis aux
anciens comme.appartenant aux mêmes amas & au
même travail de la mer.
En fe bornant à ne propofer que le fait fimple
des madrépores fur les pédicules, tel qu’on nous
le préfente , il ne peut pas être confidére comme
fuffifant pour prouver une démarche auffi ftngu-
lière de la mer, un déplacement qui auroit reporté
l’Océan dans une contrée qu’ il auroit occupée
, & où il auroit formé des dépôts femblables
à d’anciens, & dans une même pofition.
J’ai cru devoir entrer dans cette difeuffion pour
montrer qu’un feul fait ifolé ne mémoit d’ être
cité comme pouvant fervir de bafe à un événement
auffi remarquable, qu’autant qu’on auroit
fait l’examen d’autres faits du même ordre , &
qu’ on auroit en même tems tiré la ligne de féparation
qui les diftingue de toutes les opérations
de la nature, qui font, foit d’une époque antérieure,
foit d’une époque poftérieure, de manière
à placer le nouveau fait dans fon lieu. Telle eft la
marche qu’ il faudra fuivre pour adopter une obfervation
comme neuve & propre à figurer dans
la théorie de la Terre.
Pour terminer ce qui concerne cette curieufe
difeuffion fur la Balme , je dois dire que celle de
Sallettes fe trouve placée dans la vallée-golfe du
Rhône, où l’on obferve des dépôts de la mer, qui
appartiennent fenfîblement à deux époques différentes.
Ainlî l’on voit partout, le long du cours
du Rhône & de la Saône, les témoins du double
travail de l’Océan. Je remarquerai d’abord que le
fécond dépôt a un caractère particulier, qui le
diftingue du premiers car.il eft placé à un niveau
qui annonce un âge & une époque beaucoup plus
modernes. Le dépôt le plus ancien, au contraire,
occupe la partie de la vallée la plus profonde, &
celle qui repofe ordinairement fur l’ancienne terre
dans laquelle la vallée a été approfondie j c ’eft
alors que la mer, par un féjour d’une certaine
durée, a pu former ce premier dépôt d’ une grande
importance 5 car c’ eft dans le maffif de ces fédi-
mens très-étendus qu’une fécondé vallée s’ eft ap-
, profondie après la première retraite de l’Océan ;
car pour lors un nouveau travail de l’eau cou-'
rante, qui a fuccédé à la mer & qui a circulé à la
furface de la terre libre, a fait un vide affez confî-
dérable pour que le fécond dépôt pût l’occuper
après que la mer a eu envahi, pour la fécondé
fo is , la nouvelle vallée.
O r , il s’en faut de beaucoup que la Balme de
Sallettes montre, dans ce qui conftitue les dépôts
fous-marins qu’on y obferve, tous les caractères
qui diftinguent les deux dépôts qu’on y fuppofe.
La Balme, quoi qu’en dife le naturalifte qui croit
y voir les deux fortes de dépôts, n’ en annonce
les caradères que d’un feul, qui paroît appartenir
au fécond travail de la mer , lequel a fourni à la
circulation de l’eau fouterraine un maffif d’une
compofition uniforme , & au milieu duquel cette
eau a trouvé de quoi creufer des galeries fui vies,
offrir des voûtes qui miffent en évidence des madrépores
établis fur leurs pédicules, lefquels corps
marins appartiennent, comme je l’ ai déjà d it, au
même fyftème de dépôts, de couches, & au même
amas de foffiles.
B A LTIQ UE , l’une des plus confidérables mers
intérieures ou Méditerranées de l’Europe. Outre
la principale étendue d’eau connue fous la dénomination
de Baltique, elle comprend deux grands
golfes, celui de Bothnie & celui de Finlande. Je
me propofe de confidérer dans cet article la réunion
de ces trois mers fous différens points de vue
intéreffans. Je m’occuperai d’abord de toutes les
circonftances qui ont concouru à leur formation,
telle qu’elle a dû avoir eu lieu dans les premiers
■ tems 5 enfuite je ferai connoître les différens agens
que la nature emploie à leur entretien , en y comprenant
les modifications qu’on peut obferver fur
leurs bords. Enfin, en fuivant L s mêmes vues,
j’expoferai fuccindement les curieux phénomènes
que m’ont offerts les eaux affluentes d’un côté dans
l'intérieur,des baffins maritimes., puis, de l ’autre
c ô té , à la fuiface des baffins terreftres qui forment
l’enceinte de ces mers au nord, à l ’eft, au
fud , & furtout le long de leurs bords.
• Occupé de tous ces objets, j'ai fenti la néceffité
d’ infifter de plus en plus fur les effets qui«*ont dû
réfulter du concours étonnant de toutes ces eaux
affluentes qui ont contribué à la formation des
baffins maritimes de la Baltique & de fes deux
g olfe s, & pour les faire connoître j’ai fuiyi, avec
le plus grand foin , le dénombrement de chaque
fleuve & de chaque rivière qui parcourent les
baffins terreftres avant de parvenir au rendez-vous
commun ; & pour que cette énumération fe faffe
avec un certain ordre, je noterai leurs embouchures
telles qu’elles font figurées fur les Cartes
compofant la fécondé partie de la Carte d’Europe
de Danville, & furtout celles dont les affluences
ont été reconnues avoir une certaine profondeur.
On trouvera ces détails géographiques raifonnés à
l’article Bassin , divifion concernant la Baltique.
De la reunion des agens & des circonftances qui ont
contribué a la formation de la Baltique & de fes golfes
3 & qui continuent de concourir a leur entretien.
Les golfes de Bothnie & de Finlande, la mer
Baltique, celle de Danemarck, de Hollandè, la
mer d’Allemagne, font d’anciens vallons ouverts
aux eaux courantes. On peut prendre une idée de
1 ancien état des terrains dont ces mers occupent
la place, dans ce que j’ ai dit fur les progrès de
l ’élargiffement de la Manche, qui a fuccédé à une
vallée ou même à plufieurs > car c’eft toujours à
cela qu’il faut revenir. La multitude de détroits
dont ces mers & ces golfes font remplis, leurs
formes, leur diftribution, doivent nous rendre ces
principes auffi certains pour le nord de l ’Europe,
que le .fo.nt les événemens pareils pour le midi.
J ai déjà indiqué une analogie entre les Bof-
phores de Thrace & des Dardanelles, & les
rivières qui unifient les lacs de Ladoga & d’O nega
j ce qui réduit tous ces détroits, toutes ces
mers à des vallées dont quelques parties font
devenues des lacs non fermés, & puis des mers.
En général, les réfultats des opérations de l’eau
dans la formation des vallées étant bien appréciés,
on peut en faire l’application aux détroits, aux
golfes, aux méditerranées, & toutes les circonftances
qu’on y remarque fe prêtent fans difficulté
à cette analogie. Je ramène tous les faits que nous
préfentent la Baltique & fes environs à ces réfultats
, parce que les uns confirment les autres.
Une preuve que le baffin maritime de la Baltique
eft l ’ouvrage des eaux courantes qui s’y
rendent de plufieurs provinces, & furtout des
grands fleuves qui s’y déchargent, foit de l’Allemagne,
de la Pologne & de la Ruffie, foit de la
Laponie & de la Suède , c’eft qu’à l’embouchure
de tous ces fleuves on trouve encore des golfes
affez profonds & étendus : ce font les relies des
anciens canaux de ces fleuves avant leur réunion
en un feul baffin. Pour peu qu’on ait obfervé le
long des côtes de cette grande Méditerranée, on
retrouve encore des vertiges de ces mêmes canaux
prolongés dans l’ intérieur des terres, & qui ont
été comblés^en partie par les fables que les fleuves
y ont dépofés & abandonnés d’ailleurs en confé-
quence de la diminution des eaux que ces fleuves
ont éprouvée. Ce font ces deux caufes qui ont