
d'hiv er, eft fournie par un ruiffeau fouterrain qui
coule pendant ces fix mois, parce que c’eft le tems
des pluies ;
Que ce même ruifleau communique avec la
prairie dont on vient de parler, & qui eft à peu
prèsau niveauderouverture du goufre,_& qu ainli
l'eau qui naît dans cette prairie & qui forme le
ruifleau de Colobre, vient de la même origine ;
Que le ruifleau qui fort du goufre tarit pendant
les nx mois d'été à caufe de la féchereffe, & qu a-
lors l'eau de l'étang fe précipite dans le goufre
pour peu que l’étang foit enflé par les vents du
midi i . !
Enfin , que l'eau de l’étang, qui tombe dans le
goufre, va inonder la prairie qui eft au même niveau
, & avec laquelle le goufre communique,
comme on l ’a déjà remarqué.
On a même, obfervé que la fource des eaux
thermales étoit plus abondante à mefure que j e
goufre recevoir plus d’eau de l'étang,: ce dernier
fait prouve qu’ il fubfifte une communication entre
l’eau de ce goufre & les bains de Balaruc. Ce
goufre , ou plutôt le ruifleau qui en fo r t, s appelle
Y Emverfac, c'eft-à-dire, à ce que croient les
érudits, iaverfa aqua, & ce nom paroit convenir
à un ruifleau dont l’eau a des mouvemens op-
pofes. H
Voilà donc trois fources ou trois ruifleaux qui
coulent tous trois fous terre du feptentrion au
midi, 8c qui vont fortir en trois différens endroits
peu éloignés ; l’un g l’Abyjfe, dans 1 étang de
Thau , entre, les bains de Balaruc 8c le lieu de
Boufigue ; l’autre à Xljfanca , dans le lit de la
rivière d’Avèn e , un peu au deffus de fon embouchure
dans l’étang, 8c le troiiîème à YEmhrcJfac,
au bord de l'étang. Il y a une très-grande apparence
que ces trois ruifleaux ont la même o rigine,
8c qu’ ils viennent tous trois de quelque rivière
voifine, dont une partie des eaux fe perd fous
terre pour aller fortir dans ces endroits. ^
Loti qu'on adopte cette conjeéture qui paroit
fort plauftble, & qu’on s’en rapporte à plufieurs
obfervateurs , on eft tenté de faire tomber^ le
foupçon fur la rivière d’Éraut , la feule rivière
voifine affez. forte pour fournir cette quantité
d’eau, 8c dont on fait d'ailleurs qu’une partie des
eaux fe pèrd dans leur cours. Il faudroit cepen-
dant reconnoîtte les trous par lefquels l'eau de
l'Éraut fe perd , 8c enfuite fuppofer qu’elle parcourt
fous terre trois grandes lieues; car il y a
cette diftance de la rivière à l’étang de Thau : ce
qui n’a rien d’extraordinaire , 8c l’on pourrait
d’ailleurs confirmer cette fuppofition par plufieurs
exemples femblables, dont on trouvera les détails
les plus circonftanciés dans quelques articles de ce
D iâ i'C la i r e , furtout au mot T o u v r e , 8c particulièrement
à l’article A ngOum o ïs , ou toute
la théorie de ce jeu des eaux fouterraines eft développée
d ’après des faits multipliés.
En vifitant les environs des bains de Balamc
pour en recueillir les notes qui fervent à la com-
pofition de cet article, j’ai trouvé, à une certaine
diftance du village, des fragmens de pierres pb-
reufes, fort dures, noirâtres, pelantes , 8c tout-
à-fait femblables à la lave la plus groflière : outre
cela, différentes variétés de matières fondues, qui
atteftent d’anciennes éruptions des feux fouter-
rains. Ainli je puis annoncer les ve(liges de ces
feux réfidans dans les entrailles de la terre, comme
contribuant à l’ entretien dp la chaleur des bains.
Je me dilpenferai cependant d’ attribuer aux cratères
prétendus de- ces volcans anciens, des. baf-
fins profonds qui renferment les eaux chaudes de
Balaruc,
BALEINES, mammifères de l’ordre des céta-
cées , & *les plus grands de tous les animaux
connus. Nous ne nous occuperons pas .ici de la
defcription de ces énormes animaux, mais nous
nous contenterons de défigner les principaux parages
où ils habitent 8c où s’en fait la pêche. On
diftinguequant à la pêche des baleines, celles
de Grande-Baie 8c celles de Sarde : celles de
Grande-Baie fe pêchent dans la haute mer, aux
environs du Spitzberg ; entre le Groenland &
l’ Iflande, & vers l’ embouchure de la baie d’Hud-
fon 8c du détroit de Davis. On en trouve aufli,
en affez grand nombre, dans les mers du Japon 8c
dans les parties méridionales de la mer du Sud : il
$‘en montre peu dans les parages méridionaux de
l’Europe*
BALERNG ( l a ) , rivière du département des
Baffes-Pyrénées, canton de Marlaas. Sa fource, a
une lieue 8c demie de Marlaas, coule au nord j
enfuite cette rivière fe rend dans l’Huy-de-France,
à deux lieues feulement de fa naiffance , toujours
vers le nord, fuivant la penre générale des Pyrénées
en cette partie, direction à laquelle font affu-
ietries les eaux abondantes que verfe cette, chaîne
de montagnes, 8c dont je ferai connoitre les différens
débouchés.
BALETOUS ( l a ) , rivière du département des
Hautes-Pyrénées , arrondiffement d’Argelès. Sa
‘ fource, qui fe montre au pied de la Cafterelle,
pic du fommet des Pyrénées, coule au nord-eft,
puis reçoit l’ eau des trois lacs de Remoulains,
& , fe dirigeant au nord, prend le nom de Gave
d'A^un. C ’eft alors que plufieurs ruifleaux , ainli
que le Gave de Dun , s’y. réunifient ; après q uoi,
paffant au midi d’Argelès , cette riyière fé rend
dans le Gave de Pau, à un tiers de lieue eft d’Argelès.
C ’eft toujours la direction des eaux qui
débouchent des Pyrénées.
BÀ L LER OY , bourg du département du Calvados,
arrondiffement de Bayeux. On voit dans
fes environs plufieurs minés de fer 8c quelques
forges d’un produit confidérable.
B A L LE S TA V IE ,
BALLE STAVIE , village du département des
Pyrénées orientales, arrondiffement de Prades. Il
y a une mine d’argent 8c de cuivre dans le territoire
de ce village , au col de la Galerie. Le filon
a quatre pieds d’épaiffeur au lieu nommé le Puich-
des-Mores. On a découvert aufli un fécond 8c un
troifième filon au lieu qu’on appelle la Coma.
BA L LO N , ville du département de la Sarthe,
arrondiflement du Mans j elle eft fituée fur la rive
gauche de l’Orne.. On y voit un atelier de falpêtre,
parce que les couches de pierres s’imprègnent
abondamment des principes qui entrent dans la
compofition de ce fel.
Ballon , certaines formes de montagnes dans
le département des Vofges, parmi lefquelles nous
indiquerons le Ballon d'Alface celui de Franche-
Comté. Ce font de gros maflifs de pierres de fable ,
fur les fommets aplatis defquels font des pâtu- '
rages 8c des marcaireries où fe fabriquent des fro- ;
mages cuits, façon de Gruyères. Ils font aufli cou- j
verts de neige pendant l ’hiver, 8c ce font les !
endroits élevés où elle difparoît le plus tard.
IL y en a aufli beaucoup dans les Pyrénées, fur-
tcut vers l’extrémité occidentale de cette grande
chaîne. Telle eft la Rune, montagne détachée des
Pyrénées, en face du port de Saint-Jean-de-Luz. { Voyei Rune.) .
Il y en a un' très-grand nombre en Limoufin,
furtout vers les fources du Taurion 8c de la Maulde.
Je les ferai connoître par la fuite, 8c, ce qui eft
très-important dans ce cas, les principales circonf-
tances de leurs formes arrondies, 8c des agens qui
y ont concouru.
BALME : c’ eft le nom qui fert en Provence 8c
en Dauphiné àdéfigner les grottes ou cavernes
qui font creufées dans les maflifs de couches calcaires
horizontales, au milieu defquelles ont circulé
des eaux fouterraines qui font les agens principaux
de ces cavités. Elles nous font connoître
ce qui fe paffe dans le fein de la terre, d’où il fort
des fources plus ou moins abondantes.
Il y a des cas où l’on confidère aufli en Dauphiné
les balmes, comme des berges élevées qui
dominent les plaines fluviales 8c même torrentielles
5 8c comme cette expreflion nous manque,
rien de plus raifonnable que d’ en faire ufage dans
ce fens. Ces balmes font vifiblement d’anciens
bords des canaux qu’ont occupés les rivières dans
la fuite des différens progrès de l’approfondiffe-
ment de leur vallée.
Ces balmes font de deux fortes : les unes font
formées de dépôts fluviales ou torrentiels , com-
pofés de cailloux roulés ou de fables accumulés
fur le fond de cuve des plaines , 8c c’eft la bordure
de ces dépôts qui préfente l’afpeét d’une balme.
La fécondé forte offre des bancs 8c des couches
coupés par les eaux courantes, 8c enfuite aban-
Géograpkie-Pkyfigue, Tome III,
donnés par elles à mefure qu’elles gagnoient des
niveaux plus bas.
DJaprès ces détails, il me paroît qu’on pourront
diftinguer les berges des balmes : j’appliquerois
donc le mot berge aux bords des lits ou canaux des
eaux courantes , formés par des amas de pierres
roulées ou d’autres matériaux très-confidérables,
qui ont pris une certaine liaifon 8c confiftance.
Quant aux balmes, je les confidere comme des
coupures verticales de rochers qui fervent de
bords efcarpés aux rivières. Ces balmes offrent,
dans ces coupures, des débouchés de grandes galeries
fouterraines, d’où il fort la plupart du tems
j des fources confidérables 8c même des ruiffeaux.
| Nous allons joindre ici la defcription de quelques-
unes de ces balmes les plus célèbres.
Balme (Grotte d e ) . Elle eft fituée à un quart
de lieue au deffous du village de Coin , à la hauteur
d’environ deux cents toifes au deffus du lac
de Genève: elle pénètre dans l’intérieur du mont
Sàlève, à une plus grande profondeur que celle
à3Orjobet; elle offre à ceux qui tentent de s’y enfoncer,
un canal très-tortueux 8c très-étroit. Le
thermomètre, plongé à différentes reprifes dans
des couches d’argile , donne conftamment 7 degrés
8cdemi, tandis qu’un femblable thermomètre,
.expofé au foleil à l’entrée de la grotte, mar-
quoit 10 degrés.
Quant à la caufe de la formation de cette grotte,
il eft à préfumer qu’on doit y reconnoître aifément
les effets d’une fente accidentelle qui aura donné
paffage aux eaux , qui l’auront arrondie 8c augmentée.
Les parois de ce canal, irrégulières, tor-
tuetifes/ parfemées de cavités arrondies, mani-
feftent de toutes parts l’adion des eaux fouterraines
par des progrès infenfibles.
Balme ( l a ) , village du département de l’ifère,
canton de Crémieu, près la forêt de Serveirin. Il
y a dans ce village une fameufe grotte creufée
dans une montagne fort élevée, que tous les voyageurs
vifitent avec la plus grande attention. Lorf-
qu’on s’eft avancé dans le fein de la montagne , à ~
travers des débris de rochers qu’on rencontre dans
le voîfinage de l ’entrée, on reconnoît la vraie excavation
de la grotte. Dans une grande faile on
voit deux rues ou galeries dont les parois font ta-
piffées 8c pavées d’une grande quantité de congélations
de figures variées. Dans celle qui eft à
droite, 8c qu’on appelle la Galerie des chauves-fou-
ris , eft un réfervoir formé de la même matière
que les congélations : il eft rempli d’une eau fore
claire , qui coule à travers un mafiif de pareilles
pétrifications. La falle qui eft à gauche peut être
appelée la Salle du torrent. En effet, on y en ap-
perçoit un qui vient d’une rue profonde dont on
ignore la longueur. Dès qu’ il eft forti de cette
ouverture il difparoît dans un fouterrain , 8c,
après avoir parcouru toute l ’étendue de la grotte ,